jeudi 17 octobre 2019

Muriel Robin: " Fragile"



XO editions
418 pages

4 ème de couverture



Est-ce que je sens qu’on va finir par s’entretuer dans cette bagnole ?

Maman que tout agace, papa qui ne parvient plus à la calmer, mes sœurs qui veulent disparaître.

J’ai cinq ans et j’ai l’intuition que ça pourrait mal finir, alors je vole au secours des miens et je fais le clown.

Si je suis venue au monde avec ces yeux ronds et cette bouille qui fait sourire aussitôt que j’apparais, c’est sûrement pour mettre de la couleur sur le gris de notre vie.

Muriel Robin

Longtemps Muriel Robin nous a fait pleurer de rire. Voilà que pour la première fois elle nous parle d’elle avec une gravité qui nous touche aux larmes.

Sans rien dissimuler de ses chagrins d’enfant et de femme, ni d’un lourd secret, elle nous livre un portrait d’elle-même à la fois terriblement émouvant, impitoyable et drôle.

Un livre événement.

Mon avis



Pourquoi « Fragile » alors que Muriel Robin semble si forte dans ses spectacles ? 

On l'apprend progressivement en parcourant ce livre surprenant. 

J'ai aimé suivre le cheminement de la petite fille de commerçants dans sa volonté de fuir Saint-Étienne et de devenir une artiste accomplie. Sa relation avec sa mère a été sans conteste un moteur  positif ou négatif pour la femme célèbre aujourd'hui.

" Chez les Robin, on ne s’embrasse pas, on ne se touche pas, on ne se dit ni bonjour ni au revoir, « tout ça c’est pour les cons qui n’ont que ça à faire », dit notre mère, nous on travaille, on n’a pas de temps à perdre avec ces bêtises, de sorte que je ne suis pas surprise d’être accueillie comme un chien dans un jeu de quilles. "

J'ai pris plaisir à me remémorer les sketchs savoureux de la comique française. J'ai également appris beaucoup sur sa vie plus intime et les larmes sont parfois venues suite à certaines confidences. Toutefois, il y a quand même de la pudeur dans ce récit. Et la fin troublante contribue à la valeur du témoignage de Muriel Robin. 

J'ai aussi accroché à ces « souvenirs » en raison des nombreuses personnalités croisées au fil des pages. Les années évoquées m'ont rendue nostalgique : émotion garantie donc pour ce côté people ! 

Le tout est enrobé dans des chapitres dynamiques et clairs allant à l'essentiel. 

J'étais fan avant cette lecture et le reste encore après. Je devrais même dire que j'ai envie de redécouvrir une artiste maintenant que je connais quelques-unes de ses failles. 

Ainsi, j'espère que Muriel va continuer à « faire son intéressante » encore très longtemps !

L'auteure



lundi 14 octobre 2019

Nicolas Beuglet: " L'île du diable"



XO Editions
320 pages

4 ème de couverture



La vengeance est affaire de mémoire.

Le corps recouvert d’une étrange poudre blanche…
Des extrémités gangrenées…
Un visage figé dans un rictus de douleur…

En observant le cadavre de son père, Sarah Geringën est saisie d’épouvante. Et quand le médecin légiste lui tend la clé retrouvée au fond de son estomac, l’effroi la paralyse.
Et si son père n’était pas l’homme qu’il prétendait être ?
Des forêts obscures de Norvège aux plaines glaciales de Sibérie, l’ex-inspectrice des forces spéciales s’apprête à affronter un secret de famille terrifiant.
Que découvrira-t-elle dans ce vieux manoir perdu dans les bois ? Osera-t-elle se rendre jusqu’à l’île du Diable ?

Après Le cri et Complot, Nicolas Beuglet nous livre un thriller glaçant, exhumant des profondeurs de l’histoire un événement aussi effrayant que méconnu. Il nous confronte à une question vertigineuse : quelle part de nos ancêtres vit en nous, pour le meilleur et pour le pire ?


