vendredi 14 décembre 2018

Delphine de Vigan: " Les Loyautés"



Editions JC Lattès
208 pages


4 ème de couverture



« Chacun de nous abrite-t-il quelque chose d'innommable susceptible de se révéler un jour, comme une encre sale, antipathique, se révélerait sous la chaleur de la flamme ? Chacun de nous dissimule-t-il en lui-même ce démon silencieux capable de mener, pendant des années, une existence de dupe ?"




Mon avis



Que d'émotions à la lecture de ce livre! Les thèmes abordés sont durs mais c'est toujours avec délicatesse que l'auteure les décrit.

Hélène, professeure des sciences s'inquiète pour l'un de ses élèves, Théo Lubin. Son comportement est étrange. Âgé de 12 ans, il donne l'impression d'être battu enfin c'est ce que pense sa professeure. Hélène sait bien ces signes puisqu'elle a également connu par le passé ce malaise. La douleur pressentie par ce garçon lui fait croire qu'il est sujet à la maltraitance, mais est-ce réellement cela dont souffre Théo?

" Je me suis répété plusieurs fois ces mots je suis seule à voir ses blessures, je suis seule voir qu'il saigne, j'ai fermé les yeux, j'essayais de me raisonner, de calmer ma respiration, de retrouver, avec leur intonation ferme et rassurante, les paroles de l'infirmière qui l'avait examiné: " il n'y a rien, aucune marque, aucune trace, aucune cicatrice."

mardi 11 décembre 2018

Cédric Cham: " Le fruit de mes entrailles"



Editions Jigal Polar
280 pages

4 ème de couverture



Une cavale à la vie à la mort !

Vrinks, fiché au grand banditisme, finit de purger une longue peine en centre de détention quand on lui annonce brutalement que le corps mutilé de sa fille Manon a été retrouvé dans un fleuve. Fou de rage, il ne pense plus qu’à s’évader pour la venger… Amia, jeune femme d’une vingtaine d’années, prisonnière d’un sordide réseau de prostitution, réalise soudainement qu’elle va être mère ! C’est peut-être le signal qu’elle espérait pour trouver la force de fuir les griffes de ses bourreaux. La capitaine Alice Krieg, en charge du dossier Vrinks, est une flic pugnace de la brigade de recherche des fugitifs. Elle, a grandi sans père, en a toujours souffert et plus encore aujourd’hui quand elle découvre sa cruelle maladie… Le hasard va tous les faire se télescoper au cours d’une longue cavale infernale et sanglante. À la vie, à l’amour, à la mort, au destin…





Mon avis



Dès les premières lignes de « Le fruit de mes entrailles » de Cédric Cham, le ton est donné ; les phrases pulsent. On comprend que les scènes vont nous bousculer. Plusieurs éléments permettent à l'auteur de nous plonger dans un univers très noir.

Les phrases sont courtes, façon coups de poing. Même si Cédric Cham abuse un peu trop de phrases sans verbe, je dois signaler qu'il est parvenu à me manipuler car ce thriller est difficile à lâcher. Certains chapitres donnent des haut-le-cœur, ils sont crus et précis. Ils font comprendre les violences subies par les personnages. J'ai été mise à rude épreuve et j'en redemande, tant l'ensemble est bien organisé.

« La clope à la main, il actionne le robinet, l'eau frappe son crâne, dégouline sur son corps musculeux, il est entré en détention avec le physique d'un joggeur et va en sortir avec celui d'un catcheur. Dix ans à pousser de la fonte trois fois par semaine, ça laisse des traces. »

Les protagonistes m'ont beaucoup séduite.Vrinks et Amia sont sexy et romantiques à la fois. Mais attention, l'auteur ne tombe jamais dans le sentimentalisme. Il nous livre des héros obligés de vivre dans l'urgence. J'ai été sensible à l'histoire de la jeune Amia qui est au centre de « Le fruit de mes entrailles ».

lundi 3 décembre 2018

Yves Corver: " Ligne de myrrhe"



Editions Fleur Sauvage
492 pages


4 ème de couverture



Le cadavre d’un homme est découvert dans une voiture diplomatique. À ses pieds une statuette égyptienne, entre ses cuisses une plume d’autruche blanche.
La commissaire Nathalie Vincenti se devra d'agir dans la plus grande discrétion. Mais contacté par le mystérieux Imhotep, le pigiste Jim Santiago s'empare à son tour de l'enquête.
Démarre alors une partie de bluff, multipliant les victimes.

