mercredi 5 février 2020

Roy Braverman : " Freeman"




Editions Hugo Thriller
520 pages


4 ème de couverture



Patterson, Louisiane.
Deux millions de dollars disparaissent. Envolés pendant un ouragan d’une rare violence. Volés au boss de la mafia locale. Drôle de casse !
Un autre million et demi tombe du ciel, pendant le même ouragan, livré à Freeman par un chasseur de primes. Drôle d’héritage ! Le reste est moins drôle. Une double traque commence. Elle va faire se croiser et s’affronter un « parrain » amateur de cocktails, un explosif tandem de flics que tout oppose, plus torturés par des quêtes personnelles que par leur enquête et le respect des procédures, une serveuse beaucoup trop éprise de l’un des deux pour en sortir indemne, un FBI plus FBI que jamais, Freeman et sa fille Louise, rescapés de la vie, et Mardiros, l’obstiné collecteur de dettes arménien. Plus tout ce que La Nouvelle-Orléans compte de faune interlope, d’indics tordus, de paumés de la vie et de décérébrés du bayou. Sans oublier, bien entendu, saint Jude et saint Expédit.
C’est fort et violent comme un ouragan, mais aussi, grâce à la plume inspirée de Roy Braverman, chaud et sensuel comme la Louisiane, sombre et envoûtant comme le bayou, rythmé et joyeux comme un air de zydeco, gourmand et épicé comme la cuisine cajun, obsédant comme le parfum des fleurs de lys et des belles-de-nuit, et bien sûr terrifiant, par l’omniprésence invisible des alligators aux yeux jaunes et à la voracité sans pitié...



Mon avis



Après « Hunter » et « Crow », Roy Braverman propose dans « Freeman », une histoire qui relie des personnages disparates mais ayant un lien particulier. Ce n'est pas une suite, c'est beaucoup plus, un concept à la sauce cajun pour ce troisième opus.

Dès les premières pages, on suffoque sous le ciel sombre et la tourmente du climat de la Nouvelle-Orléans. L'auteur met directement les lecteurs au diapason d'une météo destructrice, on sent qu'on entre dans une histoire apocalyptique. Et tout au long du roman, il ne cesse de mettre en parallèle les travers et la violence des hommes et de la nature. Mais il sait aussi en montrer la beauté et le charme. Les odeurs tapissent le récit pour mieux planter l'ambiance. À plusieurs reprises, le terme « fracas » surnage au milieu du bayou et parmi les hommes.

La musique et les rythmes de la Louisiane sont omniprésents. S'y mêle le goût de l'alcool et de la fête. Débauches et enchantement se déchaînent du début à la fin de cette histoire hautement attachante. De la sensualité donc qui tranche à vif sur le crime. Un cocktail délirant qui vaut bien ceux concoctés tout au long de « Freeman ». Ainsi le tout est à consommer sans modération !

J'ai appris beaucoup sur la Nouvelle-Orléans. J'étais déjà fascinée par cette ville mais maintenant je suis complètement accro. Je meure d'envie de découvrir ces lieux colorés.

« Et les oiseaux en profitent : jaune paruline orangée, en fait jaune vif comme un poussin, vacher à tête brune, passerin indigo, piranga écarlate. Sous un ciel bleu de cyan... »

On est tenté d'en connaître encore davantage sur les traditions de la région. Pourtant, ce livre n'a rien d’une virée touristique. On y croise le sud profond et Roy Braverman nous met en garde contre un folklore pré-fabriqué. Il insiste à juste titre sur les dégâts encore présents laissés par Katrina qu'il compare à « une armée en marche très féroce ». Il montre aussi ses effets sur la société avec la misère dispersée ça et là tout en offrant une intrigue policière de grande qualité. Au milieu de la décrépitude, des moments plus intimistes sont de toute beauté.

Laurine Lavieille : " L'odeur de l'animal traqué"




Editions Geste noir
344 pages


4 ème de couverture



Suite au succès de Total KO, Laurine Lavieille signe son deuxième ouvrage.

Le Lieutenant Marika Farkas revient pour résoudre une enquête entre Bordeaux et Limoges. À Bordeaux, un homme est mystérieusement assassiné à son domicile. De son côté, à Limoges, la lieutenant Marika Farkas essaie de poursuivre sa vie avec sa fille Lisa malgré les problèmes du quotidien. Mais la dégradation d’une des façades du musée de Rochechouart portant une peinture étrangement semblable à celle d’une affaire à Bordeaux la mènera sur une enquête beaucoup plus compliquée qu’elle ne l’aurait pensé.



