mardi 22 janvier 2019

Caroline Bongrand: " Vous aimer"



Editions Robert Laffont
180 pages

4 ème de couverture



Il lui dit qu'il la trouvait belle. Qu'il avait regardé son corps, qu'il devinait splendide, ses hanches, ses jambes, ses mains, ses pieds, adorables dans ses chaussures ouvertes, la manière qu'elle avait de tenir sa tête, son rire, sa voix, ses poignets, et son visage, et ses yeux, si merveilleux. Il lui dit qu'elle était rare, unique, une femme, une seule. La seule, la plus belle. Superbe.
Elle manqua de se trouver mal.
Elle n'avait pas touché son assiette, lui non plus. Ils se forcèrent à manger un peu, tout de même, dans le silence.
À la fin du déjeuner elle étendit son bras, et, du dos de sa main, effleura le dos de sa main à lui. Juste un instant. Ils ne pouvaient pas ne pas avoir au moins vécu cela. "

Un homme et une femme se rencontrent lors d'un déjeuner professionnel. Objet des critiques continuelles d'un mari insatisfait, la femme se voit belle dans les yeux de cet homme subjugué par elle et qu'elle adore déjà.
Pour préserver, croient-ils, leurs familles respectives, ils établissent un pacte : ils ne feront jamais, jamais l'amour. Seulement, la retenue a l'effet inverse de celui escompté.


Mon avis



" Vous aimer" est un roman où la passion d'une femme renaît après un rendez-vous professionnel. Âgée d'une quarantaine d'années, elle oubliait d'être coquette; entre le train train habituel et les routines, normal que l'on  n'a guère le temps de s'occuper de soi. Le regard de son mari s'est éteint sur elle. Il est toujours en train de la rabaisser et ses humeurs commencent à la fatiguer. Il lui dit tout le temps qu'elle ne fait plus d'effort pour se sentir jolie. La passion d'autrefois et l'amour sensuel n'existent plus. 

" Il faut une vie pour s'aimer. Se pardonner ce qu'on n'est pas, apprivoiser ses défauts, comprendre enfin qu'ils n'en sont pas, être tendre avec soi. "

C'est lors de ce rendez-vous professionnel que la vie de cette femme va basculer. Le regard d'un autre homme change la donne. Il la trouve jolie. Une certaine sensualité et de la compassion se ressentent.

" Qu'un homme la déshabille ainsi de la tête aux pieds- et surtout, de dos- l'avait fait sourire. Elle était  donc  peut-être encore, et contre toute attente, quelque chose comme une belle femme. " 

lundi 21 janvier 2019

Sonja Delzongle: " Boréal"




Editions Denoël
448 pages


4 ème de couverture



Janvier 2017, au Groenland. Là, dans le sol gelé, un œil énorme, globuleux, fixe le ciel. On peut y lire une peur intense. C’est ainsi que huit scientifiques partis en mission de reconnaissance découvrent avec stupeur un bœuf musqué pris dans la glace. Puis un autre, et encore un autre. Autour d’eux, aussi loin que portent leurs lampes frontales, des centaines de cadavres sont prisonniers du permafrost devenu un immense cimetière. 
Pour comprendre l’origine de cette hécatombe, le chef de la mission fait appel à Luv Svendsen, spécialiste de ces phénomènes. Empêtrée dans une vie privée compliquée, et assez soulagée de pouvoir s’immerger dans le travail, Luv s'envole vers le Groenland. Ils sont maintenant neuf hommes et femmes, isolés dans la nuit polaire. 
Le lendemain a lieu la première disparition.


L'avis de Yannick Dubart



Je vous propose de découvrir l'avis d'une auteure du Nord, Yannick Dubart sur le roman de Sonja Delzongle " Boréal". 

Sonja Delzongle dans « Boréal » instaure un climat soufflant le chaud et le froid virtuellement et concrètement. Ainsi dès les premiers paragraphes, on frissonne d'angoisse et de plaisir livresque. Luv est une spécialiste des mystères liés à la planète. Sa vie de mère joue un rôle prépondérant dans ses choix de carrière. Un ami à elle va faire appel à ses services afin d'éclairer une situation dans une station située au milieu de l’inlandsis, au Groenland. Aura-t-elle suffisamment de force pour faire face à tous les enjeux qui vont jalonner son engagement ?