Rythme soutenu, suspense total, Yves Corver livre un thriller magistral.


Mon avis



Dans “ Ligne de myrrhe”, Yves Corver traite de sujets d'actualité qui sont assez brûlants. 
La commissaire Vincenti et le pigiste Jim Santiago se retrouvent mêlés à une histoire très compliquée, le tout impulsé par un certain Imhotep.

Pour ma part, j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'intrigue même si les premières pages ont de quoi séduire et mettre en appétit. Cependant les personnages sont nombreux et j'ai dû patienter pour me les approprier. De plus les répétitions dans le récit empêchent la machine de se mettre en route rapidement.

Sinon, une fois dans l'histoire, j'ai été agréablement surprise par l'ampleur du sujet. L'auteur maîtrise les différents thèmes abordés. Il semble avoir une culture assez vaste tant les tenants et aboutissants de ce roman sont complexes. Le continent africain est bien mis en lumière avec ses difficultés et sa culture. Insérer certains problèmes de l'Afrique dans une affaire policière est une idée originale et donc à souligner.

Le style est clair, un atout important quand un auteur doit assurer une aventure de plus de 480 pages. Ainsi Yves Corver parvient à faire vivre les personnages avec une plume érudite et précise. Ils sont dominés par une policière et un journaliste. Chacun a un caractère bien trempé, ce qui permet des joutes verbales et des éclats bienvenus dans cette enquête ardue. Ils sont obligés de travailler ensemble, et le challenge est de démasquer le tueur tout en sachant coopérer. Cette confrontation est un des points positifs de “ Ligne de myrrhe”.

vendredi 30 novembre 2018

Thierry Declercq: " Les chiens de la baie"



Editions Ravet- Anceau
320 pages


4 ème de couverture



De la poudreuse jusqu’aux genoux, le commandant Vidal s’enfonce dans les mollières de la baie de Somme. Deux chasseurs ont retrouvé le cadavre d’un homme, déchiqueté par des chiens. Leurs crocs puissants ont déchiré la trachée de la victime puis se sont acharnés sur son corps. Comme s’ils étaient déterminés à la tuer. Le cadavre est celui du p’tit Freddy, un gars bien connu du coin et qui habite Cayeux avec son épouse Audrey. Si Vidal s’accroche à la thèse de l’accident, son adjudante Camille Maxime n’est pas de cet avis. Son expérience passée en brigade cynophile lui indique une autre voie. Déjà tendues, les relations entre les deux gendarmes de Saint-Valery deviennent détestables. La jeune femme reste pourtant convaincue que dans les brumes de la baie se cache un autre meurtrier.



Mon avis



Dans " Les chiens de la baie", Thierry Declercq nous fait voyager dans la baie de Somme et nous fait découvrir des gendarmes face à une affaire très complexe.
Ce roman est très original dans la manière de voir les enquêteurs que sont le commandant Vidal et l' OPJ, Camille Maxime. Leur vie interfère dans les affaires en cours. L'intrigue principale justement montre l'emprise des problèmes personnels des gendarmes dans la recherche de vérité.

" Il avait fait le trajet jusqu'à la caserne l'esprit embourbé dans des pensées éparses. Il avait le sentiment d'être cerné de toutes parts. "

L'auteur prend sont temps dans le déroulement de l'intrigue afin de mieux développer ces personnages. Ils sont l'épine dorsale de son récit.

