jeudi 9 avril 2020

John Boyne: " Les fureurs invisibles du cœur"



Le livre de poche
864 pages


4 ème de couverture



Cyril n’est pas « un vrai Avery » et il ne le sera jamais – du moins, c’est ce que lui répètent ses parents, Maude et Charles. Mais s’il n’est pas un vrai Avery, qui est-il ? Né d’une fille-mère bannie de la communauté rurale irlandaise où elle a grandi, devenu fils adoptif des Avery, un couple dublinois aisé et excentrique, Cyril se forge une identité au gré d’improbables rencontres et apprend à lutter contre les préjugés d’une société irlandaise où la différence et la liberté de choix sont loin d’être acquises.

Une grande fresque sur l’histoire sociale de l’Irlande transformée en épopée existentielle. Florence Bouchy, Le Monde des livres.

John Boyne partage avec le chef-d’œuvre de John Irving, Le Monde selon Garp, un même souffle épique. Delphine Peras, L’Express.

Une éducation sentimentale et politique portée par l’art d’un romancier qui sait sonder les reins et les cœurs. Christophe Ono-dit-Biot, Le Point.

Traduit de l’anglais (Irlande) par Sophie Aslanides.


Mon avis



Comme c'est étrange, je n'ai pas trop entendu parler de ce roman et c'est bien dommage ! " Les fureurs invisibles du cœur " est un pavé, plus de 800 pages, qui mérite toute notre attention. C'est l'un des meilleurs livres que j'ai pu lire de tous les temps. L'histoire débute de 1945 à 2015. Le lecteur va suivre tout d'abord Catherine Goggin qui est tombée enceinte à l'âge de 16 ans. Elle est bannie par le curé du village de Goleen et par sa propre famille. D'ailleurs la scène de l'église est d'une violence ! Les paroles du curé sont d'une cruauté absolue et intolérable !
Elle quitte donc Goleen et se retrouve à Cork  en compagnie de Sean, un garçon qu'elle a rencontré durant son voyage.
Catherine mettra au monde un garçon mais ne le gardera pas près d'elle. Le lecteur apprend plus tard que ce garçon se prénomme Cyril Avery ; il a été adopté par Maude et Charles, un couple quelque peu extravagant.

Cyril sera le personnage principal de l'histoire ; il en est lui même le narrateur. L'auteur a ainsi entrecoupé les récits de Cyril en trois grandes parties où les chapitres s'ouvrent tous les 7 ans.
Cyril dès son plus jeune âge  avait déjà une attirance pour les garçons, Julian notamment.
" Nous étions en 1959, après tout. Je ne savais presque rien de l’homosexualité, en dehors du fait que succomber à ce genre de désir était un acte criminel en Irlande qui donnait lieu à une peine de prison. À moins que j’entre dans les ordres, dans ce cas, il s’agissait d’un avantage en nature de la profession. "

lundi 6 avril 2020

Thomas Olde Heuvelt : " Hex"



Le livre de poche
556 pages


4 ème de couverture



Bienvenue à Black Spring, charmante petite ville américaine. Mais ce ne sont que les apparences : Black Spring est hantée par une sorcière dont les yeux et la bouche sont cousus. Elle rôde dans les rues et entre chez les gens à sa guise, restant parfois des nuits entières au chevet des enfants. Les habitants s’y sont tant habitués qu’il leur arrive d’oublier sa présence. Ou la menace qu’elle représente. Car chacun sait ce qui leur arrivera s’ils la touchent ou écoutent ses chuchotements. Et si la vérité sort de son enceinte, la ville entière disparaîtra. Pour empêcher la malédiction de se propager, les habitants de Black Spring ont développé des stratagèmes et des techniques de pointe. Mais un groupe d’adolescents locaux décide de braver les règles et les interdits, et plonge la ville dans un atroce cauchemar…

Un roman puissant qui fait froid dans le dos. Financial Times.


Mon avis



Black Spring est une ville qui compte plus de 3000 habitants mais ce qui fait son originalité c'est l'apparition particulière d'une certaine Katherine Van Wyler. C'est la sorcière de Black Rock qui arrive à rentrer chez les habitants comme bon lui semble, vous pourrez la retrouver dans n'importe quelle pièce ! Sa bouche et ses yeux sont cousus et ses chaînes sur elle font une sorcière moins méchante. D'ailleurs les habitants la prénomment "Mamie".

" La famille continua de manger, et pendant tout le dîner, la femme aux yeux cousus resta immobile derrière la vitre.
Elle ne bougea qu’une seule fois : quand le rire aigu de Matt résonna autour de la table, elle inclina la tête.
Comme si elle écoutait. "
Cette malédiction date de plus de 350 ans mais qu'arrivera-t-il si un des habitants décide un jour de provoquer la sorcière ?

