J'ai le plaisir de partager avec vous, lecteurs, une interview pour mieux connaitre l'auteure Virginie Anglard.
Après avoir lu " L' ombre du crime " et " Une bonne raison de tuer " , j'ai voulu en savoir un peu plus sur cette auteure.
Cette question est très difficile.
Mais je peux vous rapporter ce que les autres disent de moi : drôle, entière, fiable, passionnée, bosseuse, juste, et d’une sensibilité maladive.
Ça, c’est ce que me renvoient les gens qui m’aiment bien.
Et pour les autres ? Froide, exigeante, cassante, ironique, injuste et insensible.
Comment voulez-vous que je m’y retrouve ?
Non, sérieusement : ce que je sais de moi depuis 60 ans, c’est ma volonté de progresser, chaque jour un peu plus, vers l’image que je me fais d’un humain digne.
2. Comment vous est venue l’idée d’écrire ?
La question que je me suis posée, ces dernières années, c’est surtout qu’est-ce qui m’en a détournée ?
Mon grand-père me disait que j’avais su me servir d’un stylo avant de maîtriser la fourchette ! Et mon premier roman n’a été publié qu’en 2019… Que s’est-il donc passé entre-temps ? J’ai vécu, j’ai lu, beaucoup, presque compulsivement. Puis est venu le temps de la compréhension : je ne m’autorisais pas à écrire ! Un interdit familial pesant (dont je me réserve le détail), m’avait détournée de ma passion pour l’écriture. Il m’a fallu de très longues années pour me guérir de ce mal insidieux. Mais rassurez-vous, je vais beaucoup mieux !
3. Quels sont vos auteurs préférés ?
Je n’ai pas réellement d’auteur favori. Ou alors ils sont trop nombreux pour que je prenne le risque d’en oublier. Je n’en citerai que deux, non parce qu’elles sont les « meilleures », mais parce qu’elles me touchent, l’une comme l’autre, en plein cœur : Colette, et Anna Gavalda.
Par ailleurs, j’ai un modèle de réussite dans le métier d’écrivain : Franck Bouysse. Parce que c’est un gros bosseur, un acharné, que j’aime ses ambiances, sa façon de dire ou de taire les choses.
4. Quel est votre film préféré ?
Je ne suis pas très cinéma. Mais il y a des films dont je ne me lasse pas : La ligne verte, l’Impasse, le Vieux fusil, la Liste de Schindler. Et toute la série des Pagnol, version d’origine, bien entendu. Ah ! j’allais oublier Le grand chemin, qui a le don de me faire rire autant que pleurer. Tout ce que j’aime, au fond…
5. " L'ombre du crime " et " Une bonne raison de tuer " sont deux romans que j'ai littéralement dévorés, mais sont assez différents l'un de l'autre. Comment avez-vous construit ces deux histoires ?
Décidément, je vais encore vous décevoir, Delphine. Je ne construis rien !
Pour l’un comme pour l’autre de ces romans, je n’avais aucune intrigue en tête, sans doute parce que j’attache très peu d’importance à l’aspect anecdotique de l’écriture. Mais j’ai des sujets, des thèmes qui me trottent en tête et que je tiens à aborder. J’en dresse alors une liste.
Au risque de passer pour une dilettante, je vais essayer de vous décrire le processus. A partir de ma liste, et durant plusieurs semaines, je me couche en laissant venir les images. Je ne peux pas écrire sans image. Au matin, je note dans un petit carnet les séquences que j’ai « vues » en m’endormant. Petit à petit, le carnet s’enrichit. Il m’arrive de rajouter quelques notes en journée.
Au bout d’un délai dont la durée ne dépend pas de moi, mon petit carnet contient suffisamment de séquences pour que des personnages m’apparaissent. Je décide alors de faire avec, et de me laisser porter.
Dans l’Ombre du crime, le coup de théâtre final n’était absolument pas prémédité. Il s’est imposé à moi. Pour « Une bonne raison de tuer », jusqu’aux deux tiers du roman, je ne savais pas plus que vous qui avait assassiné Lyse, ni pourquoi. Et c’est très bien comme ça. C’est dans cette totale liberté que j’aime créer.