Mon avis


Après " Total K.O. " , on suit de nouveau les aventures de Marika. Elle est mêlée à une affaire complexe intitulée " l'affaire des mains rouges ".
Toujours hantée par ses démons, eh oui, le passé revient toujours au galop ! Le décès de son mari et de son agression il y a deux ans affectent encore Marika mais aussi sa fille, Lisa.

" J'organise toute ma vie autour de ma fille, et pourtant tout me ramène systématiquement à l'explosion de notre cellule familiale et à la disparition de son père. Lise tente de se reconstruire dans ce déséquilibre et, forcément, elle souffre. "

Entre Limoges et Bordeaux, l'héroïne devra enquêter sur un dossier où l'art est omniprésent en particulier les références d'une artiste Louise Bourgeois. Les lieux et l'ambiance se dégageant au fil des pages m'ont beaucoup plue. Cela donne envie de visiter les endroits cités. D'ailleurs c'est le point fort de cette maison d'édition, faire découvrir quelques régions ! Mais revenons à notre histoire !

Des crimes sont commis dans un château à Rochechouart et Bordeaux. De drôles de peintures sur les murs se retrouvent ainsi non loin des corps. Que signifie ces dessins ?

vendredi 31 janvier 2020

Morgane Montoriol : " Taches rousses"



Editions Albin Michel
368 pages


4 ème de couverture



Leah Westbrook a disparu un après-midi de septembre, dans une petite ville de l’Oklahoma. Elle avait quatorze ans. Son corps n’a jamais été retrouvé. Depuis, sa sœur, Beck, a quitté la ville pour s’installer à Los Angeles. Elle vit par procuration le rêve de Leah, en tentant une carrière de comédienne. Sans aucun entrain. Contrairement à sa soeur, dont la peau était parfaitement unie, le visage de Beck est couvert de taches de rousseur. Des taches qu’elle abhorre et qui lui rappellent l’extrême violence de son père. Bientôt, des corps atrocement mutilés sont retrouvés dans le quartier d’Hollywood où elle a vécu. L’oeuvre d’un tueur en série que la police peine à attraper. Peut-être cet homme aux yeux terribles, qui suit Beck partout...
Avec ce roman cru et fiévreux, Morgane Montoriol s’impose comme une voix singulière.



Mon avis



« Taches rousses » est le premier roman de Morgane Montoriol. Attention les taches de rousseur ne riment pas ici avec douceur ! Bien au contraire. La mort fait partie intégrale de ce roman.

Beck a perdu sa sœur et en garde insidieusement les marques dès le début de sa vie d'adulte. Elle vit d'ailleurs depuis longtemps dans un environnement trouble voire violent. L'analyse de cette vie borderline est très fine et représente pour moi la qualité première de ce thriller. Même sa relation avec Wes est particulièrement glauque. Chacun pourrait sauver l'autre mais Morgane Montoriol ne les laisse pas tranquilles. Elle torture ses protagonistes pour parvenir à un tableau d'une grande débauche.

L'ambiance est emplie de violence. L'auteure est ironique et a un regard critique sur une certaine société. Bien sûr cette vision n'engage qu'elle et peut être le sujet de controverses. Mais il est toujours intéressant qu'une auteure prenne position sur des sujets actuels.

Son regard est efficace lorsqu'elle aborde l'univers du sexe et de la perversion. Le style colle très bien avec ce contexte : mots durs et crus, images torrides et malsaines. C'est un peu pour cette raison que j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire.
La structure du récit oblige en effet beaucoup d'attention. Pourtant en allant plus loin, j'ai trouvé des qualités à ce roman. Outre les personnages forts, j'ai apprécié la description des paysages et de la vie des États-Unis. J'ai senti que Morgane Montoriol avait des qualités pour nouer une intrigue même si la fin m'a semblé vite arrivée. Il est dommage de ne pas approfondir un peu plus certains faits. J'en ressors mitigée ; pourquoi n'avez-vous pas pris le temps de peaufiner cette fin !

Les amateurs de scènes sanglantes et des dialogues cash vont y trouver leur compte. Morgane Montoriol n'a pas encore montré toutes ses capacités littéraires. J'espère que son prochain sera plus à la hauteur !

