Editions Black Lab
389 pages
4 ème de couverture
Une femme se présente au commissariat du XIIe et demande à voir le capitaine Mehrlicht en personne.. Sa fille Lucie, étudiante, majeure, n'est pas rentrée de la nuit. Rien ne justifie une enquête à ce stade mais sait-on jamais... Le groupe de Mehrlicht est alors appelé au cimetière du Père Lachaise où des gardiens ont découvert une large mare de sang. Ils ne trouvent cependant ni corps, ni trace alentour. Lorsque, quelques heures plus tard, deux pêcheurs remontent le corps nu d'une jeune femme des profondeurs de la Seine, les enquêteurs craignent d'avoir retrouvé Lucie. Mais il s'agit d'une autre femme dont le corps exsangue a été jeté dans le fleuve. Exsangue ? Serait-ce donc le sang de cette femme que l'on a retrouvé plus tôt au Père Lachaise ? La police scientifique répond bientôt à cette question : le sang trouvé au cimetière n'est pas celui de cette jeune femme, mais celui de Lucie... Un roman gothique dans un Paris recouvert de brouillard à l'heure où un vampire enlève des femmes et les vide de leur sang. Un roman choral qui laisse la parole à plusieurs protagonistes : à ceux qui perdent ou ont perdu, à ceux qui cherchent, à ceux qui trouvent ou pensent trouver. Un roman qui est l'histoire de six hommes qui aiment ou croient aimer chacun une femme : celui qui la cherche, celui qui l'aime de loin, celui qui veut la venger, celui qui la bat, celui qui la veut éternelle, et celui qui parle à ses cendres. Un roman parle des femmes comme premières victimes de la folie des hommes, même de ceux qui croient les aimer.
Mon avis
J'ai un très mauvais caractère,
je ne supporte pas les stagiaires,
je ressemble à Paul Préboist,
je suis, je suis, je suis...
Je suis Daniel Mehrlicht, l'anti-héros iconique de Nicolas Lebel.
Et il revient pour la cinquième fois avec « Dans la brume écarlate ». Toujours dans les brumes de la fumée de ses cigarettes ! Cependant il va devoir faire ressortir la vérité d’un brouillard sanglant et machiavélique. Il n'est pas obligatoire d'avoir lu les romans précédents pour comprendre ce nouveau thriller. Mais bien sûr le plaisir est accru quand on se prend à détecter les gimmicks qui jalonnent les autres aventures de Mehrlicht et son équipe d'enquêteurs. Cette fois la vie privée des héros est moins présente. Il faut dire que l'affaire qu'ils ont à traiter est compliquée, l'auteur se devait donc d'être méticuleux. Les personnages secondaires sont nombreux et pourtant je ne me suis jamais sentie perdue dans les méandres de l'histoire ! Le regard de Mehrlicht est toujours désabusé mais laconique.
" Il poussa la porte. Dans la zone de combat qu'était cette pièce, dans ce fatras indicible où toute trace de civilisation avait été consciencieusement effacée, où crépitait une musique manifestement interprétée à la Kalachnikov et au mortier lourd, Mehrlicht discerna, par delà le nuage de fumée Marlboro, son fils hirsute affalé devant l'écran de son ordinateur. "
Dans un Paris ombrageux, des femmes souffrent et meurent. Les brumes gênent les policiers dans leur travail car le moindre mouvement est entravé par la quasi obscurité. Le titre, à cet égard, colle bien au sujet : du sang entachant une atmosphère embrumée et omniprésente. En bon linguiste, Nicolas Lebel sait manier un vocabulaire riche et évocateur. Le registre lexical est brillant car il parvient à trouver des métaphores et des mots très divers pour désigner la météo plombante qui courre du début à la fin du roman. Les différences de générations sont montrées au travers du vocabulaire, ce qui offre des dialogues souvent cocasses.
" Un coup de fil à son amie Cathy, peut-être, parce qu'il fallait dire le malheur qui les frappait. Alors rien ne devait entamer sa tristesse, ni amollir sa culpabilité, encore moins faire taire sa colère. Demain parce qu'il n'y aurait pas un jour de plus, il coffrerait l’assassin pour de bon. "