mercredi 16 mai 2018

Jean-Hugues Oppel: " Zaune"



Editions Archipoche
192 pages


4 ème de couverture



La Zone. Un territoire au-delà du périphérique. Des pavillons entassés, des achélèmes tristes et des parkings sans printemps. Des usines et des humains en ruine. Des loubards, des flics et des malfrats.
Et Zaune, la fille cuivre et or. Qui n’a pas vingt-quatre heures pour sauver son frère, un toxico victime des jeux d’argent, poursuivi par deux tueurs pour récupérer un kilo d’héroïne et un paquet de fric qu’il a subtilisés au dealer en chef.
Zaune prend les choses en main. Aidée de deux animateurs de MJC, elle escamote « Nanard » aux yeux des flics et des truands qui n’en reviennent pas d’une telle audace. Début d’une traque ponctuée de violence et de souffrance… À quoi bon ? Pour donner un sens à sa vie.
Dans un style rapide et sec, plus efficace qu’une descente de police, Zaune est une course poursuite à travers la banlieue des années 1990, quand les ordinateurs personnels balbutiaient et que le téléphone portable ne faisait rêver qu’au cinéma. Mais l’Homme était déjà un loup pour les petits chaperons rouges de la Cité…


Mon avis



Avec "Zaune", Jean-Hugues Oppel a mis le turbo. C'est un petit roman mais qui est très dense et nerveux. L'action se situe dans les années 90 car "Zaune" était sorti en 1991 dans la collection "Série noire". Zaune est le prénom de la jeune fille qui va tenter de sortir son frère d'une situation très délicate. 

Plus que l'histoire qui est une sorte de course poursuite, j'ai apprécié les relations entre les personnages hauts en couleurs. Zaune est une fille courageuse et attachante. L'auteur sait bien la faire vibrer avec sa chevelure flamboyante, parfois j'avais l'impression de la voir vivre. Les descriptions sont en effet trés réalistes. 

Aussi l’atmosphère est très bien mise en avant. J'ai plongé dans le social et ses difficultés. La misère de la Zone est décortiquée au scalpel. Jean-Hugues Oppel tranche dans le vif et ça fait très mal. 

" C'est un réel plaisir de jouer avec Micheline, c'est un vrai livre ouvert. Brune, cheveux raides, poitrine provocante, elle adore taper le carton avec les potes, ça lui fait oublier ses cinquante-deux heures de caisse enregistreuse au super-hyper du centre commercial. Même avec la lecture optique des codes-barres, c'est lessivant, malgré les pauses pipi. Chronométrées par la subalterne-chef. " 

La cruauté de la rue est froidement décrite avec un style rapide, un débit d'écriture haletant. C'est fulgurant et jouissif à lire. Ce roman est pour moi une satire d'une époque sordide qui laisse de côté des familles et des adolescents dans la souffrance et le dénuement. Les jeunes filles y sont parfois considérées comme des animaux, déjà perdues. 

" Une moue de maquignon. Appréciation flatteuse de la bête. Jauge. Elle est nue sur le trottoir, déjà promise au bordel. Evaluée, tarifée, cataloguée. Tout en un imperceptible mouvement de lippe. Elle voudrait échapper à cette emprise. " 

Dans " Zaune", j'ai trouvé beaucoup de noirceur mais également une bonne dose d'humour. Bien sûr c'est grinçant mais très réjouissant, toujours bien calibré. 

On l'aura compris, j'ai beaucoup aimé ce roman fulgurant. L’atmosphère y est privilégiée à l'histoire mais cela ne m'a pas du tout gênée car le rythme est porteur jusqu'au bout.


L'auteur

                       


Né à Paris en 1957, Jean-Hugues Oppel commence sa carrière dans le cinéma en tant qu'assistant caméra, et collabore notamment avec Ariel Zeitoun, Bertrand Tavernier et Roman Polanski. Il publie son premier polar dans la Série noire de Gallimard en 1983 : Cabine et Gunn. Suivront, notamment, Barjot (1987), Zaune (1991) ; chez Rivages/Noir : Ambernave (1995, Grand Prix de Littérature policière), Ténèbre (1998, Prix Sang d'encre)...

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