mercredi 29 mai 2019

Matthieu Dixon: " La dernière couverture"



Editions Jigal
208 pages


4 ème de couverture



Voir une de ses photos en première page d'un magazine, affichée sur tous les kiosques, pour Raphaël, jeune reporter, c'est le graal. Mais en travaillant avec Bernard, célèbre photographe devenu son mentor, il comprend très vite que les choses ne sont jamais aussi simples et que les apparences sont parfois trompeuses. En enquêtant sur la mort de celui-ci, tragiquement disparu dans le crash de son hélicoptère, Raphaël va se retrouver seul, en première ligne, à devoir jongler entre rumeurs, paranoïa, business, corruption, hommes de l'ombre et affaires d'État. Seul aussi à devoir slalomer entre intégrité et vérité... 
« À l'image des stratégies de guerre, déjà évoquées par Sun Tzu dans son fameux traité L'Art de la guerre, il s'agit de créer un brouillard d'informations pour masquer la vérité. » 


Mon avis




Dans « La dernière couverture », Matthieu Dixon décrit le parcours de Raphaël, un jeune reporter qui doit faire face à de nombreux événements en peu de temps. La mort de Bernard, un photographe qui lui a appris beaucoup dans le métier, est à la base de l'intrigue. 

Le style de l'auteur saute à la gorge dès les premières lignes. En effet, j'ai vite compris que Raphaël utilisait son objectif comme une arme de combat dans un métier où règne une vive concurrence. Il doit faire continuellement ses preuves et rêve de devenir un des meilleurs. 

« Dans le viseur l'image s'affiche sans hésitation, fidèle, brute, honnête. » 

D'ailleurs, il résume son métier en quelques mots qui claquent : 
« Pour tout retour, un simple mot : « Patience. » Métier étrange où il est urgent d'attendre. L'impression d'être un enfant qui joue à 1, 2, 3, soleil. » 

Le métier de reporter est omniprésent, comme un personnage invisible qui plane sur l'ensemble de l'action. L'auteur frôle ainsi la réalité ; j'ai eu parfois l'impression de reconnaître des individus du monde médiatique. Matthieu Dixon pose un regard désabusé sur ce milieu en évoquant l’hypocrisie et les « affaires » troubles qui seraient cachées au grand public. 

jeudi 16 mai 2019

Yann Déjaury: " Ce n'était qu'une simple promesse"





Auto-édition
326 pages


4 ème de couverture




1995, Bretagne, six amis passent leurs vacances ensemble. Grande insouciance, petits bonheurs, l'envie de ne jamais se séparer et une promesse scellée dans le granit: celle de se retrouver dans 20 ans, qu'importe les aléas.2015, la vie les a rattrapés et, le jour venu, un seul a tenu son engagement. Malgré cet acte manqué, il organise un séjour ludique dans une demeure somptueuse. Simple assouvissement de curiosité de ce que chacun est devenu ou douce envie de retrouver leur connivence perdue ? De non-dits en secrets, sa véritable motivation bouleversera leur existence à jamais.


Mon avis



Je vous parle aujourd'hui d'un roman intitulé " Ce n'était qu'une simple promesse" de Yann Déjaury. C'est un auteur que j'ai rencontré lors d'un salon proche de chez moi.
Nous avons discuté et m'a proposée de lire son roman en échange d'une critique.

En 1995, six amis ont fait la promesse de se revoir après 20 ans. Mais ont-ils tenu pour autant celle-ci?

Avec une alternance de chapitres datant de 1995 et 2015, l'auteur, Yann Déjaury aborde diverses réflexions notamment sur le questionnement du sens de la vie. C'est à travers ces deux époques que l'on va découvrir certaines révélations sur les protagonistes.
En 1995, le lecteur va suivre cette bande de potes en Bretagne dans le camping de Plélo.

La drague, l'alcool et leur blague sont au rendez-vous. Les six amis s'entendent à merveille au point de faire un pacte: se retrouver vingt ans plus tard.
En 2015, six amis se réunissent de nouveau suite à une invitation qu'ils ont reçue mais quelle est la personne qui se cache derrière cette lettre?