" Katherine van Wyler a donc été condamnée à mort pour sorcellerie. Elle a avoué sous la torture, ce qui n’a rien de surprenant. Après avoir subi le supplice de la roue et de la chaise à plongeon, ces femmes étaient généralement prêtes à avouer n’importe quoi, y compris d’avoir volé de toit en toit à cheval sur un balai. Ils lui ont fait des choses épouvantables. "

dimanche 29 mars 2020

Simone Gélin : " Adieu Lola"



Editions Cairn
456 pages


4 ème de couverture



À Bordeaux, un commandant de police opiniâtre enquête sur la disparition d’une jeune fille. A l’autre bout de la France, une jeune prof, parachutée dans un collège de banlieue, fraîchement débarquée dans ce milieu défavorisé, nous fait vivre ses tribulations d’apprentie romancière, au rythme des étapes d’une relation amoureuse toxique. Au Cap Ferret, dans un blockhaus, Lola se bat contre la marée. Elle revient sur trois années de son existence vécues sous l’emprise d’un pervers narcissique, et se remémore son parcours et son combat pour se libérer de cette dépendance affective et sexuelle.

Ces deux récits nous révèlent comment les failles des êtres, l'environnement sociétal, et les aléas de l'existence peuvent favoriser ce type d'asservissement, et de déstructuration. Les destins de ces deux femmes se sont-ils se croisés ? Où et quand ? Et jusqu’où un manipulateur est-il capable d’aller pour retrouver sa toute-puissance lorsqu’il comprend que sa proie va lui échapper ? Jusqu’au crime ? 


Mon avis



Après avoir lu L'affaire Jane de Boy" , je me lance également dans un autre titre de l'auteure qu'est son tout dernier " Adieu Lola" . Je ne sais pas pourquoi mais j'ai une grande admiration pour la plume de Simone Gélin. 

Le sujets sont d'actualité ; la perversion et la domination sont au cœur du récit. L'intrigue policière n'est pas à mon sens le principal objet de l'histoire mais recèle surtout trois portraits de femmes ; elles vont se confier et mettre en avant leurs principales préoccupations. Ainsi le lecteur apprendra que la violence est l'un des critères à retenir. Une est en manque d'amour , l'autre subit et l'estime de soi en prend un coup pour la suivante. La perversité de l’homme est ainsi décousue au fil des pages. Ces femmes sont piégées et sont anéanties dans leur vie.

Ces trois histoires de femmes sont touchantes voire angoissantes. Simone Gélin a choisi d'écrire son roman au travers de celles-ci. Une enquête policière s'immisce petit à petit. Lola a disparu un dimanche en faisant son jogging et se retrouve attachée dans un blockhaus. Elle lutte contre la marée montante.

jeudi 26 mars 2020

Sandrine Destombes : " Madame B"



Editions Hugo Thriller
332 pages



4 ème de couverture



Blanche Barjac, Madame B, est nettoyeur de profession. Malfaiteurs, tueurs à gages et meurtriers, tous font appel à elle pour qu’il ne reste plus une trace de leurs crimes et délits.

Après plusieurs années passées à s’imposer dans ce monde d’hommes, Blanche est devenue une professionnelle respectée dans ce milieu si particulier. Digne héritière de son beau-père qui l’a formée, elle est reconnue pour son efficacité, sa discrétion et son savoir-faire. Si après chacune de ses interventions Madame B garde un indice comme » assurance-vie « , elle n’est pas la seule à accumuler les preuves compromettantes.

En menant l’enquête sur le maître chanteur qui la persécute et la fait douter chaque jour un peu plus de sa santé mentale, Blanche revient sur son passé et réalise que malgré les nettoyages, toutes les taches ne sont pas effacées. Et que chaque acte entraîne des conséquences.



Mon avis



Sandrine Destombes dans « Madame B » montre qu'elle sait se renouveler. Elle reste dans le domaine du thriller tout en nous faisant découvrir une héroïne inédite. Elle s'appelle Blanche, ce qui est en total contradiction avec sa fonction ; nettoyeuse de scène de crime. Elle se fait nommer « Madame B» afin de respecter la confidentialité de ses « affaires ». Et pourtant, ses secrets vont voler en éclat dès le début de l'histoire.

Blanche est aussi précise et méticuleuse dans son travail que l'auteure ! Chaque élément du roman est décortiqué comme une scène de crime. Rien n'est laissé au hasard ; on retrouve avec plaisir la virtuosité de Sandrine Destombes.

