dimanche 21 octobre 2018

Guillaume Sire: " Réelle"



Les Editions Observatoire
320 pages


4 ème de couverture



Enviée, choisie, désirée : Johanna veut être aimée. La jeune fille ne croit plus aux contes de fée, et pourtant… Pourtant elle en est persuadée : le destin dans son cas n’a pas dit son dernier mot.

Les années 1990 passent, ses parents s’occupent d’elle quand ils ne regardent pas la télé, son frère la houspille, elle danse dans un sous-sol sur les tubes à la mode, après le lycée elle enchaîne les petits boulots, et pourtant…

Un jour enfin, on lui propose de participer à un nouveau genre d’émission. C’est le début d’une étrange aventure et d’une histoire d’amour intense et fragile. Naissent d’autres rêves, plus précis, et d’autres désillusions, plus définitives.

L’histoire de Johanna est la preuve romanesque qu’il n’y a rien de plus singulier dans ce monde qu’une fille comme les autres.


Mon avis



Guillaume Sire, avec un style personnel, exprime ce qu'il pense d'une certaine télévision. Il use d'un vocabulaire riche et poétique. Il attribue à cet objet une place très particulière. La télévision est à la fois un cadre autour duquel on se réunit ou un accessoire qui filtre le monde. C'est aussi un témoin du quotidien. Cette "chose" fait partie de la vie, fait partie des meubles. Il répète volontairement le mot "télévision" afin de le marteler, montrant ainsi que sa présence peut être obsessionnelle.

" Quand elle arriva chez elle, ce soir-là, Sylvie et Didier s'étaient endormis devant la télévision. Ça leur arrivait de plus en plus souvent. Sur la table basse : un paquet de chips, des bâtonnets de glace ; à la télévision une émission sur Kennedy. Johanna remarque que la main de Didier était posée sur la cuisse de Sylvie. Elle n'éteignit pas la télévision de peur de les déranger. "

L'auteur raconte l'histoire d'une jeune fille qui, en voulant devenir célèbre, va passer de l'autre côté du miroir et de l'écran. Sa famille est aussi décrite. Au début, je les trouvais tous sans grand intérêt. Mais très vite, j'ai remarqué que chaque membre de la famille avait son charme. Et cela même dans la petitesse de leur vie banale. Guillaume Sire n'est jamais méchant ni moqueur envers la famille de Johanna. Leurs défauts sont finalement moins lourds qu'il n'y paraît. La passion du père pour Johnny Hallyday ou les réparties de la mamie sont des moments de tendresse ou de franche rigolade. Mais je le reprécise, le tout n'est jamais dégradant.

" Johanna proposa à Jennifer de l'accompagner au cinéma voir Titanic. Le film avait coûté plusieurs centaines de millions de dollars. Mamie prétendait qu'avec ça on aurait pu nourrir l'humanité pendant trente siècles à condition de savoir cuisiner. "

Des pages savoureuses sur la condition de "beauf" exprime bien le mépris et l'importance de l'argent et des apparences dans notre société. Les prénoms sont aussi passés au crible de l'écrivain. Il nous fait bien comprendre ce que le prénom peut transmettre comme message. A l'image de la pièce et du film Le prénom, des passages évoquent aussi avec humour ce que peut révéler le simple fait de prénommer quelqu'un.

jeudi 11 octobre 2018

Fabio M. Mitchelli: " Le dernier festin"



French Pulp Editions
382 pages



4 ème de couverture



Clarisse est morte. Elle ouvre les yeux sur son corps mutilé, entouré par la police scientifique qui s’affaire sur la scène de crime de son propre meurtre, quelque part sur une route de montagne des Alpes françaises… Elle va se remémorer les heures qui ont précédé sa mort, afin de confondre son meurtrier. Des indices portent à croire qu’un tueur, recherché par la police depuis des années serait dans la région… 

Trouver son meurtrier une fois mort, le seul moyen d’accéder au repos éternel…


Mon avis



Fabio M.Mitchelli s'inspire des comportements de tueurs en série dans ses romans; c'est d'ailleurs son image de marque. Dans "Le dernier festin", la démarche reste la même mais l'histoire n'en demeure pas moins un vrai roman et non une biographie d'un tueur sanguinaire. Je trouve que justement Fabio Mitchelli y met beaucoup de lui-même.

Le début est fracassant et ensuite énormément d'adjectifs me viennent en tête pour décrire ce qui ressort de ma lecture.

Haletant! L'action se succède sans repos pour les héros et le lecteur. Ici, pas la peine de vouloir reprendre son souffle. L'auteur ne m'en a pas laissé la possibilité. Les personnages sont nombreux et ont tous leur minute de gloire. Même les morts ont leur mot à dire! Les fantômes du passé rongent au fil des pages l'esprit des protagonistes.

