samedi 4 mars 2023

Les Gentils - Michaël Mention

 


Editions Belfond

352 pages


4 ème de couverture


Sur les routes de l’enfer…

Ça hurle, ça cogne dans la tête de Franck. Six mois que sa fille est morte dans un braquage à Belleville. Six mois qu’il attend l’arrestation du coupable. Mais rien, aucun suspect, aucune piste, et les flics semblent avoir lâché l’affaire.
Alors Franck ratisse les bas-fonds de Paris, finit par trouver un vague indice. Il largue tout et embarque dans sa R5 pour un trip halluciné à la recherche de sa proie : un tox’ avec un tatouage « Anarchie ».
Jusqu’où iriez-vous pour venger la mort de votre enfant ? Franck, lui, va loin, très loin, jusqu’en Amazonie, pour traquer un meurtrier parti racheter sa conscience dans un mystérieux camp de hippies. Mais dans cette jungle où la violence est partout, la folie de Franck va se heurter à des âmes plus extrêmes encore…



Mon avis



" Les Gentils " sont parfois les plus méchants et c'est dans ce roman que vous allez le comprendre !
C'est l'histoire de Franck Lombard qui part à la recherche du meurtrier de sa fille. Il a pour seul indice un tatouage sur l'épaule droite intitulé " Anarchie". Sa fille voulait choisir une seule sucette dans une boulangerie et un braquage bouleverse la situation. La vie de Franck, un disquaire incontournable, s'est effondrée tel un disque rayé sur la platine. L'enquête piétine, alors Franck prend la décision d'être lui-même le justicier. Le goût de la vengeance se fait sentir. Il sillonne Toulouse et l'Amazonie afin de  poursuivre dans un état de rage bien compréhensible ce mafieux de Yannick.
" Je le trouverai, lui arracherai le cœur avec les dents et pisserai sur son corps démembré, je t'en fais le serment. "  
Malgré le titre « Les gentils », on est loin du monde des Bisounours. Et pourtant Franck aurait aimé garder auprès de lui l'univers tendre de l'enfance, celui de la fille qu'il a perdu à cause d'un braqueur.

Ce roman de Michaël Mention est pour moi inclassable même si c'est au départ un thriller réussi. C'est un livre qui brise les codes et les cases. J'ai assisté durant cette lecture à une descente aux enfers d'un homme à peine vivant ne ressentant plus qu'une douleur absolue. D'ailleurs la souffrance est une carapace qui donne un semblant de vie lui permettant de déambuler sur le chemin de la vengeance. L'aventure que poursuit Franck est vertigineuse car les chemins qu'il prendra sont semés d'embûches.

Inclassable aussi est le style avec des phrases qui coupent le souffle tels des uppercuts à répétition. Là-dessus, Michaël Mention plaque une bande-son au diapason de l'atmosphère de cette histoire très prenante. Ces années 70 finissantes sont le décor idéal pour le road trip de Franck ; un crépuscule collant à la peau d'un personnage noir, très noir. L’émotion transparaît au fil des pages surtout quand intérieurement le père dialogue avec sa fille morte. Il fallait oser et c'est réussi.

" Les Gentils " est un roman noir qui restera longtemps gravé en moi. L'histoire est empreinte d'une totale souffrance celle de la perte d'un enfant. Mais la soif de vengeance et de la folie de Franck sont comme une grenade, elle attend d' exploser à tout moment.

 Alors suivez sans hésitation l'itinéraire de Franck, et vous percevrez le cheminement d'un homme meurtri qu'on aimerait sauver mais certaines douleurs sont malheureusement incontournables ! 
C'est un récit qui pulse, qui démarre très fort !

dimanche 19 février 2023

Huit clos - Greg Waden

 


Editions LBS Noir

336 pages


4 ème de couverture


Huit personnes sont invitées à une cérémonie de remerciements organisée dans un luxueux appartement se situant au douzième étage d'un immeuble moderne.


L'hôte, un grand promoteur immobilier, n'est pas présent, une assistante reçoit les convives.

La réception s'annonce très festive.

Au centre de la table, au milieu des amuse-bouches, trône une boîte en carton qui porte une inscription énigmatique : ne pas ouvrir avant minuit. L'humour particulier du propriétaire étant notoire, tout le monde s'attend à une de ses facéties.

Quand arrive le moment d'ouvrir le paquet, son contenu fait basculer la soirée dans l'horreur.

Choc psychologique avec cet huis clos insoutenable, orchestré d'une main de maître. L'auteur nous entraîne dans un puzzle machiavélique qu'il met en place sous nos yeux. Magistral !