« Autour de Luv, le silence, dont fait partie le frémissement de l'océan. Elle peut presque entendre le sans couler dans ses veines. La respiration rapide et régulière de Joy fait doucement crépiter le babyphone. Accoudée à la rambarde en acier comme au bastingage d'un navire, la biologiste regarde le soleil décliner dans une brume violacée. À ses pieds, le vide et la masse sombre mouvante. Au-dessus de sa tête, l'espace du ciel qui s'ouvre sur l'univers infini... »

Les considérations écologiques sont d'emblée évidentes. L'auteure s'est bien documentée, permettant de donner de l'épaisseur à l'intrigue elle-même. N'ayant jamais lu Sonja Delzongle auparavant, j'ai donc pris connaissance de sa maîtrise de sujets réels mis au service d'une histoire originale. C'est justement ce que j'attends d'un roman réussi. Apprendre en prenant son pied, c'est mon but de lectrice assoiffée !

La plume est magnifique sans être pesante. Tout est bien dosé afin de suivre une aventure palpitante et une expérience humaine. L'équilibre est une des grandes qualités de « Boréal ». Ainsi, mon attention n'a pas faibli du début jusqu'à la fin.

Les décors sont à l'image de l'histoire. Le blanc fait ressortir la noirceur de la rapacité humaine face à la planète. Les personnages y sont capables de tout. Et heureusement parfois du meilleur. Luv, l'héroïne très particulière de ce livre connaît bien les méfaits des hommes sur l'environnement. Elle est consciente des dangers qu'encoure la Terre. C'est une femme et une mère. Le récit prend également en compte cet aspect : la maternité et ses écueils. On pourrait faire le parallèle entre la Terre et cette notion de maternité, mais peut-être vais-je trop loin dans l’interprétation du texte...

jeudi 17 janvier 2019

Christophe Rouet: " Voyage au pays des vampires"



De Borée Editions
189 pages


4 ème de couverture



Sur les pas de Dracula, cet ouvrage est construit comme un voyage qui mène le lecteur des brumes anglaises au cœur de la Transylvanie encore sauvage... Mythe littéraire et réalité historique se rencontrent ! Passez de l'autre côté du miroir... Magnifiquement illustré, un voyage initiatique pour les amoureux du genre.


Mon avis



Quel beau carnet de voyage que nous propose Christophe Rouet! La préface est écrite par un journaliste, scénariste et romancier qu'est Edouard Brasey. Il ouvre ainsi le bal en proposant aux lecteurs de suivre les routes londoniennes sur les pistes du Comte Dracula.

" Il demeure en tout cas l'un des mythes majeurs du fantastique, tour à tout incarnation du Mal et rebelle à la fatalité de la mort. "

Objet de peur et aussi de fascination, le vampire hante la littérature et les écrans. Dans ce livre, on comprend bien le lien entre mythe et réalité. Grâce aux illustrations et aux anecdotes pertinentes, l'auteur parvient à nous faire connaître Bram Stoker, le créateur de Dracula.
Cet inventeur de la légende du vampire par excellence devient à son tour un héros livresque sous la plume de Christophe Rouet. Personnage de fiction ou de réalité? En tout cas la légende du vampirisme concerne certains pays comme la Roumanie. Christophe Rouet nous fait voyager vers Londres et la Transylvanie, en Brasov.
Pour ainsi dire Bram Stoker manie le mythe du vampire de main de maître. Comme la créature est beaucoup plus célèbre que le créateur, j'ai appris pas mal d’éléments sur un auteur que je ne connaissais pas du tout. Ainsi, saviez-vous qu'il avait commis d'autres écrits ? Moi non plus ! Et cela excite ma convoitise de lectrice.

dimanche 6 janvier 2019

Thierry Declercq: " Mémoires d'un tas de charbon"



Editions Amanite
324 pages


4 ème de couverture



Tiphaine, six ans, est enlevée à sa mère un soir de Fête nationale. Une brochette de personnages atypiques et inquiétants gravite autour de cette disparition : quatre adolescents désœuvrés et assoiffés d’aventures, Adam Rose, marginal habité par des fantômes, Élodie, jeune infirmière égocentrique et sans scrupules, Lorenzo, ouvrier benêt et énamouré ou encore Payen, mari éconduit...

