Editions Denoël
400 pages
4 ème de couverture
Il y a quarante ans, le petit Jan Kosta, trois ans, a été l’un des rares survivants de la terrible catastrophe de Zavoï. Lors d’un gigantesque glissement de terrain, ce village des Balkans a été littéralement englouti sous des torrents de boue. Sauvé par son chien qui l’a traîné, inconscient, hors de l’eau fangeuse, Jan a perdu toute sa famille.
Devenu hydrogéologue, Jan reçoit un coup de fil alarmé d’un ami ingénieur. Il se passe des choses étranges dans et autour de la centrale construite sur les flancs de la montagne de son enfance. Les gens ont des comportements imprévisibles, parfois violents. Les moines du monastère voisin ont tous disparu, et les bâtiments délaissés accueillent désormais un institut psychiatrique.
Vladimir demande à Jan de venir étudier les faits. Que le mal vienne de la centrale, de la montagne ou des hommes, si un nouveau drame est sur le point de se produire, seul un survivant de Zavoï aura une chance de pouvoir tout arrêter.
L'avis de Yannick Dubart
« Cataractes » de Sonja Delzongle vient tout de suite après « Boréal » qui est une réussite indubitable. Donc pas facile d'égaler un tel succès. L'auteure a su contourner cette difficulté en racontant une histoire totalement différente et surtout d'une manière qui ne ressemble en rien au récit précédent. Mais comme Sonja Delzongle a sa propre personnalité, ses thèmes de prédilection ressortent quand même ! Seulement, elle a su approfondir et se renouveler. Jan Kosta, un hydrogéologue est appelé par un ami de longue date afin qu'il donne son avis de spécialiste sur de mystérieux phénomènes autour d'un barrage des Balkans.
L'écologie et les aléas climatiques sont récurrents. L'auteure a su trouver des mots originaux pour magnifier la nature et le mal que les humains peuvent lui faire. La beauté du désert ou de la forêt souffle le chaud et le froid comme l'ensemble de l'intrigue de « Cataractes ». On peut bâtir des villes dans des endroits improbables, encore faut-il savoir en subir les conséquences!
« Pris au dépourvu lors de la forte tempête de sable du 2 avril 2015 qui a soufflé sur les Émirats, Jan est désormais armé. Seulement cette fois, le phénomène semble d'une ampleur inédite. En moins d'une demi-heure, le sable a envahi la ville et, sous la force du vent, cingle les voitures, les façades, les fenêtres des tours et les quelques passants égarés qui tentent de protéger leur visage et chaque parcelle de peau dénudée. »
L'eau, comme le titre l'indique, a beaucoup d'importance. Jan Kosta est un spécialiste en hydrogéologie. Il sait écouter l'écoulement de cet élément dans la nature! L'auteure est capable de faire passer les explications scientifiques et donc je n'ai jamais été perdue dans les considérations hydrologiques! Au contraire, l'eau et ses mystères sont magnifiés et offrent des pages très sensuelles et poétiques. J'avais la sensation d'entendre les bruits entourant les personnages et de respirer l'atmosphère minérale!
« Ils entendent le bruissement d'un ruisseau proche. Des sons familiers aux oreilles de Kosta, des sons qui le bercent déjà. L'écoulement de l'eau sur la pierre, le rythme de son clapotis, parfois un simple goutte-à-goutte ou, au contraire, le fracas assourdissant des chutes ou le joyeux tumulte d'un torrent. L'eau à l'état sauvage. »
J'ai eu l'impression qu'une certaine nostalgie planait sur l'ensemble de l'histoire. Le monde de l'enfance et donc de l'innocence affleure au détour des pages. La culture serbe est souvent mise en avant comme par exemple dans l'évocation de la cuisine de la grand-mère de Jan. L'histoire écrase les êtres humains à tel point que « les gens ont oublié leurs origines ». La guerre reste présente en toile de fond. Si pour les Européens le conflit en ex-Yougoslavie fait partie du passé, il n'en est rien pour ceux qui l'ont vécu; Les blessures restent à vif. Ce roman en témoigne avec respect et douleur.
Les personnages sont aussi flous que le milieu aquatique; quelquefois fuyants et très troubles. Ils s'échappent quand on croit les saisir. Ils surprennent et cela contribue au suspens qui gronde dans les montagnes.
« Kosta est comme cette eau... il faut aller le chercher loin, dans les profondeurs de la Terre. Là où personne n'est encore allé. »
Et la fin, quelle fin! Elle est logique mais on ne s'y attend vraiment pas. « Cataractes » est réellement un roman original même si on y reconnaît la marque « Delzongle » qui va, j'espère, encore nous poursuivre longtemps. Je suis une incontestable fan de cette auteure. Peut-être parce que son talent coule de source!
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