L'auteure





Morgane Montoriol est née en 1987 à Paris.
Après avoir vécu une quinzaine d’années aux États-Unis, elle partage aujourd’hui son temps entre Paris et le sud des États-Unis.

"Taches rousses" est son premier roman.


vendredi 24 janvier 2020

Véronique Missiaen : " Land's End"



Editions Chloé des Lys
296 pages


4 ème de couverture



Photographe professionnelle reconnue, Julie tente depuis des années de se réaliser dans tous les domaines de sa vie, malgré un traumatisme d’enfance qui la hante. Elle décide de tout quitter du jour au lendemain pour partir s’installer dans un endroit des plus reculés d’Angleterre : Land’s End. Cette aventure lui réservera bien des surprises...

Une histoire de “burn-out”, de changement de vie radical, sur fond de spiritualité, de questionnement personnel, de voyage, de nature.


Mon avis



Véronique Missiaen nous offre son premier roman « Land's End », une histoire d'amour et d'introspection. Ce titre fait voyager Julie, une photographe quadra dans la campagne anglaise. Cette héroïne un peu particulière prend son temps afin de mieux se connaître au fil des pages. 

Le personnage de Julie est assez complexe. Elle n'a pas conscience de ses qualités. Elle se cherche après une liaison tumultueuse. Elle est une adepte du New Age et à cet égard, je n'ai pas eu de réelle empathie avec ses peines. En effet, je suis totalement à l'opposé de ce qu'elle représente. Néanmoins, je l'ai suivie en apprenant certaines notions sur le développement personnel. Véronique Missiaen m'a fait découvrir des paysages inconnus de moi ainsi qu'une littérature toute nouvelle en rapport avec la méditation. 

Ce livre se rapproche un peu du roman initiatique. Julie y relate les points négatifs et positifs de la solitude. Elle est tiraillée entre ses peurs et son désir d'aller mieux. Elle pratique l'introspection et évoque des méthodes thérapeutiques non conventionnelles. Encore une fois, ceci est très éloigné de moi et de mes lectures habituelles. Je suis donc incapable de prendre du recul face à certains passages. Je dois pourtant dire que l'auteure semble en savoir beaucoup et parvient à exposer sans fanatisme ces thématiques. Un des attraits de ce roman est de les faire découvrir aux non-initiés comme moi. 

De même, elle fait entrevoir des sites touristiques d’Angleterre et du Maroc avec sensualité. Les lieux sont très importants pour Julie qui les photographie avec délectation. L'inspiration artistique est ainsi abordée par petites touches assez habilement. La couverture reflète bien le calme et les caractéristiques de Land's End, décor d'une partie du roman. J'ai lu quelques belles descriptions de la nature, du monde animal et de la forêt ; les arbres y sont d'ailleurs mis à l'honneur. 

mercredi 22 janvier 2020

Chrystel Duchamp : " L'art du meurtre"



Editions Archipel
262 pages


4 ème de couverture



Le corps de Franck Tardy, avocat à la retraite, est retrouvé dans son luxueux appartement du XVIe arrondissement. Il a été torturé, mutilé, puis assis à une table dressée pour un banquet. Un crime de toute beauté !

Dépêchée sur place, l’équipe de la PJ découvre que l’homme – un collectionneur – fréquentait les clubs sadomasochistes de la capitale. Et que, malgré sa fortune, il était à court de liquidités.

Quand le corps d’un autre amateur d’art – dont la mort a été soigneusement mise en scène – est retrouvé, le doute n’est pas permis : un tueur en série est à l’œuvre.

Pour le lieutenant Audrey Durand, cette enquête dans le monde de l’art contemporain sera-t-elle l’occasion de faire taire ses démons, ou se transformera-t-elle en une plongée hypnotique aux confins de la folie ?



Mon avis



Quel thriller original ! Pour un premier roman suspense, Chrystel Duchamp se munie de pinceaux endiablés. L'écriture est percutante et laisse place à une ambiance où l'art contemporain sème la folie au fil des pages. Je ne connais absolument rien sur l'art mais j'ai appris quelques notions sur le sujet suite à la lecture de " L'art du meurtre".
Au delà de ce thème, ce thriller est assez fascinant. Dès le début, la police judiciaire découvre le corps meurtri de Franck Tardy. Sa mort est représentée comme une oeuvre d'art.

