jeudi 12 décembre 2019

Eric Dupuis: " Des larmes d'or et de sang"



Editions Cairn
392 pages

4 ème de couverture



La disparition de l’adjoint au maire de Millas, dans les Pyrénées Orientales, en pleine Féria estivale, perturbe Carpalès, le capitaine de la gendarmerie locale. Pendant ce temps, à l’autre bout de la France, sous la grisaille et la pluie, le major Kaczmarek est chargé d’enquêter sur un accident mortel, pendant que Stanek Zibanski, pseudo-flic-détective au passé aussi trouble que sa personnalité, tente de faire la lumière sur un viol commis en Picardie.
Trois affaires suivies par des enquêteurs aux caractères bien trempés, obligés de cohabiter dans cette somptueuse région Catalane, hélas vérolée par la noirceur de certaines âmes...


Mon avis



Pour son septième roman, « Des larmes d'or et de sang », Éric Dupuis a hissé les couleurs en tissant un lien entre le nord et le sud de la France. Il montre bien ce qui unit l'or et le rouge au fil du roman.

« Un signe d'appartenance aussi puissant qu'une religion... La fierté d'être Lensois. »

J'ai ressenti l'importance du métier de policier pour l'auteur comme dans ses précédents livres. En effet, les précisons variées sur les procédures et le vocabulaire d'une profession qu’il respecte est entièrement au service de l'intrigue. On a même droit à une démonstration de Krav Maga avec un expert aux commandes puisque l'auteur est un spécialiste en la matière.

« Carpalès raccrocha. Ses yeux croisaient à tour de rôle les regards des deux policiers positionnés en triangulation devant lui, comme s'il subissait un contrôle de police en règle. »

Les trois personnages qui enquêtent sont très différents, cependant ils ont en commun l'amour d'un travail bien fait et respirent l’honnêteté. Ils s'investissent dans trois affaires au départ sans aucun rapport mais qui vont s'avérer aller dans la même direction. Une des grandes qualités de ce polar est de montrer en quoi les différents indices vont converger pour aboutir à un final bien ficelé. Tout est mené clairement, tâche pas forcement aisée quand plusieurs lieux, protagonistes et enquêtes s’entremêlent. Mission accomplie, monsieur Dupuis !

mardi 3 décembre 2019

Lionel Olivier: " Nature morte"



Editions French Pulp
384 pages



4 ème de couverture



Quand un psychopathe revisite à sa manière les codes de la nature morte...
Un thriller haletant dans le milieu artistique, jusqu'où peut aller la folie créatrice...
Des corps mutilés exposés dans le calme de la ville d'Auxerre.
Voici l'œuvre que Meng laisse derrière lui.
Meng, un "artiste", un peintre torturé pour qui la création n'est engendrée que par la souffrance, pas la sienne, celle de ses victimes.


Mon avis



Lionel Olivier dépeint un tueur bien particulier, un maître en matière de souffrance ! L'ensemble est agréable à suivre et l'on ne s’emmêle pas les pinceaux tant les chapitres sont bien dessinés. Cette « Nature morte » fait froid dans le dos ! Les faits s’enchaînent pour laisser place à un hasard bien orchestré. À partir de quelques situations incongrues, l'action démarre et les personnages sont présentés intelligemment.

Ils sont l'occasion de belles descriptions et sont amenés de façon originale. Gil est au centre du récit. Il est assez ambigu. Je l'ai trouvé séduisant, plein de finesse et d'humour. Mais il a aussi un côté sombre qui pimente l'histoire. Sophie est une victime qu'il désire aider et plus si elle s'avère d'accord. Eh oui, Gil Desroche, tombeur à ses heures, est un ancien policer reconverti en écrivain. Il est dans un chapitre comparé ironiquement à Castle. On comprend rapidement qu'il plaît beaucoup aux femmes !

« Une allure svelte, décontractée, sportive, un jean suffisamment serré pour faire ressortir le galbe d'un fessier rebondi, les cheveux en bataille, de larges épaules. Bref, un beau mec, selon ses propres critères. »

Cette jolie Sophie est-elle une proie idéale ? Sa solitude attire-t-elle les prédateurs ? Le tueur est connu du lecteur dès le début : Meng, un asiatique au passé trouble. Mais cela n'empêche pas le suspense. Lionel Olivier laisse planer le doute autour des victimes éventuelles du tueur.

