Editions Amanite
324 pages
4 ème de couverture
Tiphaine, six ans, est enlevée à sa mère un soir de Fête nationale. Une brochette de personnages atypiques et inquiétants gravite autour de cette disparition : quatre adolescents désœuvrés et assoiffés d’aventures, Adam Rose, marginal habité par des fantômes, Élodie, jeune infirmière égocentrique et sans scrupules, Lorenzo, ouvrier benêt et énamouré ou encore Payen, mari éconduit...
De l’ombre d’un terril aux corons du pays minier, Thierry Declercq embarque le lecteur dans un univers de non-dits et de destins croisés où se mêlent mystère et suspense jusqu’au final complètement déroutant.
Mon avis
Dans « Mémoires d'un tas de charbon », Thierry Declercq offre une histoire morcelée dans laquelle des personnalités semblent se croiser de manière anarchique. Mais bien sûr, il n'en est rien car les rencontres s'avèrent finalement totalement logiques.
La logique, justement, n'apparaît pas là où on l'attend. C'est ce qui fait l'originalité de ce roman. Les nombreux personnages passent avant l'intrigue ; Thierry Declercq est très à l'aise quand il s'agit de mettre des gens ordinaires au centre d'une histoire. Cette aptitude à l'empathie est un point positif du style de cet auteur.
Cependant, j'aurais apprécié un peu moins de protagonistes. Ils sont certes attachants mais l'histoire s'en trouve quelque peu alourdie. Heureusement, l'écriture de l'auteur est très travaillée. Son sens de la formule et des dialogues grinçant fait mouche.
« C'est quand même dingue, ce besoin des mourants de vouloir se mettre à la bonne avec le Bon Dieu au moment où, justement, il vous reprend tout ce qu'il vous a donné... »
L'ensemble, dans certains passages, fait penser à un « Stand by me » plombé par la poussière de charbon et le ciel nordiste. Cela a un charme indéniable. L'ambiance est très importante dans « Mémoires d'un tas de charbon ». D'ailleurs les descriptions contribuent à mettre les lecteurs au niveau des personnages.
« L'aube enduisait les murs de Sainte-Camarde de rose et de lilas quand une lumière ocre a chassé les dernières ombres maléfiques de la nuit. La campagne a émergé lentement de sa gangue humide de brume grise. Je me suis remis en route. »
Certains thèmes sont abordés en parallèle de intrigue principale. Les difficultés sociales, la marginalité sont bien traitées par Thierry Declercq. L'auteur prend donc son temps. Cette option est risquée mais donne de beaux moments de lectures.
Ce roman n'est pas pour des lecteurs s'attendant à une action haletante. Ils y trouveront d'autres qualités. « Mémoires d'un tas de charbon » n'est pas un coups de cœur mais est quand même un tour de force dans sa construction. Tierry Declercq est un auteur qui a un univers très personnel. C'est un trait de caractère courageux en matière d'écriture. Ainsi, après « Les chiens de la baie », très différent et qui m'avait plu, je lirais volontiers d'autres opus de cet écrivain et éditeur nordiste.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire