Editions Hugo Thriller
320 pages
4 ème de couverture
Depuis Douve, ça ne va pas fort du côté d’Hugo Boloren. Sans la petite bille qui fait » ding » pour lui dévoiler une piste, il erre dans le commissariat, limite neurasthénique, au grand dam de Lulu la nouvelle stagiaire. Même ses carrés de chocolat échouent à le remettre d’aplomb. Bref, il est temps de changer d’air. Ça tombe bien : le commissaire Grosset a obtenu pour la mère d’Hugo un rendez-vous dans la clinique lilloise d’un grand spécialiste de la maladie d’Alzheimer. Alors en voiture pour Lille ! Et tiens, coïncidence : la veille du départ, Boloren entend à la radio qu’un enfant d’une dizaine d’années, Jimcaale, vient de se faire agresser dans la plus grande décharge publique de France, coincée à la frontière franco-belge et jouxtant un étonnant bidonville. L’instinct d’Hugo lui murmure d’aller jeter un œil et Grosset, quoiqu’à contrecoeur, le met en contact avec le duo d’inspecteurs lillois : Desreumaux, qui porte des costumes trop grands pour se donner l’air moins jeune, et Lasselin, surnommé » le Messie » parce que, lorsqu’il interroge les suspects, » il fait parler les muets et redonne la vue aux aveugles » Bref, » le problème dans cette affaire, ce n’est pas le nombre de pièces dans le puzzle, c’est le nombre de puzzles « . Avec l’aide de sa bille qui revient enfin mettre de l’ordre dans son cerveau, Hugo Boloren va découvrir peu à peu les liens invisibles, révéler les mystères et secrets qu’on cherche à lui cacher, jusqu’à la résolution effroyable de l’affaire criminelle la plus sordide de sa carrière.
Mon avis
J'attendais avec impatience la sortie du nouveau roman de Victor Guilbert car j'avais été emballée par « Douve » son précédent thriller. Est-ce que j'allais retrouver tout ce qui m'avait attiré dans ce premier opus très original ?
« Mon père répétait souvent qu'il ne comprenait pas le succès du sport à la télé ni des films pornographiques, que dans les deux cas, c'était surtout amusant pour ceux qui sont sur le terrain. »
Voilà le ton était mis dès le départ !
« Terra Nullius » offre le même feu d'artifice d'humour déjanté que dans « Douve ». Déjà le titre laisse entrevoir des éclats délirants sur les lieux du crime ! Car horreurs et mystères sont au rendez-vous avec Hugo Boloren, le même policier que dans « Douve ». Dès les premières pages, j'ai aimé retrouver le style aussi déroutant que son héros inclassable. Ses collègues le qualifient de « bizarre » avec une certaine tendresse puisque Hugo ne sait pas mentir ! Il va devoir élucider un mystère autour du corps d'un jeune garçon juchant un tas d'ordures mais il va être aussi confronté aux « habitants » d'une zone de non-droit et à la présence de la police lilloise.
« J'attrape un chocolat que je coince entre l'index et le majeur, parce que j'aimerais que ce soit une cigarette, et que je laisse fondre, parce que c'est du chocolat. »
J'ai senti que Victor Guilbert s'est amusé avec les personnages et les situations. Pourtant il ne laisse pas de côté l'aspect policier du roman mélangeant jeux de mots et rebondissements. L'humour et l'humanité se rejoignent dans cette enquête assez tordue. Une décharge et un bidonville aux portes de la France et de la Belgique n'est pas un territoire facile à maîtriser par les forces de l'ordre !
« Son corps est tout frêle. Il a grandi de travers, comme tous les enfants qui entament les premières années de leur vie en manquant de tout. Trace indélébile qui rappelle à tous et à soi qu'on n'est pas né du bon côté de l'humanité. »
L'auteur sait bien décrire les ambiances avec sensualité, j'ai vraiment ressenti la lourdeur du climat qu'il a voulu instaurer. De plus, étant nordiste moi-même, j'ai particulièrement apprécié de déambuler dans la ville de Lille et de goûter à la gastronomie de ma région. Bien sûr, Victor Guilbert prend des libertés dans ses descriptions mais l'ensemble reste savoureux et cocasse.
Cet auteur a vraiment une façon originale de raconter les histoires et fait une entrée fracassante dans le monde du roman policier. Mais, j'arrête de parler de « Terra Nullius » car pour se laisser prendre à la magie de l'auteur, il faut le lire et le goûter comme Hugo avec ses chocolats millésimés.
« Je me demande ce qu'il aurait pensé de ces émissions culinaires. Regarder des gens s'extasier sur des plats qu'on ne peut ni goûter ni sentir. »
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