jeudi 4 mai 2017

Nada S. Khoury & Robert A. Matta: " Le vivier de l'oubli"

Editions Ecriture
256 pages



4 ème de couverture



Tout commence par un oubli.
Un écrivain, venu visiter une maison à acheter en Provence, a laissé son iPad par mégarde dans la propriété. La conseillère découvre l’objet ; hésite légèrement ; l’allume. Elle y découvre photos (Istanbul, une femme en rouge, lui…), mots d’amour, réflexions éparses. De cette lecture clandestine lui reviennent des bribes de sa propre existence : une romance interdite (avec un prêtre), une séparation douloureuse, et la solitude.
Au village, la conseillère – après avoir laissé un mot sur la nappe de la table de l’écrivain et lui avoir rendu son iPad – aperçoit la femme en rouge, celle des clichés de la tablette numérique. Intriguée, troublée, elle la suit jusqu’à une galerie. Elle la photographie discrètement…



Mon avis



J'ai été séduite par les images de la Provence et d'Istanbul que les auteurs mettent régulièrement à l'honneur au cours du roman. Ces paysages sont la toile de fond d'un chassé-croisé entre des hommes et des femmes, entre le vrai et le faux et entre le rêve et la réalité. Et c’est ce flou qui m’a gênée dans ma lecture. Dans la première partie j’ai pourtant apprécié la valse des personnages. Ensuite j’ai été un peu perdue dans le récit.

Bien sûr le style est très travaillé avec des références littéraires et artistiques. Les titres de chaque chapitre ainsi que la richesse du vocabulaire utilisé au détour des pages sont un réel ravissement. 

« Des bancs qu’ils savaient investis, une fois la nuit tombée, par les clochards éméchés qui se ramassent sous des couvertures mitées et s’endorment sur les initiales gravées qui superposent, palimpsestes de promesses échangées, de caresses partagées, évanouis avec l’usure du temps et les serments d’amour d’autres amants. »

L’histoire ne se laisse pas facilement apprivoiser dans « Le vivier de l’oubli ». On peut apprécier ou déplorer le manque de clarté. Ainsi l’absence de prénom laissant place à des « elle » et des « il » rend l’histoire parfois hermétique.
Il est vrai que cette façon de procéder peut séduire certains lecteurs. Pour ma part, je ne suis pas très adepte car même si les indices permettent de reconnaître les personnages, cela a freiné ma lecture.

lundi 1 mai 2017

Chris Thorimbert: " La tache de vin"

Editions Jets d'encre
242 pages

4 ème de couverture


Dans la petite ville d’Estavayer, en Suisse, la jeune Éléonore est au service du comte de la Broye qui n’hésite pas à exercer sur elle son droit de cuissage. Lorsqu’elle se découvre enceinte, elle démissionne sans rien dire de son état et met au monde des jumeaux, Marie et Philippe, qui ignorent tout de leur géniteur. Quinze ans plus tard, alors qu’ils sont en âge de travailler, ils sont envoyés sur les terres du comte : Philippe est aux champs pendant que Marie œuvre comme domestique. Sans le savoir, elle occupe la même place que sa mère au même âge. Et commence elle aussi à susciter la convoitise d’Adrien de la Broye, qui n’a rien perdu de ses penchants…
Chris Thorimbert tire avec talent les ficelles de cette fresque romanesque captivante, ressuscitant avec brio la Suisse rurale de la fin du XIXe siècle.


Mon avis


Avec "La tache de vin", Chris Thorimbert offre une sorte de chronique témoignant d'une société avec sa hiérarchie durant la deuxième partie de XIXème siècle dans la campagne suisse.
La vie d'Éléonore est semée d'embûches à son bonheur. Quand elle est toute jeune au service du comte de la Broye, celui-ci profite d'elle. Ainsi c'est enceinte qu'elle fuit les lieux pour revenir dans sa famille. Après avoir subi le déshonneur, elle finit par élever seule ses jumeaux. Son passé va ressurgir alors que ses enfants ont atteint l'âge de 15 ans...
En 250 pages, l'auteure parvient à raconter une histoire familiale sans surcharge comme on pourrait le voir dans les sagas qui pour ma part sont parfois indigestes à cause du surnombre de détails.

dimanche 30 avril 2017

Chase Novak: " Conception"


