Aubane Editions
528 pages
4 ème de couverture
En 1986, après 18 ans de carrière à Paris, l’inspecteur de police Pierre Sénéchal revient dans le Pas-de -Calais, sa région natale. Sa première mission consiste à escorter Carrel, l’écorcheur du bassin minier, un criminel condamné en 1970 qui vient d’obtenir une libération conditionnelle. Cette décision judiciaire suscite l’émoi des familles car, parmi les victimes, deux jeunes filles du coron sont toujours considérées disparues. Connaissant l’une d’elles, sœur de son premier amour, Pierre décide de réétudier le dossier dans l’espoir de faire rouvrir l’enquête. Dès lors, l’inspecteur est propulsé dans un engrenage où crimes, vengeance, trahison et misère sociale vont peupler son quotidien. Confronté à l’omerta et aux exactions d’une bande de jeunes loubards qui ralentissent ses investigations, Sénéchal réalise que ces oubliés du coron ne répondent qu’à une seule loi, la leur…
Mon avis
On retrouve dans « La loi des oubliés », l’intérêt d’Éric Dupuis pour ses racines ; le Nord-Pas-de-Calais. Ses personnages évoluent autour de la ville d'Hénin-Beaumont et poursuivent leur enquête dans les corons du bassin minier. Le personnage principal, Sénéchal revient dans sa région alors qu'il a travaillé longtemps sur Paris.
« L'agréable impression de redécouvrir ces vastes étendues et ce bol d'air pur oublié depuis presque vingt ans. Le plat pays de son enfance. Sa patrie. »
L'auteur sait donc de quoi il parle. De plus, en sa qualité d'ancien flic, il connaît les procédures et les cadres du milieu policier. On est donc sûr qu’Éric Dupuis ne dit pas n'importe quoi ! On sent bien l'homme de terrain qui utilise le vocabulaire adéquat. Également, il fait référence aux progrès scientifiques concernant la criminalité. Parfois, j'avoue que c'est un peu trop détaillé pour moi mais je pense que cela plaira à d'autres lecteurs.
Les personnages de Pierre Sénéchal et de Berthelot sont deux enquêteurs au commissariat central d'Hénin-Beaumont. Le premier est le chef de groupe. Il est droit, il suit une méthode bien huilée tout en étant strict et exigeant par rapport à ses collègues.
« Il était rentré dans la police nationale pour veiller à la tranquillité des personnes et des biens, faire régner la loi et stopper les criminels, alors il traçait sa route droit devant lui sans se poser de question. »
Ce caractère heurte parfois son second Berthelot qui tente de moduler les exigences de son supérieur. Ils doivent escorter Carrel qui a obtenu une libération conditionnelle. Ce criminel avait été condamné en 1970 pour viol, soupçonné d'assassinat et d'être à l'origine de la disparitions de deux jeunes filles. En montrant les pensées de Carrel, Éric Dupuis nous explique ce qu'est un psychopathe. Il démontre les mécanismes d'un « esprit criminel ».
« D'ailleurs il avait conservé un bijou de chacune de ses victimes. Le fait de les ressortir, de les toucher, lui procurait une sensation inextricable, une jouissance extrême... »
On assiste à des échanges entre ces deux flics qui ne manquent pas de saveur. D'ailleurs même si quelques descriptions me semblent un peu trop longues, il faut dire que les dialogues donnent un coups de fouet au récit. Le tout est un polar agréable à lire car très visuel et réaliste. J'ai eu plaisir à retrouver Kaczmarek, héros d'un précédent roman que j'avais lu du même auteur. Le tout comme un préquel !
« La loi des oubliés » est un vrai polar dans le sens où il y a des enquêtes, de l'action et du suspens. En plus, l'auteur ne se contente pas de développer une seule affaire puisqu'il superpose différentes histoires. On ne sait pas qui a fait quoi. Il brouille les pistes d'un chapitre à un autre. J'imagine que cela n'a pas dû être facile pour Eric Dupuis d’entremêler les indices et les divers suspects possibles ainsi que les différentes affaires qui se présentent à Pierre Sénéchal et Berthelot.
Une autre difficulté est de ne pas « perdre » les lecteurs. Mission accomplie ! J'ai réussi à me repérer dans la multiplicité des protagonistes et de leurs implications dans l'histoire. L'auteur parvient par le biais du chef de groupe à faire des rappels permettant aux lecteurs de bien suivre les multiples affaires.
J'ai particulièrement apprécié le choix de l'époque de cette histoire. On est dans les années 80. L'auteur expose bien les quelques avancées de la police scientifique tout en montrant que le tout est encore limité. On s'amuse à constater l'absence des portables par exemple. Le quotidien des protagonistes pourtant pas si lointain semble déjà désuet. Suivre les péripéties de Sénéchal et Berthelot en 1986 ne manquent donc pas de saveur !
Au début de ce roman, j'ai été un peu déstabilisée par quelques longues phrases et par les détails sur les procédures. Pourtant, j'ai vite été happée par l'histoire elle-même riche en rebondissements. Les dialogues fusent et j'ai eu l'impression parfois de me retrouver devant un bon polar des années 80 avec les Delon et les Gabin. Sans oublier les seconds rôles très bien ciselés par Éric Dupuis.
L'auteur saupoudre également son thriller de quelques notes romantiques que j'ai apprécié au passage. J'ajoute à cela qu'il a la volonté de rendre hommage aux mineurs et à leur importance dans la construction industrielle de la France. Ce sujet fait partie de l’A.D.N. de « La loi des oubliés ».
Allez, faites-vous un belle toile à l'ancienne, embarquez-vous pour une séance du Cinéma de minuit avec des acteurs qui savent sacrément bien faire leur boulot ! Un très bon polar comme je les aime !

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