« Au cœur de la nuit, face au mur qu’elle regardait autrefois, bousculée par le plaisir, le malheur du bas lui apparaît telle la revanche du destin sur les vies jugées trop simples. »
Dans ce premier roman suffoquant, Inès Bayard dissèque la vie conjugale d’une jeune femme à travers le prisme du viol. Un récit remarquablement dérangeant.
Mon avis
Je n'entrerai pas dans la polémique du plagiat quant au roman « Le malheur du bas » de Inès Bayard. Pour ma part, c'est la qualité ou pas de ce que j'ai lu qui compte.
La quatrième de couverture ne donne pas beaucoup de renseignements sur l'histoire mais plutôt sur l'ambiance générale. Justement, c'est la montée en puissance de la pression qui m'a séduite du début à la fin.
Le personnage principal, Marie, est une mère de famille à qui tout a réussi. Elle n 'a jamais eu de soucis dans sa vie et pourtant elle va devoir réagir à un drame ! Le talent de l'auteur est de décrire les effets de ce choc. Marie est quelquefois horrible et à d'autres moments très attachante. La structure du récit et le style percutant sont à l'origine de la pertinence de l'ensemble. Ainsi, Inès Bayard sait montrer en profondeur le quotidien et son côté répétitif.
À travers une succession de crimes dignes du Chien des Baskerville, de jeunes policiers vont être confrontés à la violence sociale et humaine d’une grande cité de banlieue.
« Et la violence ne se combat pas par la violence… » ; c’est ce qu’aimerait prouver Jef, le flic idéaliste et lâche, mais sa collègue Hélène, bouffie de mal-être, a de la rage à revendre, quant à Tracy dont le frère est mort lors des attentats de Paris, c’est de vengeance dont elle rêve.
Dans un thriller ténébreux et spectaculaire, leurs voix, celles des retraités, parents, filles et fils de banlieue vont s’exprimer avec lucidité et mélancolie.
« Comment rester humain dans un monde qui vous déteste ? »
Une enquête où se multiplient les pertes et les désillusions, pour un final de guerre.
Mon avis
Avec " Laisse le monde tomber", Jacques Olivier Bosco signe un roman très sombre. Trois personnages principaux se croisent dans une enquête aux multiples ressorts; Jef, Hélène et Tracy.
L'auteur offre aux lecteurs une photographie des quartiers dits sensibles. Il tisse un maillage de personnalités très variées qui se télescopent. C'est du brut exempt de poésie. On évolue dans du béton armé à l'image des tours des grands ensembles, lieux de l'intrigue. Comment vivre ou plutôt survivre dans un tel environnement violent touché par la crise ? Jacques Olivier Bosco tente d'expliquer le tenants et aboutissants de ce monde terrible. Il n'a certes pas toutes les réponses mais ses propos sont intelligents et percutants.
Les chapitres sont cauchemardesques et étouffants. Les personnages du côté de la loi et les autres respirent tous l'odeur de l'enfer. Personne n'est épargné ! J'ai été frappée par la description de milieux sociaux en grande détresse. Le romancier souligne parfois le manque de moyens des forces de l'ordre pour faire face à la misère sociale ambiante.
" Lorsqu'il avait débuté dans la cité, il y avait tant de difficultés, de mal-être et de colère, il s'était senti chez lui. Il pouvait s'y accorder, négocier avec et faire son boulot de flic. Il n'avait pas conscience du mal. Pour lui, il s'agissait d'une engueulade. La vie t'en mettait plein la gueule, alors, tu lui en mettais plein le gueule, et tant pis si ton voisin ou ta femme passait par là. "
Quand Kyle Freeman, réalisateur indépendant, est chargé de réaliser un documentaire sur une secte oubliée, il y voit un moyen de rembourser ses dettes. Le Temple des Derniers Jours, basé dans le désert d’Arizona et dirigé par un gourou à la réputation sulfureuse, a connu une fin sanglante. Pourtant, les rumeurs vont encore bon train sur les pratiques déviantes et les expériences paranormales du groupe. Bientôt, une série de phénomènes inexpliqués s’abat sur la production. Visites nocturnes troublantes, disparitions soudaines et découvertes d’atroces artefacts, le tournage vire au cauchemar…
« Un récit macabre terrifiant. Oubliez toute idée de sommeil paisible. Hautement recommandé ! » Library Journal
Mon avis
Retour de ce ressenti avec des frissons garantis ! Après avoir lu " Appartement 16" que j'ai beaucoup apprécié, je me lance dans ce dernier roman apparu en poche chez Bragelonne.
