dimanche 25 juillet 2021

Djamel Cherigui : " La Sainte Touche "

 


Editions J.C. Lattès

256 pages


4 ème de couverture



Des mecs comme Alain Basile, vous n’en croiserez pas tous les jours et pas à tous les coins de rue.C’est dans son épicerie, La Belle Saison, que j’ai fait sa connaissance. Mon père venait de me mettre à la porte et je vagabondais dans les rues en rêvant d’une vie de bohème. Alain, lui, il en avait rien à faire de la bohème et des lilas sous les fenêtres, sa seule ambition était de devenir millionnaire. Pour réussir, il était prêt à tout et avait besoin d’un associé. C’est tombé sur moi. Mais accuser Alain Basile d’avoir chamboulé mon existence reviendrait à reprocher au Vésuve d’avoir carbonisé Pompéi. Sans lui, je n’écrirais pas aujourd’hui.


Si La Sainte Touche raconte les aventures d’un duo improbable avec humour, c’est aussi un pur joyau littéraire, aussi cynique
que romantique. Un roman dans la veine de Karoo de Steve Tesich, de la série Breaking Bad et du film Dikkenek.



Mon avis



Le narrateur est un jeune paumé mis à la porte par son daron. Sur son chemin il rencontre Alain Basile, le gérant d'une épicerie du coin. N'ayant plus de logement Alain lui propose un endroit pour dormir en échange ce jeune garçon dit " L'artiste " va devoir lui rendre quelques services pas très légaux. De cette rencontre il connaitra des dangers mais aussi de belles aventures et de rencontres assez sympathiques. Djamel Cherigui aborde des thèmes d'actualité qui sont la drogue, la vie sociale, l'alcool, le trafic et le sexe.
" C’est le moment où les cafards sortent de leurs trous. Y a plus de gens normaux dans les rues, y a que des marginaux, des alcooliques des flemmards, des chômeurs. Des mecs qui tournent en rond, qui savent pas quoi faire de leur temps, qui n’ont nulle part où aller. "
A travers ses personnages, l'auteur a réussi à alléger la dureté des sujets grâce à un langage et un humour loufoque. Certaines expressions m'ont bien fait rire.

C'est un style que j'ai trouvé en adéquation avec l'histoire et le rôle de chacun des protagonistes. C'est très réussi car l'auteur a su m'emporter dans les délires des personnes. Mais vous saurez que les ennuis commencent quand vous rencontrez sur votre chemin une personne comme Alain Basile.

" La Sainte Touche " est un roman sociétal où certaines valeurs sont décrites. Les conditions et réussites des jeunes amènent à la réflexion. C'est un roman mettant en scène l'aventure de l'artiste et le magouilleur de première, Alain Basile.

Djamel Cherigui a su me divertir avec " La Sainte Touche ". Avec un style brut et humoristique sans fioriture, ce roman est une belle découverte avec une histoire touchante. C'est un premier roman qui mérite qu'on s'y attarde, j'ai vraiment passé un bon moment. C'est un brin décalé !



L'auteur


Djamel Cherigui a 34 ans, il est épicier à Roubaix. Selon ses mots, sa vie était « merdique » jusqu’à ce qu’il découvre la littérature.
Aujourd’hui, passionné de peinture et de musique baroque, collectionneur de livres anciens, l’enfant du Nord reste fidèle à sa région et à ses racines en racontant la vie des laissés-pour-compte. Ceux que l’on n’entend jamais.


vendredi 23 juillet 2021

Sébastien Destremau : " Retour en enfer "

 


XO Editions

272 pages


4 ème de couverture



À défaut de me conduire jusqu’à destination, mon périple m’a mené à l’essence même de mon être. L’âpreté de la lutte et les illusions perdues ont fait tomber mon égoïsme et mes humeurs de vieil enfant…
Le 8 novembre 2020, quatre ans après avoir bouclé mon premier tour du monde, je m’élance pour un second Vendée Globe. J’ai appelé mon bateau Merci, en hommage à tous ceux qui m’ont permis de vivre cette aventure insensée.
Seulement voilà, ma course tourne au calvaire : l’abri de mon cockpit se déchire, mes instruments lâchent, une fissure apparaît à l’avant. Impossible, dans ces conditions, d’attaquer le Pacifique et ses vents violents.
Le 16 janvier, après 70 jours de mer, je décide d’accoster en Nouvelle-Zélande. Ce que je pourrais ressentir comme un échec me réconcilie avec moi-même. La mer m’a vaincu mais j’ai repris la barre de mon destin. Chaque matin qui se lève est comme une page blanche. J’étais seul au monde, je ne serai plus jamais seul…

Le récit d’un incroyable combat
Une leçon de courage et de sagesse.


