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lundi 9 janvier 2023

L' Aigle noir - Jacques Saussey

 



Editions Fleuve noir

528 pages


4 ème de couverture


Une île de rêve
Un tragique accident
Le thriller de tous les dangers


La Réunion, 2020. Un sorcier vaudou tisse sa toile autour de l'obscure Eglise qu'il a fondée loin de son Togo natal. Un homme meurt dans une terrible attaque de requin. Une petite fille se replie sur sa détresse de jour en jour. L’île, malgré ses paysages entre lagons turquoise et montagnes luxuriantes, n’a rien du paradis auquel Paul Kessler s’attendait. Pourtant, cet ex-commandant de police n’aspirait qu’à un peu de tranquillité jusqu’à sa rencontre, à Toulon, avec Hubert Bourdonnais.
Trois ans plus tôt, ce riche industriel a quitté l'archipel en confiant la direction de la vanilleraie familiale à Pierre, son fils unique. Mais celui-ci est décédé dans un crash d’hélicoptère. Et si la gendarmerie a conclu à un accident, Hubert Bourdonnais, lui, ne croit pas à cette thèse. Face à ses doutes, Kessler a accepté de mener l’enquête, sans imaginer qu’il serait confronté à une réalité bien sombre…


Mon avis


Jacques Saussey n'a plus rien à prouver. Et pourtant, il parvient à se renouveler sans cesse. Son domaine reste assurément le thriller et le polar mais les thèmes traités sont à chaque fois saisissants et en rapport avec l'actualité.

« L'aigle noir » est ainsi l'occasion d'aborder la situation des terres d'outremer et en même temps d'accoster sur les rives de La Réunion. Derrière les paysages de carte postale, on sent bien que la population ne mène pas une vie idyllique, en tous cas pas tout le monde. Les effets du tourisme de masse sur environnement sont manifestes au détour des pages. Néanmoins, l'auteur sait aussi dépeindre le milieu naturel de l'île et de ses merveilles à l'état brut. J'ai vraiment eu envie de découvrir La Réunion après avoir fini ma lecture.
« C'était peut-être la grippe, qu'il craignait autant que la peste. S'il ne pouvait plus travailler, il allait se faire virer. Le boss avait été clair : il y avait plein de chômeurs en bonne santé qui attendaient à la porte de la boîte, prêts à trimer comme des esclaves pour gagner tout juste le Smic. » 
Son personnage principal, Paul, un flic à la retraite, est un homme abîmé par la vie. Il fut un bon enquêteur mais il se sent fini. Un riche entrepreneur n'hésite pourtant pas à lui demander d'enquêter sur la mort de son fils. D'après les forces de l'ordre réunionnaise, sa mort est accidentelle mais il ne croit pas en cette conclusion. C'est un peu désenchanté que Paul accepte de venir sur l'île et d'accepter cette « dernière » mission.

L'histoire tourne beaucoup autour de la personnalité de ce flic fatigué qui va chambouler pas mal de préjugé. Comme lui, on est abasourdi par ses découvertes. En effet, le mal rôde, incarné par un individu abjecte, une créature manipulatrice et étrange ; j'en ai eu froid dans le dos.

Dans « L'aigle noir » les descriptions des personnages, des lieux et de moments intenses sont à cet égard d'une redoutable efficacité. Le style de Jacques Saussey est toujours élégant et au service de la clarté de l'intrigue.
« Il reconnut le bruit de la lame qui perforait le ventre de cuir. Un son à la fois métallique et soyeux, comme celui d'une caresse sur une cotte de mailles. » 
Il n'est pas facile de lâcher un tel roman. La fin est tout aussi prenante et revient judicieusement sur Paul. Que lui a apporté son escapade à La Réunion ? En ressort-il plus fort ou encore plus égratigné ?

Vous l'apprendrez à l'issue d'un voyage dans lequel les requins ne sont pas forcément ceux que l'on imagine. Chez Jacques Saussey, les mots peuvent tuer sans en avoir l'air.
« Depuis sa piscine, on distinguait la côte sauvage et on n'était gêné par aucun vis-à-vis. Un endroit idéal pour installer le barbecue, les bains de soleil et la table de jardin. Ou pour préparer un assassinat. »

 

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