samedi 19 octobre 2019

Ayelet Gundar-Goshen: " Réveiller les lions"



Editions 10-18
432 pages


4 ème de couverture



Un huis clos politique, social et conjugal aux allures de thriller.

Une nuit, en sortant de sa garde à l'hôpital de Beer-Sheva, la ville la plus méridionale d'Israël, le Dr Ethan Green, marié et père de deux enfants, percute à mort un migrant érythréen qu'il abandonne sur la route en laissant tomber son portefeuille. Le lendemain, la femme de cet homme vient le trouver dans sa coquette villa. En échange de son silence, elle exige d'Ethan qu'il prodigue chaque nuit, en cachette, ses soins aux réfugiés. Tandis que son épouse, commissaire de police, se voit confier l'enquête sur le mystérieux chauffard, Ethan Green s'engouffre aux côtés de Sirkitt dans une double vie qui menace l'intégrité de son couple et le confronte à une réalité clandestine et insalubre, sur fond de trafics, de violences – et de désirs inavouables.


Mon avis


Quand un chirurgien voit sa vie basculée un soir alors qu'il avait tout pour être heureux jusqu'à la fin de sa vie. La nuit n'est pas propice pour lui. La pleine Lune lui fait ainsi défaut.

Avec « Réveiller les lions », Ayelet Gundar-Goshen aborde un sujet lourd et actuel. Un médecin désenchanté renverse et tue un homme alors qu'il se défoule au volant de son 4x4 de luxe. Il prend la fuite mais il est contacté par l'épouse du défunt, Sirkitt, qui sait tout.

" L'homme, il le percute précisément au moment où il songe que c'est la plus belle lune qu'il a vue de sa vie. "

Le sujet est brûlant car le docteur Green va être confronté suite à son délit de fuite, à un monde de pauvres et de migrants. Au-delà des faits relatés, l'auteur sait nous rendre les événements très proches. Il réalise une photographie d'un monde morcelé qui fait écho aux infos que l'on voit défiler sur nos écrans chaque jour.

Le docteur tente de faire face à une double vie afin de cacher ses activités demandées par Sirkitt. Il doit être vigilant car c'est sa propre femme qui mène l'enquête sur l'accident. Green parvient quand même à nouer des liens avec des gens différents les uns des autres. Ce sont ces mondes contradictoires qui donnent au roman une épaisseur humaine et qui font la qualité originale de l'histoire. L'empathie et l'injustice se mêlent grâce à un style simple et poétique. L'ensemble est ainsi particulièrement attachant.

L'intrigue policière dirigée par l’épouse de Green n'est, pour moi, qu'un arrière-plan pour mettre en valeur la vie misérable de ceux qui ne savent plus quelle est leur véritable vie et qui doivent lutter pour avancer. Ces combats pour sortir de la misère offrent des pages très prenantes.

Des questions sont sous-entendues. Quand on fait partie des nantis, peut-on cacher longtemps des vérités exécrables ? A-t-on la possibilités de faire ses propres choix ? Comment se déroulent les relations entre les dominants et les dominés ?

Les personnages sont nombreux et j'ai apprécié les suivre dans leur monde contrasté. J'ai surtout aimé la force et l’ambiguïté de Sirkitt. Son charme et son courage enrichissent le récit.

Un univers à découvrir, donc pour le thème grave mais surtout la façon bien singulière de le traiter. Il ne faut pas y chercher un suspens du début à la fin mais plutôt une étude socio-politique. Le tout finement mené !


L'auteur



Ayelet Gundar-Goshen est née en 1982. Diplômée en psychologie clinique à l'Université de Tel-Aviv, elle est aujourd'hui scénariste. Elle partage son temps entre l'écriture et son combat pour la paix. Son premier roman, Une nuit, Markovitch, encensé par la critique et couronné par le prix Wizo 2017, a été traduit en huit langues. Réveiller les lions est son deuxième roman.


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