Elle n’avait pas l’air blessée, juste tellement maigre. Ses yeux, noirs comme du charbon, le transperçaient. Elle avait faim. Et il n’avait rien. Ce besoin primordial lui troua soudain le ventre. Il se leva et fouilla les détritus. En vain. Évidemment. Il défit sa combinaison pour palper ses poches. Sa main buta contre un bâtonnet de Dinah. Pouvait-il donner cela à l’enfant ? Avait-elle faim au point de manger de la nourriture pour chien ?”
Qui est cette enfant mutique trouvée dans un repli du karst ? Une sorgina, une sorcière soufflent certains. Alors qu’elle est confiée à Luce et Mayana, le mystère s’épaissit dans la forêt des Arbailles et menace les deux femmes.
Un suspense psychologique qui interroge les liens maternels.
Mon avis
Dans « L'enfant de karst », c'est le milieu naturel qui est le véritable personnage central. D’ailleurs, la couverture montre bien la petitesse de l'être humain par rapport à la roche. Je ne résumerai pas cette histoire car je préfère que vous lisez ce roman empreint de poésie et de sensibilité. " L'enfant du karst " est un roman d'atmosphère où la nature prédomine.
" La prairie humide regorgeait de cardamines. Ces fleurs rose pâle bordaient le ruisseau alors que sur la partie près du bois, le blanc des anémones tranchait avec le vert presque fluorescent des touffes de fétuque. "
Stéphanie Abadie livre un roman abrupte mais non dénué d'humanité. Seulement, j'ai eu l'impression que les protagonistes ont été modelés par la nature, par l'environnement sauvage et étrange de la forêt des Arbailles, une partie du pays basque.
Au cœur de ce paysage, des thématiques fortes sont abordées. Ainsi la maternité revient au fil des pages. Comment la relation mère-enfant peut-elle interférer dans le quotidien d'un couple ? Comment est encore perçue l'image de l'enfant illégitime, du couple recomposé ?
Les autres sujets abordés sont par exemple la solitude et la vie dans la ruralité. L'auteure maintient une forme de suspense en jouant avec les sentiments.
