dimanche 17 février 2019

Vé Erre: " Le sifflet"


Editions Goater
208 pages


4 ème de couverture



De l’Université de Rennes aux plages de Dinard…

Regards croisés sur le viol, le harcèlement, les violences conjugales où se mêlent la voix des victimes et celle de leurs agresseurs.
Sept protagonistes prennent tour à tour la parole, donnant chacun son ressenti, sa version des faits. De nombreux sauts dans le temps permettent, au fur et à mesure de la lecture, de faire des liens, d’éclairer certains passages, jusqu’au dénouement final.


Mon avis



Vé Erre dans « Le sifflet »montre plusieurs personnes confrontées à la violence. Un lieu, le café éponyme « Le sifflet » donne une unité au récit. Chacun a connu des moments difficiles et le lecteur va les entendre comme des témoins.

C'est un livre coup de poing qui peut parfois faire penser aux sujets traités par Virginie Despentes. Il est arrivé dans ma lecture d'avoir comme une nausée tant certains cas sont difficilement supportables. L'auteur a fait le choix du « sans filtre » et se débrouille bien dans cette démarche. On peut se demander si les situations sont de la pure fiction ou si elles sont issues d'expériences réelles voire de la vie de Vé Erre en particulier.

" Des gens à la fac ou dans les sorties étudiantes racontaient que « Chaud-chaud » avait coincé une-telle à la fin du cours, qu’il faisait des compliments sur des décolletés, des critiques sur les « boudins » (le terme qu’il emploie, apparemment, c’est pas de moi) qui portaient des vêtements moulants en rageant que ça devrait pas être permis. On m’a raconté qu’il faisait des blagues aux étudiantes qui portaient le voile, du style : « Ben dis-donc vous n’êtes pas encore mariée ? "

Je ne suis donc pas restée insensible au thème abordé. La violence est malheureusement d'actualité au quotidien, dans les médias. Le mérite du l'auteur est de montrer que les agressions sont multiples et peuvent se nicher partout, et peu importe le milieu social. Nul n'est à l’abri. De plus on sent bien à la lecture que l'imagination dans ce domaine est illimitée.

" Bon, allez, ferme les yeux, c’est un mauvais moment à passer c’est tout, sucer son prof c’est pas la mort non plus. J’ai la tête qui tourne, il halète, ça gonfle, ça va sortir… manquerait plus que ça… Je fais un effort pour dégager ma tête.-Ça va pas non, finis le travail merde !
-Connard ! Et tu crois que je vais avaler en plus ?! » "

Les personnages se font écho au fil des pages ; ce procédé insuffle un style original à l'ensemble du roman.

Je pense que l'on ne sort pas indemne de cette lecture. Certes, c'est parfois trop concentré dans les quelques 200 pages et cela risque de paraître étouffant pour certains. Mais il faut tenter l’expérience et ne pas hésiter à ouvrir les portes du « Sifflet » afin d'écouter les souffrances d'une humanité en déliquescence.


L'auteur

Vé Erre est le pseudonyme d’un jeune romancier.
Jeune chercheur, il passe actuellement plusieurs concours pour enseigner.
Son premier roman est un roman coup de poing, au caractère sombre et rebelle. Son écriture va à l’essentiel.
Il publie également un essai sur la question Trans, Trans-percer les clichés aux éditions Goater en décembre 2018.

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