mardi 21 mars 2023

Le châtiment des fidèles - Nadine Matheson

 


Editions Seuil

560 pages


4 ème de couverture


Baignant dans son sang, le pasteur Caleb est retrouvé en plein cœur de Londres poignardé de plus de quarante coups de couteau. Anjelica Henley et son équipier Salim Ramouter, à peine remis de leur dernière enquête, découvrent une chambre cachée en inspectant l’église. Dans cette pièce gît le corps agonisant de Brandon, victime d’un rituel religieux obscur. Très vite, une autre chambre est découverte et une nouvelle victime est identifiée. Ce ne sont que les prémices d’un dessein plus grand. S’amorce alors une terrifiante course contre la montre pour cette brigade spécialisée ; on n’échappe pas aux châtiments divins.


Mon avis



Sur fond de religion douteuse, de sauvagerie mystique et d'abus sexuels, on retrouve Anjelica Henley de la brigade des crimes dans un Londres plein d'insécurité. Avec son équipier Ramouter, elle cherche à dénouer une affaire sanglante et malsaine. Nadine Matheson déroule son intrigue de façon rigoureuse.

« Le châtiment des fidèles » décrit une enquête bien ficelée mais sans grande originalité. Par contre, ce qui m'a particulièrement attirée, c'est la façon dont la vie de ces deux enquêteurs est mise en avant. Anjelica reste traumatisée par une enquête qui l'avait confrontée à une extrême violence. D'ailleurs cette histoire nous avait été relatée dans « L’équarrisseur », le précédent roman de Nadine Matheson. Son équipier, de son côté, doit faire face à la démence de son épouse. 

Entre la nouvelle affaire et les affres psychologiques des deux personnages principaux, Nadine Matheson a su m'intéresser. Je déplore cependant ses trop nombreuses références à « L'équarrisseur » que j'avais pourtant apprécié. Cela ralentit un peu le rythme et je me demandais où ces rappels allaient aboutir. Est-ce que les relents de son ancienne affaire ont un rapport avec le pasteur Annan, victime du crime atroce qu'elle doit résoudre ? Aux lecteurs de se faire leur propre opinion…
" L'inspectrice sentit sa joue tressauter quand elle vit le trou béant dans celle du pasteur. La large blessure exposait le maxillaire, plusieurs molaires et une langue mouchetée prise dans une masse de sang coagulée. L'œil droit était ouvert, la pupille figée, dilatée. Le sang séché qui imprégnait les cils évoquaient du mascara mal appliqué. "

samedi 4 mars 2023

Les Gentils - Michaël Mention

 


Editions Belfond

352 pages


4 ème de couverture


Sur les routes de l’enfer…

Ça hurle, ça cogne dans la tête de Franck. Six mois que sa fille est morte dans un braquage à Belleville. Six mois qu’il attend l’arrestation du coupable. Mais rien, aucun suspect, aucune piste, et les flics semblent avoir lâché l’affaire.
Alors Franck ratisse les bas-fonds de Paris, finit par trouver un vague indice. Il largue tout et embarque dans sa R5 pour un trip halluciné à la recherche de sa proie : un tox’ avec un tatouage « Anarchie ».
Jusqu’où iriez-vous pour venger la mort de votre enfant ? Franck, lui, va loin, très loin, jusqu’en Amazonie, pour traquer un meurtrier parti racheter sa conscience dans un mystérieux camp de hippies. Mais dans cette jungle où la violence est partout, la folie de Franck va se heurter à des âmes plus extrêmes encore…



Mon avis



" Les Gentils " sont parfois les plus méchants et c'est dans ce roman que vous allez le comprendre !
C'est l'histoire de Franck Lombard qui part à la recherche du meurtrier de sa fille. Il a pour seul indice un tatouage sur l'épaule droite intitulé " Anarchie". Sa fille voulait choisir une seule sucette dans une boulangerie et un braquage bouleverse la situation. La vie de Franck, un disquaire incontournable, s'est effondrée tel un disque rayé sur la platine. L'enquête piétine, alors Franck prend la décision d'être lui-même le justicier. Le goût de la vengeance se fait sentir. Il sillonne Toulouse et l'Amazonie afin de  poursuivre dans un état de rage bien compréhensible ce mafieux de Yannick.
" Je le trouverai, lui arracherai le cœur avec les dents et pisserai sur son corps démembré, je t'en fais le serment. "  
Malgré le titre « Les gentils », on est loin du monde des Bisounours. Et pourtant Franck aurait aimé garder auprès de lui l'univers tendre de l'enfance, celui de la fille qu'il a perdu à cause d'un braqueur.