Mon avis




Sébastien Destremau montre dans " Retour en enfer " que l'on peut parfois transformer un échec en une nouvelle chance, en une expérience positive ! L'auteur a su trouver les mots pour expliquer son parcours durant sa participation au Vendée Globe. Il raconte ses aventures dans l'Océan magnifique mais dangereux ! Ce livre est pour moi comme une allégorie d'un chemin de vie : naviguer parmi les requins et les écueils de l'existence et finalement parvenir à une paix intérieure, un refuge !
" Lors de mon premier Vendée Globe, j’ai compris qu’il n’y avait pas de meilleure façon de me retrouver que de me perdre en mer. "
Son quotidien hors de la navigation n'est pour lui pas plus facile à vivre que sa traversée. La vie est faite de tracas et de pièges qu'il est presque plus facile de maîtriser son embarcation dans les périls maritimes. Je dirais que " Retour en enfer " ressemble au récit d'une résilience. Un livre d'aventure qui frôle donc le roman philosophique tout en employant des termes durs et sans pitié. Le titre lui-même est volontairement trompeur puisque l'enfer mène au bout de la course à une sorte de renaissance.
L'océan aurait-il des vertus libératrices ? Ainsi pour reprendre le titre d'un livre de Houellebecq, y a-t-il la possibilité d'une île ? C'est aux lecteurs de juger. Faut-il être un adepte des sports nautiques pour apprécier ce livre ? Je crois qu'il faut quand même s'y intéresser un peu. Sinon l'auteur réussi au fil des pages avec sa plume acerbe et directe à donner une idée de ce que représente le Challenge du Vendée Globe. Ce serait dommage de bouder le plaisir d'une virée en mer !


L'auteur


Sébastien Destremau, né le 24 août 1964 est un navigateur et un skipper français. Il a participé au Vendée Globe 2016-2017 : sur 29 concurrents, il termine 18ᵉ.


mercredi 14 juillet 2021

Sophie Loubière : " De cendres et de larmes "

 


Editions Fleuve noir

352 pages


4 ème de couverture




Madeline, Christian et leurs enfants rêvent depuis longtemps d’un appartement plus grand où chacun aurait son espace. Un rêve rendu impossible par la réalité du marché parisien. Quand l’occasion se présente pour Christian d’obtenir le poste de conservateur au cimetière de Bercy, avec un pavillon de fonction de 180 m2, la famille Mara n’hésite pas et s’y installe au début de l’été 2019. Peu à peu, les enfants se font au panorama. Tandis que Madeline, caporale cheffe sapeur-pompier, sauve les vivants, Christian veille les morts. L’âpreté de son métier réveille bientôt en lui le besoin d’extérioriser ses émotions par la peinture. Au cœur de ce fragile équilibre où les métiers de l’un et de l’autre pèsent lourd, la maison révèle ses fêlures. Lentement. Insidieusement.
Quelque chose menace cette famille recluse au milieu des tombes.
Une menace dont personne ne mesure encore l’ampleur.


Mon avis




" De cendres et de larmes " est une histoire familiale où deux traits de caractère s'opposent. Il sera question de vie et de mort.

Madeline est caporale-cheffe sapeur pompier, d'entrée de jeu elle fait face à Notre-Dame, une scène que personne n'oubliera.
" Madeline leva les yeux : le squelette incandescent de la flèche cédait. Sa pointe bascula telle la cime d’un arbre foudroyé. Des craquements formidables suivis d’un bruit sourd ébranlèrent le toit. Transpercés par sa chute, une partie de la voûte et des échafaudages s’effondrèrent. L’ordre d’évacuer tomba aussitôt. "
Les gilets jaunes sont également cités dans ce roman. Son mari, Christian entretient les parcs et jardins mais saisit une opportunité, être conservateur au cimetière de Bercy. La famille quitte alors un appartement très petit pour une immense demeure n'ayant que des tombes aux alentours de celle-ci. Mais depuis qu'ils sont dans cette maison, tout ne se passe pas comme prévu…

vendredi 9 juillet 2021

Eric Dupuis : " Apaches "

 


Editions Les Presses du midi

256 pages


4 ème de couverture


Si vous voulez sauver l’humanité, laissez tomber.

Un seul homme en est capable. Un personnage très discret dont les aventures défient le temps. Un illustre alchimiste de l’époque de Rubens. Depuis on le croise dans d’insolites affaires qui sont relatées dans la collection « L’Anonyme d’Anvers ».


Pendant que la bande à Bonnot sème la terreur sur la capitale en ce début d’année 1912, des corps d’enfants mutilés, semi-enterrés, sont découverts, alors que des adolescents sont portés disparus dans un orphelinat.

