dimanche 11 avril 2021

Marie Compagne : " Interview "

 


Après avoir lus La nuit avalera le mal " et " La mémoire dans le sang " j'ai voulu en savoir plus sur Marie Compagne. Voici l'interview afin de mieux connaitre son univers.


1. Comment vous définiriez-vous ?

Je dirais que je suis une hypersensible qui fait ce qu’elle peut. Ce n’est pas toujours facile mais avec le temps, j’apprends à me protéger. En ce sens, l’écriture est une bénédiction parce qu’elle me permet parfois de mettre de la distance entre moi et certaines émotions. Un peu à la façon d’un prisme, je prends de plein fouet et je rends de façon différente, déstructurée et restructurée autrement.


2. Comment vous est venue l’idée d’écrire ?

« Idée » n’est pas vraiment le terme approprié. « Besoin », « sensation » me semble plus juste. J’ai très tôt été séduite par la musique des mots, ce qu’ils permettaient de donner à voir, aussi, à imaginer. Pour moi, écrire, ce n’est pas juste raconter une histoire ; c’est plus que ça ; c’est composer un rythme, une mélodie, un chant. J’ai écrit pas mal de poèmes ; j’en garde le goût pour la phrase bien ciselée, harmonique, si j’ose dire. Fluide, je l’espère.


3. Quels sont vos auteurs préférés ?

Les deux premiers qui me viennent sont Stefan Zweig et Jacqueline Harpman. Dans les deux cas, la psychologie des personnages est particulièrement fouillée. Ce qui n’est pas très étonnant lorsqu’on sait que Zweig était un ami de Freud et Harpman psychanalyste. Et quel style ! J’aime également beaucoup l’auteur japonais Haruki Murakami, ses univers oniriques et tellement bien construits. Cet homme est un génie. C’est ce que je me suis dit en fermant le dernier tome d’1Q84. Quelle imagination, et quel souffle ! Après… Il y a beaucoup d’auteurs de grand talent. Et notamment dans le polar.


4. Quel est votre film préféré ?

C’est assez difficile à dire. J’ai adoré le « Dracula » de Coppola qui est un film très esthétique. Très esthétique aussi, le « Giorgino » de Laurent Boutonnat qui n’a pas eu le succès qu’il méritait. J’ai un souvenir très fort également d’un film que j’ai vu « dans ma jeunesse », « La mort en direct » avec Romy Schneider. Dans un autre genre, je pourrais citer « Le silence des agneaux ». Et dernièrement, l’indispensable « Hors normes » de Nakache et Toledano, forcément…


5. " La nuit avalera le mal " et '' La mémoire dans le sang " sont deux romans que j'ai littéralement dévorés. Comment avez-vous construit ces deux histoires ?

Pour La nuit avalera le mal, j’avais envie de parler d’une technique assez particulière, la communication facilitée (ou psychophanie) qui me tient à cœur. Le polar me paraissait se prêter parfaitement au sujet. J’ai très vite imaginé qu’un enfant mutique était témoin d’un meurtre. Après, tout s’est enchainé de façon assez naturelle. Une orthophoniste névrosée qui ne peut que se décrédibiliser, une enquêtrice curieuse et bienveillante…

Pour La mémoire dans le sang, j’avais envie d’explorer le thème du vampirisme, à ma façon. Et il me semblait qu’Emma, l’orthophoniste de La nuit avalera le mal, était le meilleur des vecteurs pour cela. Sombre, torturée, originale, capable de se mettre dans les situations les plus extravagantes même si elles sont dangereuses – et peut-être même, inconsciemment, surtout si elles le sont… Elle était parfaite pour le rôle ! Et puis, j’avais laissé mes deux héroïnes sur un guet qu’elles allaient peut-être traverser ensemble. J’ai eu envie de les retrouver quelques mois plus tard.


6. Sybille et Emma sont mes deux personnages préférés dans vos romans. Comment les avez-vous créées ? Sont-ils le reflet de votre personnalité ?

J’avais envie de personnages féminins forts. J’avais une idée assez précise d’Emma lorsque j’ai commencé La nuit avalera le mal. Une femme tourmentée, solitaire, différente et dévorée par l’empathie. Une inadaptée, incapable de se laisser aimer mais pleine d’amour pour ceux qui n’ont pas la chance d’être nés avec les bonnes cartes. Sybille s’est développée peu à peu en moi. Je la voulais forte mais sensible. Fragile, aussi, ce qui lui permet de capter et comprendre les fêlures des autres. Intelligente et ouverte d’esprit. Lumineuse. En fait, Emma et Sybille, c’est une sorte d’éclipse : le soleil et la lune qui décident de faire un bout de chemin ensemble.
Sont-elles un reflet de ma personnalité ? L’ombre et la lumière, ce sont des traits qui appartiennent à tout le monde, non ?...


7. Quel est le moment le plus propice pour écrire ?

Je peux surtout vous dire quel est le moment le moins propice pour écrire, en ce qui me concerne : le matin. En général, j’écris dans l’après-midi ; mais le moment que je préfère, c’est quand le soleil commence à se coucher. En hiver, c’est très pratique ; moins en été, forcément ! J’aime ce moment entre chien et loup. Je m’y sens comme dans un cocon et ça m’aide à me laisser aller.


8. Quelles sont vos passions en dehors de l’écriture ?

Les animaux. Je suis une vraie malade des chiens… Sinon, sans grande surprise, la lecture. Et l’astrologie.


9. Préparez-vous déjà votre prochain roman ? Pourriez-vous résumer en une phrase le sujet abordé ?

J’ai un projet en cours, oui. Mais, ne m’en veuillez pas, je préfère ne pas en parler pour l’instant. Je suis un tantinet superstitieuse…


10. Libre à vous de conclure cette interview.

Juste par un merci. À vous et à ceux qui ont la gentillesse de me suivre au fil des livres.


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