Comme chez Simenon, oui j'ai lu énormément de livres de cet auteur étant plus jeune, les personnages sont très bien détaillés. Thierry Declercq a une particularité de mettre en lumière la société dans cette partie de la baie de Somme. Avec certains traits humoristiques, l'auteur souligne les méfaits de l'alcoolisme.
Les relations familiales et professionnelles sont souvent soulignées. J'ai mieux compris les motivations des habitants de la baie de Somme.

jeudi 22 novembre 2018

Cyril Carrere: " Le glas de l'innocence"






Le Lys Bleu Editions
356 pages


4 ème de couverture



Okinawa, 1993 – Un jeune garçon subit au quotidien les accès de violence de son père. Au plus fort d’une enfance chaotique et solitaire, il noue une amitié solide avec une camarade de classe.

Mais l’horreur l’attend au tournant …

Tokyo, 2017 – Une série de meurtres dans le quartier cossu de Meguro place l’inspecteur Alex Nakayama dans une situation désespérée. Son excentrique mais talentueux assistant Hayato Ishida le supplée et va apprendre à ses dépens que les masques de la société japonaise renferment parfois de lourds secrets… Entre déni et suspicion, le cauchemar ne fait que commencer.



Mon avis




Cyril Carrere m'a contactée par mail pour lire " Le glas de l'innocence" et vous savez comme j'aime découvrir de nouveaux auteurs, je n'ai point refusé.

La première impression qui m'a touchée dans ce roman, c'est son atmosphère. On baigne dans la culture japonaise, dans une lumière hypnotique. Cette toile de fond est bien dépeinte par l'auteur. J'ai même parfois pensé à l'univers du manga de part le vocabulaire et la réaction de certains protagonistes.


L'intrigue n'est pas négligée pour autant car on a bien affaire à un véritable thriller.

Deux meurtres dont le mode opératoire fait mouche à l'inspecteur Alex, celui de sa mère. D'ailleurs l'affaire n'a jamais été close.

" Alex est au centre de tout ça. Le meurtre des étudiants lui a rappelé celui de sa mère, non élucidé et bizarrement mis au placard par l’administration. Il se rapproche d’Ayana Miller qui aurait des liens avec la mafia, afin de traquer le coupable de ces deux crimes. "

Le lecteur suit également un jeune garçon, prénommé Ken, subissant les violences de son père.

" - Tu crois que j'avais oublié? Je te préviens, fais un seul pas de travers et tu regretteras même d'être né. Ken terrorisé, écarquilla les yeux en se souvenant des derniers mots de madame Sato. "

Ce sont deux histoires que Cyril Carrere développe mais quels sont leurs liens? Je ne vous dévoilerais en aucun cas l'intrigue. Ainsi j'ai été surprise des rebondissements bien ficelés par l'auteur. Il m'a manipulée tout au long de ce suspense à caractère urbain.

La ville de Tokyo est mise en valeur et se mêle bien au jeu des personnages. j'ai eu quelques difficultés quand même à suivre les enquêteurs à cause des noms japonnais.

mercredi 21 novembre 2018

Jacques Saussey: " Enfermé.e"



French Pulp Editions
383 pages


4 ème de couverture



Se retrouver enfermée en prison pour de longues années, alors que l’on est déjà enfermée dans un corps qui n’est pas le sien… une double peine. Est-ce possible de reprendre une vie normale, une fois la dette à la société payée, alors que les autres ne vous jugent pas normale ? L’histoire de Virginie, l’histoire d’une vie, l’histoire d’une vengeance…



Mon avis



L'histoire que raconte Jacques Saussey dans " Enfermé.e" est très originale. Les personnages sont troublants et évoluent dans un monde de violence. La personne que l'auteur suit est lourdement marquée par son enfance et ses rencontres successives. Il est impossible d'en divulguer davantage sans dévoiler les ressorts de l'intrigue.

Il règne dans ce livre un mélange de souffrance, de culpabilité et de rédemption. Tout l'art de l'auteur est de savoir rendre l'ensemble cohérent et digeste. En effet, la dose de malheur y est presque létale. Les horreurs subies par certains protagonistes jaillissent de la plume d'un Jacques Saussey particulièrement en forme.