Parallèlement, la Sûreté du 36 quai des Orfèvres combat l’insécurité ambiante et les agressions qui se multiplient dans les rues de Paris, imputées aux Apaches, de jeunes malfrats n’hésitant pas à jouer du couteau et à défier les forces de l’ordre.

L’inspecteur-chef Mortelecq, des brigades du Tigre, subit la pression de sa hiérarchie et ne sait plus où donner de la tête face à ce climat délétère. Débordé, il autorise Éléonore, sa fille journaliste, à poursuivre ses investigations sans imaginer qu’elles l’entraîneraient dans une spirale dévastatrice…

Éric DUPUIS nous livre ici son huitième polar, en nous faisant découvrir à travers ce récit sombre de La Belle Époque, l’évolution des techniques en matière de police scientifique nécessaire à l’éradication des crimes déviants de ce début du XXe siècle.



L'avis de Yannick Dubart



J'attendais de lire « Apaches » de Éric Dupuis car la période de la Belle époque me plaît beaucoup. De plus je compte écrire un roman avec pour cadre cette période de notre Histoire. Aussi, je suis régulièrement les publications de cet auteur depuis ses premiers livres. Autant dire tout de suite que je n’ai pas été déçue ! Est-ce la retraite qui rend son travail encore meilleur ?

Dès les premières pages, j’ai eu l’impression d’entendre en sourdine le générique des « Brigades du Tigre ». L’auteur parvient parfaitement à décrire l’atmosphère du début du XXème siècle. Par petites touches, il distille des renseignements sur la vie quotidienne de l’époque, sur un vêtement ou une expression. L’intrigue se fond bien dans les événements historiques ; un bon mélange de fiction et de réalité ! Cela rend la lecture divertissante. Et c’est une prof d’Histoire qui le dit…
« D’un regard songeur, il observa les attelages et les véhicules circuler sur les grandes artères de la capitale. Les encombrements incessants irritaient les conducteurs qui vociféraient sur leurs chevaux, d’autres s’empoignaient pendant que les derniers s’excitaient sur leur avertisseur sonore à air, en forme de trompette ou de serpent. »
« Apaches » est aussi un thriller de grande qualité. Il n’y a aucun temps mort, les scènes d’action s’enchaînent jusqu’à la fin avec un dosage subtil entre les dialogues et le récit. On sent le connaisseur d’Arts Martiaux dans la façon de représenter les combats divers. Les personnages sont originaux et correspondent entièrement à leur époque. J’ai beaucoup apprécié Eléonore qui représente un beau rôle féminin. Justement je vois bien ce roman adapté à la télévision comme « Le bazar de la Charité ».

mardi 6 juillet 2021

Noël Sisinni : " Fucking melody "

 


Editions Jigal Polar

264 pages


4 ème de couverture


Elle a quinze ans, est en soins dans une clinique spécialisée et se fait appeler Fiorella. Pas sûr que ce soit son vrai prénom… Elle ment beaucoup, s’invente des passés, traficote le présent, et ne se projette pas dans l’avenir vu qu’elle vient d’apprendre que le sien est limité. Une saloperie quelque part dans la moelle épinière selon les médecins. Alors, il lui faut vivre, vivre passionnément et vite… Et comme toutes les filles de son âge, elle veut connaître l’amour. Alors elle jette son dévolu sur Boris, le compagnon de Soline, son amie qui officie comme clown dans la clinique. Boris, dessinateur de bandes dessinées, est un personnage lunaire qui vit dans son monde. Un coup de foudre pour Fio. Pris en otage par la jeune rebelle qui, pour aller au bout de son rêve, n’hésite pas à éliminer tout ce qui se met en travers de son chemin, Boris se retrouve dans l’obligation de fuir avec elle pour échapper au rouleau compresseur à leur poursuite. Mais plus ils avanceront vers l’ouest, plus l’horizon va s’obscurcir…



Mon avis



Avec « Fucking melody », Noël Sisinni offre un début complètement speedé à l'adrénaline ! Il ne s'embarrasse pas de longues présentations, j'ai tout de suite été plongée dans l'histoire. Fiorella est atteinte d'une maladie grave et rencontre Boris par le biais d'une amie plus âgée qu'elle. La jeune malade a le coup de foudre et pense que celui-ci ressent la même chose pour elle alors que son but est tout autre... Des quiproquos glaçants vont dès lors aboutir à enchaînement de situations inattendues. Impossible de savoir jusqu'où l'auteur veut emmener le lecteur !
« L'endroit est très agréable, il fait bon, c'est un de ces moments qu'on a envie de cacher dans un congélo pour les ressortir les jours où ça ne va pas. »
Noël Sisinni ne cherche pas à impressionner avec des phrases alambiquées, il va droit au but avec une économie de mots mais le tout reste toujours d'une puissance qui m'a scotchée jusqu'à la fin.

Articles les plus consultés