Mon avis



" L'île du diable" est la troisième aventure de Sarah Geringën. Une aventure qui la marquera à jamais.
Après un an d'enfermement, elle apprend le décès de son père. Retrouvé mort à son domicile, il s'agirait plus d'un assassinat que d'une mort naturelle. La mise en scène du cadavre est atroce. Sarah doit mener l'enquête auprès de Stephen et de ses nouveaux coéquipiers.
Le passé de Sarah va en prendre un coup. Affaiblie depuis son enfermement, elle ne lâche pas pour autant l'affaire. Elle ne connaissait pas véritablement son père. Par la suite, elle sera étonnée de ce qu'elle va découvrir à son sujet.

" Sarah commençait à comprendre qu'elle allait devoir accepter une hypothèse qu'elle avait refusé d'envisager depuis le début. Car elle ne voyait qu'une explication à ce meurtre. Une explication tout aussi effrayante que le visage déformé du cadavre: son père n'était pas celui qu'il prétendait être. "

" L'île du diable" est un thriller où le rythme est sans relâche. Au travers de chapitres courts, l'auteur, Nicolas Beuglet met la pression à un degré maximal.

mardi 8 octobre 2019

Olivia Kiernan: " Les liens du sang"



Editions Hugo Thriller
394 pages


4 ème de couverture



Le crime colle à la peau de la commissaire Frankie Sheehan. Mais à Clontarf, petite station balnéaire proche de Dublin, Frankie n’est pas la seule à être familière avec la mort…

Deux corps sont retrouvés dans l’église de la ville, sauvagement assassinés.

Un double meurtre qui coïncide étrangement avec la sortie de prison de Sean Hennessy, condamné dix-sept ans plus tôt pour le meurtre de ses parents alors qu’il était encore adolescent. Sean a toujours clamé son innocence ; et c’est cette version des faits qu’il entend défendre dans un documentaire télévisé en préparation.

Frankie le pressent : pour découvrir l’auteur du double meurtre de l’église, puis d’un nouvel assassinat tout aussi épouvantable, il va lui falloir comprendre ce qu’il s’est véritablement passé voilà dix-sept ans.

Et percer les mystères qui relient entre eux, par-delà les années, les cadavres de Clontarf.


Mon avis



" Les liens du sang" est la deuxième enquête de Frankie Sheehan. Tanya West, sa belle sœur, veut que Frankie s'occupe du dossier de Sean Hennessy.
Un vieux dossier où Sean a toujours proclamé son innocence. Il a été condamné pour le double meurtre de ses parents. Maintenant libéré, il veut raconter son histoire dans la maison de production Blackthorn Films.
Parallèlement Frankie est appelée car une personne a découvert dans l'église Sainte Catherine deux corps.
Existe-t-il un lien entre ces deux affaires ?
Frankie se résoud à mener toute l'enquête sur le double meurtre survenu dans la Northside. La scène de crime paraît très étrange. Est-ce une mise en scène ?

" Je reviens une fois de plus aux victimes. A cette scène de crime-littéralement- que le tueur a laissée, et je repense à la manière dont les corps ont été disposés. "

J'ai trouvé l'histoire un peu longue à démarrer mais une fois l'action mise en place, le rythme commence à s'accélérer. Les chapitres très courts se lisent facilement.
Quelle atmosphère dans ce roman ! J'ai aimé les lieux, les environs de Clontarf. Les personnages sont magnifiquement attachants.

Frankie est une profileuse exemplaire qui ne lâche rien. Le mystère rôde aux alentours de cette station balnéaire; j'ai suivi avec intérêt cette histoire où le doute subsiste au fil des pages. L'intrigue est parfaite car le style de l'auteure est remarquable. L’analyse sur cette affaire est faite avec méthodologie. Le lecteur en apprend davantage sur la garde irlandaise et leurs procédures policières.

" Les liens du sang" est un thriller bien construit avec des personnages développés avec intelligence. Je n'ai pas lu " Irrespirable" et je le lirais incessamment sous peu. C'est un roman plaisant où le suspense est au rendez-vous.
Olivia Kiernan est une auteure à suivre de près !

L'auteure



Olivia Kiernan est une écrivaine, blogueuse et romancière irlandaise.

