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dimanche 21 février 2021

Inma López Silva : " Quand nous étions de mauvaises filles "

 


Editions Solanhets

512 pages


4 ème de couverture


Dans un centre pénitentiaire de Galice, au nord-ouest de l’Espagne, se côtoient une prostituée toxicomane, une jeune Colombienne arrêtée à l’aéroport et séparée de son petit garçon, une religieuse condamnée pour ses agissements passés en tant qu’infirmière, une surveillante habitée par le doute et une écrivaine apparemment perturbée, qui ne sait plus trop ce qu’elle invente ou ce qu’elle vit réellement.
Les histoires et les destinées de ces cinq femmes, si différentes et d’une certaine façon si proches, se croisent et se répondent entre les murs de la prison que, chacune à sa manière, elles aspirent toutes à quitter.



Mon avis



Inma López Silva avec « Quand nous étions de mauvaises filles » propose un roman très particulier. Mais est-ce vraiment un roman ? Un témoignage ou une série de portraits ? Même en fin de lecture, j’étais incapable de définir ce livre.

En ce qui concerne le contexte, par contre, aucune hésitation ! Nous sommes bien dans l'univers carcéral. Chaque chapitre est consacré à une femme qui vit dans une même prison espagnole. Progressivement on les retrouve à tour de rôle et finalement certaines réapparaissent dans les paroles des autres. Ce procédé est ingénieux mais un peu gêné par l'abondance des personnages qui interviennent. L'importance donnée aux prénoms instille encore davantage une couleur féminine et chaleureuse au récit.

J'ai été perturbée par le style de l'auteure qui emploie des phrases trop longues à mon goût. Bien sûr cela contribue à montrer la lourdeur de l’incarcération et la tristesse des détenues. Et si Inma López Silva a voulu exprimer l'étouffement de ces femmes ? La mission est plutôt accomplie !  Donc même si je n'ai pas su adhérer à ce roman, je dois reconnaître que l'auteure est très habile pour expliquer la pression de ses personnages.
« A présent, j'ai la chance de savoir avec certitude que le temps passe, toujours. En réalité, j'ai enfin appris que tout passe, comme ont passé les jours, tous identiques, où il y avait vraiment un risque que les horloges ne s'arrêtent que pour moi. »
Des sujets graves sont abordés de façon très détaillés : la maternité, la domination masculine dans une société encore empreinte du patriarcat méditerranéen ! L'auteure déroule toute une litanie des souffrances endurées par les femmes. Forcément, l'endroit ne favorise pas à la liesse collective mais pour ma part, j'ai ressenti un trop plein de détresse.
« Sœur Mercedes est convaincue que chacune, entre ces murs, éprouve plus ou moins de dégoût pour les hommes. Tout bien réfléchi, la plupart de ces femmes sont détenues parce que, d'une façon ou une autre, il y a un gars qui les a embêtées. »
Ce livre est comme une mine d'or. Il renferme des pépites, des passages magnifiquement écrits mais il faut être patient pour tomber dessus. Ainsi si vous aimez les textes poétiques, les introspections bien travaillées, n'hésitez pas à foncer sur « Quand nous étions de mauvaises filles » vous aurez trouvé le bon filon !


L'auteure



Née à Saint-Jacques-de-Compostelle en 1978, Inma López Silva a publié, depuis ses débuts précoces voilà plus de vingt ans, des essais sur le théâtre et autour du féminisme, des récits ainsi que des romans.
Paru en 2016, Quand nous étions de mauvaises filles a été réédité à plusieurs reprises en galicien, traduit en espagnol et bientôt en anglais. C’est le premier roman de l’auteure publié en français.

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