Waouh ! J'en ai mis du temps à le lire non pas parce que l'histoire est inintéressante au contraire j'ai aimé ce roman ! Quelle ambiance qui se dégage dans ce dernier, ça m'a un peu donné de l'angoisse !
Adam Nevill est très fort pour décrire une ambiances noire et horrifique à souhait !
Certes des longueurs se font sentir au fil des pages mais c'est pour mieux apprécier et s'imprégner de ce monde effrayant et nauséabond.
" Une empreinte au milieu du rouleau semblait suggérer que quelqu’un y avait récemment dormi. Quand les couvertures et les draps commencèrent à bouger autour du creux laissé par son derrière sur le matelas, il retint sa respiration et serra les dents, ravalant le cri qui menaçait de sortir de sa gorge.Il saisit le dessus-de-lit trempé, autrefois en satin ou en velours, il n’était plus que matière anonyme aujourd’hui, et le tira vers le haut afin de voir ce qui se tordait en dessous. "
L'auteur parsème quelques grains de frayeur grâce à des personnages assez particuliers et au physique étrange tels que Martha Lake.
Adam Nevill nous raconte l'histoire de Kyle Freeman. Ruiné jusqu'à l'os, il ne peut qu'accepter l'offre de Maximillian Solomon. Ce dernier lui propose de s'intéresser de plus près à une secte en filmant et interviewant quelques personnes pour une somme de 100 000 livres. Ce n'est pas de refus, d'autant que Kyle a presque le contrôle absolu pour le tournage. Avec une équipe de trois personnes, Doigts de Fée et Dan , c'est le top départ vers l'Arizona, Londres et la France.
« Elle a incliné le cou, le visage déformé par les flocons épais qui se déposaient déjà sur le carreau. Elle a cherché son regard à travers le verre qui s’opacifiait de seconde en seconde, mais les lunettes noires l’ont empêchée de le trouver. Alors, elle s’est détournée vers le pont et elle a commencé à marcher en direction de la gare, son manteau ouvert claquant sur ses jambes face au vent glacial.
Dans la voiture, le son des feux de détresse rythmait sa progression comme le tic-tac d’une minuterie. Une femme qui arrivait en sens inverse s’est retournée sur elle. Elle a eu un temps d’arrêt, comme si elle doutait de ce qu’elle venait d’apercevoir.
Il a vu un panache de vapeur sortir de la bouche de l’inconnue. Elle s’est figée d’horreur au moment où Myriam a laissé tomber son manteau dans la neige et a enjambé le parapet. Elle s’est précipitée vers elle en hurlant, mais il était trop tard.
Après un dernier regard en direction de la voiture immobile, Myriam, entièrement nue, avait déjà sauté dans le fleuve. »
Mon avis
Dans « Du poison dans la tête », Jacques Saussey offre à ses lecteurs encore un grand moment de lecture ! On retrouve Daniel Magne et Lisa Heslin qui cette fois sont confrontés à de nombreux bouleversements dans leur métier mais aussi dans leur vie personnelle. Une jeune fille se jette dans la Seine, un courrier énigmatique arrive sur le bureau de Magne et son fils Oscar doit faire face à une adolescence tourmentée !
Dans ce tourbillon très bien maîtrisé par l'auteur, un sentiment domine pour moi ; l'humanité ! Jacques Saussey respecte ses personnages et tente d'en montrer les bons et les mauvais côtés. Bien sûr, il est intransigeant avec les monstres produits par la société, en l'occurrence dans ce roman il dénonce les violences faites aux femmes sous différents aspects. Cette part d'humanité déjà très présente dans les autres écrits de l'auteur se mêle à la nostalgie. L'histoire se répète parfois, le cœur d'un ado reste le même et sa fragilité ne doit jamais être mise en doute. Ainsi le romancier vogue sur une période de plus de quarante ans. Il nous fait bien comprendre que la douleur peut être tenace et cela grâce à des pensées fugaces. L'émotion en est encore plus forte et efficace.
« Il s'endormit au rythme des idées noires qui l'assaillaient sans relâche, oscillant d’une époque à l'autre avec l’angoissante aisance que donnent les rêves à l'imagination. »
Jacques Saussey sait avec délicatesse décrire les sentiments de ses personnages sans aucune lourdeur. Ses mots sont simples mais l'ensemble est d'une grande qualité littéraire. La pudeur va de pair avec la force. Que ce soit l'homme mûr, l'adolescent ou la femme SDF, rien n'est exagéré et tout sert à l'avancée de l'intrigue.
