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lundi 15 juin 2020

Virginie Anglard : " Interview "




J'ai le plaisir de partager avec vous, lecteurs, une interview pour mieux connaitre l'auteure Virginie Anglard.
Après avoir lu " L' ombre du crime " et " Une bonne raison de tuer " , j'ai voulu en savoir un peu plus sur cette auteure.


1. Comment vous définiriez-vous ?

Cette question est très difficile. 
Mais je peux vous rapporter ce que les autres disent de moi : drôle, entière, fiable, passionnée, bosseuse, juste, et d’une sensibilité maladive. 
Ça, c’est ce que me renvoient les gens qui m’aiment bien. 
Et pour les autres ? Froide, exigeante, cassante, ironique, injuste et insensible. 
Comment voulez-vous que je m’y retrouve ? 
Non, sérieusement : ce que je sais de moi depuis 60 ans, c’est ma volonté de progresser, chaque jour un peu plus, vers l’image que je me fais d’un humain digne. 



2. Comment vous est venue l’idée d’écrire ? 

La question que je me suis posée, ces dernières années, c’est surtout qu’est-ce qui m’en a détournée ?
Mon grand-père me disait que j’avais su me servir d’un stylo avant de maîtriser la fourchette ! Et mon premier roman n’a été publié qu’en 2019… Que s’est-il donc passé entre-temps ? J’ai vécu, j’ai lu, beaucoup, presque compulsivement. Puis est venu le temps de la compréhension : je ne m’autorisais pas à écrire ! Un interdit familial pesant (dont je me réserve le détail), m’avait détournée de ma passion pour l’écriture. Il m’a fallu de très longues années pour me guérir de ce mal insidieux. Mais rassurez-vous, je vais beaucoup mieux ! 


3. Quels sont vos auteurs préférés ? 

Je n’ai pas réellement d’auteur favori. Ou alors ils sont trop nombreux pour que je prenne le risque d’en oublier. Je n’en citerai que deux, non parce qu’elles sont les « meilleures », mais parce qu’elles me touchent, l’une comme l’autre, en plein cœur : Colette, et Anna Gavalda. 
Par ailleurs, j’ai un modèle de réussite dans le métier d’écrivain : Franck Bouysse. Parce que c’est un gros bosseur, un acharné, que j’aime ses ambiances, sa façon de dire ou de taire les choses. 



4. Quel est votre film préféré ?

Je ne suis pas très cinéma. Mais il y a des films dont je ne me lasse pas : La ligne verte, l’Impasse, le Vieux fusil, la Liste de Schindler. Et toute la série des Pagnol, version d’origine, bien entendu. Ah ! j’allais oublier Le grand chemin, qui a le don de me faire rire autant que pleurer. Tout ce que j’aime, au fond… 


5. " L'ombre du crime " et " Une bonne raison de tuer " sont deux romans que j'ai littéralement dévorés, mais sont assez différents l'un de l'autre. Comment avez-vous construit ces deux histoires ? 

Décidément, je vais encore vous décevoir, Delphine. Je ne construis rien ! 
Pour l’un comme pour l’autre de ces romans, je n’avais aucune intrigue en tête, sans doute parce que j’attache très peu d’importance à l’aspect anecdotique de l’écriture. Mais j’ai des sujets, des thèmes qui me trottent en tête et que je tiens à aborder. J’en dresse alors une liste. 
Au risque de passer pour une dilettante, je vais essayer de vous décrire le processus. A partir de ma liste, et durant plusieurs semaines, je me couche en laissant venir les images. Je ne peux pas écrire sans image. Au matin, je note dans un petit carnet les séquences que j’ai « vues » en m’endormant. Petit à petit, le carnet s’enrichit. Il m’arrive de rajouter quelques notes en journée. 
Au bout d’un délai dont la durée ne dépend pas de moi, mon petit carnet contient suffisamment de séquences pour que des personnages m’apparaissent. Je décide alors de faire avec, et de me laisser porter. 
Dans l’Ombre du crime, le coup de théâtre final n’était absolument pas prémédité. Il s’est imposé à moi. Pour « Une bonne raison de tuer », jusqu’aux deux tiers du roman, je ne savais pas plus que vous qui avait assassiné Lyse, ni pourquoi. Et c’est très bien comme ça. C’est dans cette totale liberté que j’aime créer. 




6. Victor et Cassandra sont mes deux personnages préférés dans vos romans. Comment avez-vous créé ces deux personnages. Sont-ils le reflet de votre personnalité ? 

Je suis heureuse de pouvoir enfin vous répondre : oui ! 
Mais j’irai plus loin : je me suis aperçue, à la faveur de relectures, que chacun de mes personnages, du plus récurrent au plus modeste, portait en lui un petit morceau de moi. La blessure de Cassandra, c’est la mienne. La pudeur de Victor m’est familière. La résilience de N’Guyen, cet humour presque désespéré, je les connais bien. Même cet imbécile de Befey me ressemble un peu ! Juste un peu… 


7. Quel est le moment le plus propice pour écrire ? 

Je ne sais produire que le matin. 
Vers cinq heures, le silence est unique : je m’entends mieux penser. Le reste de la journée, si je ne travaille pas (j’ai aussi un métier), je bricole, je relis (toujours à haute voix), j’essaie d’améliorer. 


8. Quelles sont vos passions en dehors de l’écriture ? 

En première position : regarder, écouter ma fille, et me sentir fière de la belle âme qu’est la sienne. 
Ensuite, mon métier. Je suis conseillère en insertion professionnelle et chaque jour me donne le sentiment d’une réelle utilité. Je me sens à ma juste place. 


9. Préparez-vous déjà votre prochain roman ? Pourriez-vous résumer en une phrase le sujet abordé ? 

Je travaille en effet au troisième opus. 
Le résumé ? « Deux démons à leur gré partagent notre vie,…Si vous me demandez leur état et leur nom, J’appelle l’un Amour et l’autre Ambition.» Jean de La Fontaine, Le berger et le roi. 
L’intrigue se déroule dans un milieu dont j’ignorais tout il n’y a pas si longtemps, et dont je découvre, au fil du temps, des salons, des manifestations littéraires, les coulisses et les turpitudes … 


10. Libre à vous de conclure cette interview. 

J’ai envie de vous confier que je travaille également à un tout autre projet : une biographie. L’histoire d’un homme qui fait suffisamment confiance à ma plume pour me livrer les secrets les plus intimes de son étrange existence. 
Le récit débute en 1960 et se terminera sur un événement de 2017 dont les habitants du Limousin ont eu connaissance par la presse, et dont ils ignorent les dessous… 
Mais chut ! C’est une surprise ! 

Je tiens également à remercier mes lecteurs pour leur générosité, leurs encouragements réguliers. 

Et je vous remercie, Delphine, pour l’intérêt que vous portez aux auteurs et à leur travail.


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