Editions Livre de poche
480 pages


4 ème de couverture



Alex et Leslie Twisden mènent une vie radieuse : jobs en or, luxueux hôtel particulier en plein Manhattan et mariage passionnel. Ce qui leur manque en revanche, c’est un enfant, et après l’échec d’innombrables traitements, leur désir de progéniture vire à l’obsession. Dans une dernière tentative désespérée, le couple se rend en Slovénie afin d’essayer une procédure médicale très particulière. Et là, c’est le miracle… Dix ans plus tard, couvés et dorlotés mais vivant dans une maison habitée par les secrets, les jumeaux Alice et Adam se retrouvent chaque soir enfermés dans leur chambre, tandis que des bruits de plus en plus perturbants proviennent de celle de leurs parents. Un jour, ils décident de chercher à comprendre la vraie nature de ceux qui les élèvent. Leur découverte aura de quoi les épouvanter…

L’ombre de Rosemary’s Baby plane sur ce thriller pétrifiant. The New York Times

A la fois terrifiant et sombrement drôle, CONCEPTION est une pure partie de plaisir. Stephen King.


Mon avis



Alex et Leslie ont tout pour être heureux mais hélas Leslie ne tombe pas enceinte malgré les inséminations artificielles et autres diagnostics. Le couple se rend alors en Slovénie et rencontre le Docteur Kis, dans la ville de Ljubljana, un étrange personnage dont les pratiques sont peu recommandées. Il propose des traitements contre l'infertilité. L'opération s'est bien passée puisque Leslie attend des jumeaux.

" Bien évidemment, je perdrais mon travail si je vous disais quelles substances le docteur utilise, mais il tient à ce que vous sachiez qu'il a obtenu de grand succès- de grands, grands succès- en se servant de tissus provenant des êtres les plus vigoureux et fertiles du monde. "

" Certains médecins inspirent confiance, d'autres non. Et d'autres, tels le Dr Kis, inspirent la terreur."

Le bonheur s'installe au sein de ce foyer mais sera de courte durée. Leslie et Alex vont connaitre quelques problèmes physiques et leurs comportements vont effrayer leur entourage mais aussi leurs enfants...

Dans la deuxième partie du livre, le lecteur fait connaissance des jumeaux dix ans plus tard et apprend que le couple a des comportements bien étranges au point d'enfermer le soir leurs enfants.

vendredi 21 avril 2017

Stanislas Petrosky: " Dieu pardonne, lui pas!


Editions Lajouanie
200 pages



4 ème de couverture



Estéban Lehydeux, dit Requiem, est de retour. Le curé exorciste débarque cette fois sur le port du Havre.
Il y découvre un docker bien sous tout rapport –  si, si ça existe  –, accusé de meurtre ; une boîte d’import-export d’objets et de matériel pas bien catholiques ; un syndicaliste forcené mais pas mauvais bougre ; des fanas du troisième Reich ; et bien évidemment une accorte jeune femme tellement mal fringuée qu’il s’empresse toujours, dès qu’il la croise, de la déshabiller  !

Entouré de ces drôles de paroissiens notre héros, un Don Camillo carburant à la bière plus qu’à l’eau bénite, va devoir jouer du goupillon et faire quelques entorses aux règles de son ministère pour parvenir à distinguer le bon grain de l’ivraie…

Ce deuxième épisode des aventures de Requiem est basée sur un fait réel  : l’histoire de Jules Durand, qui défraya la ville du Havre en 1910. Cette sorte d’affaire Dreyfus dans le monde ouvrier est encore dans les mémoires de nombreux havrais.



Mon avis




Après " je m'appelle requiem et je t'...", la première aventure de notre curé séduisant et pas catholique pour un clou, Estéban se lance dans une nouvelle aventure au Havre. Un employé de la société Ody- Art a été assassiné; le suspect est un syndicaliste, un de ses collègues. Cette affaire lui fait penser à une vieille histoire celle de Jules Durand en 1910. Sur ce port, le calme ne règne pas, notre curé joue les infiltrés grâce à son amie Elena et apprend que cette société import-export cache bien des choses. Il s'approche davantage de Sandy au point d'en tomber amoureux car cette dernière connait pas mal d'informations sur l'activité de la société. L'enquête s'avère dangereuse et exorbitante...


Dans ce deuxième épisode des aventures de Estéban, Stanislas Petrosky nous narre une histoire hilarante et humoristique à souhait!
Ce n'est pas qu'un roman policier mais aussi une comédie où les fous rires sont omniprésents. L'ambiance est à son apogée, les chapitres regorgent de mousse de bières telles que la Guillotine, la Chimay rouge ou la Budels Capucijn; il faut dire que notre curé ne se substante pas que d'eau bénite!