Fantastique! Pour le genre qui se mélange au thriller... Pour moi, l'ensemble est bien dosé afin de faire la part belle au suspense sans pour autant insister sur le côté fantastique trop lourdement. Un bon point pour moi qui préfère le thriller au fantastique.

Documenté! Certains passages, en effet, m'ont appris beaucoup sur les étapes d'une enquête policière, surtout sur les termes techniques de l'autopsie. Un sujet souvent traité dans le polar mais Fabio Mitchelli y ajoute sa touche perso à la fois gore et pertinente. Oui, les deux sont possibles, cet auteur nous le prouve.

"Chris laissa s'éloigner le gros bonhomme aux cheveux grisonnants, ce vieux flic qu'une vie passée à massacrer des macchabées avait vacciné.
Voilà, ma dépouille allait être déposée au centre médico-légal afin que l'ont me découpe dans les règles de l'art."

dimanche 7 octobre 2018

Cathy Galliègue: " Et boire ma vie jusqu'à l'oubli"



Editions Emanuelle Collas
246 pages




4 ème de couverture



Betty s'efforce de vivre mais, à la nuit tombée, elle se cache et boit pour oublier la mort de son mari, Simon, et pour se souvenir de sa mère. Elle s'abrutit et s'effondre. Dans sa quête de la vérité, les images reviennent peu à peu. Des clichés tendres de l'enfance, une mère trop belle pour être vraie, des souliers rouges... et cette question lancinante : " Elle est où, maman ? "



Mon avis


Cathy Galliègue nous narre un récit dont le sujet est parfois difficile à aborder tel que l'addiction à l'alcool.

Dans " Et boire ma vie jusqu'à l'oubli", j'ai suivi l'héroïne, Betty avec compassion.
A la suite de la mort de son mari, Simon, et de sa mère disparue, Betty s'enfonce chaque soir dans l'alcool. C'est sa seule échappatoire pour braver la solitude et tenter d'oublier son être aimé.
Mais chaque matin, la réalité refait surface. Pourquoi la fuir? Pourquoi ne pas tenter de connaître enfin la vérité?
C'est sûr qu'il est difficile de faire aussitôt le deuil de son époux parti trop tôt laissant un fils derrière.

" Je me suis traînée hors du lit, la tête lourde, la tête basse, le squelette broyé. La culpabilité est un fardeau bien plus encombrant que la gueule de bois. Pourtant chaque soir, le même traitement: abrutir le chagrin, trouver le sommeil, les rêves peut-être, et n'avoir plus peur de la nuit. "

Les peines, les chagrins sont si forts que le seul remède est de boire jusqu'à l'oubli.
Mais il ne faut pas oublier les proches.
Afin d'éclater la vérité, Betty visite sa maison d'enfance et le passé va ressurgir laissant quelques interrogations en suspens.

" Elle a bien dû faire des choses, cette mère qui a vécu là. Elle est partie. C'est tout ce que je sais. Tout ce qu'on m'a dit."

Cathy Galliègue raconte cette histoire avec beaucoup d'amour et de délicatesse.
Il est très difficile de parler de ce tabou mais l'auteure parvient à le faire  de façon envoûtante .

Le deuil et les souvenirs sont des thèmes assez touchants. Avec des mots enrobés de poésie, l'écriture ne peut être que majestueuse et d'une extrême justesse.
J'ai vraiment été touchée par le personnage de Betty et par l'histoire des souliers rouges.
La sensibilité ressort au fil des pages et certains passages du roman ne font qu'accroître  les émotions.

" Et boire ma vie jusqu'à l'oubli" est un bijou rempli de sentiments. A lire sans aucun doute!


L'auteure



Cathy Galliègue aborde dans Et boire ma vie jusqu'à l'oubli un sujet tabou, celui de l'alcoolisme féminin, et nous offre un roman sans filtre sur la mémoire et le deuil, un diamant brut plein d'humanité et d'espoir. Après une carrière dans l'industrie pharmaceutique en France, elle est partie vivre en Guyane, où elle a animé pendant un saison une émission quotidienne littéraire sur la chaîne Guyane1ère et où elle se consacre désormais à l'écriture. Son premier roman, La nuit, je mens (Albin Michel, 2017), a remporté un succès d'estime, il est sélectionné pour le Prix Senghor 2018. Et boire ma vie jusqu'à l'oubli est son deuxième roman.


Interview: " Jacques Pons"




Jacques Pons publie son premier roman " Organigramme "  chez Hugo Thriller. Il reçoit le coup de cœur RTL 2018. Voici une petite interview afin de mieux le connaitre.


1- Présentez-vous en 3 mots?

Papa - Parisien - Passionné


2- Comment vous définiriez-vous?

Question difficile ! Je dirais que je suis quelqu'un d'extrêmement curieux et actif. Mon rêve ultime est d'avoir plusieurs vies, mon ambition est de parvenir à en vivre le plus possible ! 
Je suis très tourné vers autrui, très perméable aux histoires individuelles autant qu'aux histoires inventées. Je me nourris de songes et de réalité.


3- L'histoire cible une maison de mode mêlant le côté thriller et un sujet actuel. Pourquoi avoir mélangé ces deux sujets?

La maison de mode est un contexte qui présente plusieurs avantages, du point de vue narratif : elle permet d'introduire un peu d'humour, en jouant sur des clichés (dont il faut d'ailleurs préciser qu'ils sont tous réels !) et sur des dialogues futiles, mais elle représente également un univers dur, soumis à une double exigence d'authenticité esthétique et de résultat économique ; cette double exigence est parfois inconciliable, et c'est de ce hiatus que peut naître le thriller, c'est-à-dire la douleur, la mauvaise intention, et donc l'exploration d'une volonté de destruction quand on pousse l'étude au paroxysme.


4- D'où vous est venue l'idée d'écrire un tel roman?

Au départ, j'ai commencé à écrire "à froid", à la première personne. Si je me mets dans la peau d'un personnage qui rejette ce système qui le broie tout en le nourrissant, si ce personnage voit monter en lui une volonté implacable de destruction de ce système et de ces acteurs, essayons de voir jusqu'où on peut aller, en respectant un principe de réalisme dans la description de l'organigramme en tant que tel, et dans les rapports que celui-ci induit, joués sur différentes tonalités de violence. 
Ensuite, j'ai essayé de composer une histoire plus large, en suivant différentes partitions, et en construisant une sorte d'enquête plus classique dont les questions fondamentales sont : QUI ? POURQUOI ? COMMENT ?
Mon ambition est à la fois de divertir le lecteur, mais aussi de le toucher et de le faire réfléchir sur ces problématiques malheureusement très actuelles, liées au burn out et à la souffrance au travail.


5- " Organigramme" fait l’unanimité, je n'ai vu que des avis positifs, partageriez-vous tous les ressentis même s'ils sont négatifs?

Bien sûr ! D'une part parce que je suis un débutant dans l'écriture et le roman, donc des avis négatifs me permettraient d'améliorer mon style, mes techniques narratives, en d'autres termes d'arriver à écrire un meilleur roman. Et d'autre part parce que pour moi, des ressentis négatifs sont aussi des propos qui légitiment les avis positifs.
Mais je suis infiniment reconnaissant de cet accueil enthousiasme des débuts. C'est un carburant formidable pour mes prochains projets d'écriture !


mercredi 26 septembre 2018

Ilaria Tuti: " Sur le toit de l'enfer"




Editions la Bête Noire
416 pages



4 ème de couverture



« Les tueurs voient l’enfer que nous avons sous nos pieds, tandis que nous, nous ne voyons que les fleurs… »


Dans les montagnes sauvages du Frioul, en Italie, le commissaire Teresa Battaglia, la soixantaine, la langue acérée et le coeur tendre, est appelée sur les lieux d’un crime pour le moins singulier : un homme a été retrouvé mort, les yeux arrachés. À côté de lui, un épouvantail fabriqué avec du cuivre, de la corde, des branchages… et ses vêtements ensanglantés.
Pour Teresa, spécialiste du profilage, cela ne fait aucun doute : le tueur frappera à nouveau. Elle va devoir rassembler toute son énergie et s’en remettre à son expérience pour traquer cette bête humaine qui rôde dans les bois. Si tant est que sa mémoire ne commence pas à lui faire défaut…
Une auteure au talent magistral.
Un thriller au rythme implacable.
Une héroïne d’une extraordinaire humanité. 
« L’Italie tient enfin sa reine du thriller ! » Sandrone Dazieri.
« Inoubliable ! » Donato Carrisi.



Mon avis


Quand je lis derrière la 4 ème de couverture " l'Italie tient enfin sa reine du thriller" d'après Sandrone Dazieri, je peux vous dire je suis bien d'accord!
C'est une auteure qui promet d'être suivie. L'histoire se déroule dans chef lieu de province, le bourg de Travenì. Une série d'homicides a lieu; les cadavres sont retrouvés de façon abominables.

" L'auteur du meurtre l'a énucléé avec les doigts et nous n'avons jamais retrouvé ses globes oculaires. Une femme a été agressée alors qu'elle rentrait du travail à son domicile. A elle aussi, il lui manque une partie du visage. "

La commissaire Teresa Battaglia et le jeune inspecteur Massimo Marini sont sur cette affaire. La paysage montagnard prédomine dans ce roman. L'atmosphère est glaciale.

" Au fond des sous-bois, entre les pins des Alpes et les ronciers de myrtilles, jaillissaient des torrents aux eaux transparentes qui s'écoulaient avec agilité entre les rochers, les stalactites et une mousse odorante... "

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