mercredi 31 octobre 2018

Christophe Ferré: " La petite fille du phare"


Editions l'Archipel
448 pages


4 ème de couverture



Qui a kidnappé le bébé ?

Le temps d'une soirée dans un pub tout proche de leur villa située sur la côte de granit rose de Ploumanac'h, Morgane et Elouan ont laissé la garde de leur fille de 10 jours, Gaela, à son frère adolescent, Arthur.
Mais au retour, un berceau vide les attend.
Aucune trace d'effraction, pas de demande de rançon. À la douleur de la disparition, s'ajoute la violence du soupçon de la gendarmerie. Morgane est une mère déjà éprouvée par la perte d'un enfant, Elouan, un père souvent absent…
Les pistes se multiplient mais l'enquête n'avance pas.
Pourtant, près d'un mois plus tard, le miracle : Gaela est rendue à ses parents. Le soulagement l'emporte sur l'incompréhension.
Sauf pour Arthur, convaincu que ce bébé n'est pas sa sœur…


Mon avis



Quand j'ai vu la bande annonce de ce roman, je me suis dit ça va être génial tout ce que j'aime! En plus la couverture est magnifique...
Mais ma joie ne fut que de courte durée. Certes les chapitres sont très courts, se lisent ainsi très vite mais ce qui m'a profondément ennuyée ce sont les personnages, je ne les ai pas du tout appréciés; il manquait à tous de la sensibilité, des émotions vives voire touchantes. Comment Morgane , la mère, peut-elle laisser la garde d'un bébé de 10 jours à son frère juste pour rejoindre son mari dans un bar?

Quant aux dialogues, ils manquent d'intérêt et de crédibilité. L'auteur ne cesse de développer des rebondissements au fil des pages afin de faire planer le doute sur chacun des protagonistes mais à vouloir trop en rajouter, j'ai finalement décroché, l'intrigue devenait parfois invraisemblable.
Malgré ces points négatifs, j'ai tout de même apprécié le cadre dans lequel se situe l'action. Ploumanac'h, la côte de granit rose. Les paysages sont merveilleusement dépeints. D'ailleurs, la description de la côte bretonne prend parfois le dessus sur l'intrigue.

" À Ploumanac’h, même les cœurs sont en granit, forts et durs, habitués aux embruns, aux averses, aux vagues, aux coups de tabac. Pas tous les cœurs. Certains cœurs sont comme des hortensias, graciles et doux, fins et fragiles."

" La petite fille du phare" est un roman duquel j'attendais beaucoup de suspense malheureusement ce fut une lecture en demi teinte. L'intrigue n'est pas crédible et les personnages ne m’ont guère touchée. Je ne remets en cause l'écriture de l'auteur mais à en vouloir trop en faire, j'ai finalement décroché et l'histoire s'est essoufflée au fil des pages.


Bande annonce



L'auteur


Christophe Ferré est romancier et auteur dramatique. Il a obtenu le Prix de la nouvelle de l'Académie française en 2010. Il est l'auteur de La Chambre d'amour (Arléa, 1995), La Septième nuit (Seuil, 2000) ou encore Paradis Turquoise (Flammarion, 2005). Son premier suspense, La Révélation de Chartres(Salvador, 2015) s'est vendu à plus de 20 000 exemplaires, toutes éditions confondues.


dimanche 21 octobre 2018

Johanna Almos: " La norme et nous "




Editions LBSSélection
204 pages


4 ème de couverture




La norme et nous conte l'errance de trois jeunes personnes. Tommy, enfant de l'assistance publique, vit dans la rue depuis ses quatorze ans. Stéphane vient de perdre son logement et dort dans sa voiture. Clémence, adolescente perturbée, recherche désespérément l'amour de sa mère. Dans les bas-fonds de Pigalle, de squats punks en bars miteux, ces trois exclus du début des années 2000 vont sympathiser, mêler leurs destins violents et parfois tragiques.

Un premier roman qui résonne et raisonne comme un coup de cœur. Un récit fort et réaliste, aux personnages attachants, qui refuse la carte du misérabilisme. Une auteure est née.

Préface de Emmanuel Delporte

Mon avis



Johanna Almos fait apparaitre dès les premières pages des personnages sympathiques, très vite totalement attachants. Ils sont tous différents les uns des autres mais j'ai ressenti qu'ils allaient avoir des liens forts. Une thématique de ce roman est, je crois, la façon dont ses liens vont se tisser.