Mon avis



J'ai rencontré l'auteur lors du salon du livre d'Annœullin et j'ai été attirée par cette sombre couverture et le résumé.
C'est vrai qu'il est plutôt alléchant car l'histoire se passe dans un appartement chic du douzième étage. Ainsi je me plonge de suite dans ce récit où les invités attendent patiemment leur hôte prénommé Martin Savarin.
En son absence, Johanna reçoit les convives. Le lecteur est plongé dans un huis clos où un malaise commence à se faire sentir. Tout pourrait bien se passer mais la cérémonie est de courte durée. La présence d'un carton interroge les convives. Que peut bien contenir cette boîte ? Vous aurez compris qu'une fois celle-ci ouverte, l'histoire va prendre une toute autre tournure…
" La table est jonchée d'assiettes creuses proposant divers biscuits apéritifs et autres amuse-gueules. Des verres et des bouteilles d'alcool sont également présents en grand nombre. Chose étrange, au milieu de celles-ci est disposé un carton fermé à l'aide de scotch marron. Une inscription au feutre noir est visible et identique sur tous les côtés. "

vendredi 10 février 2023

La petite boutique aux poisons - Sarah Penner

 

Editions Pocket

416 pages


4 ème de couverture



Règle 1 : le poison ne doit jamais être utilisé pour blesser ou tuer une autre femme.
Règle 2 : le nom de la meurtrière et celui de sa victime doivent être notés dans les registres de l'apothicairesse.

" Je jure solennellement devant Dieu, Créateur de toutes choses, de ne jamais administrer de poisons... " A ce serment prêté jadis par les apothicaires, Nella ne souscrit plus depuis longtemps. Belladone, ellébore, arsenic : on peut se procurer toutes sortes de poisons dans sa boutique du 3, Back Alley – à condition qu'un homme violent en soit la victime... Et il y en beaucoup, des hommes violents, dans le Londres de 1791...
Deux siècles plus tard, une mystérieuse petite fiole ressurgit dans la boue de la Tamise aux pieds de Caroline, une Américaine au cœur brisé. Et avec elle, toute une histoire de femmes, trop longtemps oubliée…


Mon avis



Une belle couverture et l'ambiance d'une boutique d'apothicaire dans le Londres de 1791 avaient tout pour me plaire. « La petite boutique aux poisons » de Sarah Penner a en effet de nombreux atouts éveillant ma curiosité de lectrice.

J'ai beaucoup apprécié les descriptions des rues de Londres de la fin du XVIIIème siècle même si parfois elles m'empêchaient de suivre l'histoire par elle-même. Donc climat « empoisonné » de la vieille échoppe oui mais pas trop puisqu'au bout d'un moment, j'ai commencé à m'ennuyer un peu. Heureusement les changements d'époque ont injecté du dynamisme dans cette atmosphère quelque peu monotone.

J'ai aussi aimé les similitudes entre les diverses protagonistes. La Caroline d'aujourd'hui et les personnages de Nella et Eliza d'un autre temps sont certes différentes mais ont en commun les souffrances endurées à cause des hommes.

mardi 7 février 2023

Fils de personne - Jean-François Pasques

 


Editions Fayard

416 pages


4 ème de couverture


Un numéro de téléphone, un exemplaire de La Peau de chagrin et un briquet de la Légion étrangère. C’est tout ce qui est retrouvé sur le cadavre d’un homme abandonné dans un bassin du jardin des Tuileries. Alors qu’il piétine déjà dans une enquête sur la disparition de trois jeunes femmes, le commandant Julien Delestran est chargé de l’affaire. Le numéro de téléphone est sa première piste : c’est celui du CNAOP, l’organisme permettant aux enfants nés « sous X » de retrouver leurs parents biologiques. Mais tandis que le commandant essaie d’avancer sur cette nouvelle enquête, la précédente se rappelle à lui quand sa hiérarchie lui adjoint l’aide d’une psychologue. Tout d’abord sceptique face à cette « ingérence », Delestran est bien obligé de reconnaître que Claire Ribot sait mettre au jour la vérité aussi bien que le plus fin des limiers. Et qu’elle ne sera pas de trop pour sonder, avec son groupe, les tréfonds de l’âme humaine…

Chimiste de formation, Jean-François Pasques est capitaine de police. Après une quinzaine d’années à Paris, notamment à la Section Criminelle de la 1ère DPJ, il travaille désormais à Nantes en Sécurité Publique. La police satisfait son appétit de curiosité humaine, et Fils de personne met en scène ces personnages hauts en couleurs auxquels il est confronté quotidiennement dans son métier.


Mon avis



« Le fils de personne » de Jean-François Pasques pourrait passer pour une simple histoire de flics avec une enquête classique. Et pourtant, ce roman et bien plus que ça car il m'a flanqué une vraie claque et cela pour diverses raisons.