J'ai ressenti le goût des bons mots. Le style acerbe et humoristique ressort au détour des pages. C'est un plaisir de lire ces phrases bien construites. « Nature morte » est une friandise confectionnée avec maestria. 
Lionel Olivier, ancien policier lui-même, nous fait bénéficier de son expérience du métier. Les joutes verbales entre l’enquêteur officiel et Gil l'ex flic sont l'occasion de dialogues dynamiques. 

dimanche 1 décembre 2019

Line Dubief: " Interview"





J'ai le plaisir de vous présenter un peu plus une auteure que j'aime beaucoup " Line Dubief". Elle a déjà écrit deux romans sortis de chez Geste Editions. Ces derniers racontent les aventures du commissaire Eustache sur l'île d'Oléron et sur Besançon.

Retrouvez mes chroniques sur ces deux romans: " Meurtre sur Oléron" et " Meurtre en Franche-Comté".




1- Présentez-vous en 3 mots ? 

Difficile de parler de moi donc joker !


2- Comment vous définiriez-vous ? 

Je travaille à temps plein, j'essaie de passer du temps avec ma famille et je passe le reste de mon temps à courir après le temps pour écrire.


3- L'histoire se situe cette fois-ci en Franche Comté. On sent que vous aimez plus particulièrement ce décor. Comment est venue l'idée de raconter votre roman dans cette région?

Mon cœur balance entre ces deux régions. 
J'ai passé mes vacances d'enfance sur Oléron et j'en garde des souvenirs chargé d'émotions. Cette île et son océan ne cessent de me fasciner. Partout le monde change en galopant, elle, elle parvient, contre vents et marées, à rester presque intacte en conservant son aspect sauvage. J'aime y retourner pour me ressourcer. Sans compter, que les îles apportent toujours une part de mystère supplémentaire et se prêtent parfaitement au polar.

Je vis à Besançon depuis plus de 40 ans. La Franche Comté est une région magnifique avec le vert en couleur dominante. 

En fait, je plante le décors de mes romans dans ces deux régions que je connais bien et qui me sont chères.


4- " Meurtre en Franche-Comté est un roman beaucoup plus trash que votre précédent titre, pourquoi un tel changement ? 

Effectivement "Meurtre en Franche-Comté - Sale temps pour le Minotaure" est plus trash que mon premier roman.
Ceci s'explique, sans doute, par ce que cette île d'Oléron représente pour moi et que j'explique plus haut. Cette île est chargée de souvenirs d'enfance, peut-elle qu'instinctivement, j'ai voulu la préserver d'une violence trop morbide. Le décor a une grande importance dans mon roman ; l'île est presque un personnage à part entière dans ce roman.

Besançon est une ville, donc plus exposée à la violence. Le sujet du roman est le viol, j'ai voulu cracher dans mes écrits toute la violence de ce crime. Certains lecteurs ont trouvé certaines scènes "dérangeantes" : Objectif atteint!

Peut-être aussi que je m'affirme et ose davantage dans mon écriture.


5- Est-ce que l'on retrouvera notre commissaire Eustache dans une prochaine enquête ? 

Vous retrouverez le commissaire Eustache dans une nouvelle enquête qu'"il" est en train de boucler... L'histoire se déroule à nouveau sur Oléron. Je crois qu'il va alterner entre ces deux régions...


6- Quels sont vos auteurs préférés ? 

Je n’ai pas véritablement de genre littéraire de prédilection. J’ai commencé par lire les romans classiques. Aujourd'hui, je lis principalement des romans policiers. 
Je reste assez classique dans mes lectures, même de polars : je suis impressionnée par Simenon qui a enchaîné un paquet d'histoires avec son Maigret tout comme Agatha Christie, la reine du crime et mère d’Hercule Poirot et miss Marple. Ils ont, sans doute, influencé mon écriture par ce qu’ils ont en commun de laisser le temps prendre son temps. Et ça, ça me plait bien. 

J’admire aussi Fred Vargas, qui manipule ses personnages avec subtilité dans des intrigues originales qui laissent la part belle à la poésie.