Le lieu est dans une demeure somptueuse tout frais inclus. Sauf qu'ils ne pourront pas faire ce qu'ils veulent! Certaines règles sont à respecter. Mais lesquelles?

lundi 13 mai 2019

David Coulon: " Interview"




Après avoir lus Trouble passager" aux éditions French Pulp et Dernière fenêtre sur l'aurore " aux éditions Hélios noir, voici une interview de David Coulon.


1. Comment vous définiriez-vous?

Ouh là ! Question difficile ! Brun, yeux verts taille moyenne. Ah non, c'est pas ça... Faut se dévoiler. Argh. Alors on va dire mec sympa mais avec des goûts littéraires un peu bizarre.


2. Comment vous est venue l’idée d’écrire?

A vrai dire je ne sais pas. J'ai toujours aimé la poésie, le théâtre, les BD. Puis, plus tard, les romans. La lecture a sans doute favorisé l'écriture, comme chez beaucoup d'auteurs. J'ai toujours ressenti l'écriture comme un besoin, une envie, une passion. Je ne m'oblige à écrire que lorsque la discipline du roman est là : ne pas lâcher les personnages, les situations, écrire tous les jours. En dehors de cette discipline, écrire a toujours été spontané, ludique. Un plaisir.


3. Quels sont vos auteurs préférés?

J'en ai beaucoup. Au théâtre, Mark Ravenhill et Sarah Kane. En roman, Bukowski, Chuck Palahniuk, David Peace, Bret Easton Ellis, Jonquet, Ketchum. Graham Joyce. J'apprécie particulièrement mes contemporains qui ont des choses à dire sur les gens et la société. Pas simplement nous faire frémir pour nous faire frémir. Faut que ça parle. Dans le fond comme dans la forme. A titre d'exemple, le dernier Jacques Saussey, "Enfermé.e" est un bijou.


4. Quel est votre film préféré?

J'en ai plusieurs, là encore... Disons "Délivrance". Et "Martyrs", de Pascal Laugier. Et puis "Shining", de Kubrick, malgré tout le mal qu'en pense Stephen King. Ah et puis, il y a "De battre mon coeur s'est arrêté" de Jacques Audiard. Dans ce film, il y a tout. L'expression de soi, les empêchements, l'amour, la mort, la rédemption. Un film-monde.


5. Est-ce que votre métier en tant que psychologue a une influence sur vos écrits?

Oui, incontestablement. Il me permet de sonder sans trop d'inconstance irréaliste, les tréfonds de l'âme humaine. Pour la construction de mes personnages, ma formation m'est très utile. Mais notez que je ne m'inspire jamais de situation réelles rencontrées pendant mes entretiens. La psychologie ne me sert qu'en tant qu'outil. Comme un texte d'auteur pour un metteur en scène.


6. Comment avez-vous créé le personnage Rémi Hutchinson?

Je voulais un personnage solitaire (un écrivain) avec des zones d'ombres dans sa vie. Je voulais quelqu'un de polytraumatisé (par son père, et par la perte de sa fille). Un personnage hors du commun, qui devait se sortir d'une situation pas commune non plus.


7. Dans « Trouble passager », le récit est violent. N’avez-vous pas eu peur de choquer les lecteurs ?

Non. Pour tout dire, je m'en fiche. Je ne m'autocensure jamais. Si le lecteur est choqué, il a la liberté de refermer le bouquin et de me mettre 0/5 sur Babelio. Ça s'arrêtera là. Dans la vraie vie - qui est beaucoup plus violente car réelle - il ne peut pas faire ça. Ce serait faire insulte aux lecteurs et à leur liberté que de craindre de les choquer. Ça serait leur dire : "vous voyez, je vous épate, je vous gerbe". Non. Ce que je cherche est beaucoup plus simple et moins pervers. Je creuse l'âme noire humaine. Et je vais au bout. Et c'est tout.


8. Quel est le moment le plus propice pour écrire? 

Ça dépend des romans et de la phase d'écriture. Pour "Trouble Passager", j'ai écrit tôt le matin. Ou dans la journée, dans des lieux bondés et bruyants, qui contrastaient avec le confinement du roman. Et j'ai corrigé pendant la nuit, dans le silence.