Ce roman de Michaël Mention est pour moi inclassable même si c'est au départ un thriller réussi. C'est un livre qui brise les codes et les cases. J'ai assisté durant cette lecture à une descente aux enfers d'un homme à peine vivant ne ressentant plus qu'une douleur absolue. D'ailleurs la souffrance est une carapace qui donne un semblant de vie lui permettant de déambuler sur le chemin de la vengeance. L'aventure que poursuit Franck est vertigineuse car les chemins qu'il prendra sont semés d'embûches.

Inclassable aussi est le style avec des phrases qui coupent le souffle tels des uppercuts à répétition. Là-dessus, Michaël Mention plaque une bande-son au diapason de l'atmosphère de cette histoire très prenante. Ces années 70 finissantes sont le décor idéal pour le road trip de Franck ; un crépuscule collant à la peau d'un personnage noir, très noir. L’émotion transparaît au fil des pages surtout quand intérieurement le père dialogue avec sa fille morte. Il fallait oser et c'est réussi.

" Les Gentils " est un roman noir qui restera longtemps gravé en moi. L'histoire est empreinte d'une totale souffrance celle de la perte d'un enfant. Mais la soif de vengeance et de la folie de Franck sont comme une grenade, elle attend d' exploser à tout moment.

 Alors suivez sans hésitation l'itinéraire de Franck, et vous percevrez le cheminement d'un homme meurtri qu'on aimerait sauver mais certaines douleurs sont malheureusement incontournables ! 
C'est un récit qui pulse, qui démarre très fort !

dimanche 19 février 2023

Huit clos - Greg Waden

 


Editions LBS Noir

336 pages


4 ème de couverture


Huit personnes sont invitées à une cérémonie de remerciements organisée dans un luxueux appartement se situant au douzième étage d'un immeuble moderne.


L'hôte, un grand promoteur immobilier, n'est pas présent, une assistante reçoit les convives.

La réception s'annonce très festive.

Au centre de la table, au milieu des amuse-bouches, trône une boîte en carton qui porte une inscription énigmatique : ne pas ouvrir avant minuit. L'humour particulier du propriétaire étant notoire, tout le monde s'attend à une de ses facéties.

Quand arrive le moment d'ouvrir le paquet, son contenu fait basculer la soirée dans l'horreur.

Choc psychologique avec cet huis clos insoutenable, orchestré d'une main de maître. L'auteur nous entraîne dans un puzzle machiavélique qu'il met en place sous nos yeux. Magistral !



Mon avis



J'ai rencontré l'auteur lors du salon du livre d'Annœullin et j'ai été attirée par cette sombre couverture et le résumé.
C'est vrai qu'il est plutôt alléchant car l'histoire se passe dans un appartement chic du douzième étage. Ainsi je me plonge de suite dans ce récit où les invités attendent patiemment leur hôte prénommé Martin Savarin.
En son absence, Johanna reçoit les convives. Le lecteur est plongé dans un huis clos où un malaise commence à se faire sentir. Tout pourrait bien se passer mais la cérémonie est de courte durée. La présence d'un carton interroge les convives. Que peut bien contenir cette boîte ? Vous aurez compris qu'une fois celle-ci ouverte, l'histoire va prendre une toute autre tournure…
" La table est jonchée d'assiettes creuses proposant divers biscuits apéritifs et autres amuse-gueules. Des verres et des bouteilles d'alcool sont également présents en grand nombre. Chose étrange, au milieu de celles-ci est disposé un carton fermé à l'aide de scotch marron. Une inscription au feutre noir est visible et identique sur tous les côtés. "

vendredi 10 février 2023

La petite boutique aux poisons - Sarah Penner

 

Editions Pocket

416 pages


4 ème de couverture



Règle 1 : le poison ne doit jamais être utilisé pour blesser ou tuer une autre femme.
Règle 2 : le nom de la meurtrière et celui de sa victime doivent être notés dans les registres de l'apothicairesse.

