samedi 30 janvier 2021

Gwenael Le Guellec : " Armorican Psycho "


 Editions Pocket 

784 pages


4 ème de couverture



À Brest le temps est à la tempête. Ce qui n’est pas pour déplaire à Yoran Rosko, le photographe des conditions hostiles. Il aime cette ville et ne craint pas la fureur des éléments dont les excès nourrissent son travail. Sans doute aussi parce qu’atteint d’achromatopsie, maladie qui lui fait craindre la lumière et l’empêche de percevoir les couleurs, il préfère l’opacité. Jusqu’à ce que Claude Garrec, son ami et mentor, disparaisse. De Brest au cercle polaire, Yoran se retrouve confronté au « Tailleur de sel », un tueur en série insaisissable, aux motivations obscures qui va l’entrainer jusqu’aux confins de la nuit polaire…




Mon avis



Yoran Rosko est photographe mais il est un peu particulier ; il voit le monde en noir et blanc. Sa maladie visuelle l'empêche de vivre normalement le jour. Alors la nuit est sa principale destinée. Il apprend que son ami Claude a disparu et qu'un cadavre a été retrouvé dans son appartement. Ce dernier est à priori un ancien capitaine de cargo norvégien, disparu en mer en 1995.Yoran n'a qu'une obsession retrouver au plus vite son meilleur ami. Ce cadavre serait l'œuvre d'un tueur redoutable intitulé " Le tailleur de sel "....


" Armorican Psycho" est un véritable pavé de plus de 700 pages, cela me freinait à le lire mais une fois les premières pages tournées, j'ai plongé avidement dans l'histoire. J'ai découvert Brest et ses environs, une pluie battante à chaque instant où la mer se déchaine inlassablement.
" Chaque Brestois avait une histoire à raconter à propos du quartier de Recouvrance, dont le pont constituait le lien privilégié avec le centre-ville. D’un côté, la vieille tour Tanguy et le jardin des Explorateurs, de l’autre, le château de Brest, régnant sur la cité du haut de ses dix-sept siècles, et l’Arbre emphatique d’Enric Ruiz Geli et ses sept plantes. L’alliance, si brestoise, entre passé regretté et avenir espéré. "

mercredi 27 janvier 2021

Victor Margueritte : " La garçonne "

 


Editions Archipoche

342 poche


4 ème de couverture



Issue de la bourgeoisie parisienne, Monique Lerbier s’apprête à épouser Lucien Vigneret, un ingénieur à l’avenir prometteur. Ses parents sont aux anges. M. Lerbier, surtout, qui compte sur l’apport financier de son gendre pour redresser sa société.


Mais à la veille du grand jour, Monique apprend que son fiancé continue d’entretenir une maîtresse. Humiliée, révoltée, elle refuse de se soumettre et sacrifie sa virginité au premier inconnu. Chassée de sa famille, la voilà résolue à mener, comme un homme, une vie libre et indépendante. Une vie de garçonne. Monique, devenue une décoratrice à la mode, se livre dès lors à tous les excès, à tous les plaisirs…


Une vie dissolue est-elle le destin de la femme émancipée? L’égalité des sexes est-elle l’égalité des vices? La conjugalité et la maternité sont-elles réservées aux filles résignées? Questions soulevées par ce roman dont l’audace fit scandale, moins par l’affirmation d’un féminisme ambigu que par sa peinture des mœurs d’un certain milieu.


Mon avis




« La garçonne » sort en 1922, date à laquelle il a fait scandale. Son auteur Victor Margueritte en a même été radié de la Légion d'honneur. J'avais donc hâte de découvrir ce fameux roman. Je me demandais pourquoi son auteur avait été qualifié de pornographe et de féministe.

Tout d’abord, au niveau de la qualité littéraire, rien à redire ; c'est bien écrit et le style est plein de finesse. L'écriture est très sensuelle. J'ai eu l'impression de ressentir des relents de poudre de riz et de rouge à lèvres ! Le contexte festif et dépravé des années folles est bien rendu avec des références à peine voilées à de vraies célébrités de l'époque comme Mistinguette. Le vocabulaire désuet pour nous lecteurs du XXIème siècle est amusant, j'ai découvert des mots que je ne connaissais pas ; horions, grabouiller par exemple.

Et puis qu'en est-il de la pornographie ? Pour notre époque bien évidemment, il n'y a plus rien de choquant et même « Cinquante nuances de Grey » paraît torride à côté de cette pauvre « Garçonne ». On peut comprendre bien sûr que les scènes osées pour les années 20 et des allusions aux drogues aient fait bondir le lectorat. Quant au féminisme, c'est autre chose ! L'auteur estime que la femme peut se comporter comme un garçon, d'où l'emploi du féminin dans son titre, et c'est très bien ! Mais il fait de Monique, son héroïne, une pauvre chose qui ne parvient à trouver le bonheur que dans l'amour d'un homme fort et dans la maternité. Il y a bien quelques passages qui prévoient que le destin des féministes va s'améliorer mais c'est très limité.

mercredi 20 janvier 2021

Chrystel Duchamp : " Le sang des Belasko "

 


Editions Archipel

240 pages


4 ème de couverture


Cinq frères et sœurs sont réunis dans la maison de famille, la Casa Belasko, une vaste bâtisse isolée au cœur d’un domaine viticole de Provence.

Leur père, un vigneron taiseux, vient de mourir. Il n’a laissé qu’une lettre à ses enfants, et ce qu’il leur révèle les sidère : leur mère ne se serait pas suicidée – comme l’avaient affirmé les médecins six mois plus tôt. Elle aurait été assassinée…

Au cours de la nuit, non-dits, jalousies et frustrations accumulés au fil des années vont se déverser. Mais le pire reste à venir. D’autant que la maison, coupée du monde extérieur, semble douée de sa propre volonté…



Mon avis



" Le sang des Belasko " est un roman bien différent de ce que l'auteure a pu écrire auparavant. " L'art du meurtre " m'avait déjà bien touchée et avec ce nouveau titre, Chrystel Duchamp a su se renouveler davantage. Quelle construction et mise en scène ! Je n'exagère pas quand je dis ça car c'est comme si les protagonistes jouaient devant moi. Effectivement ce roman se scinde en plusieurs actes. Les acteurs que sont les personnages sont empreints de haine, de rancœur, de jalousie et de désinvolture.
C'est un huis clos où les révélations de cette fratrie au départ sympathique va littéralement changer la donne. L'attirance que j'avais pour les personnages s'est métamorphosée en haine et mépris ! Cette histoire d'héritage n'a fait qu'accroitre le dégout des uns et des autres.
" Dans certaines situations où les banalités n'ont plus leur place, mieux vaut s'abstenir de tout commentaire."
Ce roman met en scène tout un pan d'histoire des Belasko. D'ailleurs la demeure est baptisée la " Casa Belasko " , une maison où les pins et le domaine des vignes font d'elle une magnifique et bien belle bâtisse.

lundi 18 janvier 2021

Marc Sandhomme : " Le 7ème jour "

 


Editions Eaux Troubles

281 pages


4 ème de couverture


Victor pourrait être un homme ordinaire, un de ceux qu'on croise tous les jours dans la rue, s'il n'avait ce visage défiguré. Rejeté par ses pairs et surtout par les femmes : mis au ban de la société, il va lentement basculer dans une forme de démence. Un univers où les désirs ne tiennent plus compte des réalités. Pourtant, il se défend d'être un psychopathe, un détraqué sexuel ou un schizophrène.
Il veut simplement pouvoir parler aux femmes et partager quelques moments avec elles. C'est dans ses mains que Capucine va tomber et voir sa vie basculer un soir de février. Le jour où elle fera le pas de trop dans le salon de Victor. Elle n'aura alors que trois options pour se sortir de cette fâcheuse situation : parvenir à s'enfuir par la force, le séduire et l'amadouer pour mieux le prendre par surprise, ou faire ce qu'il lui demande.
Mais que lui demande-t-il ?