9. Quelles sont vos passions en dehors de l’écriture?

Le théâtre (j'écris pour plusieurs compagnies), le rugby, le cinéma. Les randonnées. L'Islande.


10. Préparez-vous déjà votre prochain roman? 

Oui, j'en écris deux en parallèle. Motus sur les sujets pour le moment. J'ai la sensation ridicule que cela me porterait malheur ! J'aimerais bien écrire pour la jeunesse aussi. J'ai des idées de synopsis. Faut que je m'y mette.


11. Libre à vous de conclure cette interview.

Merci à vous pour ces questions !



vendredi 10 mai 2019

Estelle Tharreau: " Mon ombre assassine"


Editions Taurnada
260 pages


4 ème de couverture



En attendant son jugement, du fond de sa cellule, Nadège Solignac, une institutrice aimée et estimée, livre sa confession.
Celle d'une enfant ignorée, seule avec ses peurs.
Celle d'une femme manipulatrice et cynique.
Celle d'une tueuse en série froide et méthodique.
Un être polymorphe.
Un visage que vous croisez chaque jour sans le voir.
Une ombre. Une ombre assassine.



Mon avis



Nadège, quel doux prénom! De plus cette créature a une profession qui inspire confiance puisqu'elle est enseignante. Et pourtant, dans « Mon ombre assassine », Estelle Tharreau nous fait entrer dans le
cheminement d'une tueuse en série.
J'ai été intéressée par les mécanismes qui auraient conduit à l'escalade d'une tueuse. Attention, rien n'est certain car l'auteure n'affirme rien mais laisse des pistes pour le lecteur. Cette démarche fait l'originalité de ce roman.

Le cadre provençal est bien dépeint dans toute son âpreté et fait partie de la personnalité de Nadège. Tout aurait pu être idyllique mais ce n'est pas si simple, il y a eu maldonne et on ne sait pas forcément
pourquoi!
L'ensemble est étouffant et j'y ai rarement trouvé des éléments pour alléger l’atmosphère de mort. Nadège se raconte et se livre aux lecteurs : ceci contribue à un certain malaise. De plus l'utilisation du « je » amplifie la proximité par rapport à cette femme. La tueuse nous fait douter mais pour ma part, l'effroi domine et persiste au fil des pages.

lundi 6 mai 2019

Vincent Hauuy: " Dans la toile"



Editions Hugo Thriller
395 pages


4 ème de couverture



Isabel Gros est une miraculée. Seule survivante d'une fusillade, elle a passé deux semaines dans le coma. Contrainte d'abandonner sa carrière de critique d'art et ne supportant plus la vie citadine, elle quitte Paris avec son mari, pour s'installer dans leur nouveau chalet, au coeur des Vosges. Souffrant de graves séquelles, Isabel pense se reconstruire grâce à la peinture. Mais le malaise qu'elle ressent dès son arrivée va rapidement se transformer en terreur.

" Un vrai talent d'écriture. " Michel Bussi


Mon avis



Vincent Hauuy est un auteur que je suis depuis ses écrits. " Dans la toile", l'auteur se met dans la peau d'une jeune femme, Isabel Gros, fragilisée suite à une fusillade. Il s'est approprié ce rôle féminin avec beaucoup d’authenticité; les émotions qui en émanent sont très réalistes. Avec une alternance des passages passé présent, le lecteur va suivre progressivement cette héroïne et comprendre ses failles.
Restée quelques semaines dans un coma, elle tente de se reconstruire. Son lobe frontal et temporal étant touchés, son mari veut le bien être pour sa femme. Ils décident donc de quitter Paris pour habiter dans un chalet isolé, au milieu de nulle part dans les Vosges, à Plainfaing.

