mardi 13 septembre 2016

Ingrid Desjours: " Les fauves"


Editions Robert Laffont
La Bête Noire
448 pages

4 ème de couverture


Votre pire prédateur : Celui qui vous aura apprivoisé. 


" Torturez-la ! Violez-la ! Tuez-la ! " À la tête d'une ONG luttant contre le recrutement de jeunes par l'État islamique, l'ambitieuse Haiko est devenue la cible d'une terrible fatwa. 
Lorsqu'elle engage Lars comme garde du corps, le militaire tout juste revenu d'Afghanistan a un mauvais pressentiment. Sa cliente lui a-t-elle dit l'entière vérité sur ses activités ? Serait-ce la mission de trop pour cet ancien otage des talibans ? 
Dans cet univers où règnent paranoïa et faux-semblants, Haiko et Lars se fascinent et se défient tels deux fauves prêts à se sauter à la gorge, sans jamais baisser leur garde.


Mon avis



« Les Fauves » de Ingrid Desjours a pour toile de fond la montée de la radicalisation et les enjeux du recrutement des jeunes chez les extrémistes religieux de tout bord. Mais c’est avant tout l’histoire de deux êtres qui se rencontrent et qui jouent au chat et à la souri.

L’auteure sait bien expliquer les mécanismes qui font qu’un esprit peut se laisser embrigader dans des conflits religieux. On sent qu’elle connait son sujet. A cet égard, on entre et on tranche vite dans le vif !!

Le thème principal reste la relation haine/amour que tissent Haïko et Lars. Les deux personnages sont bien décrits et leur part d’ombre demeure volontairement floue. La sensualité torride qui se dégage de leur chassé-croisé est très plaisante et fait contraste avec les horreurs du terrorisme.

Ingrid Desjours aborde en parallèle des sujets de société tels que le féminisme, l’influence des média et le mécanisme du choc post traumatique.

L'auteure est très forte pour nous faire sentir tant d'émotions et au niveau de la psychologie des personnages, Ingrid Desjours m’impressionne toujours autant.

dimanche 11 septembre 2016

Christelle Colpaert- Soufflet: " Mémoires assassines"


Editions Livr's Editions
454 pages

4 ème de couverture


« Eva Lorca, chroniqueuse à succès du magazine people «Murmures d’ici et là», est victime d’une violente agression qui la laisse au seuil de la mort. Elle sort de l’hôpital après plusieurs mois avec le besoin de s’isoler du reste du monde. Pour tenter de se reconstruire, elle emménage dans son dernier caprice, une immense maison de maître qu’elle a exigé en échange du divorce que demande son mari. Eva commence à explorer sa nouvelle demeure et trouve dans un coffre au grenier les mémoires de l’ancien propriétaire des lieux, Henri Ficheaux. Eva découvre alors au fil des pages de ce journal intime la descente aux enfers d’Henri et les crimes de plus en plus atroces dont celui-ci s’est rendu coupable. Au fil de sa lecture, un lien étrange se tisse entre Eva et Henri. Elle va remonter cette piste sanglante jusqu’à trouver l’horreur, mais cette enquête aidera-t-elle Eva à se relever, ou l’entraînera-t-elle dans les abîmes jusqu’à ce que sa raison défaille ? »


Mon avis 



J'ai mis du temps à lire " Mémoires assassines" et j'ai pris plaisir à suivre la vie de chaque personnage.

Je félicite d'ailleurs l'auteure car sa plume a grandement évolué; elle a pris plus d'assurance et j'ai senti qu'elle maîtrisait parfaitement le thème qui en découle.

Dans " Mémoires assassines", Christelle Colpaert- Soufflet nous narre l'histoire de Eva Lorca. Ancienne journaliste, elle a subi une grave agression la rendant agoraphobe.

Sortant de l'hôpital depuis peu, Eva décide de reprendre sa vie en main et de combattre ses démons. Elle divorce et emménage dans une grande et belle demeure.

" Il m'avait fallu dix-sept mois pour redevenir une moitié de femme. Pourquoi moitié? Parce qu'en plus d'une agoraphobie très prononcée, je souffrais d'arthrose post-traumatique consécutive aux nombreuses fractures et interventions chirurgicales qu'avait subi mon corps durant et après l'agression. "

Mais ce que Eva va découvrir à l'intérieur de cette bâtisse se révélera en véritable cauchemar et angoisse.