Titulaire d'une maîtrise en création littéraire de l'Université du Sussex, elle est née et a grandi dans le comté de Meath, en Irlande.
"Irrespirable", son premier roman paru en 2018, est un thriller se déroulant à Dublin.


mardi 1 octobre 2019

Céline Denjean: " Voulez-vous tuer avec moi ce soir"


Editions pocket
384 pages


4 ème de couverture


Je m’appelle Marcel. J'ai 47 ans. Je suis contrôleur de bus. Je mène une vie saine et bien rangée. J'aime l’ordre, la rigueur et la discrétion et, à bien des égards, je suis votre voisin idéal. C'est que, contrairement à bon nombre de mes contemporains, j'ai reçu une excellente éducation. Et ce n'est pas ce que la police ou les journaux racontent sur moi qui me fera changer d'avis !

Toulouse. Depuis plusieurs mois, le lieutenant Girard traque « le Tueur du vendredi », un pervers méthodique qui viole et tue des prostituées le long du canal. Le meurtrier, c'est Marcel, un insoupçonnable contrôleur de bus à la vie sans histoire. Maniaque et obsessionnel, il suit jour après jour, et à la minute près, une routine bien huilée. Ses ennemies ? Les femmes, les indécentes, les décadentes, les provocantes… Et depuis peu sa jeune voisine, qui pourrait bien faire basculer une routine jusqu’alors inébranlable…


Mon avis



" Voulez-vous tuer avec moi ce soir" est un roman que j'ai littéralement dévoré. Lu en un jour, je peux vous dire que j'étais totalement happée par cette histoire.

J'ai rencontré l'auteure lors du salon du polar de Templemars; beaucoup de personnes que je connais des réseaux m'ont conseillées de lire un de ses romans. Alors j'ai acheté son tout premier en format poche. Céline Denjean m'a fait part de quelques imperfections sur ce titre.

Aussitôt revenue du salon, je commence à le lire et j'étais déjà en pleine effervescence.
" Voulez-vous tuer avec moi ce soir" est un roman qui se passe à Toulouse où le lecteur suit divers protagonistes d'apparence ordinaire.

La ville rose est touchée par le Tueur du midi. Il agit principalement vers le canal du Midi. Mieux vaut ne pas traîner dans ce coin surtout le soir. Les corps retrouvés sont des jeunes prostituées et le modus operandi de ces crime est identique.
Paradoxalement dans cette histoire, le lecteur suit l'histoire de Marcel Cazaux. C'est un homme méticuleux, sa vie est réglée comme une horloge. Le lecteur sait d'entrée de jeu que ce sera lui le tueur.

" Du fait de son éducation, l'homme est certainement méticuleux et routinier dans sa manière de vivre. Ses repères le contiennent et le rassurent sur l'image qu'il a de lui. "

Ensuite, il y a Lucille, jeune fille mal fringuée qui habite au dessus de chez Marcel. On rencontre aussi Manuel, chauffeur de taxi à qui les clients font d'étranges révélations.

lundi 30 septembre 2019

Maud Tabachnik: " Jours de glace"



City Editions
320 pages


4 ème de couverture



Des trombes d’eau. Un vent infernal. En quelques minutes, la petite ville de Woodfoll dans le grand Nord canadien est balayée par une tempête d’une violence inouïe. Plus d’électricité, plus de téléphone, un paysage de fin du monde.

Comme le reste de la région, la prison de haute sécurité n’a pas résisté à l’ouragan. La panne électrique a ouvert les portes, libérant quatre tueurs, parmi les pires de leur espèce, des violeurs, pédophiles et meurtriers récidivistes qui se retrouvent dans la nature.

Quand des cadavres sont retrouvés, sauvagement mutilés, les soupçons se portent forcément sur les évadés. Mais sont-ils les vrais coupables de ces atrocités ? Lou Grynspan, ancienne profileuse de la police du Québec, mène une enquête aux frontières de la raison. Un voyage au bout de l’enfer qui va hanter ses jours et ses nuits…


Mon avis



L'histoire se situe dans le grand nord du Canada principalement à Woodfoll. La shérif Lou Grynspan va devoir s'occuper d'un nouvel asile pénitentiaire, le 3AP, hautement technologique regroupant des pensionnaires très dangereux.