J’ai beaucoup aimé Joel Dicker avec son roman « La vérité sur l’affaire Harry Quebert » a été, pour moi, un véritable déclic. J’ai eu l’impression qu’il me donnait le mode d’emploi pour écrire un roman… 

Et, comment ne pas passer, aujourd’hui, à côté de Franck Thilliez, Bernard Minier ou Grange : les incontournables du moment. J’avoue apprécier, aussi, les auteurs nordiques Camilla Lackberg , Arlnaldur Idridason, Henning Mankell…

Il y a aussi Franck Bouysse et Sophie Loubière qui sont, à mon sens, des valeurs montantes du polar Français. J'en oublie, c'est certain !


7- Quel est le moment propice pour écrire ?

Je n'ai pas de rituel particulier mais j'ai besoin de savoir que j'ai du temps devant moi pour écrire. Donc en ce qui me concerne, ce sont les vacances qui sont les plus propices à l'écriture ou mieux encore... la retraite. 


8- Quelles sont vos passions en dehors de l'écriture ? 

Les petits voyages. Les sorties entre amis. Le jardin et la cuisine.


9- Libre à vous de conclure cette interview. 

Je vous remercie pour cet interview et pour le temps que vous consacrez aux chroniques. Les retours de lectures sont très importants pour les auteurs. D’abord, il faut bien le dire, « ça fait chaud au cœur », mais surtout ils encouragent à continuer. Vivre de son écriture est réservé à un nombre vraiment restreint d’auteurs. Les raisons qui poussent à écrire sont multiples et d’un autre ordre. Mais, l’écriture demande du temps, elle accapare. Alors, les chroniques sont des étincelles qui nous remettent sur les rails quand l’idée nous passe par la tête de baisser les stylos ou de fermer les claviers.
Alors merci pour ces encouragements.


jeudi 28 novembre 2019

John Marrs: " Les passagers"



Editions Hugo Thriller
438 pages


4 ème de couverture



L’Angleterre, demain, ou peut-être après-demain.
Les voitures sans conducteur sont devenues obligatoires. « Un réel progrès pour la sécurité de tous », se dit-on.
Mais quand un hacker prend le contrôle de huit véhicules, le progrès devient une menace. Mortelle.
Les huit véhicules et leurs passagers sont programmés pour rouler vers une collision aussi spectaculaire que fatale.
Impossible, pour les autorités, d’intervenir : les voitures exploseraient. Tous vont mourir.
Tous, sauf celui ou celle que le public décidera de sauver via les réseaux sociaux.
Chaque passager doit plaider sa cause pour influencer les votes, en se présentant sous son meilleur jour.
Mais le hacker connaît aussi leurs secrets les plus sombres...
ET VOUS, QUI SAUVERIEZ-VOUS ?


Mon avis



Êtes-vous prêts à prendre la « place du mort » sur le chemin élaboré par John Marrs dans « Les Passagers » ? Alors suivez les directives angoissantes de cet écrivain prometteur. Tremblez avec Libby dans un jeu de la mort sur fond de réseaux sociaux. Avez-vous le permis de tuer ? Seriez -vous capable de l'appliquer ?

L'auteur a habilement utilisé ses personnages comme des pions sur l'autoroute du risque. Les points de vue différents de chacun d'entre eux donnent du dynamisme au récit. Ils font l'objet de chapitres particuliers, ce qui permet de bien comprendre les différents sujets abordés. Les protagonistes sont mis en valeurs et ont une fonction clairement définie dans la construction de l'intrigue. J'ai une préférence marquée pour Libby car je pourrais avoir les mêmes réactions qu'elle dans ce qu'elle supporte. John Marrs ne lui épargne rien. Libby apporte une touche d'humanité dans ce thriller d'anticipation. Elle est un lien entre la fiction et le réel. Elle réchauffe le climat givrant instillé par l'auteur.

Les thèmes sont nombreux mais ont en commun les problématiques de notre société. L'engouement pour les bolides, la sécurité routière, les réseaux sociaux et la violence, etc... Le tout est mixé à la sauce d'un auteur original qui ne ménage pas ses efforts pour divertir les lecteurs.

