dimanche 17 février 2019

Vé Erre: " Le sifflet"


Editions Goater
208 pages


4 ème de couverture



De l’Université de Rennes aux plages de Dinard…

Regards croisés sur le viol, le harcèlement, les violences conjugales où se mêlent la voix des victimes et celle de leurs agresseurs.
Sept protagonistes prennent tour à tour la parole, donnant chacun son ressenti, sa version des faits. De nombreux sauts dans le temps permettent, au fur et à mesure de la lecture, de faire des liens, d’éclairer certains passages, jusqu’au dénouement final.


Mon avis



Vé Erre dans « Le sifflet »montre plusieurs personnes confrontées à la violence. Un lieu, le café éponyme « Le sifflet » donne une unité au récit. Chacun a connu des moments difficiles et le lecteur va les entendre comme des témoins.

C'est un livre coup de poing qui peut parfois faire penser aux sujets traités par Virginie Despentes. Il est arrivé dans ma lecture d'avoir comme une nausée tant certains cas sont difficilement supportables. L'auteur a fait le choix du « sans filtre » et se débrouille bien dans cette démarche. On peut se demander si les situations sont de la pure fiction ou si elles sont issues d'expériences réelles voire de la vie de Vé Erre en particulier.

" Des gens à la fac ou dans les sorties étudiantes racontaient que « Chaud-chaud » avait coincé une-telle à la fin du cours, qu’il faisait des compliments sur des décolletés, des critiques sur les « boudins » (le terme qu’il emploie, apparemment, c’est pas de moi) qui portaient des vêtements moulants en rageant que ça devrait pas être permis. On m’a raconté qu’il faisait des blagues aux étudiantes qui portaient le voile, du style : « Ben dis-donc vous n’êtes pas encore mariée ? "

vendredi 15 février 2019

Aliocha Nguyen Canto: " L'étrange Chine du docteur Fu Meng Zhou"



Editions Fleur Sauvage
LBS Editions
192 pages



4 ème de couverture



À deux cent dix ans, l’intrigant docteur Fu Meng Zhou a traversé bien des tumultes de l’histoire de Chine. 
Parvenu à se constituer un empire criminel, le voici confronté au tournant politique pris par la nouvelle direction du pays. 
Du cœur du pouvoir à Beijing jusqu’aux frontières du Yunnan où se tissent d’obscurs trafics, il s’efforce de maintenir et cultiver ses commerces.


Mon avis



Aliocha Nguyen Canto offre un roman très original avec « L'étrange Chine du docteur Fu Meng Zhou ». Je n'avais encore jamais rien lu de tel! Beaucoup de thèmes sont abordés et il m'est impossible de résumer ce livre. 

L'écriture fait partie des particularités de cette histoire. La plume est érudite voire précieuse; j'ai pourtant trouvé que trop de mots savants enlèvent du rythme à l'intrigue. On sent bien sûr que le style de Aliocha Nguyen Canto est très travaillé et c'est tout à son honneur. Cet aspect ressort notamment dans les belles descriptions de paysages visités par ce curieux docteur. 

« Fu et Jiang laissèrent derrière eux les reliefs bas des gisements de terres rares afin de gagner la G65 et filer droit vers l'une des villes champignons chinoises les plus septentrionales. Les étendues de pairies sèches et parfois ravinées défilèrent à nouveau. La présence de troupeaux de moutons et de bœufs à l'ossature saillante agrémentait par moments leur monotonie, ainsi que de vastes parcs solaires bâtis au kilomètre par l'industrie nationale. » 

lundi 11 février 2019

Isabelle Villain: " Interview"





J'ai le plaisir de partager avec vous, lecteurs, une interview pour mieux connaitre l'auteure, Isabelle Villain.
Après avoir lu " Mauvais genre " j'ai voulu en savoir un peu plus sur cette auteure.



1. Comment vous définiriez-vous ?

Une solitaire qui aime la fête. Une Parisienne qui se sent épanouie en pleine nature. Une quinqua active et contemplative. Je peux rester des heures à regarder et écouter la mer.


2. Comment vous est venue l’idée d’écrire ?

Depuis l’enfance, mon passe-temps favori était d’inventer des histoires, si possible policières. Puis un jour, mon cerveau étant sur le point d’exploser, j’ai décidé de coucher tout cela sur le papier.

C’est en voyant mon mari et mon fils sortir d’un cours de plongée sous-marine que j’ai eu l’idée de ma première nouvelle policière. Un meurtre à 30 mètres de profondeur !


3. Quels sont vos auteurs préférés ?

Depuis mon adolescence, j’ai toujours adoré les auteurs russes et notamment les grandes sagas de Tolstoï ou bien de Troyat. J’ai eu l’un de mes premiers coups de cœur avec Hemingway et « Pour qui sonne le glas ». Enfin, je lis depuis toujours des romans policiers : Exbrayat, Christie, Leblanc, Simenon, Izzo, Lemaitre, Giebel, Favan pour ne citer que les plus connus.


4. Quel est votre film préféré ?

Je suis une fan absolue de Romy Schneider. Donc cela se jouera entre « Le vieux fusil » et « César et Rosalie ». Le tragique face à la légèreté. On retrouve toujours cette ambivalence qui me poursuit !


5. Dans Mauvais genre, pourquoi avoir mêlé plusieurs intrigues à la fois?

Le réalisme est un élément que j’affectionne dans la lecture d’un roman, et plus particulièrement dans les policiers. Sentir que ce qu’on lit, même si l’histoire se doit d’être romancée bien entendu, peut se produire dans la vraie vie. Cela permet je trouve de renforcer la tension et le suspens. Travailler sur plusieurs investigations, c’est le quotidien des équipes du 36, c’est donc naturellement que j’ai choisi de mixer deux intrigues. C’est aussi un challenge, car il est parfois compliqué de mettre en scène plusieurs enquêtes sans perdre le lecteur en chemin. C’est un exercice littéraire intéressant.


6. Comment avez-vous crée le personnage commandant de Lost?

Lorsque j’ai abandonné les nouvelles policières régionales pour me recentrer sur le 36 quai des Orfèvres, j’ai décidé d’opter pour un héros récurrent, afin de pouvoir le faire évoluer au grès des histoires. Je pense que le lecteur apprécie de retrouver cette équipe au fil des romans, et se demande entre deux histoires ce qui va bien pouvoir arriver. L’attente est accrue (lorsque le roman est bon, évidemment . Pourquoi Rebecca ? Je voulais une femme à la tête du groupe et j’adore ce prénom !


7. Quel est le moment le plus propice pour écrire ?

À partir de 14 heures.

8. Vous avez déjà écrit auparavant deux livres où l'on retrouve Rebecca de Lost. Pensez-vous écrire un one shot par la suite?

Pour le moment, je reste attachée à Rebecca, en tout cas en ce qui concerne mon prochain roman. J’aimerais beaucoup écrire un one shot dans un autre style, mais toujours dans le polar. Peut-être un roman historique.


9. Quelles sont vos passions en dehors de l’écriture ?

Le cinéma, le théâtre, la musique (le rock, le blues, l’opéra, la pop, le classique).Les voyages pour découvrir des contrées lointaines, encore épargnées par la civilisation.


10. Préparez-vous déjà votre prochain roman? 

J’ai terminé la suite de « Mauvais genre ». Je suis dans la phase de relecture qui est, comme chacun sait, la période la moins drôle dans le métier d’écrivain. Il faut garder le moral, se remettre en question, et corriger encore et encore.


11. Libre à vous de conclure cette interview.

Un très grand merci tout d’abord de donner la parole à travers votre site à des auteurs inconnus du grand public. Depuis que je suis un peu plus addict aux réseaux sociaux, je découvre tellement de personnes bourrées de talent qui n’ont aucune visibilité…C’est un plaisir d’écrire, mais c’est évidemment un plaisir d’être lu. Le métier d’écrivain est un métier solitaire, alors pouvoir échanger lors de salons ou de dédicaces avec des lecteurs est vraiment passionnant.


samedi 2 février 2019

Isabelle Villain: " Mauvais genre"




Taurnada Editions
252 pages


4 ème de couverture



Hugo Nicollini est un garçon différent des autres gamins de son âge. Un père brutal. Une maman protectrice. Un soir, il est témoin d'une dispute entre ses parents. Une de plus. Une de trop. Cette fois-ci, sa mère succombera sous la violence des coups.
Vingt-trois ans plus tard, l'équipe du commandant Rebecca de Lost enquête sur la mort d'une jeune femme, sauvagement poignardée dans son appartement. Pas d'effraction. Pas de vol. Pas de traces de défense. L'entourage de la victime est passé au crible, et l'histoire du petit Hugo va refaire surface bien malgré lui.


