Editions Hugo poche
390 pages
4 ème de couverture
Derby fatal à Manchester
Des travaux dans le quartier populaire de Moss Side, au sud de Manchester. On creuse et on tombe sur deux squelettes côte à côte, entrelacés comme s'ils étaient en train de se battre dans l'au-delà. L'un porte ce qui ressemble à un maillot de football rouge, l'autre un maillot bleu, aux écussons très reconnaissables. On imagine alors une bagarre fatale entre deux supporters, l'un de Manchester United, l'autre de Manchester City. Ces corps sont ceux de deux jeunes garçons, âgés d'une douzaine d'années.
La macabre découverte met le feu à une ville qu'on imaginait pacifiée depuis des années. Dans une Angleterre fracturée par le Brexit, l'affaire va réveiller les haines et les rancœurs entre les Bleus et les Rouges, chaque camp accusant l'autre d'être à l'origine d'un drame dont on ne sait rien. Il faut dire que le contexte est particulièrement tendu : dans une semaine se tiendra le fameux derby de Manchester, celui qui va opposer United à City, décisif pour le titre de champion.
Il devient donc urgent de résoudre l'énigme, de découvrir qui étaient les gamins de Moss Side et de comprendre ce qu'il leur est arrivé. C'est une jeune femme qui est chargée de l'enquête, la capitaine Molly Doherty. Mais elle n'est pas la seule à chercher la vérité car Ben Wellington, un journaliste du Sun, est arrivé de Londres pour être le premier à sortir le scoop.
C'est donc une véritable course d'obstacles qui s'engage. Molly n'a qu'une semaine pour trouver la clé du mystère avant que Wellington ne la devance, avant que son propre passé ne la rattrape, avant que les Bleus et Rouges ne se retrouvent dans un stade en ébullition.
Mon avis
J'avoue ne pas forcément avoir été attirée par le thème de « Le sang de Manchester » de Vincent Radureau ! C'est la couverture qui m'a sauté aux yeux en tout premier lieu. Mais... Mais je suis entrée assez rapidement dans cette histoire de meurtres et de football dans la ville de Manchester. Je ne suis pas une grande fan de ce sport pourtant l'intrigue policière est suffisamment prenante pour plaire à tout le monde. Bien sûr, ce roman comblera encore davantage les amateurs de football.
« En Angleterre, il n'était pas vulgaire d'aimer une équipe, une couleur ; c'était même un élément constitutif de la société, une part de sa culture au sens noble du terme. »
L'auteur est un spécialiste de ce sport. On sent sa passion et sa maîtrise du sujet. Il parvient à mélanger habilement les personnages réels du milieu footballistique aux personnages fictifs. L'ensemble est tout à fait crédible. Ainsi « Le sang de Manchester » est plus profond que je l'imaginais en début de lecture. L'histoire des clubs de foot de Manchester est intéressante ; Eric Cantona et d'autres joueurs sont évoqués bien à propos dans l'intrigue. J'ai perçu les deux côtés de ce univers sportif. D'une part, Vincent Radureau montre les mauvais aspects avec les hooligans et les violences. D'autres part, il sait mettre en valeur l'unité des familles et des supporters autour des matchs. On assiste à des moments de convivialité insoupçonnés pour les non-initiés. Des hommages poignants aux fans de Football offrent quelques belles pages d'émotion ne nuisant pas à l'avancée de l'enquête.
« Malgré ses efforts, il n'était rien d'autre que ce jeune garçon de treize ans et quelques mois pour qui le football comptait plus que tout. Cantona était son idole depuis qu’il avait choisi de soutenir les Rouges plutôt que les bleus, il ne se passait pas une journée sans qu'il pense au King. »
Les dialogues sont bien écrits avec un style direct et plein d'humour, ils nous rendent les protagonistes proches et font ressentir la passion quasi religieuse pour ce sport. Le tout est parsemé de tubes anglais qui… mais oui, m'ont rendue nostalgique. Donc, « Le sang de Manchester » est un thriller passionnant à lire pour s'échapper de la lourdeur ambiante. La fin est en effet un hymne à la détente et à l'apaisement.
L'auteur
Vincent Radureau est un journaliste - animateur français
né le 30 novembre 1967.
Après une Maitrise en Histoire Contemporaine, il continue Centre de Formation des Journalistes de Paris -
Entre au Service des Sports de CANAL+ (à l'occasion des Jeux Olympiques de Barcelone) en 1992, chaine pour laquelle il est resté fidèle.