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mardi 7 février 2023

Fils de personne - Jean-François Pasques

 


Editions Fayard

416 pages


4 ème de couverture


Un numéro de téléphone, un exemplaire de La Peau de chagrin et un briquet de la Légion étrangère. C’est tout ce qui est retrouvé sur le cadavre d’un homme abandonné dans un bassin du jardin des Tuileries. Alors qu’il piétine déjà dans une enquête sur la disparition de trois jeunes femmes, le commandant Julien Delestran est chargé de l’affaire. Le numéro de téléphone est sa première piste : c’est celui du CNAOP, l’organisme permettant aux enfants nés « sous X » de retrouver leurs parents biologiques. Mais tandis que le commandant essaie d’avancer sur cette nouvelle enquête, la précédente se rappelle à lui quand sa hiérarchie lui adjoint l’aide d’une psychologue. Tout d’abord sceptique face à cette « ingérence », Delestran est bien obligé de reconnaître que Claire Ribot sait mettre au jour la vérité aussi bien que le plus fin des limiers. Et qu’elle ne sera pas de trop pour sonder, avec son groupe, les tréfonds de l’âme humaine…

Chimiste de formation, Jean-François Pasques est capitaine de police. Après une quinzaine d’années à Paris, notamment à la Section Criminelle de la 1ère DPJ, il travaille désormais à Nantes en Sécurité Publique. La police satisfait son appétit de curiosité humaine, et Fils de personne met en scène ces personnages hauts en couleurs auxquels il est confronté quotidiennement dans son métier.


Mon avis



« Le fils de personne » de Jean-François Pasques pourrait passer pour une simple histoire de flics avec une enquête classique. Et pourtant, ce roman et bien plus que ça car il m'a flanqué une vraie claque et cela pour diverses raisons.

Déjà, l'intrigue s’avère beaucoup plus complexe que prévue au départ. Elle est multiple et met en scène des situations originales. Ce vieil homme trouvé dans un parc représente dès le début un sujet intrigant pour le commandant Delestran qui arrive sur place. Ce mort l’obsède alors qu'il est déjà sur une affaire de femmes disparues.

Justement ces deux enquêtes mettent en relief des personnages intéressants à suivre. Jean-François Pasques est parvenu à me passionner pour des gens à priori simples mais pas que…
Les morts et les vivants ont autant d'importance pour l'auteur que pour le commandant Delestran. Ainsi les pages respirent le respect dans les interrogatoires et dans la façon dont Delestran voit les personnes qu'il rencontre.
« Le corps de Monsieur Georges fut enveloppé dans une bâche mortuaire d'une blancheur immaculée, munie de poignées sur les côtés, son dernier écrin de dignité. »
L'auteur n'a pas reçu le prix du Quai des orfèvres 2023 pour rien. Le travail de policier y est bien expliqué. On peut suivre la procédure de A à Z. J'ai déjà pu lire des polars qui montraient bien le développement d'une affaire mais c'est la première fois que tout est décortiqué comme dans « Le fils de personne ».
Cela ne m'a jamais ennuyé car tout est emballé avec clarté et intelligence. J'ai apprécié par exemple les questionnement sur la fonction de policier et sur l'évolution du métier.
« Tout devenait compliqué, obligeant le flic généraliste à se spécialiser en perdant une vision d'ensemble sur son cœur de métier. C'est pour cette raison que Delestran tenait à avoir des jeunes dans son groupe, pour se rapprocher au mieux de cet équilibre par la complémentarité. »
Derrière cette histoire, j'ai perçu également une admiration pour la littérature en général et pour Georges Simenon en particulier. Jean-François Pasques s'y connaît en la matière. Il truffe ses chapitres de références à Jules Maigret. La femme de Delestran rappelle l'épouse du fameux commissaire, l'intérêt pour les petites gens jusqu'au prénom, « Jul' », du commandant. Il est d'ailleurs amusant de chercher les similitudes au fil des pages. Je vous laisse jouer à ce jeu qui rend la lecture encore plus agréable.

J'ajouterai à ces remarques que l'humour et l'émotion équilibrent le récit. L'atmosphère en est donc un peu plus légère face aux malheurs vécus par les protagonistes qui ont un lourd passé. De petites phrases démontrent ainsi que l'auteur a un réel sens du rythme de l'écriture.
« Devant la mort, la vie était finalement peu de chose et, pourtant, c'était tout. À trop y penser, on pouvait devenir fou ; mais à l'ignorer également. »
On aura compris que j'ai beaucoup aimé ce roman. Et j'attends évidemment le prochain roman de cet auteur qui fait preuve d'originalité dans le monde du polar et du thriller.


L'auteur


Jean-François Pasques est capitaine de police et écrivain de roman policier.

Il est en fonction sur la circonscription de Nantes.

Chimiste de formation, il a quitté son laboratoire de recherches par manque d’espace. Il est entré dans la Police Nationale, un peu par hasard.

Vingt-six années plus tard, il est convaincu d’avoir trouvé sa place dans un monde en perpétuel mouvement en donnant du sens à sa vie.


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