Mon avis



" Le 7 ème jour " est un huis clos sacrément bien amené et efficace. Le lecteur va suivre principalement deux personnages Capucine, la victime, et Victor, le kidnappeur. Ce dernier a été défiguré suite à une morsure de son chien durant sa jeunesse. Handicapé physiquement, Victor n'arrive pas à se lier d'amitié avec une femme. Alors il décide de mettre en place un piège afin de prendre dans ses filets une femme qu'il a repérée sur les réseaux sociaux. La victime se prénomme Capucine. Ainsi commence cette histoire bien machiavélique.
" Las de ne pouvoir approcher les femmes, il avait décidé de les amener de force vers lui. En dépit de son self-control, il ne pouvait s'empêcher de les désirer, mais ne voulait pas en abuser sexuellement; Pourtant, ce n'était pas l'envie qui lui manquait. " 
Chaque chapitre annonce le décompte de la vie de Capucine. Il faudra 7 jours pour que Victor décide du sort de Capucine. Les deux personnages vont se connaître, se parler sans animosité. D'ailleurs ils ont un  point commun qu'est la littérature. En effet Victor est prévenant envers Capucine, il prend bien soin de sa victime mais pourquoi attendre 7 jours ?

Au delà de cette histoire, l'auteur aborde les thèmes du syndrome de Stockholm et du syndrome de Lima.

mercredi 6 janvier 2021

Victor Guilbert : " Douve "


 Editions 298 pages


4 ème de couverture


Le gamin a Douve dans les veines."


Cette phrase, prononcée par son père quand il n'était encore qu'un enfant, l'inspecteur Hugo Boloren ne l'a jamais oubliée. Alors quand il apprend qu'un meurtre a eu lieu à Douve, il y voit un signe. Son père est mort, l'Alzheimer a dilué les souvenirs de sa mère ; c'est sa dernière chance de comprendre en quoi ce village perdu au milieu d'une forêt de sapins lui coule dans les veines.

Tout ce qu'il sait, c'est que son père, policier lui aussi, a été envoyé à Douve il y a quarante ans pour enquêter sur la fuite médiatisée d'un Islandais accusé de meurtre, et que sa mère, journaliste, l'a accompagné pour écrire un livre sur l'affaire.

Que s'est-il passé là-bas et pourquoi ont-ils toujours refusé d'en parler ?

Armé du livre écrit par sa mère, Hugo Boloren va plonger dans ce village peuplé d'habitants étranges, tous unis par un mystère qui semble les hanter. Au fil de son enquête, une question va bientôt s'imposer : et si le meurtre qui a récemment secoué le village était lié au séjour de ses parents, quarante ans plus tôt ?


Mon avis



Quand on vous dit boite de chocolat, vous pensez peut-être à Forrest Gump, avec « Douve » de Victor Guilbert, vous penserez maintenant à Hugo Boloren ! C'est inexplicable, il faut le suivre pour le croire.

Dans ce roman, le vert domine, on le remarque tout de suite en regardant la couverture. Douve, un village niché au milieu d'une dense végétation qui sent le pin mais aussi le sapin pour les individus qui ont le malheur d'y faire un tour. L'ambiance est dès le début bien soulignée. L'auteur s'amuse beaucoup avec le nom de cette bourgade qui est pratiquement un personnage tout au long du récit.
« Un hameau terne et marécageux planté au bout d'une route de campagne. Peut-être le seul village non montagneux dont la traversée ne mène nulle part. Douve est une impasse, le dernier village avant le néant. »
Hugo Boloren est un flic qui tient plus de Columbo que de l'inspecteur Harry. Il est apprécié de ses collègues, sérieux mais il doit attendre LE déclic pour comprendre et résoudre une affaire. J'ai adoré ce personnage qui rapidement m'a semblé très attachant. J'aimerais d'ailleurs que son auteur en fasse un héros récurrent.
« Cette écriture que j'ai reconnue, où est-ce que je l'ai déjà vue ? Embrumés par Douve et les vapeurs d'alcool matinales, mes neurones pataugent. »
Je ne peux pas en dire trop sur l'histoire tellement elle est étonnante et inimaginable. La fin est à cet égard particulièrement réussie. Victor Guilbert prend son temps pour mettre en place l'intrigue, rien n'est laissé au hasard. Et pourtant on ne s'ennuie pas une seconde, tout est magistralement orchestré.

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