Pour ce qui est des femmes, Estéban est charmeur, il s'empresse d'être autour de jolies femmes; Sandy celle qui ne sait pas s'habiller mais pour qui les formes ne lui déplaisent pas pour autant. La soutane du curé s'est ainsi relevé plusieurs fois. Bref, il est toujours en bonne compagnie comme " Charly et ses drôles de dames".

jeudi 20 avril 2017

Philippe Declerck: " Variable d'ajustement"



Editions Fleur Sauvage
243 pages



4 ème de couverture



D'un statut de cadre dirigeant, Mathilde se retrouve au chômage sans que rien ne l'y prépare. Découvrant qu'elle n'était qu'une « variable d'ajustement », la quadragénaire, mère et épouse, entame alors une lente et douloureuse descente aux enfers.

Un récit aussi dur que poignant, pour un fort dommageable phénomène de société.



Mon avis



" Variable d'ajustement" est par définition une ressource que l'on fait varier selon les besoins.

Mathilde est cadre dirigeant à Atout Sport depuis plus de dix ans et voit sa vie basculer le 05 Janvier 2015. Elle " meurt". La crise de l'entreprise l'a touchée et Mathilde devient une " variable d'ajustement". L'entreprise n'a pas d'autre choix que de licencier une trentaine d'employés dont Mathilde. Cette  femme âgée d'une quarantaine d'années est mariée à Richard, assez séduisant et riche et a deux enfants se prénommant Hugo et Claire. Mathilde se retrouve alors sans travail et ne sait pas comment annoncer la nouvelle à ses proches.

" J'étais sur le point de lui déclarer que j'étais prête à relever le défi lorsqu'il a conclu sa démonstration en ces termes, " les employés ne sont qu'une variable d'ajustement parmi d'autres, ce n'est pas à vous que je vais apprendre ça."

Se retrouvant sans emploi, elle voit sa vie basculée; la conjoncture de l'entreprise est mise en danger ; la seule solution est de réduire le personnel en licenciant un certain nombre de personnes. Cette nouvelle va provoquer un grand mal être chez Mathilde. Elle n'arrive pas à faire face à cette nouvelle plus qu'alarmante. Elle s'est tant donnée dans son travail que ses proches ont oublié sa présence. Pourtant Mathilde doit s'occuper de ses enfants mais aussi de son mari car sa libido est en pleine effervescence.
Parviendra-t-elle à se résoudre à sa nouvelle vie? Mathilde tente de faire au mieux mais se sent démunie de tout. Surqualifiée Mathilde ne trouve pas un emploi adéquat et qui correspond à ses attentes. Tout statut confondu, les critères sont les mêmes pour tout chômeur.
Mathilde commence à comprendre qu'elle est pareille, il n'y a pas de demie- mesure entre un ouvrier, un cadre ou un employé.
La réalité sur la recherche d'un emploi devient glaçante et en fait pâlir plus d'un.

" J'allais ouvrir la portière lorsque je sentis les larmes affluer et, de nouveau, cette boule d'angoisse..."
" Je suis ressortie de là déprimée. Malgré un CV impressionnant, une solide expérience et une formation de haut niveau, un problème persistait, il n'y avait pas de travail en adéquation avec mes qualifications. "

lundi 17 avril 2017

Michaël Moslonka: " 666 e kilomètre"

Editions Fleur Sauvage
224 pages


4 ème de couverture



661, 662, 663, 664, 665...

Une autoroute connue de tous, des kilomètres qui défilent.
Et, sur les aires de repos, ces mêmes personnes sur lesquelles on tombe.
Étrangement... Cruellement...

À la croisée des routes du thriller, du fantastique et de la satire sociale, l'auteur de « À minuit, les chiens cessent d'aboyer » nous livre, au 666ème kilomètre, l'une de ses œuvres les meilleures.


Mon avis



Camus âgé d'une trentaine d'années quitte son nid douillet pour retrouver un ami de longue date dans le Sud-Ouest. Rempli de TOCS, ce trentenaire est plutôt un homme névrosé, anxieux. Sa petite amie, Mathilde, l'a quitté. Pour oublier le passé et se changer les idées, Camus décide de prendre la route plus précisément une autoroute déserte malgré un juillet qui semble propice pour les départs de grandes vacances.
Il s’arrête dans un restoroute, et c'est à ce moment là que Camus voit le monde différemment. Un auto-stoppeur demande de l'aide et brandit des poings en psalmodiant " SOYEZ TOUS MAUDITS".
C'est la première fois que je lis un roman de l'auteur et " 666 e kilomètre" est un livre que j'ai littéralement englouti après une semaine sans lecture. 
Michaël Moslonka nous décrit à la fois une histoire où le thriller est présent mais aussi une touche fantastique se déploie  au fil des pages; Camus, notre héros principal, se retrouve sur cette autoroute où la mort se fait sentir. Le bitume s’amoncelle de cadavres décapités pour laisser place à la faucheuse. Est-ce la réalité, l'imagination ou un simple cauchemar qui taraudent l'esprit de Camus?

vendredi 7 avril 2017

Darcey Bell: " Disparue"


Editions Hugo Thriller
352 pages


4 ème de couverture



Cela commence par un simple petit service - du genre de ceux que se rendent volontiers deux mères de famille. 
Tout oppose en apparence Stephanie, une jeune veuve sans emploi qui partage son temps entre son fils Miles et la rédaction de son "blog de maman", et Emily, une femme d'affaires sophistiquée et mariée. 
Elles s'entendent pourtant à merveille et ont noué, dans leur petite ville du Connecticut, une amitié aussi forte que celle qui lie leurs deux fils de cinq ans. 
Et lorsqu'Emily lui demande de récupérer son fils Nicky à la sortie de l'école, Stephanie accepte tout naturellement. Mais Emily ne revient pas, et les masques tombent, les uns après les autres. Car si ni l'amour, ni l'amitié ne durent toute la vie, la vengeance ne connaît pas de limites. Et la peur non plus.



Mon avis



Ayant perdu son mari dans un accident de voiture, Stephanie, veuve, consacre son temps à rédiger quelques billets sur son " blog de maman".
Elle s'est liée d'amitié avec Emily, une jeune femme cadre New Yorkaise et est mariée à Sean.
Darcey Bell nous brosse le portrait de deux femmes totalement opposées mais un seul lien les unit; les enfants. Miles, le fils de Stephanie, et Nicky celui d' Emily fréquentent la même école si bien que ces deux mamans se sont rapprochées et deviennent amies.

Un jour Emily demande à Stephanie de s'occuper de Nicky à la sortie de l'école. Le temps passe et toujours sans nouvelle d' Emily. Pourquoi ne donne-t-elle pas signe de vie? Lui est-il arrivé quelque chose?
Stephanie tente de résoudre le mystère de la disparition d' Emily quelque peu étrange.

" Ma meilleure amie a disparu depuis deux jours. Elle s'appelle Emily Nelson. Vous le savez, je ne mentionne jamais, par principe, le nom de mes amis dans ce blog. "

" Cela fait deux jours qu'elle n'a pas donné signe de vie, pris contact avec moi, répondu à mes SMS ou mes appels. Elle s'est évanouie dans la nature et je n'ai aucune idée de l'endroit où elle peut être. "

mercredi 29 mars 2017

Yvan Michotte: " Louise des ombres"



Editions Le Cargo Imaginaire
314 pages



4 ème de couverture



Louise est parisienne. Son père s’est donné la mort il y a près de 20 ans au pied du phare de la Roque en Normandie. Qui était cet homme inconnu qui la hante tel un fantôme ? Pourquoi veut-on à tout prix empêcher la jeune femme de découvrir qui il était. Quel est le lien avec la mystérieuse épave d’un navire coulé au 18e siècle ? Pour le savoir, elle va engager le détective privé Joshua Pastorius.

Au même moment, un homme est retrouvé brûlé vif dans une discothèque havraise. Est-ce un accident ou un crime ? Une jeune journaliste, Agathe Talemare, mène l’enquête.

Et si ces deux affaires n’en étaient qu’une seule et unique… Partez en baie de Seine afin d’élucider cette redoutable énigme…


Mon avis



Avec "Louise des ombres", Yvan Michotte assure un roman très plaisant. Il narre l'histoire d'une jeune femme, Louise, qui veut savoir qui était ce père mort une vingtaine d'année auparavant.
Un homme qu'elle n'a jamais rencontré et qui au fil des pages délivre un message et des vérités sur un passé pas si simple. Elle est aidée dans sa démarche par un détective, Pastorius, porté sur la bouteille et par une sympathique journaliste.

J'avoue que les premières pages, sans me déplaire, m'ont laissée perplexe : trop de phrases sans verbe par exemple. Pourtant rapidement, j'ai été happée par l'histoire grâce à des personnages très attachants. La description de la ville du Havre et ses environs a ajouté un intérêt supplémentaire à ma lecture.

Yvan Michotte sait décrire les situations et les lieux sans lourdeur. Avec des phrases parfois tordues et amusantes, l'intrigue prend du rythme sans distiller trop d'indices... L'auteur avec une plume vive et surprenante m'a bluffée jusqu'à la fin.

"Pastorius aimait l'énergie revigorante de cette fille. Elle avait une cuirasse solide et une certaine inconscience chevillée au jean."

L'histoire de "Louise des ombres" vaut le coup d'être lue. Je ne me suis pas ennuyée. Surtout que l'auteur manie l'humour tout au long de l'intrigue. Il n'épargne pas ses protagonistes.

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