" Je sursautai. L'interphone s' égosillait à nouveau dans toute la maison. Je venais de me rendre compte que je vivais désormais dans l'antre d'un tueur. "

dimanche 4 septembre 2016

Gilles Vidal: " Le sang des morts"







Editions Hélios noir
356 pages


4 ème de couverture



"Le sang des morts coule toujours dans les veines de ceux qui leur ont survécu." L'ambiance vire au cauchemar dans la paisible cité balnéaire de Vernais. Un mort est retrouvé dans la piscine d'un jardin, la police découvre des cadavres en pagaille dans une maison jusqu'ici sans histoire, un informaticien est enlevé par une inconnue aussi belle que dangereuse et une jeune femme commence à avoir de sérieux doutes sur les fréquentations de son mari. Et s'il y avait un lien entre toutes ces affaires ? Y a-t-il quelqu'un d'innocent dans cette ville ? Auteur chevronné de polar avec des titres chez Baleine, Coups de tête, Le Castor Astral ou les éditions du Jasmin dont son dernier livre Les Sentiers de la nuit), Gilles Vidal tisse en expert une intrigue imparable aux personnages saisissants, nous ouvrant peu à peu les portes de l'enfer. Un roman sur la banalité du mal... 


Mon avis




Gilles Vidal nous transporte une fois de plus dans  un univers bien personnel dans ses romans. Il trace un sillon dans le Noir qui le rend attachant.
J’ai retrouvé dans « Le Sang des morts » », ses thèmes de prédilection tournant autour des liens maternels, la parentalité, la culpabilité et les faux-semblants.
Dans la station balnéaire de Vernais, des corps sont retrouvés, on enlève un informaticien, une femme découvre un homme mort dans sa piscine… Rien ne va plus dans cette commune habituellement sereine.

D’abord, on est frappé par la misère ordinaire des personnages. Et ils sont nombreux. Leurs destins vont se rejoindre au final.
Gilles Vidal a l’art de se faire croiser des êtres très différents. Des hommes et des femmes sont projetés dans un espace paradisiaque, ensoleillé. Ils semblent ne rien avoir de commun… Et pourtant, c’est à partir de ces improbables rencontres que le fil du polar se tisse et se détisse pour notre plus grand plaisir.
L’intrigue claque et nous assomme au fil des pages. Il y a du suspense, de l’humour et du sexe, le tout est imbriqué intelligemment.

vendredi 2 septembre 2016

Åsa Larsson: " Tant que dure ta colère"


Editions Albin Michel
336 pages



4 ème de couverture



Le corps d’une femme repêché dans une rivière à la fonte des neiges au nord de la Suède. Une procureure au sommeil hanté par la vision d’une silhouette accusatrice. Des rumeurs concernant la mystérieuse disparition en 1943 d’un avion allemand au-dessus de la région de Kiruna. Une population locale qui préfère ne pas se souvenir de sa collaboration avec les Nazis durant la guerre. Sur les rives battues par le vent d’un lac gelé rode un tueur prêt à tout pour que le passé reste enterré sous un demi-siècle de neige et de glace… Un thriller psychologique complexe et plein de rebondissements. La nouvelle enquête de Rebecka Martinsson.


Mon avis


C'est le premier roman que je lis de l'auteure et j'ai aimé suivre la nouvelle enquête de Rebecka Martinsson, la substitut du procureur. Elle va devoir travailler en étroite collaboration avec la procureure Anna-Maria Mella mais aussi avec Sven-Erik Stalnacke.

Le cadavre d'une jeune fille est retrouvée à la surface du lac de Vittangijärvi. Après des recherches, elle était accompagnée de son meilleur ami Simon lui même disparu lors d'une plongée dans les eaux froides. Ils recherchaient un avion allemand datant de 1943.
Quelqu'un les a empêchés de remonter à la surface. L'enquête va réveiller bien d'anciennes rumeurs. Pourquoi le tueur s'en est pris à ces deux personnes?

Je n'ai pas pour habitude de lire de thrillers nordiques car j'ai toujours peur de ne pas retenir les noms des personnages. " Tant que dure ta colère" est un thriller plutôt plaisant à lire. Les paysages retranscrits m'ont permis de voyager au fin fond de la Suède avec ses forêts et ses montagnes.
Je suis très heureuse de découvrir également à la tête de cette histoire deux protagonistes féminins et c'est finement réussi.

dimanche 28 août 2016

Michel Embareck: " Jim Morrison et le diable boiteux"


