samedi 10 octobre 2020

Jérémy Bouquin : " Moktar "

 

Editions Cairn

344 pages


4 ème de couverture



Moktar tient le trafic de came de Saragosse. Il assure la paix sur Pau. Moktar, le manouche de la schnouf, contrôle aussi les barres d'immeubles, les avenues, la plaine de jeu, les commerces... Un véritable business à ciel ouvert, avec ses guetteurs, ses chefs de clans, leurs lieutenants. Tout ce petit monde s'est allié pour le trafic de came. Les ententes sont encore fébriles et il ne faut pas grand-chose pour allumer le feu.
La ville est tenue jusqu'au jour où deux gosses se font faucher sous les balles d'une kalachnikov 7.62.



Mon avis


Avant tout j'aimerais souligner que cette couverture est juste magnifique ! Ce polar n'est pas qu'une histoire de mecs à ce qu'on pourrait penser à la lecture de la quatrième couverture.

Dans ce récit, on va suivre Moktar, un homme fort de corpulence marié avec Sylvie et qui a quatre enfants. Son passé va se dévoiler au fur et à mesure de la lecture ; il y aura l'histoire de Coco et sa rencontre avec sa première femme Lilie. Le parcours militaire de Mokar avec Joe est aussi souligné. 

" La Légion étrangère, trois ans. Un contrat court, des opérations en Afrique. Là, j'ai rencontré Joe. A Dakar, il était sergent, on s'est pris d'amitié; "

Mais ce n'est pas que du noir, un brin d'humanité se fait sentir ; Moktar dicte quelques règles de conduite et d'éducation à certains jeunes. J'imaginais très bien au fil des pages les méandres du trafic de drogues dans le quartier de Saragosse à Pau.

" - La crise, Le Bancal, les trois morts dans la cave, les Schmitt. C'est pas le bon moment, je sais, mais c'est jamais le bon moment quand il faut mourir ! "

Jérémy Bouquin s'imprègne et se met dans la peau de Moktar. Il y a de l'action de l'adrénaline à profusion ! C'est assez prenant et addictif : les dialogues collent parfaitement aux personnages. Mais j'ai un seul point négatif à dire ; la fin est trop vite arrivée car je me suis vraiment attachée aux différents aspects de cette histoire. La qualité principale justement de cet auteur est de savoir instaurer une ambiance captivante.

J'ai lu ce polar en lecture commune avec Maud Vandenbyvanghe du site " Les lectures de Maud " , j'ai hâte de savoir ce qu'elle va en dire.


jeudi 1 octobre 2020

Sally Hepworth : " La belle mère "

 


Editions  L'Archipel

360 pages


4 ème de couverture


Avocate appréciée pour son dévouement, Diana se bat pour améliorer le sort des réfugiés, mais elle se montre froide et distante, sinon blessante, envers les siens. Ce dont souffre Lucy, sa belle-fille, qui rêvait de trouver en elle une mère de substitution.

Dix années ont passé, et Diana vient de mourir. Elle se serait suicidée. Mais, à l’autopsie, nulle trace d’un cancer… Qu’est-il donc arrivé à Diana, dont le testament a été modifié peu de temps avant sa mort ?
Avec ce suspense psychologique, dans la lignée des succès de Liane Moriarty, Phoebe Morgan ou B.A. Paris, Sally Hepworth livre le portrait glaçant d’une famille en apparence harmonieuse. En apparence seulement…


Mon avis



Le sujet abordé par Sally Hepworth dans « La belle mère » est souvent délicat dans les familles. Diana et sa belle-fille Lucie vont, en effet connaître des différends. La mort de la première va laisser planer un doute quant à son suicide ou pas. 
" On ne choisit pas ses beaux-frères ou belles-sœurs, pas plus que la vieille tante aigrie et alcoolique de son conjoint, ou le cousin avec son défilé de petites copines qui ne parlent pas anglais. Mais avant tout, on ne choisit pas sa belle-mère. "
Ce roman est un thriller psychologique mais porte davantage sur les relations complexes entres Diana et sa belle-fille. Ainsi la psychologie prend très vite le pas sur l'action pure. Ce n'est pas un problème du tout puisque le lien entre les deux femmes est l'occasion à des rebondissements dans les affres d’une histoire familiale assez sombre. On cherche quand même à savoir qui est responsable de la mort de Diana mais il n'y a pas vraiment d'enquête détaillée comme dans un thriller classique. 

La plume de cette auteure australienne nous plonge dans une ambiance assez mélancolique. Trop peut-être dans certains passages ? Sally Hepworth dépeint très bien le deuil et les fractures dans la vie des deux héroïnes. Elle les fait astucieusement intervenir en leur donnant la parole alternativement. De cette façon, j'ai su entrer dans la vie intime de chacune. L'opposition entre Diana et Lucie insuffle un dynamisme et a vite attisé ma curiosité. 

samedi 12 septembre 2020

Dot Hutchison : " Le jardin des papillons "

 


City Editions

352 pages


4 ème de couverture


Un immense jardin luxuriant, débordant de fleurs et de plantes rares. Cet endroit pourrait être un véritable paradis s’il n’y avait ces dizaines de cadavres découverts par le FBI. Des jeunes femmes dont le dos a été tatoué pour ressembler à des ailes de papillons. Celui qui règne sur ce monde fascinant et effrayant est un homme aussi cruel que délicat que ses victimes ont baptisé « Le Jardinier ». Son obsession : capturer, apprivoiser et immortaliser les plus beaux spécimens avant que leur beauté se fane. Parmi les rares survivantes, il y a Maya, une étrange jeune femme. Plus l’enquête avance, plus elle se révèle être une énigme. Quels secrets dissimule-t-elle ? Au fur et à mesure que la jeune femme se confie, les enquêteurs sont emmenés loin, très loin, aux confins de la noirceur de l’âme humaine…
Haletant et machiavélique : un époustouflant best-seller.



Mon avis




Dot Hutchison frappe l'imagination du lecteur dès les premières pages de « Le jardin des papillons ». Le FBI découvre le repère d'un homme surnommé le jardinier. Il a gardé prisonnières des jeunes filles avec un papillon tatoué dans le dos. Il reste treize victimes encore vivantes. Maya, l'une d'entre elles, pose vraisemblablement un souci aux deux enquêteurs.
" Mais pas cette fille dans la salle d’interrogatoire. Quand ils lui ont posé la question, elle s’est contentée de détourner la tête. Elle agit comme si cela lui était égal qu’on l’ait retrouvée. D’où les interrogations de certains d’entre eux, qui se demandent si oui ou non elle est une victime. "
Elle est interrogée tout au début du roman. A partir de là, on ne cesse d'être malmené par l'auteur et les rebondissements psychologiques. Qu'est-ce qui a motivé ce jardinier ayant élaborer un décor fleuri et luxuriant pour ses pauvres créatures ? 

C'est au niveau des personnages que l'intrigue me semble la plus intéressante. Maya n'est pas nette, elle peut inspirer l'empathie mais aussi les soupçons. Les enquêteurs ne se privent pas pour la secouer ; ils représentent à cet égard un couple de flic classique mais pas que... 
Dot Hutchison n'hésite pas à nous les rendre antipathiques et les poussent dans leurs retranchements. Leur but est avant tout de faire la lumière sur cette histoire, peu importe la sensibilité de chacune. Les filles sont aussi dépeintes avec intelligence avec leurs peurs et leurs traumatismes. Attention aux âmes sensibles ! 

mardi 8 septembre 2020

Edmonde Permingeat : " Ecrit dans le sang "

 

Editions L'Achipel

456 pages


4 ème de couverture


La jeune Maya, une rousse sulfureuse, tombe en panne un soir d’été devant la grille de la Giraudière, un manoir perdu en pleine campagne tarnaise. Elle y est accueillie.
Mais, à peine installée dans cette étrange demeure où vit la famille Rascol, la « belle aux yeux de chatte » va jouer de sa séduction pour exacerber tous les conflits latents. Aucun membre de cette grande fratrie n’échappera à son emprise.
Quelques jours plus tard, elle disparaît de façon subite et inexpliquée… Avec les taches de sang laissées sur le tapis et les murs, sa chambre a tout d’une scène de crime.
Qu’est-il advenu de Maya ?
Une intrigue psychologique où jalousie et vengeance distillent un suspense angoissant.

Agrégée d’allemand, Edmonde Permingeat se consacre désormais à l’écriture de thrillers psychologiques. Fascinée par la gémellité, elle est l’auteure de Tu es moi, Le crime est dans le pré (éd. Nouvelles Plumes, 2016 et 2017) et de Sans mon ombre (L’Archipel, 2019). Elle réside dans la Drôme.