Déjà, l'intrigue s’avère beaucoup plus complexe que prévue au départ. Elle est multiple et met en scène des situations originales. Ce vieil homme trouvé dans un parc représente dès le début un sujet intrigant pour le commandant Delestran qui arrive sur place. Ce mort l’obsède alors qu'il est déjà sur une affaire de femmes disparues.

Justement ces deux enquêtes mettent en relief des personnages intéressants à suivre. Jean-François Pasques est parvenu à me passionner pour des gens à priori simples mais pas que…
Les morts et les vivants ont autant d'importance pour l'auteur que pour le commandant Delestran. Ainsi les pages respirent le respect dans les interrogatoires et dans la façon dont Delestran voit les personnes qu'il rencontre.
« Le corps de Monsieur Georges fut enveloppé dans une bâche mortuaire d'une blancheur immaculée, munie de poignées sur les côtés, son dernier écrin de dignité. »

lundi 30 janvier 2023

Nous irons mieux demain - Tatiana de Rosnay

 


Editions Robert Laffont 

360 pages


4 ème de couverture


Quand l’amitié devient emprise.
Mère célibataire de vingt-huit ans, ébranlée par le décès récent de son père, Candice Louradour mène une vie sans saveur. Un soir d’hiver pluvieux, à Paris, elle est témoin d’un accident de la circulation. Une femme est renversée et grièvement blessée.
Bouleversée, Candice lui porte assistance, puis se rend à son chevet à l’hôpital. Petit à petit, la jeune ingénieure du son et la convalescente se lient d’amitié.
Jusqu’au jour où Dominique demande à Candice de pénétrer dans son appartement pour y récupérer quelques affaires.
Dès lors, tout va basculer…
Pourquoi Candice a-t-elle envie de fouiller l’intimité d’une existence dont elle ne sait finalement rien ? Et qui est cette Dominique Marquisan, la cinquantaine élégante, si solitaire et énigmatique ?

Nous irons mieux demain retrace le chemin d’une femme fragile vers l’acceptation de soi, vers sa liberté. Il fait aussi écho aux derniers mots d’Émile Zola, le passager clandestin de cette histoire.


Mon avis



« Nous irons mieux demain » de Tatiana de Rosnay est un concentré de qualités littéraires. Il faut bien reconnaître que cette auteure coche toutes les cases pour offrir des romans passionnants. J'ai suis une grande fan et me jette sur chaque sortie de ses livres. Cette fois encore je n'ai pas été déçue.

Son style est parfait alliant l'élégance et la simplicité. Tatiana de Rosnay ne perd pas de temps puisqu'elle entre directement dans le sujet. Une jeune femme de vingt huit ans, Candice Louradour,  assiste à un accident et se surprend à se préoccuper de la victime, une certaine Dominique Marquisan. Celle-ci est blessée, elle a une soixantaine d'années et semble sans attaches. La suite met en relief cette relation naissante. Du début à la fin, j'ai été bousculée par ce qui ressemble à une emprise. Mais l'auteure n'est jamais manichéenne et laisse voir les failles de chacune des deux « amies».

J'ai aussi apprécié la description des lieux de Paris. Tatiana de Rosnay sait très bien planter le décor, elle dépeint l'atmosphère du quotidien de ses personnages. On sent parfaitement l'influence des murs sur les habitants et vice versa.
De plus, on rentre une nouvelle fois comme dans « Célestine du Bac » dans l'univers de Zola. Mais cette fois, la façon d'aborder cet auteur classique est très originale. Tatiana de Rosnay réussit à mélanger astucieusement sa passion pour Zola et pour la magie des lieux. Et sans être un thriller, l'histoire est faite de mystères tenant en haleine jusqu'au bout. Les thèmes abordés sont l'emprise personnelle mais pas que…

vendredi 20 janvier 2023

Fragments - Marilyn Monroe

 


Editions Points

272 pages


4 ème de couverture


Les textes intimes de Marilyn Monroe, écrits entre 1943 et 1962.
Tout un univers intérieur pour découvrir l'autre face de l'icône.



Mon avis



"Fragments" est un recueil de pensées et d'écrits de Marylin Monroe. J'ai trouvé l'idée intéressante et en tant que grande fan de la star, cet ouvrage m'a intriguée. Et comme ce n'est pas une biographie ou des mémoires classiques, j'avais hâte de m'y plonger. Je n'ai pas été déçue.