" Nous pensons que le coupable met en scène les meurtres en s'inspirant d’œuvres d'art ou, plus exactement, de courants artistiques. " 

Patricia, la chef, Audrey Durand et le médecin légiste vont devoir élucider cette affaire complexe. Ils vont côtoyer des lieux tels que le SM, le club " La Douleur des Autres" mais aussi arpenter l'univers du monde artistique trash et glauque.

samedi 18 janvier 2020

Rachel Caine: " L'ombre de la menace"




Editions Archipel
366 pages



4 ème de couverture



L'un des thrillers les plus commentés sur les réseaux sociaux américains.

La vie sans histoire de Gina vole en éclats lorsque la police découvre un corps sans vie pendu dans le garage familial.

Le mari de Gina est condamné à mort. Elle est acquittée. Mais l’opinion publique reste persuadée qu’elle était complice de son mari, du moins qu’elle couvrait sa folie meurtrière.

Victime de harcèlement, elle décide de fuir avec ses enfants. Mais, où qu’elle aille, quelqu’un dans l’ombre l’épie, l’obligeant sans cesse à changer identité de vie.

Quatre ans ont passé. Gina vit à Stillhouse Lake, où elle commence enfin à baisser la garde. Jusqu’à ce qu’un cadavre de femme soit repêché du lac…

Traduit dans seize pays, n°1 sur la liste des meilleures ventes de USA Today, ce thriller a été finaliste du Goodreads Choice Award et de l’International Thriller Writers Award.


Mon avis


La vie de Gina est un courant d'air. Toujours sur le qui vive, elle ne cesse de protéger ses deux enfants depuis un incident. Avant elle habitait le Kansas et avait une vie normale avec son mari. Mais depuis qu'une voiture a percuté le garage familial, son existence prend alors un virage angoissant.

" Gina ne posait jamais de questions au sujet du garage. Cette pensée la tiendrait éveillée des années durant en lui brûlant les paupières. J’aurais dû l’interroger. J’aurais dû savoir. "

Son mari, Melvin, n'est pas qu'un époux exemplaire, c'est un tueur en série. La police a retrouvé un corps de femme suspendu dans le garage où la voiture s'est écrasée de plein fouet. De ce fait, Gina est soupçonnée de complicité. Après l'enquête policière, elle sera acquittée.

" Mon implication supposée reposait uniquement sur le témoignage d’une voisine vindicative désireuse que l’on parle d’elle. Elle prétendait m’avoir vue aider Melvin à transporter le corps de l’une de ses victimes jusqu’au garage, un soir. C’est faux. Jamais, je n’en aurais été capable. Jamais, je n’ai rien soupçonné, mais il m’est insupportable de constater que personne, je dis bien personne, n’est disposé à le croire. "

mercredi 8 janvier 2020

Ivan Zinberg : " Matière noire"



Cosmopolis Editions
462 pages


4 ème de couverture



Un thriller au réalisme captivant : Matière Noire est une bombe qui n'explose qu'à l'intérieur de votre organisme

Juillet 2017.
Une région. Deux disparitions.
Après une nuit en discothèque, la jeune Inès Ouari ne donne plus signe de vie.
Marion Testud, elle, n'est jamais rentrée de son jogging matinal.
Sur leurs traces, deux enquêteurs aux profils atypiques : Karim Bekkouche, chef de la BAC de Saint-Étienne, flirte avec les limites et prend tous les risques pour retrouver Inès. Jacques Canovas, journaliste parisien et ex-flic des Renseignements généraux, couvre la disparition de la joggeuse.
Tous deux ont des raisons personnelles de parvenir à leurs fins.

D'un bout à l'autre du pays, les pistes se croisent tandis que de vieux meurtres énigmatiques refont surface. Deux hommes confrontés, lancés dans une course contre la mort à pleine vitesse dans les abysses de la terreur panique.



Mon avis

     

Avec « Matière noire », Ivan Zinberg nous fait entrer dans une intrigue des plus étonnantes. Le récit est mené de main de maître par un auteur qui est lui-même policier. On comprend mieux le souci du détail dans une enquête.

Les personnages sont attachants mais très différents. Chacun cherche la vérité à sa façon. Ils sont à fond dans leur quête et prêts à prendre des risques pour leur carrière.