La construction du récit est très bien menée, je suis entrée directement dans l'intrigue. J'ai vite pris connaissance du métier de Blanche. L'auteure le présente comme si c'était banal de nettoyer le décor des criminels. Mais la normalité va vite se transformer pour le plus grand plaisir du lecteur.

Le vocabulaire est riche sans pour autant être prétentieux. Les dialogues sont parfaits. Ils rythment une histoire très fouillée, faite de nombreux rebondissements. Nous sommes bien dans la définition d'un page turner de grande qualité. Une spirale infernale ne cesse de broyer Blanche Barjac. Sandrine Destombes glisse habilement des éléments sur le chemin de Madame B qui la font chavirer jusqu'à la dernière page. 

mercredi 25 mars 2020

Magali Collet : " La cave aux poupées"



Editions Taurnada
211 pages


4 ème de couverture



Manon n'est pas une fille comme les autres, ça, elle le sait depuis son plus jeune âge.

En effet, une fille normale ne passe pas ses journées à regarder la vraie vie à la télé.
Une fille normale ne compte pas les jours qui la séparent de la prochaine raclée monumentale…
Mais, par-dessus tout, une fille normale n'aide pas son père à garder une adolescente prisonnière dans la cave de la maison.



Mon avis



Pour ne rien vous cacher, ce roman m'a fait froid dans le dos ; le lecteur va suivre Manon, une fille sous l'emprise de son Père. Elle n'a pas grandi et sa vie se résume aux tâches ménagères mais pas que...

Manon doit avant tout prendre soin des filles séquestrées dans la cave de la maison du Père ; elle les nourrit, les peigne et les nettoie comme si c'était ses propres poupées. Mais ça ne s’arrête pas là ; le Père abuse non seulement de ses prisonnières mais aussi de sa propre fille. Au moindre faux pas de Manon, elle prendra une dérouillée. Ce sera l'enfer pour elle.

" D'ordinaire, il y avait une fille par cellule. Les filles, elles étaient choyées : elles avaient une chemise de nuit que je changeais tous les deux jours et une culotte quotidienne. Je leur brossais les cheveux au début et puis après, je leur laissais une brosse sur le lavabo, à côté du dentifrice. "

Ce thriller est un huis clos malsain, dérangeant. Certains passages sont très durs à supporter. La violence est omniprésente. Le lecteur ressent de la peur mais aussi un sentiment de révolte. Comment ne pas être insensible face à cette histoire ! Je me suis demandée à maintes reprises s'il y avait une lueur d'espoir !

Magali Collet a une écriture directe : elle se glisse avec succès dans la peau de Manon. Elle utilise des phrases qui percutent, qui mettent parfois mal à l'aise le lecteur. On ne sait pas grand chose du Père mais concernant Manon et les victimes quelques fragments de vie sont dévoilés.

vendredi 20 mars 2020

Gilles Vidal : " De but en noir"



Editions La déviation
228 pages


4 ème de couverture



Une famille de tueurs à gage professionnelle jusqu’au bout du canon, un compositeur mettant par amour les mains dans un cambouis ayant viré au rouge, un gangster se livrant à un trafic mystérieux mais dont la faiblesse principale reste sa fille, un odieux dealer d’un futur hélas pas si hypothétique que cela où la planète a de plus en plus de mal à respirer…

Bien d’autres personnages encore habitent les nouvelles noires, très noires parfois, de ce recueil dont les textes se répondent pour former une inquiétante unité.

Gilles Vidal a écrit plus de 40 livres, romans noirs, thrillers. Il anime le blog Chroniques et actualités noires.



Mon avis
         

Gilles Vidal, dans ses romans, fait rencontrer des personnes très variées comme s'ils appartenaient à des histoires différentes. Mais avec « De but en noir », la démarche est inversée. Ainsi des thèmes et des personnages semblent avoir des points communs sans jamais se rencontrer. Les situations sont ainsi cocasses et on a l'impression que leurs univers vont s'entrechoquer mais c'est aux lecteurs d'en inventer les connections dans le décor planté par Gilles Vidal. Il joue ici le rôle d'un animateur facétieux.

L'auteur fait à nouveau preuve d'humour noir avec plus d'acuité, le genre de la nouvelle oblige ! Le titre est vraiment illustré par chaque récit.
« Ensuite, les exécutions s'étaient succédées, toujours sous l'égide bienveillante paternelle, jusqu'à ce qu'il tue de ses propres ailes. »

Les situations sont sarcastiques. Les descriptions n'échappent pas à l'ironie de Gilles Vidal. Également, il fait un sort aux personnages souvent patibulaires. En une phrase, on visualise facilement les individus et l'ambiance des petites intrigues. L’écriture est jubilatoire, visiblement l'auteur s'est fait plaisir. C'est ce que j'ai le plus apprécié dans ce recueil.

mercredi 18 mars 2020

Stephen King : " L' institut"



Editions Albin Michel
608 pages


4 ème de couverture



Au cœur de la nuit, à Minneapolis, des intrus pénètrent la maison de Luke Ellis, jeune surdoué de 12 ans, tuent ses parents et le kidnappent.

Luke se réveille à l’Institut, dans une chambre presque semblable à la sienne, sauf qu’elle n’a pas de fenêtre. Dans le couloir, d’autres portes cachent d’autres enfants, dotés comme lui de pouvoirs psychiques.

Que font-ils là ? Qu’attend-on d’eux ? Et pourquoi aucun de ces enfants ne cherche-t-il à s’enfuir ?

Aussi angoissant que Charlie, d’une puissance d’évocation égale à Ça, L’Institut nous entraîne dans un monde totalitaire… qui ressemble étrangement au nôtre. Le nouveau chef-d’œuvre de Stephen King.


Mon avis



Ah comme j'attendais cette sortie comme tous les ans d'ailleurs ! J'ai pris mon temps à lire ce dernier et je l'ai adoré. 

Stephen King reprend des thèmes qui lui sont chers. Ces derniers ont déjà été exploités dans les romans comme " Charlie" , " Carrie" et " Shining".

Dans " L'institut", le lecteur va suivre Luke Ellis, un enfant surdoué. Il va être enlevé de chez lui et va se retrouver dans un institut avec plusieurs enfants. Tous sont dotés de pouvoirs psychiques appelés TK pour télékinésie et TP pour télépathie. Dans " L'institut", il y a toute une organisation et un fonctionnement à prendre à la lettre.
" Si tu fais ce qu'on te demande, tu verras réapparaître le soleil. Aie confiance. "

Chaque adolescent est fiché par une puce dans le lobe de l'oreille mais ce n'est pas tout. Ces petits résidents ont des jetons s'ils ont une bonne conduite envers des docteurs et autres personnels de l'institut.
On parle de transfert de l'Avant à l'Arrière dans cet établissement une fois que les enfants sont prêts.
Mais prêts à quoi ?

jeudi 12 mars 2020

Paul Colize : " Toute la violence des hommes"




HC Editions
320 pages



4 ème de couverture



Qui est Nikola Stankovic ?
Un graffeur de génie, assurant des performances insensées, la nuit, sur les lieux les plus improbables de la capitale belge, pour la seule gloire de l’adrénaline ?
Un peintre virtuose qui sème des messages profonds et cryptés dans ses fresques ultra-violentes ?
Un meurtrier ?
Un fou ?
Nikola est la dernière personne à avoir vu vivante une jeune femme criblée de coups de couteau dans son appartement. La police retrouve des croquis de la scène de crime dans son atelier.
Arrêté, interrogé, incarcéré puis confié à une expertise psychiatrique, Niko nie en bloc et ne sort de son mutisme que pour répéter une seule phrase : C’est pas moi.

Entre Bruxelles et Vukovar, Paul Colize recompose l’Histoire. Au-delà de l’enquête, c’est dans les replis les plus noirs de la mémoire, à travers les dédales de la psychologie et la subtilité des relations humaines qu’il construit son intrigue.



Mon avis



« Toute la violence des hommes » de Paul Colize commence comme une enquête conventionnelle concernant un meurtre de prostituée. Cependant l'auteur nous surprend très vite pour nous mener dans les méandres d'un récit à plusieurs dimensions.

Comme sait très bien le faire Paul Colize, la réalité se mêle parfaitement à la fiction. On est confronté au domaine de l'Art, de l'internement psychiatrique et à l'Histoire. Le conflit serbo-croate, une plaie pas vraiment cicatrisée pour les Européens, ajoute une tournure tragique au roman.

L'enquête singulière interroge sur l'Art, scrute l'esprit du suspect, un artiste marginal. Deux personnes atypiques vont chercher à mieux comprendre ce qui entoure le meurtre pour lequel Nikola Stankovic est suspecté. Par touches impressionnistes, l'auteur dévoile ses personnages, les manipule, les triture et ainsi nous éclabousse de sentiments ; on en prend plein la vue sans surenchères inutiles. Sa plume très humaine mais tranchante m'a laissée sans voix jusqu'à la fin.

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