Editions Jigal
208 pages
4 ème de couverture
Voir une de ses photos en première page d'un magazine, affichée sur tous les kiosques, pour Raphaël, jeune reporter, c'est le graal. Mais en travaillant avec Bernard, célèbre photographe devenu son mentor, il comprend très vite que les choses ne sont jamais aussi simples et que les apparences sont parfois trompeuses. En enquêtant sur la mort de celui-ci, tragiquement disparu dans le crash de son hélicoptère, Raphaël va se retrouver seul, en première ligne, à devoir jongler entre rumeurs, paranoïa, business, corruption, hommes de l'ombre et affaires d'État. Seul aussi à devoir slalomer entre intégrité et vérité...
« À l'image des stratégies de guerre, déjà évoquées par Sun Tzu dans son fameux traité L'Art de la guerre, il s'agit de créer un brouillard d'informations pour masquer la vérité. »
Dans « La dernière couverture », Matthieu Dixon décrit le parcours de Raphaël, un jeune reporter qui doit faire face à de nombreux événements en peu de temps. La mort de Bernard, un photographe qui lui a appris beaucoup dans le métier, est à la base de l'intrigue.
Le style de l'auteur saute à la gorge dès les premières lignes. En effet, j'ai vite compris que Raphaël utilisait son objectif comme une arme de combat dans un métier où règne une vive concurrence. Il doit faire continuellement ses preuves et rêve de devenir un des meilleurs.
« Dans le viseur l'image s'affiche sans hésitation, fidèle, brute, honnête. »
D'ailleurs, il résume son métier en quelques mots qui claquent :
« Pour tout retour, un simple mot : « Patience. » Métier étrange où il est urgent d'attendre. L'impression d'être un enfant qui joue à 1, 2, 3, soleil. »
Le métier de reporter est omniprésent, comme un personnage invisible qui plane sur l'ensemble de l'action. L'auteur frôle ainsi la réalité ; j'ai eu parfois l'impression de reconnaître des individus du monde médiatique. Matthieu Dixon pose un regard désabusé sur ce milieu en évoquant l’hypocrisie et les « affaires » troubles qui seraient cachées au grand public.
Le choix du « je » est risqué car il alourdit parfois la succession des événements et instaure quelques longueurs. Cependant cela permet aussi de rendre Raphaël plus proche et plus présent dans l'action. La vie amoureuse de cet homme en est d'autant plus attachante et rend le héros davantage humain. Elle n'est pas trop pesante mais contribue à ancrer dans la réalité une histoire étonnante.
Raphaël est à fleur de peau. Il constitue à cet égard un personnage vif et impliqué qui pourra sembler agaçant parfois et terriblement séduisant à d'autres moments. Il veut de l'authentique aussi bien avec ses collaborateurs que dans ses relations humaines. Les gens trop sophistiqués ne lui plaisent pas. Mais justement sa conscience va en prendre un sacré coup !
« Il marque un temps. Le temps de l'intellectuel. Il y a chez lui un certain maniérisme de l'intelligentsia parisienne qui m'énerve. Plus je le regarde et plus je comprends ce qui dégoûtait Bernard chez cet homme. Sa manucure propre, son visage à peine ridé, rasé du matin, et sa succession de postures improbables, forcées, contre nature. »
Ce que j'ai apprécié dans « La dernière couverture », c'est ce style incisif plus que l'intrigue elle-même. Le sujet n'est pas ce qui m’intéresse le plus mais cela n'a rien à voir avec la valeur du roman, seulement un goût personnel. Ainsi, je crois que Matthieu Dixon a des qualités d'écriture certaines. Donc affaire à suivre...
L'auteur
Matthieu Dixon est né en 1977. Après un bac scientifique, il déménage à Paris pour des études d’audiovisuelles pendant lesquelles il découvre le fameux Manufacturing Consent de Noam Chomsky et Edward Herman. Cette œuvre va profondément le marquer et ouvrir son esprit sur les stratégies de manipulation des masses. Dès lors il va porter un regard particulièrement circonspect sur le monde des médias dans lequel il va travailler. Alternativement, chargé de production, producteur, réalisateur, monteur, il exerce son regard critique sur l’Image et la fascination qu’elle exerce. En 2009, il prend un tournant en se consacrant plus directement à ce qui le passionne : l’écriture. Il participe ainsi à l’écriture de séries pour enfants, de mélodrame et de comédie romantique en tant que scénariste. Depuis longtemps, Matthieu Dixon se passionne pour les histoires politiques et les scandales d’état. Il était donc naturel que sa plume vienne rencontrer quelques célèbres cadavres de la République. Il partage actuellement sa vie entre la France et l’Angleterre.
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