Celui-ci, justement change un peu de registre en abordant une histoire difficile. Et donc même en s'éloignant de sa zone de confort, j'ai trouvé qu'il avait très bien réussi le challenge. D'autant plus que le thriller y a aussi sa place. Les mystères sont nombreux et planent sur la noirceur générale.
L'auteur parvient à manipuler la chronologie et le lecteur. Effectivement, différentes périodes se côtoient sur plus de vingt ans. Il est vrai que j'ai eu un peu de mal à repérer les époques au tout début. Mais je n'ai pas regretté d'avoir patienté quelques paragraphes car j'ai vite été récompensée: l'ensemble est sublime. Jacques Saussey manie les différents rythmes d'écriture afin de distinguer les périodes et les personnages.

Les caractères sont forgés dans l'acier de la haine et de la violence. Ils sont soulignés par des phrases lapidaires. Des thèmes sont ainsi abordés autour de la nature humaine: la virilité, l'identité ou la misère sexuelle.

" La réussite, c'est comme un slip. ca ne se prête pas."

lundi 19 novembre 2018

Armelle Carbonel: " Sinestra"







Editions Ring
390 pages


4 ème de couverture



Suisse. 1942.
Le Val Sinestra, refuge isolé au cœur de la vallée des Grisons entouré de monumentales montagnes, accueille un convoi de réfugiés fuyant les horreurs de la guerre. Des mères brisées au bras de leur progéniture, des orphelins meurtris et atteints de désordres psychiques. Mais là où ils croyaient avoir trouvé la paix, les résidents vont réaliser que le mal a franchi la frontière avec eux.

Surnommée la " nécromancière ", Armelle Carbonel est avec son style viscéral et son extrême maîtrise du suspense en huis clos, l'une des voix les plus captivantes du thriller contemporain. Récompensée à onze reprises, experte en manipulation et rebondissements, la nouvelle référence française du thriller psychologique entraîne le lecteur au cœur d'une véritable symphonie paranoïaque, dont l'intensité suscite une angoisse quasi inédite dans le monde du thriller.



Mon avis



C'est toujours un moment pour moi d'attendre la sortie du prochain roman de la surnommée " nécromancière", Armelle Carbonel.
Rare sont les livres dans lesquels je me précipite. J'attendais le nouveau roman de mon auteur fétiche et adoré. Ainsi " Sinestra" est le livre qui telle une enfant comble mon impatience.

" Sinestra" est un endroit en Suisse où des enfants et leurs parents sont réfugiés. Afin d'échapper à la guerre de 1942 et atteints d'ordre psychiques, ils pensent fuir à la barbarie de cette guerre en oublier les affres et les atrocités mais dans ce lieu tout est loin d'être serein.
Les chapitres laissent de la place à chacun des personnages mais aussi à cette demeure qu'est le Val Sinestra.

" Elle se figura rempli de rires, de réglisses fondantes et pommes d'amour, jusqu'à ce que l'haleine démoniaque du Val Sinestra effleurât sa nuque délicate tel un tisonnier labourant les cendres de l'innocence perdue. " 

Sinestra est une demeure quelque peu ordinaire, tout parait tranquille mais au fur et à mesure vous allez comprendre que " Sinestra" est étrange et l'ambiance est glaçante. Le Mal rôde. D'ailleurs celà m'a fait penser à l'hôtel Overlook dans Shining. L'atmosphère est noire, glauque et oppressante.

"Sinestra" est un roman différent des écrits de l'auteure mais ce que j'admire dans ce nouvel opus , c'est la façon dont Armelle décrit le lieu comme un personnage à part entière. Il occupe une place importante dans le récit, le rendant ainsi vivant.

" Sinestra" est un huis clos diaboliquement bien écrit et construit. Il se lit à merveille, les pages se tournent inlassablement. Sans vraiment  rentrer dans l’atrocité de l'histoire, Armelle décrit de jolis portraits tels que ceux d'Ana et de Valère. Suivre tous ces orphelins a été parfois une rude épreuve car j'ai eu peur de leur prochaine destinée.

De ces vallées lointaines et montagneuses, " Sinestra" est une demeure où la paranoïa prend le dessus. Sous une forme humaine " Sinestra" est en quelque sorte le maître absolu de l'histoire. C'est un huis clos qui se gorge de la présence des orphelins, mères et autres.


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