" Une grande maison d'architecte contemporaine en bois sombre, clôturée par une enceinte de pierre culminant à deux mètres. Une lourde porte noire en fer forgé barre l'accès à la cour intérieure. Belle, mais froide. Glaçante. " 

Mais des visions assez étranges et son état de santé basculent Isabel vers un combat contre ses démons. Elle ressent des choses assez étranges dans ce chalet malsain.
Le milieu montagnard apporte une touche sombre correspondant bien au caractère  angoissé de l’héroïne; profondeur du décor et vertige de la jeune femme.

vendredi 3 mai 2019

Nicolas Lebel: " Dans la brume écarlate"




Editions Black Lab
389 pages



4 ème de couverture



Une femme se présente au commissariat du XIIe et demande à voir le capitaine Mehrlicht en personne.. Sa fille Lucie, étudiante, majeure, n'est pas rentrée de la nuit. Rien ne justifie une enquête à ce stade mais sait-on jamais... Le groupe de Mehrlicht est alors appelé au cimetière du Père Lachaise où des gardiens ont découvert une large mare de sang. Ils ne trouvent cependant ni corps, ni trace alentour. Lorsque, quelques heures plus tard, deux pêcheurs remontent le corps nu d'une jeune femme des profondeurs de la Seine, les enquêteurs craignent d'avoir retrouvé Lucie. Mais il s'agit d'une autre femme dont le corps exsangue a été jeté dans le fleuve. Exsangue ? Serait-ce donc le sang de cette femme que l'on a retrouvé plus tôt au Père Lachaise ? La police scientifique répond bientôt à cette question : le sang trouvé au cimetière n'est pas celui de cette jeune femme, mais celui de Lucie... Un roman gothique dans un Paris recouvert de brouillard à l'heure où un vampire enlève des femmes et les vide de leur sang. Un roman choral qui laisse la parole à plusieurs protagonistes : à ceux qui perdent ou ont perdu, à ceux qui cherchent, à ceux qui trouvent ou pensent trouver. Un roman qui est l'histoire de six hommes qui aiment ou croient aimer chacun une femme : celui qui la cherche, celui qui l'aime de loin, celui qui veut la venger, celui qui la bat, celui qui la veut éternelle, et celui qui parle à ses cendres. Un roman parle des femmes comme premières victimes de la folie des hommes, même de ceux qui croient les aimer.


Mon avis



J'ai un très mauvais caractère,
je ne supporte pas les stagiaires,
je ressemble à Paul Préboist,
je suis, je suis, je suis...
Je suis Daniel Mehrlicht, l'anti-héros iconique de Nicolas Lebel.

Et il revient pour la cinquième fois avec « Dans la brume écarlate ». Toujours dans les brumes de la fumée de ses cigarettes ! Cependant il va devoir faire ressortir la vérité d’un brouillard sanglant et machiavélique. Il n'est pas obligatoire d'avoir lu les romans précédents pour comprendre ce nouveau thriller. Mais bien sûr le plaisir est accru quand on se prend à détecter les gimmicks qui jalonnent les autres aventures de Mehrlicht et son équipe d'enquêteurs. Cette fois la vie privée des héros est moins présente. Il faut dire que l'affaire qu'ils ont à traiter est compliquée, l'auteur se devait donc d'être méticuleux. Les personnages secondaires sont nombreux et pourtant je ne me suis jamais sentie perdue dans les méandres de l'histoire ! Le regard de Mehrlicht est toujours désabusé mais laconique.

" Il poussa la porte. Dans la zone de combat qu'était cette pièce, dans ce fatras indicible où toute trace de civilisation avait été consciencieusement effacée, où crépitait une musique manifestement interprétée à la Kalachnikov et au mortier lourd, Mehrlicht discerna, par delà le nuage de fumée Marlboro, son fils hirsute affalé devant l'écran de son ordinateur. "

Dans un Paris ombrageux, des femmes souffrent et meurent. Les brumes gênent les policiers dans leur travail car le moindre mouvement est entravé par la quasi obscurité. Le titre, à cet égard, colle bien au sujet : du sang entachant une atmosphère embrumée et omniprésente. En bon linguiste, Nicolas Lebel sait manier un vocabulaire riche et évocateur. Le registre lexical est brillant car il parvient à trouver des métaphores et des mots très divers pour désigner la météo plombante qui courre du début à la fin du roman. Les différences de générations sont montrées au travers du vocabulaire, ce qui offre des dialogues souvent cocasses.

" Un coup de fil à son amie Cathy, peut-être, parce qu'il fallait dire le malheur qui les frappait. Alors rien ne devait entamer sa tristesse, ni amollir sa culpabilité, encore moins faire taire sa colère. Demain parce qu'il n'y aurait pas un jour de plus, il coffrerait l’assassin pour de bon. "

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