Mon avis



Avec « Ecrit dans le sang », Edmonde Vergnes-Permingeat plonge ses lecteurs dans un huis clos dérangeant. Une sulfureuse rousse, Maya, se retrouve dans une famille en pleine campagne. À partir de là, l'histoire va prendre des chemins tortueux. 

Les personnages sont très fouillés mais leur caractère est un peu trop caricatural à mon goût. Maya est une bombe à retardement qui va faire éclater une bulle familiale déjà sous pression. Cette fille est parfois agaçante mais elle donne une impulsion au récit. Les membres de la famille et les frères en particulier font un peu cliché de la famille dysfonctionnelle. Pourtant l'auteure parvient à les décrire et à leur donner une place dans le suspens qu'elle a construit. 

La plume de Edmonde Vergnes-Permingeat est fine quand elle dépeint la campagne et l'ambiance du manoir de cette famille.
" Dans le parc, tout est immobile. Seuls les tourniquets qui arrosent la pelouse promènent des arcs-en-ciel à la pointe du gazon. Pas l’ombre d’une brise sous le ciel presque blanc. La touffeur semble pénétrer dans le manoir à travers le moindre interstice. "

jeudi 3 septembre 2020

Ketty Rouf : " On ne touche pas"

 

Editions Albin Michel

240 pages


4 ème de couverture


Joséphine est prof de philo dans un lycée de Drancy. Elle mène sa vie entre Xanax, Tupperware en salle des profs, et injonctions de l’Éducation nationale qui lui ôtent le sentiment d’exister.
Sauf que.
Chaque nuit, Joséphine devient Rose Lee. Elle s’effeuille dans un club de striptease aux Champs-Élysées. Elle se réapproprie sa vie, se réconcilie avec son corps et se met à adorer le désir des hommes et le pouvoir qu’elle en retire.
Sa vie se conjugue dès lors entre glamour et grisaille, toute-puissance du corps désiré et misère du corps enseignant.
Mais de jouer avec le feu, Rose Lee pourrait bien finir par se brûler les ailes.

Récit d’un affranchissement, réflexion bouleversante sur l’image de soi et le rapport à l’autre, ce premier roman hors norme de Ketty Rouf fait voler en éclats les préjugés sur le sexe et la société.

Mon avis


Professeur de Philosophie, Joséphine mène une vie quotidienne alarmante entre Xanax et son emploi du temps au lycée de Drancy, elle décide de changer cette vie maussade en devenant strip-teaseuse la nuit car elle est fascinée par les danseuses nues et le milieu de la nuit.

" Je jalousais leur nudité sereine, le naturel de leur féminité. Sans artifices, elles étaient belles, s’imposant sans provocation.
Des femmes dénudées, sans être à nu, que nul ne pouvait détrôner. Face à elles, je me suis toujours cachée, dissimulant mon corps derrière une serviette de bain. "

Son nom de scène est Rose Lee, elle danse et se déhanche dans une boîte de nuit aux Champs-Elysées. Les cours ne lui satisfont plus, alors elle s'approprie une nouvelle identité le soir car elle a besoin de se redécouvrir en tant que femme pour développer la grâce et la beauté du corps.

" Tu es mon corps, je n'en ai pas d'autre. Nous allons mieux nous entendre. "

Joséphine se surprend et se dépasse en vendant du rêve aux clients. " On ne touche pas " est le premier roman de l'auteure. C'est écrit avec finesse et sans vulgarité. Les thèmes abordés sont l'acceptation de soi et l'emprise du quotidien. Les chapitres se tournent avidement. J'ai vraiment aimé suivre l'histoire de Joséphine, sa façon de changer radicalement de vie entre le jour et la nuit. Ketty Rouf reflète une toute autre image de la femme, comment changer la nature en devenant le contraire de ce que l'on est ?

" On ne touche pas " est un roman qui m' a beaucoup plue par les thèmes référencés et aussi par le rôle que l’héroïne joue dans cette histoire.

Ce roman est une très belle découverte ; c'est éblouissant, sensuel et écrit sans vulgarité puisque la philosophie s'en ressent dans certains passages. C'est court mais d'une intensité qui fait entrevoir une grande richesse d'écriture !


L'auteure



Ketty Rouf est une écrivaine italienne d’expression française.

Titulaire d’une maîtrise de philosophie, elle s’installe à Paris pour poursuivre ses études.

Elle suit des cours de danse classique. Après avoir travaillé pour l’Éducation nationale, elle a désormais choisi de donner des cours d’italien pour adultes, et de travailler en tant que traductrice et interprète.

"On ne touche pas" (2020) est son premier roman.




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