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dimanche 3 novembre 2019

Jacques Saussey: " Du poison dans la tête"



French Pulp éditions
592 pages


4 ème de couverture


« Elle a incliné le cou, le visage déformé par les flocons épais qui se déposaient déjà sur le carreau. Elle a cherché son regard à travers le verre qui s’opacifiait de seconde en seconde, mais les lunettes noires l’ont empêchée de le trouver. Alors, elle s’est détournée vers le pont et elle a commencé à marcher en direction de la gare, son manteau ouvert claquant sur ses jambes face au vent glacial.
Dans la voiture, le son des feux de détresse rythmait sa progression comme le tic-tac d’une minuterie. Une femme qui arrivait en sens inverse s’est retournée sur elle. Elle a eu un temps d’arrêt, comme si elle doutait de ce qu’elle venait d’apercevoir.
Il a vu un panache de vapeur sortir de la bouche de l’inconnue. Elle s’est figée d’horreur au moment où Myriam a laissé tomber son manteau dans la neige et a enjambé le parapet. Elle s’est précipitée vers elle en hurlant, mais il était trop tard.
Après un dernier regard en direction de la voiture immobile, Myriam, entièrement nue, avait déjà sauté dans le fleuve. »



Mon avis



Dans « Du poison dans la tête », Jacques Saussey offre à ses lecteurs encore un grand moment de lecture ! On retrouve Daniel Magne et Lisa Heslin qui cette fois sont confrontés à de nombreux bouleversements dans leur métier mais aussi dans leur vie personnelle. Une jeune fille se jette dans la Seine, un courrier énigmatique arrive sur le bureau de Magne et son fils Oscar doit faire face à une adolescence tourmentée !

Dans ce tourbillon très bien maîtrisé par l'auteur, un sentiment domine pour moi ; l'humanité ! Jacques Saussey respecte ses personnages et tente d'en montrer les bons et les mauvais côtés. Bien sûr, il est intransigeant avec les monstres produits par la société, en l'occurrence dans ce roman il dénonce les violences faites aux femmes sous différents aspects. Cette part d'humanité déjà très présente dans les autres écrits de l'auteur se mêle à la nostalgie. L'histoire se répète parfois, le cœur d'un ado reste le même et sa fragilité ne doit jamais être mise en doute. Ainsi le romancier vogue sur une période de plus de quarante ans. Il nous fait bien comprendre que la douleur peut être tenace et cela grâce à des pensées fugaces. L'émotion en est encore plus forte et efficace.

« Il s'endormit au rythme des idées noires qui l'assaillaient sans relâche, oscillant d’une époque à l'autre avec l’angoissante aisance que donnent les rêves à l'imagination. »

Jacques Saussey sait avec délicatesse décrire les sentiments de ses personnages sans aucune lourdeur. Ses mots sont simples mais l'ensemble est d'une grande qualité littéraire. La pudeur va de pair avec la force. Que ce soit l'homme mûr, l'adolescent ou la femme SDF, rien n'est exagéré et tout sert à l'avancée de l'intrigue. 

« La guitare s'envole dans un riff langoureux, le manche tourné vers la salle tel le prolongement viril du musicien. Ses longs doigts fins caressent le bois verni en furieux aller-retour comme s'il se masturbait devant elle. »

Justement , l'intrigue, elle aussi n'est pas négligée. Elle s'immisce dans le quotidien de chacun, ne laissant au lecteur aucun répit. Différentes affaires sont suivies de manière claire et précise. Le talent de conteur de Monsieur Saussey est intact du début à la fin. En plus d'un roman empreint de sentiments, on a avec « Du poison dans la tête », un véritable page turner ! Des questions se bousculent. Quel est ce poison ? Et dans le tête de qui s’insinue-t-il ? On pense avoir les réponses quand l'auteur nous perd dans un dédale de mystères... Et comme il jongle avec les époques, on se délecte à trouver les solutions. Mais rien ne se passe comme on pourrait le croire !

En bonus, on rencontre quelquefois des personnages et des univers à part comme le monde des maîtres-chiens. Le romancier parvient à montrer les différences entre ceux qui n'ont rien et ceux qui jouissent de facilités. Personne n'est à l'abri des erreurs fatales. Les plus aguerris aussi peuvent faillir devant les injustices. Par petites touches, il enrichie son récit sans porter de jugement.

Mais tout n'est pas noir, car l'humour survole le roman. Dans les dialogues entre les membres de l'équipe de Daniel Magne, dans la façon lapidaire de décrire un second rôle, dans les petits moments de l'existence.

Pour ceux qui n'ont pas encore lu les autres romans de Jacques Saussey dans lesquels évoluent Magne et Lisa, « Du poison dans la tête » se comprend sans problème. Mais cette lecture ne pourra que donner envie de lire les précédents opus ! J'ai adoré ce livre, on l'aura vite saisi ! Encore un thriller qui met du plomb dans la tête des lecteurs ! Encore un écrit qui me fait rejoindre les admirateurs de cet auteur pour demander une suite. J'ai tant envie de savoir comment vont évoluer les personnages auxquels je m'attache de plus en plus.


Bande annonce




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