Editions de l' Archipel
224 pages

4 ème de couverture




Le nom de Gene Vincent est inséparable de son hit intemporel, « Bee-bop-a-Lula ». Mais en 1968, l’époque n’est plus au rockabilly : les fans réclament de la sauvagerie. Quant à Jim Morrison, l’emblématique chanteur des Doors, il rêve d’en terminer avec la musique pour renaître à Paris dans la peau d’un poète.
Les deux artistes, âgés de 33 et 25 ans, partagent déconvenues et désespoir. Morrison voue un culte sans borne à son aîné. Les voilà pourtant tous deux prisonniers d’une célébrité trop précoce, qui les conduit à se détruire.
Défonces suicidaires, bisbilles avec la justice et soucis conjugaux seront le ciment de leur amitié, nourrie d’alcool, de drogue, d’errance et de blues. Résistera-t-elle aux excès en tous genres ? Quand la réalité rattrape la fiction, en 1971, ne reste que le souvenir de deux existences foudroyées à trois mois d’intervalle.
Los Angeles, Woodstock, Miami, Toronto, Paris… Dans ce roman où les faits réels alimentent la fiction, on croise John Lennon, Alice Cooper, Richard Nixon, Elvis Presley, Charles Manson. Le tout rythmé par les commentaires d’un vieil animateur radio qui a vécu en direct une époque bénie où le rock’n’roll était bien plus qu'une musique à danser.




Mon avis




Dans « Jim Morrison et le diable boiteux » Michel Embareck nous propose un voyage en compagnie de Jim Morrison et de Gene Vincent. La fiction et la réalité se mélangent dans des volutes de fumées et nous enflamment l’imagination. Nous croisons des personnages des années 1950 à 1970, une époque durant laquelle le rock se transforme et changent les idéaux.

Comment redescendre dignement sur terre quand on est monté si haut dans les sphères de la célébrité ?

L’auteur, sans nous donner de réponse à cette question, tourne délicieusement autour de cette problématique tout au long de son roman.

Qui mieux que Jim Morrison incarne le mythe du rock des années 1960 ?

Cette histoire est jalonnée d’anecdotes vraies ou moins vraies car il ne faut pas oublier que « Jim Morrison et le diable boiteux » n’est pas une biographie mais une fiction superbement orchestrée.

Aussi, nous ne savons pas toujours la vérité sur certains événements. Mais les protagonistes la connaissent-ils vraiment ? Dans les vapeurs de l’alcool et de la drogue les légendes du Rock'n Roll ne possèdent peut-être pas davantage les clefs des énigmes.

Grâce au sens de la formule lapidaire, Michel Embareck nous fait apprécier des êtres pas toujours recommandables. On finit ainsi par compatir et comprendre les douleurs et la déchéance de ces deux idoles. On se dit que parfois il vaut mieux mourir jeune pour survivre dans ce monde de la musique.

jeudi 25 août 2016

Jacques-Olivier Bosco: " Quand les anges tombent"


Editions Jigal Polar
328 pages


4 ème de couverture




Cinq enfants kidnappés… Un truand impitoyable, Vigo, dit le Noir, condamné à perpét’ pour le meurtre de gamins qu’il nie farouchement avoir commis… Un avion en provenance de Russie qui par malheur s’écrase sur une prison… Un procès truqué, une vengeance… Un préfet assoiffé de pouvoir qui brouille les cartes, un flic déboussolé au fond du trou, un malfrat corse en rupture de ban, un cheminot alcoolo, un juge en fin de parcours, une avocate opiniâtre, des parents bouleversés mais combatifs… Et leurs cinq mômes bien décidés à survivre et prêts à tout pour s’en sortir tout seuls



Mon avis




Jacques-Olivier Bosco nous catapulte dans un univers dur et dense. Cinq enfants sont kidnappés. Certains notables sont les parents de ces pauvres gamins. Les motivations du kidnappeur sont troubles. Mais la vérité n’est pas toute simple. Très vite on découvre que du côté des géniteurs, les responsabilités sont lourdes. Très lourdes. Et les enfants vont faire preuve souvent de plus d’intelligence et de cœur que leurs parents.

Bien sûr, la perte de l’enfant, l’angoisse de ne pas être à la hauteur des devoirs de père ou de mère est au centre du roman. Mais pas que… Les regrets sont vivaces et rendent ce roman très profond. Le lecteur se trouve ainsi en émoi. Certains passages sont touchés par la grâce.

« Quand un enfant tombe, on a peur, notre cœur bondit et nous aussi, vers lui, pour l’aider à se relever, et à repartir. »

lundi 22 août 2016

Marin Ledun: " En Douce"


Editions Ombres Noires
251 pages
Date de parution 24-08-2016



4 ème de couverture



Sud de la France. Un homme est enfermé dans un hangar isolé. Après l’avoir séduit, sa geôlière, Émilie, lui a tiré une balle à bout portant. Il peut hurler, frapper, elle vit seule dans son chenil, au milieu de nulle part. Elle lui apprend que, cinq ans plus tôt, alors jeune infirmière, elle a été victime d’un chauffard. L’accident lui a coûté une jambe. Le destin s’acharne. La colère d’Émile devient aussi puissante que sa soif de vengeance.
En douce est un roman sombre, dévastateur, où l’injustice se heurte à la force de vie d’une héroïne lumineuse.


Mon avis



C'est lors de la soirée du 14 juillet que Simon Diez voit sa vie basculer. Emilie joue de ses charmes malgré sa prothèse à la jambe gauche, elle danse au rythme de la musique, se déhanche et attire le regard de certains hommes et plus particulièrement celui de Simon, ce jeune ouvrier forestier.
Tous les deux décident d'aller plus loin dans leur rencontre et arrivés au chenil Amorena sur la route Begaarts tenu par Emilie, cette dernière change son fusil d'épaule en tirant sur la jambe de Simon.
Que lui veut-elle? Pourquoi s'en prend-elle à lui? Pourquoi le séquestre-t-elle?

" Emilie visualisa le mobil-home minable sous ce ciel idyllique. Elle avait laissé faire trop longtemps, mais cette fois-ci, elle ne céderait pas. Elle pensa: " Voilà ma vie." Bientôt quarante ans, célibataire, pas d'enfant, handicapée, payée mille cent trente-sept euros net par mois, survivant dans une caravane miteuse entourée de quarante-sept clébards de toutes tailles et de toutes races. La misère ou presque."

Si Marin Ledun écrit avec une telle noirceur, " En Douce" fait part d'une violence non pas extrême mais assez délicate; le lecteur peut comprendre qu' à travers la situation d' Emilie, la colère et la vengeance se font ressentir à l'encontre de Simon.

Elle éradique le mal à sa façon. L'état psychologique d'Emilie est vraiment mis en avant; le lecteur comprend comment on passe de la folie à l’incompréhension de l' être humain.

J'ai compati à la révolte mais aussi à la faiblesse de la jeune femme; ce qu'elle a pu endurer et ressentir à la perte de sa jambe. Devenir une grande danseuse ou être une excellente infirmière aurait été l'essence même de sa réussite.

La douleur et la faiblesse de la prothèse ne fait que diminuer voire anéantir l'humain et Marin Ledun retranscrit très bien ce point dans ce roman.

dimanche 21 août 2016

Gilles Vidal: " Les sentiers de la nuit"


Editions du Jasmin Noir
274 pages


4 ème de couverture




D’un côté il y a Harry Pitman, un jeune Californien qui découvre à la faveur de révélations de sa mère mourante et d’une analyse ADN que ses origines ne sont pas celles qu’il croyait, et qui décide d’aller jusqu’au bout pour résoudre le mystère. De l’autre, Paul Massat, un lieutenant de police se retrouvant à son corps défendant à la tête de son commissariat et confronté à la mort naturelle d’un homme dans un lieu où il n’aurait pas dû se trouver – une mort qui s’avère bien plus compliquée qu’au premier abord. Autour d’eux, il y a Agathe, une jeune peintre un peu trop altruiste qui vient d’être plaquée par son mari ; Jules, le père de Paul, un auteur de SF aimé de nombreux fans, qui transporte en son âme un lourd fardeau ; Kinga, une jolie journaliste polonaise prête à tout pour aider Harry dans sa quête ; et bien d’autres personnages encore.De Santa Barbara à Solieu, en passant pas Miami, Paris et Varsovie, l’histoire et les vies de ces personnages vont immanquablement se télescoper, ranimant les échos douloureux du passé.


Mon avis




Gilles Vidal avec « Les sentiers de la nuit », nous raconte plusieurs histoires. Il y a Harry qui tente d’en savoir plus sur sa famille et Paul Massat, un flic confronté à une histoire banale se révélant pleine de surprises.

Avec ces deux hommes, on voyage de la Californie à la France en passant par la Pologne sans s’ennuyer du tout.

L’auteur sait maîtriser l’humour voire le sarcasme. Il a su concocter des dialogues savoureux nous faisant entrer ainsi dans la vie des personnages.

«Loin des vacarmes compulsifs d’une humanité friande d’immédiateté et de nouvelles non-stop, bernée par les concepteurs de l’obsolescence programmée.»

J’ai apprécié ses descriptions de personnages et de lieux rendant certaines scènes particulièrement savoureuses.

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