" « Bonjour, Claire », commença une voix masculine dans les haut-parleurs.
Elle laissa échapper un cri. La voix était calme, détendue, amicale presque, mais tout à fait malvenue. 
« Tu as peut-être compris que ce véhicule n’est plus sous ton contrôle, continua la voix. À partir de maintenant, c’est moi qui décide de sa destination. 
- Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous voulez ? 
- Ces questions n’ont pas d’importance, répondit la voix. La seule chose qu’il te faut savoir pour le moment, c’est que dans deux heures et trente minutes, il y a de grandes chances que tu sois morte. » "

Pourtant, même bien maîtrisée, l'abondance de sujets peut nuire à l'attention. Ainsi j'ai dû m'accrocher vers le milieu de ma lecture pour ne pas me laisser envahir par tant d'infos. Heureusement, ce sentiment n'a pas duré. Le style n'en demeure pas moins dynamique et la multitude de sujets est aussi une richesse qui pourra plaire aux lecteurs amateurs de vitesse et de chaos.

L'ensemble est glaçant quand on pense aux effets possibles des « progrès ». L'une des qualités de ce roman est de faire prendre conscience des dangers que ceux-ci gênèrent. John Marrs montre que l'I.A. est à double tranchant surtout entre les mains de terroristes potentiels.

" Une barre de son et un grand écran OLED interactif qui lui donnait accès à tout, du choix de son programme télé à ses e-mails, ses réseaux sociaux et ses lectures, occupaient presque tout son tableau de bord. "


Alors si vous êtes toujours d'accord pour emprunter cette route semée d'embûches, attachez vos ceintures et foncez !



mardi 26 novembre 2019

Karine Giebel: " Ce que tu as fait de moi"




Editions Belfond
552 pages


4 ème de couverture



Personne n’est assez fort pour la vivre.
Personne n’est préparé à l’affronter, même si chacun la désire plus que tout.
La passion, la vraie…
Extrême.
Sans limites.
Sans règles.

On se croit solide et fort, on se croit à l’abri. On suit un chemin jalonné de repères, pavé de souvenirs et de projets. On aperçoit bien le ravin sans fond qui borde notre route, mais on pourrait jurer que jamais on n’y tombera. Pourtant, il suffit d’un seul faux pas. Et c’est l’interminable chute.
Aujourd’hui encore, je suis incapable d’expliquer ce qui est arrivé. Si seulement j'avais plongé seul...

Cette nuit, c’est le patron des Stups, le commandant Richard Ménainville, qui doit confesser son addiction et répondre de ses actes dans une salle d’interrogatoire. Que s’est-il réellement passé entre lui et son lieutenant Laëtitia Graminsky ? Comment un coup de foudre a-t-il pu déclencher une telle tragédie ?

Si nous résistons à cette passion, elle nous achèvera l’un après l’autre, sans aucune pitié.

Interrogée au même moment dans la salle voisine, Laëtitia se livre. Elle dira tout de ce qu’elle a vécu avec cet homme. Leurs versions des faits seront-elles identiques ?

Si nous ne cédons pas à cette passion, elle fera de nous des ombres gelées d’effroi et de solitude.
Si nous avons peur des flammes, nous succomberons à un hiver sans fin.

La passion selon Karine Giebel… conduit forcément à l’irréparable.


Mon avis



Dès les premières pages, l'histoire m'a tenue en haleine. Karine Giebel plante un huis clos où une certaine tension étouffante se ressent. Richard Ménainville et Laëtitia Graminsky seront les principaux personnages de l'histoire. Tous les deux se retrouvent dans deux salles d'interrogatoires totalement opposées. Une horrible tragédie s'est passée.

Dans ce roman, il est question de passion mais pas que. Ainsi forte soit-elle, elle peut mener au danger. Destructrice au point d'être à l'origine des violences incontrôlables, la passion s'avère dangereuse.

" On se croit solide et fort, on se croit à l'abri. On suit un chemin jalonné de repères, pavé de souvenirs et de projets. On aperçoit bien le ravin sans fond qui borde notre route, mais on pourrait jurer que jamais on n'y tombera. Pourtant, il suffit d'un seul faut pas, d'une seule embardée. Ensuite, c'est la chute. L'interminable chute..."

Karine Giebel est une auteure qui sait créer une ambiance perturbante et terrifiante. Elle ne fait pas les choses à moitié. Comme tous ses autres titres, elle met le lecteur tout de suite dans l'action. Ses personnages sont légions dans ce roman. Il n'est pas question d'amour avec un grand A mais d'une passion obsédante détruisant une personne. Ce qui conduit à la folie, à la non maîtrise de soi.

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