De l’ombre d’un terril aux corons du pays minier, Thierry Declercq embarque le lecteur dans un univers de non-dits et de destins croisés où se mêlent mystère et suspense jusqu’au final complètement déroutant.


Mon avis



Dans « Mémoires d'un tas de charbon », Thierry Declercq offre une histoire morcelée dans laquelle des personnalités semblent se croiser de manière anarchique. Mais bien sûr, il n'en est rien car les rencontres s'avèrent finalement totalement logiques. 


La logique, justement, n'apparaît pas là où on l'attend. C'est ce qui fait l'originalité de ce roman. Les nombreux personnages passent avant l'intrigue ; Thierry Declercq est très à l'aise quand il s'agit de mettre des gens ordinaires au centre d'une histoire. Cette aptitude à l'empathie est un point positif du style de cet auteur.
Cependant, j'aurais apprécié un peu moins de protagonistes. Ils sont certes attachants mais l'histoire s'en trouve quelque peu alourdie. Heureusement, l'écriture de l'auteur est très travaillée. Son sens de la formule et des dialogues grinçant fait mouche. 

« C'est quand même dingue, ce besoin des mourants de vouloir se mettre à la bonne avec le Bon Dieu au moment où, justement, il vous reprend tout ce qu'il vous a donné... »

vendredi 4 janvier 2019

Niko Tackian: " Avalanche Hôtel"



Editions Calman Lévy
270 pages


4 ème de couverture



SURTOUT, NE VOUS FIEZ PAS 
À VOS SOUVENIRS !

Janvier 1980. Joshua Auberson est agent de sécurité à l’Avalanche Hôtel, sublime palace des Alpes suisses. Il enquête sur la disparition d’une jeune cliente avec un sentiment d’étrangeté. Quelque chose cloche autour de lui, il en est sûr. Le barman, un géant taciturne, lui demande de le suivre dans la montagne, en pleine tempête de neige. Joshua a si froid qu’il perd connaissance…

… et revient à lui dans une chambre d’hôpital. Il a été pris dans une avalanche, il est resté deux jours dans le coma. Nous ne sommes pas en 1980 mais en 2018. Joshua n’est pas agent de sécurité, il est flic, et l’Avalanche Hôtel n’est plus qu’une carcasse vide depuis bien longtemps. Tout cela n’était qu’un rêve dû au coma.

Un rêve, vraiment ?

ENTRE SHINING ET JASON BOURNE,
UN THRILLER HYPNOTIQUE SIGNÉ NIKO TACKIAN



Mon avis


J'ai commencé " Avalanche Hôtel" en me disant " il va s'en passer des choses dans cet hôtel", un peu comme dans Shining de Stephen King. Au fil de ma lecture, je m'aperçois qu'il n'en est rien. L'histoire ne se déroule pas uniquement dans ce palace somptueux.

Une pointe de déception se fait sentir mais je ne lâche rien, je continue ma lecture et je commence sérieusement à m'accrocher au récit. Les sujets sur la mémoire et le passage du monde imaginaire au réel ou l'inverse me plaisent. Le personnage Joshua Auberson est assez hypnotique. L'atmosphère est pour le moins étrange et assez énigmatique. " Avalanche Hôtel" me fait beaucoup penser à l'hôtel Overlook.

" Joshua hésita à suivre le géant, mais avait-il vraiment le choix? Retrouver sa mémoire avait un prix et il était prêt à le payer. "

Niko Tackian s'est lancé dans une histoire difficile. La réalité se confond au rêve. Le doute s'installe, qui croire dans ce récit? Ainsi j'entre profondément dans les méandres de " Avalanche Hôtel".

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