En effet , la couverture pleine de fraîcheur loin des clichés habituels donne le ton. Ici Norma Jeane Baker se livre quasiment sans fards. De plus la lecture est rendue encore plus agréable car la chronologie est respectée nul besoin donc d'être un spécialiste du cinéma et de la carrière et de la vie de l'actrice pour suivre ces fragments. On y découvre des extraits de poèmes exprimant ses émotions.
" Vie - Je suis tes deux directions Demeurant tant bien que mal suspendue vers le bas le plus souvent mais forte comme une toile d'araignée dans le vent- j'existe davantage avec le givre froid et scintillant. Mais mes rayons perlés ont les couleurs que j'ai vues dans un tableau-ah vie lis t'ont trompée. "
Les illustrations sont bien agencées et judicieusement choisies, elles donnent un kaléidoscope des rencontres jalonnant l'existence de Marilyn. Grande admiratrice de la star, j'ai eu la confirmation de ce que je ressentais déjà pour elle .
J'y ai retrouvé sa sincérité, sa fragilité et sa sensibilité. On comprend qu'elle est loin de la ravissante idiote montrée dans les médias de l'époque.

mercredi 18 janvier 2023

Draugen - Sébastien Bouchery

 

Editions Phénix Noir

540 pages


4 ème de couverture



Katy Larson, romancière à succès, revient à Honey Falls, sa ville natale.

Son retour va faire ressurgir d’anciens cauchemars, notamment la disparition de l’un de ses amis d’enfance, enlevé par Candel Wax.

Ne pouvant résister à la tentation de régler ses comptes avec son passé, Katy Larson décide de retrouver l’homme acquitté au moment des faits et d’en finir avec lui.

Mais son chemin est jalonné de pièges et de dangers, car Candel Wax reste l’assassin machiavélique qu’il a toujours été.

Une curieuse alliance va alors devoir se former et un duel à mort s’engager.



Mon avis



Une ville des États-Unis, une bande d'anciens amis, une disparition… Plutôt classique mais attention ! « Draugen » de Sébastien Bouchery s'avère plus complexe qu'il n'y paraît au tout début. L'histoire est aussi sinistre que la couverture semble le promettre.

Les personnages m'ont apparus aussi abîmés que cette maison en décrépitude. Le passé fait mal en ressurgissant et remue le couteau dans la plaie des protagonistes. La ville Honey Falls secoue Katy Larson, elle n'avait pas remis les pieds depuis 34 ans. Revenir à South Kingstown la fait basculer dans un profond cauchemar. Comment ne pas oublier ce qui a pu se passer dans cette ville ?
Elle va rencontrer une personne faisant partie de sa bande de copains, Cole Balden, devenu le shérif de Honey Falls. Tous les deux sont terrassés par la douleur et la perte d'un ami cher.
Mais ce qui est le plus frustrant dans l'histoire, c'est de voir encore dans cette ville le présumé meurtrier nommé Candel Wax. Que va donc tenter de faire Kate ? Parviendra-t-elle à résoudre cette vieille affaire ? Il faudra compter avec l'aide de la bande de Summer Road.

vendredi 13 janvier 2023

Fantaisie Héroïque - Gilles Vidal

 

Editions La Déviation

132 pages


4 ème de couverture



« Mais un problème de taille se présenta à ce moment-là : je ne reconnaissais plus les alentours, c’était comme si nous avions été transportés dans un autre lieu, plus dense, plus touffu, comme si nous eussions été au cœur d’une sorte de jungle inquiétante émettant toutes sortes de bruits et geignements énigmatiques et effrayants (des bêtes sauvages sans doute, ou pire ?). »

« Donc, comme tout être qui se respecte, je suis singulier, peut-être plus singulier que le commun, sans pour autant que je sache en quoi cette singularité consiste, des idées bien biseautées, de ridicules dénis, des lâchetés grotesques et bien d’autres choses encore. »


Mon avis



Avec « Fantaisie héroïque », Gilles Vidal s'est fait plaisir et on sent qu'il s'est amusé en écrivant ce court mais intense récit. Son style est reconnaissable puisqu'il sait manipuler l'art des grandes phrases sans alourdir la lecture. Il mélange le langage soutenu à un vocabulaire frôlant le trivial. Mais il ne tombe jamais dans la vulgarité et l'élégance domine.
Ses comparaisons insolites sont très parlantes et insufflent du piquant aux réflexions des protagonistes.
« Avais-je déjà oublié Charlène et mes sentiments profonds qui commençaient à se développer envers elle ? Avais-je oublié ce qu'elle m'avait déclaré au creux de mon oreille : J'étais tellement triste avant toi, j'avais l'impression de vivre en Times dans un monde Helvetica ? »
Il se paie même le luxe d'utiliser des mots désuets, ce qui donne un charme étonnant à l'histoire. Quel délice son évocation des vieilles voitures ! Justement, Gilles Vidal s'attache à remonter le temps. Ainsi, son personnage principal déambule sur les routes et des moments clef de sa vie sont évoqués comme cet homme apprenant qu'il hérite d'un oncle, réfléchissant à son passé. 

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