lundi 21 janvier 2019

Sonja Delzongle: " Boréal"




Editions Denoël
448 pages


4 ème de couverture



Janvier 2017, au Groenland. Là, dans le sol gelé, un œil énorme, globuleux, fixe le ciel. On peut y lire une peur intense. C’est ainsi que huit scientifiques partis en mission de reconnaissance découvrent avec stupeur un bœuf musqué pris dans la glace. Puis un autre, et encore un autre. Autour d’eux, aussi loin que portent leurs lampes frontales, des centaines de cadavres sont prisonniers du permafrost devenu un immense cimetière. 
Pour comprendre l’origine de cette hécatombe, le chef de la mission fait appel à Luv Svendsen, spécialiste de ces phénomènes. Empêtrée dans une vie privée compliquée, et assez soulagée de pouvoir s’immerger dans le travail, Luv s'envole vers le Groenland. Ils sont maintenant neuf hommes et femmes, isolés dans la nuit polaire. 
Le lendemain a lieu la première disparition.


L'avis de Yannick Dubart



Je vous propose de découvrir l'avis d'une auteure du Nord, Yannick Dubart sur le roman de Sonja Delzongle " Boréal". 

Sonja Delzongle dans « Boréal » instaure un climat soufflant le chaud et le froid virtuellement et concrètement. Ainsi dès les premiers paragraphes, on frissonne d'angoisse et de plaisir livresque. Luv est une spécialiste des mystères liés à la planète. Sa vie de mère joue un rôle prépondérant dans ses choix de carrière. Un ami à elle va faire appel à ses services afin d'éclairer une situation dans une station située au milieu de l’inlandsis, au Groenland. Aura-t-elle suffisamment de force pour faire face à tous les enjeux qui vont jalonner son engagement ?

« Autour de Luv, le silence, dont fait partie le frémissement de l'océan. Elle peut presque entendre le sans couler dans ses veines. La respiration rapide et régulière de Joy fait doucement crépiter le babyphone. Accoudée à la rambarde en acier comme au bastingage d'un navire, la biologiste regarde le soleil décliner dans une brume violacée. À ses pieds, le vide et la masse sombre mouvante. Au-dessus de sa tête, l'espace du ciel qui s'ouvre sur l'univers infini... »

Les considérations écologiques sont d'emblée évidentes. L'auteure s'est bien documentée, permettant de donner de l'épaisseur à l'intrigue elle-même. N'ayant jamais lu Sonja Delzongle auparavant, j'ai donc pris connaissance de sa maîtrise de sujets réels mis au service d'une histoire originale. C'est justement ce que j'attends d'un roman réussi. Apprendre en prenant son pied, c'est mon but de lectrice assoiffée !

La plume est magnifique sans être pesante. Tout est bien dosé afin de suivre une aventure palpitante et une expérience humaine. L'équilibre est une des grandes qualités de « Boréal ». Ainsi, mon attention n'a pas faibli du début jusqu'à la fin.

Les décors sont à l'image de l'histoire. Le blanc fait ressortir la noirceur de la rapacité humaine face à la planète. Les personnages y sont capables de tout. Et heureusement parfois du meilleur. Luv, l'héroïne très particulière de ce livre connaît bien les méfaits des hommes sur l'environnement. Elle est consciente des dangers qu'encoure la Terre. C'est une femme et une mère. Le récit prend également en compte cet aspect : la maternité et ses écueils. On pourrait faire le parallèle entre la Terre et cette notion de maternité, mais peut-être vais-je trop loin dans l’interprétation du texte...

Les grands espaces, bizarrement, confère à l'enfermement. Le noir de la nuit polaire exacerbe les émotions. Le confinement aseptisé de la station des scientifiques est faussement sécurisant. L'auteure parvient à faire comprendre que la langue de glace est certes un espace de liberté mais aussi qu'elle peut rendre fou. Le vide boréal accentue l'angoisse des personnages. Est-on capable de survivre aux épreuves imposées par la nature ? Mais survivre est-il une chance, finalement ? Cela vaut-il la peine de se battre dans certaines circonstances ?

« Pendant ce temps, le traîneau de Sangilak trace sa route sans mollir dans la nuit persistante du cercle polaire, sans que rien n'attire l'attention des deux hommes au point de dévier de la piste et de s'arrêter. Les vies semblent si petites, si insignifiantes, dans la gueule noire de l'inlandsis. »

J'ai appris beaucoup sur le milieu de l'inlandsis. Je n'imaginais pas à quelle point son histoire et son environnement pouvait être aussi riche. Il est vrai que Sonja Delzongle est une romancière qui met en avant les territoires en sachant s'effacer devant leurs mystères.

En refermant « Boréal », j'ai fait la connaissance d'un écrivain que je ne vais pas lâcher de sitôt. Je vais ainsi dévorer ses autres livres au plus vite. Je vais me faire un plaisir de combler mes lacunes !

J’espère vivement la rencontrer à nouveau dans d'autres salons afin de discuter de ses écrits.


L'auteure


Née en 1967 d’un père français et d’une mère serbe, Sonja Delzongle a grandi entre Dijon et la Serbie. Après un DEUG en Langues et Lettres Modernes, elle s’attaque au concours de l’École des Beaux-Arts de Dijon et obtient un diplôme au bout de six ans. Elle peint et expose durant une quinzaine d’années, puis devient journaliste en presse écrite à Lyon… 
Après l’écriture d’une nouvelle devenue depuis un roman court, La Journée d’un Sniper, elle publie un premier thriller À titre posthume, puis Le Hameau des Purs, en 2011. 
La lecture d’ouvrages sur les serials killers combinée avec sa passion pour le continent africain, également visible sur ses toiles, l’incite à s’engager dans l’écriture de son roman Dust qui paraît en 2015 chez Denoël. L’ouvrage connait un succès éditorial et public. En 2016, paraît Quand la neige danse, toujours chez Denoël, qui met également en scène la profileuse Hanah Baxter et dont l’action se passe non plus au Kenya mais dans le froid nord-américain. Récidive paru en 2017 nous offre une troisième enquête… 
Sonja Delzongle vit toujours à Lyon.


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