" Tout à coup, elle comprend. La veste rapiécée, le treillis raide de crasse. Les ongles noirs. Elle comprend et elle s'en fout. A quinze ans, on ne fait pas cas de ce genre de choses. "

L'auteure raconte par le biais de ses protagonistes, la fracture sociale à sa manière. Elle ne parle pas d'un phénomène nouveau car la misère n'est malheureusement pas un scoop. Pourtant, elle le fait très bien. Elle aime ses "héros" de la rue et cela donne une chaleur à la lecture. Elle utilise des formules dures qui soufflent le chaud et le froid dans une atmosphère à la fois engageante et dérangeante.
Chacun, dans sa précarité, s'accroche à ce qu'il peut. J'ai croisé beaucoup de misère dans ce roman. Le clash entre le froid de la rue et la chaleur des sentiments est bien dépeint. J'y ai vu une des grandes qualités du livre.

" Il quitte le bureau, dépité et regagne son rayon. Parmi les disques, il se sent mieux que parmi les gens. La musique, elle, ne triche pas. Depuis l'enfance, il voue une sorte de culte qui lui permet de tenir le choc. Il croit aux riffs de guitares comme d'autres croient en Dieu. "

Le sujet des sans-abris a déjà été traité, évidemment. Delphine de Vigan l'a très bien souligné dans " No et moi". Les deux titres me semblent d'ailleurs assez proches. Johanna Almos avec maestria rajoute sa pierre à l'édifice de l'exclusion. 

L'auteure appuie sur les peurs de chacun. Elle montre les douleurs et les failles que peut rencontrer tout un chacun. Elle déroule le mécanisme qui mène à la pauvreté. Elle triture les blessures de l'âme humaine noyée dans les apparences trompeuses de la société de consommation.

Guillaume Sire: " Réelle"



Les Editions Observatoire
320 pages


4 ème de couverture



Enviée, choisie, désirée : Johanna veut être aimée. La jeune fille ne croit plus aux contes de fée, et pourtant… Pourtant elle en est persuadée : le destin dans son cas n’a pas dit son dernier mot.

Les années 1990 passent, ses parents s’occupent d’elle quand ils ne regardent pas la télé, son frère la houspille, elle danse dans un sous-sol sur les tubes à la mode, après le lycée elle enchaîne les petits boulots, et pourtant…

Un jour enfin, on lui propose de participer à un nouveau genre d’émission. C’est le début d’une étrange aventure et d’une histoire d’amour intense et fragile. Naissent d’autres rêves, plus précis, et d’autres désillusions, plus définitives.

L’histoire de Johanna est la preuve romanesque qu’il n’y a rien de plus singulier dans ce monde qu’une fille comme les autres.


Mon avis



Guillaume Sire, avec un style personnel, exprime ce qu'il pense d'une certaine télévision. Il use d'un vocabulaire riche et poétique. Il attribue à cet objet une place très particulière. La télévision est à la fois un cadre autour duquel on se réunit ou un accessoire qui filtre le monde. C'est aussi un témoin du quotidien. Cette "chose" fait partie de la vie, fait partie des meubles. Il répète volontairement le mot "télévision" afin de le marteler, montrant ainsi que sa présence peut être obsessionnelle.

" Quand elle arriva chez elle, ce soir-là, Sylvie et Didier s'étaient endormis devant la télévision. Ça leur arrivait de plus en plus souvent. Sur la table basse : un paquet de chips, des bâtonnets de glace ; à la télévision une émission sur Kennedy. Johanna remarque que la main de Didier était posée sur la cuisse de Sylvie. Elle n'éteignit pas la télévision de peur de les déranger. "

L'auteur raconte l'histoire d'une jeune fille qui, en voulant devenir célèbre, va passer de l'autre côté du miroir et de l'écran. Sa famille est aussi décrite. Au début, je les trouvais tous sans grand intérêt. Mais très vite, j'ai remarqué que chaque membre de la famille avait son charme. Et cela même dans la petitesse de leur vie banale. Guillaume Sire n'est jamais méchant ni moqueur envers la famille de Johanna. Leurs défauts sont finalement moins lourds qu'il n'y paraît. La passion du père pour Johnny Hallyday ou les réparties de la mamie sont des moments de tendresse ou de franche rigolade. Mais je le reprécise, le tout n'est jamais dégradant.

" Johanna proposa à Jennifer de l'accompagner au cinéma voir Titanic. Le film avait coûté plusieurs centaines de millions de dollars. Mamie prétendait qu'avec ça on aurait pu nourrir l'humanité pendant trente siècles à condition de savoir cuisiner. "

Des pages savoureuses sur la condition de "beauf" exprime bien le mépris et l'importance de l'argent et des apparences dans notre société. Les prénoms sont aussi passés au crible de l'écrivain. Il nous fait bien comprendre ce que le prénom peut transmettre comme message. A l'image de la pièce et du film Le prénom, des passages évoquent aussi avec humour ce que peut révéler le simple fait de prénommer quelqu'un.

jeudi 11 octobre 2018

Fabio M. Mitchelli: " Le dernier festin"



French Pulp Editions
382 pages



4 ème de couverture



Clarisse est morte. Elle ouvre les yeux sur son corps mutilé, entouré par la police scientifique qui s’affaire sur la scène de crime de son propre meurtre, quelque part sur une route de montagne des Alpes françaises… Elle va se remémorer les heures qui ont précédé sa mort, afin de confondre son meurtrier. Des indices portent à croire qu’un tueur, recherché par la police depuis des années serait dans la région… 

Trouver son meurtrier une fois mort, le seul moyen d’accéder au repos éternel…


Mon avis



Fabio M.Mitchelli s'inspire des comportements de tueurs en série dans ses romans; c'est d'ailleurs son image de marque. Dans "Le dernier festin", la démarche reste la même mais l'histoire n'en demeure pas moins un vrai roman et non une biographie d'un tueur sanguinaire. Je trouve que justement Fabio Mitchelli y met beaucoup de lui-même.

Le début est fracassant et ensuite énormément d'adjectifs me viennent en tête pour décrire ce qui ressort de ma lecture.

Haletant! L'action se succède sans repos pour les héros et le lecteur. Ici, pas la peine de vouloir reprendre son souffle. L'auteur ne m'en a pas laissé la possibilité. Les personnages sont nombreux et ont tous leur minute de gloire. Même les morts ont leur mot à dire! Les fantômes du passé rongent au fil des pages l'esprit des protagonistes.

Fantastique! Pour le genre qui se mélange au thriller... Pour moi, l'ensemble est bien dosé afin de faire la part belle au suspense sans pour autant insister sur le côté fantastique trop lourdement. Un bon point pour moi qui préfère le thriller au fantastique.

Documenté! Certains passages, en effet, m'ont appris beaucoup sur les étapes d'une enquête policière, surtout sur les termes techniques de l'autopsie. Un sujet souvent traité dans le polar mais Fabio Mitchelli y ajoute sa touche perso à la fois gore et pertinente. Oui, les deux sont possibles, cet auteur nous le prouve.

"Chris laissa s'éloigner le gros bonhomme aux cheveux grisonnants, ce vieux flic qu'une vie passée à massacrer des macchabées avait vacciné.
Voilà, ma dépouille allait être déposée au centre médico-légal afin que l'ont me découpe dans les règles de l'art."

dimanche 7 octobre 2018

Cathy Galliègue: " Et boire ma vie jusqu'à l'oubli"



Editions Emanuelle Collas
246 pages




4 ème de couverture



Betty s'efforce de vivre mais, à la nuit tombée, elle se cache et boit pour oublier la mort de son mari, Simon, et pour se souvenir de sa mère. Elle s'abrutit et s'effondre. Dans sa quête de la vérité, les images reviennent peu à peu. Des clichés tendres de l'enfance, une mère trop belle pour être vraie, des souliers rouges... et cette question lancinante : " Elle est où, maman ? "



Mon avis


Cathy Galliègue nous narre un récit dont le sujet est parfois difficile à aborder tel que l'addiction à l'alcool.

Dans " Et boire ma vie jusqu'à l'oubli", j'ai suivi l'héroïne, Betty avec compassion.
A la suite de la mort de son mari, Simon, et de sa mère disparue, Betty s'enfonce chaque soir dans l'alcool. C'est sa seule échappatoire pour braver la solitude et tenter d'oublier son être aimé.
Mais chaque matin, la réalité refait surface. Pourquoi la fuir? Pourquoi ne pas tenter de connaître enfin la vérité?
C'est sûr qu'il est difficile de faire aussitôt le deuil de son époux parti trop tôt laissant un fils derrière.

" Je me suis traînée hors du lit, la tête lourde, la tête basse, le squelette broyé. La culpabilité est un fardeau bien plus encombrant que la gueule de bois. Pourtant chaque soir, le même traitement: abrutir le chagrin, trouver le sommeil, les rêves peut-être, et n'avoir plus peur de la nuit. "

Les peines, les chagrins sont si forts que le seul remède est de boire jusqu'à l'oubli.
Mais il ne faut pas oublier les proches.
Afin d'éclater la vérité, Betty visite sa maison d'enfance et le passé va ressurgir laissant quelques interrogations en suspens.

" Elle a bien dû faire des choses, cette mère qui a vécu là. Elle est partie. C'est tout ce que je sais. Tout ce qu'on m'a dit."

Cathy Galliègue raconte cette histoire avec beaucoup d'amour et de délicatesse.
Il est très difficile de parler de ce tabou mais l'auteure parvient à le faire  de façon envoûtante .

Le deuil et les souvenirs sont des thèmes assez touchants. Avec des mots enrobés de poésie, l'écriture ne peut être que majestueuse et d'une extrême justesse.
J'ai vraiment été touchée par le personnage de Betty et par l'histoire des souliers rouges.
La sensibilité ressort au fil des pages et certains passages du roman ne font qu'accroître  les émotions.

" Et boire ma vie jusqu'à l'oubli" est un bijou rempli de sentiments. A lire sans aucun doute!


L'auteure



Cathy Galliègue aborde dans Et boire ma vie jusqu'à l'oubli un sujet tabou, celui de l'alcoolisme féminin, et nous offre un roman sans filtre sur la mémoire et le deuil, un diamant brut plein d'humanité et d'espoir. Après une carrière dans l'industrie pharmaceutique en France, elle est partie vivre en Guyane, où elle a animé pendant un saison une émission quotidienne littéraire sur la chaîne Guyane1ère et où elle se consacre désormais à l'écriture. Son premier roman, La nuit, je mens (Albin Michel, 2017), a remporté un succès d'estime, il est sélectionné pour le Prix Senghor 2018. Et boire ma vie jusqu'à l'oubli est son deuxième roman.


Interview: " Jacques Pons"




Jacques Pons publie son premier roman " Organigramme "  chez Hugo Thriller. Il reçoit le coup de cœur RTL 2018. Voici une petite interview afin de mieux le connaitre.


1- Présentez-vous en 3 mots?

Papa - Parisien - Passionné


2- Comment vous définiriez-vous?

Question difficile ! Je dirais que je suis quelqu'un d'extrêmement curieux et actif. Mon rêve ultime est d'avoir plusieurs vies, mon ambition est de parvenir à en vivre le plus possible ! 
Je suis très tourné vers autrui, très perméable aux histoires individuelles autant qu'aux histoires inventées. Je me nourris de songes et de réalité.


3- L'histoire cible une maison de mode mêlant le côté thriller et un sujet actuel. Pourquoi avoir mélangé ces deux sujets?

La maison de mode est un contexte qui présente plusieurs avantages, du point de vue narratif : elle permet d'introduire un peu d'humour, en jouant sur des clichés (dont il faut d'ailleurs préciser qu'ils sont tous réels !) et sur des dialogues futiles, mais elle représente également un univers dur, soumis à une double exigence d'authenticité esthétique et de résultat économique ; cette double exigence est parfois inconciliable, et c'est de ce hiatus que peut naître le thriller, c'est-à-dire la douleur, la mauvaise intention, et donc l'exploration d'une volonté de destruction quand on pousse l'étude au paroxysme.


4- D'où vous est venue l'idée d'écrire un tel roman?

Au départ, j'ai commencé à écrire "à froid", à la première personne. Si je me mets dans la peau d'un personnage qui rejette ce système qui le broie tout en le nourrissant, si ce personnage voit monter en lui une volonté implacable de destruction de ce système et de ces acteurs, essayons de voir jusqu'où on peut aller, en respectant un principe de réalisme dans la description de l'organigramme en tant que tel, et dans les rapports que celui-ci induit, joués sur différentes tonalités de violence. 
Ensuite, j'ai essayé de composer une histoire plus large, en suivant différentes partitions, et en construisant une sorte d'enquête plus classique dont les questions fondamentales sont : QUI ? POURQUOI ? COMMENT ?
Mon ambition est à la fois de divertir le lecteur, mais aussi de le toucher et de le faire réfléchir sur ces problématiques malheureusement très actuelles, liées au burn out et à la souffrance au travail.


5- " Organigramme" fait l’unanimité, je n'ai vu que des avis positifs, partageriez-vous tous les ressentis même s'ils sont négatifs?

Bien sûr ! D'une part parce que je suis un débutant dans l'écriture et le roman, donc des avis négatifs me permettraient d'améliorer mon style, mes techniques narratives, en d'autres termes d'arriver à écrire un meilleur roman. Et d'autre part parce que pour moi, des ressentis négatifs sont aussi des propos qui légitiment les avis positifs.
Mais je suis infiniment reconnaissant de cet accueil enthousiasme des débuts. C'est un carburant formidable pour mes prochains projets d'écriture !


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