Pages

vendredi 4 juin 2021

Diego Arrabal : " Alice doit mourir "

 


Editions Cairn

336 pages


4 ème de couverture


Pour régler la succession de sa grand-mère qui vient de décéder, Alice revient dans le hameau des Pyrénées où, petite, elle passait toutes ses vacances. Une fois sur place, prise de nostalgie et en proie à une profonde remise en question, elle décide de s'installer dans la propriété familiale plutôt que de la vendre. Commence alors une série d'événements étranges, de plus en plus graves, dont certains voisins lui attribuent l'origine, sous-entendant qu'elle serait une sorcière. L'entente au sein de la petite communauté vole en éclat, tandis qu'Alice qui se sent surveillée est directement menacée de mort par un énigmatique corbeau.



Mon avis



Il règne sur « Alice doit mourir » de Diego Arrabal comme un air de nostalgie. Pourtant le passé va être bien malmené dès les premiers chapitres. Ceux-ci mettent en scène Alice, qui revient dans le village de son enfance. L'histoire semble assez classique et il faut attendre encore un peu pour découvrir davantage la jeune femme.
« Elle ressentait la solitude de la vieille femme qui s'exprimait à travers cette invitation à s'installer en ce lieu. Sans que cela soit dit, Alice comprenait que sa grand-mère lui déconseillait de vendre. Pourquoi cet attachement à cette maison ? À ces terrains et forêts? Pourquoi vouloir qu'elle, sa petite fille, conserve tout cela ? »
J'ai eu un peu de difficultés à me laisser envoûter par cette histoire qui tourne pourtant autour de la sorcellerie. Mais dès qu'Alice découvre ce que lui a laissé sa grand-mère qui vient de mourir, j'ai apprécié l'écriture de Diego Arrabal. Son style prend toute son épaisseur lors des descriptions d'une nature foisonnante. Ainsi la sensualité est très présente au fil des pages, les odeurs, les couleurs et le textures de la flore sont magnifiées. L'écriture est de grande qualité mais je déplore que Diego Arrabal ne laisse pas une plus grande place à la fantaisie ou à l'humour. Évidemment cela n'engage que moi d’autant plus que les dialogues sont très réussis.
« Fermant les yeux, elle percevait des sensations oubliées depuis son enfance. Sans les voir, elle reconnaissait les textures différentes de la terre de bruyère sous les conifères ou du compost de feuilles sous les hêtres centenaires »
« Alice doit mourir » relève bien sûr du polar rural mais pas que… L'auteur sait bien montrer le poids du passé et l'importance de la transmission. L'intrigue opposant les esprits cartésiens et les croyances ancestrales aboutit à une fin assez surprenante aussi trouble que les élixirs de la grand-mère d'Alice.

Ce polar fait planer le doute tout en jouant avec les non-dits et la magie des éléments naturels. Pas de folles poursuites et même quelques longueurs (ou langueur pour les amoureux de la montagne) mais un suspense qui sait être efficace notamment dans les dernières pages.



L'auteur


Universitaire, Diego Arrabal est aujourd'hui à la retraite et vit à Tarbes. Militant syndical et associatif, animateur radiophonique passionné par le théâtre, la musique et le roman, il voue une tendresse toute particulière au genre policier. En 2008, il saute le pas avec son premier roman Le meilleur d'entre nous qui emmène le lecteur dans l'univers feutré de l'université. Depuis, romans et nouvelles se succèdent. Alice doit mourir est son huitième roman.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire