Pages

jeudi 2 février 2017

Leïla Slimani: " Dans le jardin de l'ogre"



Editions Folio
240 pages



4 ème de couverture



«Une semaine qu'elle tient. Une semaine qu'elle n'a pas cédé. Mais cette nuit, elle en a rêvé et n'a pas pu se rendormir. Un rêve moite, interminable, qui s'est introduit en elle comme un souffle d'air chaud. Adèle ne peut plus penser qu'à ça.» 

Adèle semble heureuse avec Richard, le médecin qu'elle a épousé. Pourtant, elle ne peut s'empêcher de collectionner les conquêtes. Dans le jardin de l'ogre est l'histoire d'un corps esclave de ses pulsions que rien ne rassasie. Un roman féroce et viscéral sur l'addiction sexuelle et ses implacables conséquences.


Mon avis



Avec "Dans le jardin de l'ogre" qui précède son succès "Chanson douce », Leïla Slimani nous conte l'histoire d'une femme souffrant d'addiction sexuelle. Sa vie d'épouse va être mise à mal et le lecteur va suivre, tétanisé, son évolution.


J'ai aimé ce livre même s'il paraît moins puissant que "Chanson douce" que j'avais adoré. J’ai littéralement dévoré l'histoire de cette femme, Adèle, grâce à son style et à l'intrigue. Enfin je devrais dire une partie d'histoire, une partie de la vie d’Adèle. Bien sûr quelques flash-back, légèrement esquissés révèlent des aspects du passé de la jeune femme. Mais la romancière ne dit pas tout.

Adèle ne trouve pas sa place dans le bonheur que lui a fabriqué son mari Richard. J’ai senti qu'elle n'était pas à l'aise dans sa vie de mère et d'épouse. Mais avec Leïla Slimani, je ne peux être sûre de rien. Elle excelle dans ce jeu de dupes. Evidemment ce flou dans le déroulement de l’histoire peut gêner certains lecteurs. Pour ma part, je dirais que cela fait partie du charme du roman.

« Elle a mis son mari et son fils en pyjama. Elle les a fait manger. Elle se précipite dehors, le sentiment du devoir accompli et le besoin d’être prise. Elle ne sait pas pourquoi Xavier a tenu à aller dîner au restaurant. Elle aurait préféré aller rue du Cardinal-Lemoine, se déshabiller tout de suite, l’épuiser. Ne parler de rien. »

Pour Adèle, les hommes sont plutôt des objets sexuels que des êtres humains. Elle les utilise comme des sex-toys de chair et de sang qu’elle jette quand ils ne sont plus efficaces. Ensuite elle en prend un autre ou plusieurs à la fois…

« Xavier la dégoûte. Il l’ennuie. Leur histoire est déjà morte. Ça n’est plus qu’un bout de tissu élimé, sur lequel ils continuent de tirer comme des enfants. Il a trop servi. »

Les effets de sa vie dissolue ne sont pas sans danger pour les personnes qui l’entourent. C’est d’ailleurs aussi cet aspect que Leïla Slimani tente de montrer avec une certaine finesse, toute en pointillé. Justement l’ensemble du roman reste élégant, un tour de force quand le sujet est l’addiction sexuelle !

« Les hommes l’ont tirée de l’enfance. Ils l’ont extirpée de cet âge boueux et elle a troqué la passivité enfantine contre la lascivité des geishas. »

Je déplorerais une fin trop rapide. J’aurais aimé en savoir plus sur cette Adèle. C’est le choix de l’auteure de nous laisser deviner certains coins sombres de la jeune femme. Même la fin ne m’a pas donnée toutes les réponses que j’attendais. Mais cela n’engage que moi. Je dois ajouter que l’écriture est très sensuelle, le sujet le demandant. Ainsi, je me suis attachée à Adèle et cela malgré ses côtés trash particulièrement soulignés au fil des pages. Un livre à lire donc, plutôt avant qu’après « Chanson douce » afin de saisir l’évolution du talent de Leïla Slimani.





2 commentaires:

  1. Je l'avais lu et bien aimé lors de sa sortie, c'est vrai que j'ai préféré une chanson douce. :)

    RépondreSupprimer