Mon avis



" Mauvais genre commence par une scène assez violente, à la limite du soutenable. Hugo assiste au lynchage de sa mère. Son père est une personne qui ne faut en aucun cas décevoir. Il faut être un homme et non pas une mauviette mais Hugo préfère être auprès de sa mère. Le foot ça  ne l'intéresse pas par contre préparer des gâteaux le mercredi est un vrai plaisir.

" Hugo se tient devant l'évier de la cuisine, ses grands yeux verts rivés à la fenêtre. Ce petit gamin de de 12 ans, à l'apparence un peu fragile et au regard triste, n'a pas beaucoup d'amis. Dans la cour de récréation, il est la plupart du temps exclu des groupes de garçons, n'étant pas vraiment attiré par le foot, les billes et la castagne. "

Son père est furieux de ne pas voir son fils sur le terrain de foot. Il le fait savoir, s'installe alors les coups violents sur sa propre femme, Coralie.

Vingt-trois ans plus tard, le commandant Rebecca de Lost enquête sur le cadavre d'une femme sauvagement poignardée dans son appartement mais aucune trace d'effraction. Tout porte à croire que la victime connaissait son assassin.

" Le mode opératoire le plus fréquent dans les homicides volontaires devant l'arme à feu. Pas de mari, pas d'enfants. Une vie sans histoire à première vue. On attend les résultats des réquisitions téléphoniques. "

Si deux enquêtes sont abordées dans ce roman, vous allez comprendre de suite que ces dernières vont s'imbriquer. Mais comment et de quelle manière?

mercredi 30 janvier 2019

Pierre Pouchairet: " La cage de l'albatros"




Editions du Palémon
340 pages


4 ème de couverture



Commandant de police, chef de la PJ finistérienne, Léanne est maintenant bien installée à Brest où elle a retrouvé ses amies d’enfance: Élodie, devenue médecin légiste, et Vanessa, psychologue judiciaire. Noreen, jeune flic fraîchement affectée en Bretagne, apporte du sang neuf à cette équipe de quadragénaires.

Alors que la nouvelle recrue participe à l’interpellation houleuse d’une bande de dangereux malfaiteurs, la gendarmerie découvre au pied de la falaise de la Pointe du Van le corps sans vie de son oncle. Chute accidentelle? Meurtre? Aucune hypothèse n’est à écarter.

La jeune femme, aidée de ses amies, est bien décidée à faire la lumière sur cette mort suspecte. Mais la vérité se trouve rarement où on l’attend et sa quête ne sera pas sans risques. Personne n’en sortira indemne...

Après Haines, cette nouvelle enquête de Léanne et son équipe, entre la Pointe du Van et Landévennec, vous plongera dans un suspense à vous glacer le sang...



Mon avis



Que j'ai aimé suivre ce trio infernal composé de Léanne Vallauri, commandant de police et chef de la PJ, Vanessa, psychologue et Elodie, médecin légiste. Une nouvelle recrue dans le service, Noreen Lebel se lie aussitôt d'amitié avec Léanne. Cette équipe policière est soudée et est prête à tout même si le danger rôde! Traitant d'une affaire assez délicate telle que la saisie d'une tonne de cocaïne, Léanne Vallauri met tout en oeuvre pour stopper les malfaiteurs. Mais elle manque de peu d'être tuée. Sauvée par Noreen, elle a pris un sacré risque. En parallèle à la Pointe du Van, le corps d'un joggeur a été retrouvé. Il s'agit de l'oncle de Noreen appelé Jean-Luc Kernivel. Est-ce une chute accidentelle? Aidée d'Erwan, Léanne et son équipe tentent d'élucider la véritable cause du décès.

" Finalement c'est la nature qui l'abandonne en premier, un craquement sinistre, la branche casse. C'est la chute, il heurte d'abord un bloc rocheux, rebondit dessus, il pousse un cri d'effroi. Le dernier."

" La cage de l'albatros" est une enquête sensationnelle et sacrément bien construite. L'action ne cesse de se développer, je sens que l'auteur a pris un plaisir fou à décrire certaines scènes. D'ailleurs il sait de quoi il parle, il était lui même flic et le réalisme et l'authenticité de certains passages dans ce polar se ressentent. Les personnages sont bien campés, c'est des sacrés bouts de femmes qui ne lâchent rien et se donnent à fond sur le terrain.

vendredi 25 janvier 2019

Olivier Merle: " Libre d'aimer"




Xo Editions
464 pages


4 ème de couverture



Juillet 1942.
Elle s’appelle Esther, elle a vingt ans, elle est juive.
Ses parents ont été arrêtés, elle erre dans les rues de Paris, perdue et terrifiée. Alors qu’elle se repose sur un banc, son regard croise celui d’une femme élégante, plus âgée qu’elle, qui fume de longues cigarettes à la terrasse d’un café.