" L'autre similitude était leur amour du métier. Lui n'exerçait plus, mais son âme demeurait celle d'un policier. Il ressentait une abnégation similaire chez Bek. Tous deux appréhendaient le côté sombre de l'être humain : lui en couvrant des faits divers, Karim en travaillant comme flic. Ils affrontaient les mêmes horreurs, palpaient et façonnaient la même matière noire, nourrie de violence et de sang. "

En ce qui concerne le tueur, l'auteur le fait vivre originalement. Il diffère de ces criminels croisés dans d'autres polars. Il est effrayant à sa manière : il m'a intriguée du début à la fin.

" La folie l’avait quitté. A présent, il se maîtrisait. Avant de regagner l’habitacle, il regarda autour de lui. Pas un bruit. Peu de lumière.

Seuls existaient les étoiles, la lune et les lasers de la boîte de nuit, plus colorée que jamais dans le ciel d’été. Là-bas, la fête continuait. Une foule insouciante dansait, buvait, s’amusait sous les stroboscopes.

Personne ne savait. Personne ne saurait. "

lundi 6 janvier 2020

Nicolas Lebel: " La piste aux étoiles"



French Pulp
232 pages


4 ème de couverture



Quand on propose à l’Embaumeur de participer à un projet d’exposition de cadavres, il faut s’attendre à un refus : un défunt, ça se respecte, ça ne s’exhibe pas !


Mais dans la vie, on ne fait pas toujours ce que l’on veut, encore moins lorsqu’Interpol s’en mêle.
Mandoline va devoir s’inviter dans la folie morbide d’un artiste mégalo et s’infiltrer dans sa forteresse turque pour tenter de lever le voile sur un trafic international de cadavres…

L’Embaumeur joue les Monsieur Loyal dans un drôle de cirque…


Mon avis



Avec « La piste aux étoiles », Nicolas Lebel s'approprie Luc Mandoline sans pitié ni remord. Il reste lui-même en respectant les règles du genre de l'embaumeur. 

Le métier de Luc Mandoline est renouvelé sous la patte de Nicolas Lebel. Les morts qui se multiplient au fil des pages ont la chance de se retrouver entre les mains de cet embaumeur bourré d'humanité. En effet, le regard de l'auteur sur les injustices de notre bas-monde est sans concession. La cupidité et les réalités politiques se mêlent dans un roman d'action bien ficelé. 

« -La Turquie idéale du touriste ! L'Orient éternel de Pierre Lotti. Vous oubliez que ce pays est la porte du Moyen-Orient et de l'Asie, que derrière cette porte, il y a, au sud, l'Irak et la Syrie qui sont des zones de guerre, et, l'Iran des mollahs, que cette porte, comme toutes les portes, peut-être ouverte ou fermée, et laisser entre en Europe tous ceux qui se trouvent au-delà, que ce soient, entre autres, les milliers de migrants qui fuient Daesh, ou les fanatiques de Daesh eux-mêmes. » 

Nicolas Lebel ne laisse aucun répit aux lecteurs. Je n'ai pas pu lâcher cette histoire haletante et tout à fait crédible. Les rebondissements sont nombreux et une petite romance ne fait que donner du piquant à cet ensemble bien séduisant. Quelques pointes de nostalgie s’agrègent à la noirceur des événements contribuant à rendre le tout assez réel, le titre en témoigne. 

Le style est impeccable. Comme dans ses précédents romans, les personnages sont bien dessinés avec ironie et finesse. Ainsi l'auteur prouve qu'il est capable de tenir le rythme avec d'autres héros auxquels il nous a habitués. L'humour fuse dans chaque chapitre, c'est jubilatoire. Les dialogues en jettent tout en faisant avancer l’intrigue. Nicolas mitraille ses lecteurs, on en prend plein la figure et on en redemande ! 

« Mireille avait les sourcils en accent circonflexe, comme un cocker qui est désolé d'avoir chié sue le tapis. C'était touchant. » 

J'ai beaucoup aimé « La piste aux étoiles » en déplorant que l'ensemble soit trop court ; j'aurais tellement voulu encore rester plus longtemps avec ce Luc Mandoline plein de charme. Nicolas Lebel a repris avec brio la succession de ses prestigieux prédécesseurs. Il est incontestable qu'il fait maintenant partie des grands du polar français et il le montre dans ce nouvel opus.
          



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