" Je jure solennellement devant Dieu, Créateur de toutes choses, de ne jamais administrer de poisons... " A ce serment prêté jadis par les apothicaires, Nella ne souscrit plus depuis longtemps. Belladone, ellébore, arsenic : on peut se procurer toutes sortes de poisons dans sa boutique du 3, Back Alley – à condition qu'un homme violent en soit la victime... Et il y en beaucoup, des hommes violents, dans le Londres de 1791...
Deux siècles plus tard, une mystérieuse petite fiole ressurgit dans la boue de la Tamise aux pieds de Caroline, une Américaine au cœur brisé. Et avec elle, toute une histoire de femmes, trop longtemps oubliée…


Mon avis



Une belle couverture et l'ambiance d'une boutique d'apothicaire dans le Londres de 1791 avaient tout pour me plaire. « La petite boutique aux poisons » de Sarah Penner a en effet de nombreux atouts éveillant ma curiosité de lectrice.

J'ai beaucoup apprécié les descriptions des rues de Londres de la fin du XVIIIème siècle même si parfois elles m'empêchaient de suivre l'histoire par elle-même. Donc climat « empoisonné » de la vieille échoppe oui mais pas trop puisqu'au bout d'un moment, j'ai commencé à m'ennuyer un peu. Heureusement les changements d'époque ont injecté du dynamisme dans cette atmosphère quelque peu monotone.

J'ai aussi aimé les similitudes entre les diverses protagonistes. La Caroline d'aujourd'hui et les personnages de Nella et Eliza d'un autre temps sont certes différentes mais ont en commun les souffrances endurées à cause des hommes.

mardi 7 février 2023

Fils de personne - Jean-François Pasques

 


Editions Fayard

416 pages


4 ème de couverture


Un numéro de téléphone, un exemplaire de La Peau de chagrin et un briquet de la Légion étrangère. C’est tout ce qui est retrouvé sur le cadavre d’un homme abandonné dans un bassin du jardin des Tuileries. Alors qu’il piétine déjà dans une enquête sur la disparition de trois jeunes femmes, le commandant Julien Delestran est chargé de l’affaire. Le numéro de téléphone est sa première piste : c’est celui du CNAOP, l’organisme permettant aux enfants nés « sous X » de retrouver leurs parents biologiques. Mais tandis que le commandant essaie d’avancer sur cette nouvelle enquête, la précédente se rappelle à lui quand sa hiérarchie lui adjoint l’aide d’une psychologue. Tout d’abord sceptique face à cette « ingérence », Delestran est bien obligé de reconnaître que Claire Ribot sait mettre au jour la vérité aussi bien que le plus fin des limiers. Et qu’elle ne sera pas de trop pour sonder, avec son groupe, les tréfonds de l’âme humaine…

Chimiste de formation, Jean-François Pasques est capitaine de police. Après une quinzaine d’années à Paris, notamment à la Section Criminelle de la 1ère DPJ, il travaille désormais à Nantes en Sécurité Publique. La police satisfait son appétit de curiosité humaine, et Fils de personne met en scène ces personnages hauts en couleurs auxquels il est confronté quotidiennement dans son métier.


Mon avis



« Le fils de personne » de Jean-François Pasques pourrait passer pour une simple histoire de flics avec une enquête classique. Et pourtant, ce roman et bien plus que ça car il m'a flanqué une vraie claque et cela pour diverses raisons.

Déjà, l'intrigue s’avère beaucoup plus complexe que prévue au départ. Elle est multiple et met en scène des situations originales. Ce vieil homme trouvé dans un parc représente dès le début un sujet intrigant pour le commandant Delestran qui arrive sur place. Ce mort l’obsède alors qu'il est déjà sur une affaire de femmes disparues.

Justement ces deux enquêtes mettent en relief des personnages intéressants à suivre. Jean-François Pasques est parvenu à me passionner pour des gens à priori simples mais pas que…
Les morts et les vivants ont autant d'importance pour l'auteur que pour le commandant Delestran. Ainsi les pages respirent le respect dans les interrogatoires et dans la façon dont Delestran voit les personnes qu'il rencontre.
« Le corps de Monsieur Georges fut enveloppé dans une bâche mortuaire d'une blancheur immaculée, munie de poignées sur les côtés, son dernier écrin de dignité. »

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