« La guitare s'envole dans un riff langoureux, le manche tourné vers la salle tel le prolongement viril du musicien. Ses longs doigts fins caressent le bois verni en furieux aller-retour comme s'il se masturbait devant elle. »
Dans une petite ville du Nord de la France, quatre mois après la noyade d'une fillette, on retrouve le corps inerte d'une femme dans sa baignoire, visiblement endormie dans l'eau de son bain. Puis c'est une autre victime que fait l'eau, soulevant des interrogations à la gendarmerie.
Une étrange atmosphère tombe sur la ville où chacun s'observe du coin de l'oeil, alors qu'une vieille légende pèse ici : celle de la sorcière Marie Grouette qui hanterait les marais, les étangs, les fleuves... Certains l'ont vue. Elle est là, quelque part, et règne sur son territoire.
A la brigade de recherches de Longuenesse, le sous-officier Roland Hespel n'y croit absolument pas. C'est à lui de prouver qu'un psychopathe utilise cette légende pour effrayer la population et tuer des innocents...
Mon avis
A la lecture de " Eau claire de la mort", vous aurez peur de prendre un bain le soir !
La légende concernant la sorcière Marie Grouette effraie les habitants des rues d'Arques. Est-ce véritablement un mythe ? Karine Bonvarlet et Mylene Dehay sont retrouvées mortes dans leur baignoire en pleine nuit. Accident ou suicide ? Roland Hespel, le père de Paul, est sous-officier dans la gendarmerie. Il enquête sur ces deux victimes. Tout porte à croire que le décès de ces deux personnes coïncident avec une vieille légende de Marie Grouette.
Parallèlement, le lecteur suivra une bande de jeunes, Paul, Mickaël, Tristan et Oriane. Tous sont touchés par cette étrange histoire. Ils vont ainsi s’immiscer dans la quête de la légende Marie Grouette.
" Eau claire de la mort, c'est Marie Grouette...
Elle crie vraiment fort, et fait disparaître...
Les enfants en tort, il n' y a plus de fête.
Eau claire de la mort, c'est Marie Grouette... "
L'atmosphère est captivante et oppressante. L'apparition de cette sorcière au nez crochu portant un groët n'est qu'une illusion au yeux de Roland mais pas pour certains protagonistes.
En mêlant fantastique et thriller, Hervé Hernu donne une toute autre dimension à ce roman. Dès les premières pages, tu sais que tu vas passer un très moment de lecture. Complètement happé par cette légende de Marie Grouette, le lecteur frissonne avec cette " Eau claire de la mort". Les personnages sont parfaitement dépeints et sont très intéressants à suivre.
Le mystère rôde inlassablement près des marais et des étangs; mieux vaut ne pas s'approcher de trop près de ces étangs, vous seriez traîné dans les eaux profondes !
Riche en rebondissements, " Eau claire de la mort" est un thriller qui se dévore très vite. C'est trépidant à souhait !
J'ai eu la chair de poule et je suis bien contente de ne pas avoir de baignoire chez moi !
Très bon roman. A découvrir sans aucune hésitation !
Gabriel Joly, jeune provincial ambitieux, monte à la capitale où il rêve de devenir le plus grand journaliste de son temps. un enquêteur déterminé à faire la lumière sur les mystères de cette période tourmentée.
Son premier défi : démasquer le Loup des Cordeliers, cet étrange justicier qui tient un loup en laisse et, la nuit, commet de sanglants assassinats pour protéger des femmes dans les rues de Paris…
Les investigations de Gabriel Joly le conduisent alors sur la route des grands acteurs de la Révolution qui commence : Danton, Desmoulins, Mirabeau, Robespierre, personnages dont on découvre l’ambition, le caractère, les plans secrets.
Alors que, le 14 juillet, un homme s’échappe discrètement de la Bastille, Gabriel Joly va-t-il découvrir l’identité véritable du Loup des Cordeliers, et mettre au jour l’un des plus grands complots de la Révolution française ?
UN ENQUÊTEUR REDOUTABLE
Une fresque magistrale des premiers jours de la révolution.
Mon avis
Henri Loevenbruck nous relate une fresque historique sur le Révolution française. L'histoire est très présente dans cet opus mais des mystères, des complots et des vengeances sont aussi au cœur de ce roman.
L'ambiance dans Paris n'est que révolte. Le peuple se bat contre la misère.
" Le peuple aspire à la liberté, mais est-on libre quand on est dans l'ignorance ? "
Pendant ce temps on assiste à l'arrivée de ce jeune provincial, Gabriel Joly, à Paris afin de devenir un célèbre journaliste.
