mercredi 18 janvier 2017

Armelle Carbonel: " Majestic Murder"


Editions Fleur Sauvage
232 pages


4 ème de couverture




Une écorchée vive qui rêve de brûler les planches.

Un squat à fuir, un homme secret et tourmenté.

Et une audition menée par une troupe étrange dans un théâtre abandonné...

Le Majestic.

Serez-vous prêts pour la première ?


Mon avis




Quand on évoque Armelle Carbonel, on ne peut s'empêcher de se remémorer le succès de son premier roman " Criminal Loft".

Bien sûr dans " Majestic Murder", le livre que je veux vous présenter, l'intrigue et le style sont totalement différents; j'ai redécouvert un tout autre talent bien distinctif de cette auteure : elle est diablement experte dans l'art de laisser mijoter des cinglés dans un huis clos étouffant! Ici, la télé réalité laisse la place au théâtre le Majestic. Le rouge de ses tentures se reflètent au fil des pages et sur l’âme des protagonistes. Mais d’autres teintes plus nauséabondes taquinent le lecteur pour que les cœurs de ces derniers  battent la chamade.

« Elle secoua la main pour s’en débarrasser. Le diptère voltigea. Ses ailes membraneuses s’agitèrent, attirées par une substance graisseuse formant un cercle sur le sol en béton, noirci de brûlures de cigarettes.
L’insecte appartenait au décor.
Tout comme la crasse.
Tout comme elle. »


Des loups en cages, en effet, qui envoient des répliques sanglantes aux travers de leurs crocs acérés. Armelle Carbonel a le sens des formules qui claquent et qui peuvent faire mal!
Son style se ressent au détour des pages. Elle parvient à nous faire trembler et à nous envahir de scènes glauques tout en gardant sa classe déjà repérée dans son précédent opus.

« Elle n’avait pas tout à fait tort. Sa réaction disproportionnée augurait une jolie camisole assortie à une pièce doublement capitonnée. Certains lieux exerçaient un pouvoir étrange dès lors qu’on en franchissait le seuil. Peut-être bien que le théâtre lui avait volé son âme, après tout… »

Comme il y a des films d'atmosphère, il y a des romans d'atmosphère : "Majestic Murder" en fait partie. Ainsi même s'il n'y avait pas d'intrigue, les mots pourraient défiler tout en laissant une impression d'ambiance. Comme David Lynch, cette romancière sait manier les décors et les sens. On a parfois l'impression de se promener dans les coulisses de "Mulholland Drive". J’ai aussi pensé à un film avec Romy Schneider, «L’important, c’est d’aimer » dans lequel elle interprétait une actrice. Effectivement ce roman interroge également le lecteur sur le jeu des comédiens.

" Majestic Murder" est bâti avec intelligence. Et chose pas toujours évidente à trouver, la culture y est très présente. Ainsi l'ensemble est cohérent grâce aux références culturelles pertinentes. D'ailleurs comme toute littérature qui se respecte, les références sont nombreuses, elles font réfléchir. Les lecteurs pourront poursuivre l'état de disgrâce des personnages en surfant sur internet. Ils verront les sous-entendus d'Armelle Carbonel se concrétiser.

Les amateurs des scènes troubles du précédent roman ne seront pas déçus, car cette fois encore, la nécromancière s'est surpassée afin de nous plonger dans un monde glauque. Et pour reprendre un tic de langage de l’héroïne principale: soyez les bienvenus au royaume du faux et des dévastés !!

" Majestic Murder" décrit un univers bien particulier où le lecteur rencontre des personnages abîmés par la vie. Le Majestic a une âme shakespearienne! Avis aux amateurs car le coup de théâtre en vaut la peine! 





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