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mercredi 7 février 2024

Gilles Vidal : " Les cinq cents diables "

 

Editions La Déviation

242 pages


4 ème de couverture


« Comment se vider la tête ? Comment oublier ce qui doit l’être ? Des remontées de mauvais souvenirs que j’aurais préféré laisser tout au fond de l’étang vaseux où ils stagnaient depuis des décennies venaient quand même me tarauder aux moments où je m’y attendais le moins. Et je n’avais pas envie de descendre plus profond dans ces épaisses et horribles ténèbres où je m’étais trouvé jeune. Je tentai en vain de les effacer de ma mémoire mais ce n’était pas évident : comme un cadavre dont on veut se débarrasser et que l’on a oublié de plomber pour qu’il s’abîme dans les bas-fonds, il revenait à chaque nouvelle marée chaque fois encore plus empuanti et toujours plus en décomposition. »



Mon avis



Avec « Les cinq cents diables» Gilles Vidal propose un ensemble de nouvelles que je diviserais en deux parties. Dans un premier temps, il raconte l'histoire de Paul, un acteur à succès qui ne peut s'empêcher d'avoir des aventures sexuelles torrides avec toutes les jolies femmes qu'il croise. Et le monsieur a énormément d'admiratrices !

J'ai beaucoup apprécié quand il compare les personnes qu'il rencontre avec ses rôles au cinéma. Le tout est saupoudré d'humour et de phrases bien envoyées. Paul est plein de nonchalance et d'ironie. Ce mélange claque au détour des phrases montrant la crise existentialiste du l'acteur. Gilles Vidal égratigne au passage la société de consommation à outrance tout en mettant en valeur la beauté et la sérénité de la nature. Mais comme ce texte est une nouvelle, la fin laisse dubitatif.
« Mais ce n'était pas facile de retrouver les chemins vicinaux, car beaucoup de bornes avaient été retirées comme on arrache aux vieillards leurs derniers chicots. »
L'autre partie rassemble quelques textes plutôt orientés science-fiction. Chaque nouvelle recèle un aspect futuriste dans lequel l'I.A. prend une grande place. Mais est-ce un progrès ou pas ? En tout cas les besoins des êtres que l'auteur décrit semblent être les mêmes qu'aujourd'hui.
Dans chaque histoire de ce recueil, on voit que l'humanité butte sur des sujets universels comme l'aliénation, les pièges des médias et du soi-disant progrès scientifique.

Les protagonistes sont bien seuls face au manque d'amour et de considération. J'ai préféré la première histoire et j'aimerais que cet acteur fasse l'objet d'un roman entier tant je me suis attaché à lui malgré ses défauts manifestes.

Quant à la deuxième partie, elle est plus obscure et plus difficile à appréhender. Elle demande aux lecteurs des efforts de réflexions sur l'avenir de l'humanité.

« Les cinq cents diables » est vraiment un drôle de bouquin. Gilles Vidal sortirait-il de ses habitudes !
Décidément Gilles Vidal me surprendra toujours avec son style impeccable et original.
« Ah, nous y voilà, pensais-je. Mais en fait je n'y étais pas du tout. »

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