Parallèlement d'étranges événements se passent. Dans les rues profondes de Paris, des brigands sèment la peur en agressant des femmes. Un justicier portant une longue cape et en laisse un loup égorge ces dangereux malfrats. Tous ont sur le front une marque représentant un triangle inversé.
Quelle est donc l'identité de ce fantôme masqué ? C'est ce que Gabriel va tenter de découvrir en menant sa propre enquête. Un suspense intenable se profile au fur et à mesure de l'histoire.
Comme c'est judicieux de mêler histoire et thriller. On croise Danton, Robespierre, Desmoulins, Louis XVI et Marie-Antoinette. Des lieux et des faits tels que la prise de la Bastille nous font rappeler nos leçons d'écoliers.
Le commissaire Eustache est contraint de quitter sa ville de La Rochelle pour s’expatrier à Besançon. Très rapidement, alors qu’il enquête sur une série de viols commis dans la cité bisontine, un corps est retrouvé au pied du Minotaure, gigantesque statue de bronze qui trône sur la digue au milieu de la rivière. Tout indique que ce cadavre est celui du violeur en série. Chahuté par les bourrasques de pluie, de vent et par les tribulations d’une nouvelle vie, Eustache cherche le fil qui lui permettra de lever l’ombre du monstre qui plane sur la ville.
Mon avis
Le commissaire Raymond Eustache quitte l'île d'Oléron pour Besançon. La Rochelle lui manque malgré tout mais sa mutation à Besançon permet au commissaire d'être au plus près de son ex-femme.
Marianne l'a quitté pour une autre femme; enceinte de lui, Raymond prend son rôle de père à cœur.
Dans le centre ville de Besançon plus précisément à la Boucle, un violeur sévit et effraie la plupart des étudiantes. Raymond prend connaissance de l'enquête auprès de ses nouveaux coéquipiers... " D'après les premières conclusions tirées de la déclaration de la victime et des constatations du médecin, il s'agirait du même individu que les autres fois: cagoule, couteau, gants. Toujours le même scénario : les filles sont chez elles, seules. Il s'introduit dans leur domicile en pleine nuit. Couteau sous la gorge. Viol et sodomie. "
Un huis clos politique, social et conjugal aux allures de thriller.
Une nuit, en sortant de sa garde à l'hôpital de Beer-Sheva, la ville la plus méridionale d'Israël, le Dr Ethan Green, marié et père de deux enfants, percute à mort un migrant érythréen qu'il abandonne sur la route en laissant tomber son portefeuille. Le lendemain, la femme de cet homme vient le trouver dans sa coquette villa. En échange de son silence, elle exige d'Ethan qu'il prodigue chaque nuit, en cachette, ses soins aux réfugiés. Tandis que son épouse, commissaire de police, se voit confier l'enquête sur le mystérieux chauffard, Ethan Green s'engouffre aux côtés de Sirkitt dans une double vie qui menace l'intégrité de son couple et le confronte à une réalité clandestine et insalubre, sur fond de trafics, de violences – et de désirs inavouables.
Mon avis
Quand un chirurgien voit sa vie basculée un soir alors qu'il avait tout pour être heureux jusqu'à la fin de sa vie. La nuit n'est pas propice pour lui. La pleine Lune lui fait ainsi défaut.
Avec « Réveiller les lions », Ayelet Gundar-Goshen aborde un sujet lourd et actuel. Un médecin désenchanté renverse et tue un homme alors qu'il se défoule au volant de son 4x4 de luxe. Il prend la fuite mais il est contacté par l'épouse du défunt, Sirkitt, qui sait tout.
" L'homme, il le percute précisément au moment où il songe que c'est la plus belle lune qu'il a vue de sa vie. "
Le sujet est brûlant car le docteur Green va être confronté suite à son délit de fuite, à un monde de pauvres et de migrants. Au-delà des faits relatés, l'auteur sait nous rendre les événements très proches. Il réalise une photographie d'un monde morcelé qui fait écho aux infos que l'on voit défiler sur nos écrans chaque jour.
Le docteur tente de faire face à une double vie afin de cacher ses activités demandées par Sirkitt. Il doit être vigilant car c'est sa propre femme qui mène l'enquête sur l'accident. Green parvient quand même à nouer des liens avec des gens différents les uns des autres. Ce sont ces mondes contradictoires qui donnent au roman une épaisseur humaine et qui font la qualité originale de l'histoire. L'empathie et l'injustice se mêlent grâce à un style simple et poétique. L'ensemble est ainsi particulièrement attachant.