Esther ne le sait pas encore mais sa rencontre prochaine avec Thérèse Dorval, l’épouse d’un homme cynique et violent qui collabore avec les Allemands, va bouleverser sa vie.

Naissance d’un désir irrésistible, en pleine tragédie. Amour interdit de deux femmes emportées par le feu de la passion.

À Dinard, où elles se réfugient, elles devront, sous la pluie des bombes alliées, décider de leur destin : se séparer pour tenter de survivre ou accepter de mourir par amour.

La brûlante passion de deux femmes sous l’Occupation.

Un hymne à la liberté, contre toutes les oppressions.


Mon avis



Esther, juive, âgée d’une vingtaine d’années se retrouve dans la rue car ses parents ont été arrêtés par la police française.

" Esther savait que la police française embarquait des Juifs, mais elle ne savait pas où on les emmenait ni ce qu'ils devenaient. "

Assise sur un banc, elle contemple une femme d’une admirable beauté et d’une élégance à en faire pâlir plus d’un. Elle n’a d’yeux que pour elle. Tous les jours, Esther se rend sur le même banc tentant d’apercevoir et de revoir cette belle femme. Un jour une main vient se poser sur l’épaule d’Esther. C’est la femme de la terrasse de ce café. Elle s’appelle Mme Dorval. Elle prendra sous son aile Esther en tant que femme de ménage afin de l’aider financièrement.

" Il y avait chez cette femme une promesse de bonheur qui lui avait fait oublier un moment l'horreur de sa situation. A présent, elle y pensait comme à une brève apparition divine, qui lui avait réchauffé le cœur, mais qui n'était plus, relançant avec violence son sentiment d'abandon et d'isolement. " 

Une relation qui se fait naturellement même si ces deux femmes sont de classe sociale différente. Cette entente va bien au-delà. Certes Mme Dorval est mariée, mais elle a une certaine attirance pour les femmes et le fait comprendre assez vite à Esther. Naît ainsi un amour interdit entre elles. Mme Dorval, Thérèse, entraîne Esther vers des lieux improbables voire farfelues. La mondaine n’échappe pas à la violence de son mari.

« Libre d’aimer » est un roman où l’histoire se passe sous l’occupation. A cette époque, la sexualité entre deux même sexe était tabou. Comment peut-on donc braver cette interdiction ? Parvient-on à être libre ?

mardi 22 janvier 2019

Caroline Bongrand: " Vous aimer"



Editions Robert Laffont
180 pages

4 ème de couverture



Il lui dit qu'il la trouvait belle. Qu'il avait regardé son corps, qu'il devinait splendide, ses hanches, ses jambes, ses mains, ses pieds, adorables dans ses chaussures ouvertes, la manière qu'elle avait de tenir sa tête, son rire, sa voix, ses poignets, et son visage, et ses yeux, si merveilleux. Il lui dit qu'elle était rare, unique, une femme, une seule. La seule, la plus belle. Superbe.
Elle manqua de se trouver mal.
Elle n'avait pas touché son assiette, lui non plus. Ils se forcèrent à manger un peu, tout de même, dans le silence.
À la fin du déjeuner elle étendit son bras, et, du dos de sa main, effleura le dos de sa main à lui. Juste un instant. Ils ne pouvaient pas ne pas avoir au moins vécu cela. "

Un homme et une femme se rencontrent lors d'un déjeuner professionnel. Objet des critiques continuelles d'un mari insatisfait, la femme se voit belle dans les yeux de cet homme subjugué par elle et qu'elle adore déjà.
Pour préserver, croient-ils, leurs familles respectives, ils établissent un pacte : ils ne feront jamais, jamais l'amour. Seulement, la retenue a l'effet inverse de celui escompté.


Mon avis



" Vous aimer" est un roman où la passion d'une femme renaît après un rendez-vous professionnel. Âgée d'une quarantaine d'années, elle oubliait d'être coquette; entre le train train habituel et les routines, normal que l'on  n'a guère le temps de s'occuper de soi. Le regard de son mari s'est éteint sur elle. Il est toujours en train de la rabaisser et ses humeurs commencent à la fatiguer. Il lui dit tout le temps qu'elle ne fait plus d'effort pour se sentir jolie. La passion d'autrefois et l'amour sensuel n'existent plus. 

" Il faut une vie pour s'aimer. Se pardonner ce qu'on n'est pas, apprivoiser ses défauts, comprendre enfin qu'ils n'en sont pas, être tendre avec soi. "

C'est lors de ce rendez-vous professionnel que la vie de cette femme va basculer. Le regard d'un autre homme change la donne. Il la trouve jolie. Une certaine sensualité et de la compassion se ressentent.

" Qu'un homme la déshabille ainsi de la tête aux pieds- et surtout, de dos- l'avait fait sourire. Elle était  donc  peut-être encore, et contre toute attente, quelque chose comme une belle femme. " 

lundi 21 janvier 2019

Sonja Delzongle: " Boréal"




Editions Denoël
448 pages


4 ème de couverture



Janvier 2017, au Groenland. Là, dans le sol gelé, un œil énorme, globuleux, fixe le ciel. On peut y lire une peur intense. C’est ainsi que huit scientifiques partis en mission de reconnaissance découvrent avec stupeur un bœuf musqué pris dans la glace. Puis un autre, et encore un autre. Autour d’eux, aussi loin que portent leurs lampes frontales, des centaines de cadavres sont prisonniers du permafrost devenu un immense cimetière. 
Pour comprendre l’origine de cette hécatombe, le chef de la mission fait appel à Luv Svendsen, spécialiste de ces phénomènes. Empêtrée dans une vie privée compliquée, et assez soulagée de pouvoir s’immerger dans le travail, Luv s'envole vers le Groenland. Ils sont maintenant neuf hommes et femmes, isolés dans la nuit polaire. 
Le lendemain a lieu la première disparition.


L'avis de Yannick Dubart



Je vous propose de découvrir l'avis d'une auteure du Nord, Yannick Dubart sur le roman de Sonja Delzongle " Boréal". 

Sonja Delzongle dans « Boréal » instaure un climat soufflant le chaud et le froid virtuellement et concrètement. Ainsi dès les premiers paragraphes, on frissonne d'angoisse et de plaisir livresque. Luv est une spécialiste des mystères liés à la planète. Sa vie de mère joue un rôle prépondérant dans ses choix de carrière. Un ami à elle va faire appel à ses services afin d'éclairer une situation dans une station située au milieu de l’inlandsis, au Groenland. Aura-t-elle suffisamment de force pour faire face à tous les enjeux qui vont jalonner son engagement ?

« Autour de Luv, le silence, dont fait partie le frémissement de l'océan. Elle peut presque entendre le sans couler dans ses veines. La respiration rapide et régulière de Joy fait doucement crépiter le babyphone. Accoudée à la rambarde en acier comme au bastingage d'un navire, la biologiste regarde le soleil décliner dans une brume violacée. À ses pieds, le vide et la masse sombre mouvante. Au-dessus de sa tête, l'espace du ciel qui s'ouvre sur l'univers infini... »

Les considérations écologiques sont d'emblée évidentes. L'auteure s'est bien documentée, permettant de donner de l'épaisseur à l'intrigue elle-même. N'ayant jamais lu Sonja Delzongle auparavant, j'ai donc pris connaissance de sa maîtrise de sujets réels mis au service d'une histoire originale. C'est justement ce que j'attends d'un roman réussi. Apprendre en prenant son pied, c'est mon but de lectrice assoiffée !

La plume est magnifique sans être pesante. Tout est bien dosé afin de suivre une aventure palpitante et une expérience humaine. L'équilibre est une des grandes qualités de « Boréal ». Ainsi, mon attention n'a pas faibli du début jusqu'à la fin.

Les décors sont à l'image de l'histoire. Le blanc fait ressortir la noirceur de la rapacité humaine face à la planète. Les personnages y sont capables de tout. Et heureusement parfois du meilleur. Luv, l'héroïne très particulière de ce livre connaît bien les méfaits des hommes sur l'environnement. Elle est consciente des dangers qu'encoure la Terre. C'est une femme et une mère. Le récit prend également en compte cet aspect : la maternité et ses écueils. On pourrait faire le parallèle entre la Terre et cette notion de maternité, mais peut-être vais-je trop loin dans l’interprétation du texte...

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