" On m'a dit que les hommes qui sont ici ont été jugés comme présentant de graves troubles psychotiques, schizophréniques, voire sociopathes..."

Mais un climat cyclonique provoque une panne électrique à la prison. Quatre frères prénommés les frères Bernatchez, tueurs psychopathes, en profitent pour s'évader.

" C'est tellement invraisemblable ce soudain déchaînement du climat que n'a précédé aucun signe, aucune alerte météo, qu'on est figés comme des bûches. "

Des meurtres sont commis par la suite. Est-ce l'oeuvre des 4 frères ?
Dans un climat glacial et perturbé par les intempéries, Maud Tabachnik crée un univers assez angoissant et terrifiant.
La nature sauvage et immaculée de neiges développe ainsi une ambiance anxiogène. Le récit ne tourne pas qu'autour de la disparition des évadés. Une jeune Amérindienne est retrouvée morte. Au cours de l'intrigue, l'équipe des enquêteurs se voit attribuer des renforts sur le terrain donnant encore plus d'épaisseur au roman. Les techniques et les savoir-faire sont totalement différents; une confrontation qui ne peut que finalement contribuer à une efficacité maximale. La culture canadienne ancestrale est ainsi mise en avant.

" Jours de glace " est un thriller remarquablement bien construit où l'atmosphère glaciale reflète une histoire noire et assez sauvage. Quant à l'intrigue, elle est parfaitement ficelée ! 

L'auteure



Maud Tabachnik est une écrivaine française.

Elle entreprend des études secondaires générales et commerciales, mais, après le bac et quelques hésitations, elle se décide pour la kinésithérapie dont elle sera diplômée en 1963 et qu'elle exercera pendant 17 ans avec une spécialisation d'ostéopathie. Elle est obligée d'arrêter son métier à la suite d'une intervention chirurgicale.
En 1983, elle part vivre en Touraine où elle commencera d'écrire sans envisager d'abord la publication. Dix ans plus tard, elle revient dans la capitale et se consacre entièrement à l'écriture.
Elle publie son premier roman, "La vie à fleur de terre", en 1990 chez Denoël. Depuis, Maud Tabachnik n’a donc cessé de publier: "Un été pourri", publié en 1994, chez Viviane Hamy, voit apparaître le duo d’enquêteurs américains, le lieutenant de police Sam Goodman et la journaliste homosexuelle Sandra Khan. Le livre fait connaître Maud Tabachnik d’un large public.
Ouvertement lesbienne, sa spécialité est le thriller politique et féministe. Maud Tabachnik a signé également des romans historiques, comme "L’Étoile du Temple" (Viviane Hamy, 1997) ou "Le sang de Venise" (Flammarion, 1999).


mercredi 25 septembre 2019

Stéphane Bourgoin: " Docteur Holmes"



French Pulp Editions
160 pages


4 ème de couverture



Herman Webster Mudgett ou H. H. Holmes (16 mai 1860 – 7 mai 1896), plus connu sous le pseudonyme de Docteur Henry Howard Holmes, est un tueur en série américain. Pendant les années 1890, Holmes est l’assassin de probablement deux cents clients dans son hôtel de Chicago qu’il avait ouvert à l’occasion de l’Exposition universelle de 1893. Après sa condamnation, il a avoué 27 meurtres et, bien que seuls neuf aient été confirmés, il est estimé qu’il en aurait commis deux cents. Holmes est souvent considéré comme le premier tueur en série américain…


Mon avis



Docteur Holmes, alias Herman webster Mudgett est le premier tueur en série américain. Stéphane Bourgoin nous expose ainsi la vie de celui-ci dans les années 1890.Vous comprendrez que ce n'est pas un roman mais un documentaire où le lecteur trouvera quelques images sur ces faits relatés à partir de la réalité.

Charmeur, escroc pour subvenir à ses besoins, Docteur Holmes est un homme très intelligent et est accusé d'avoir tué plus de 27 personnes aussi bien femmes, hommes et enfants.
En prenant différentes identités, Docteur Holmes a su échapper durant un moment aux autorités américaines. Mais le doute concernant une fraude à l'assurance-vie lors d'un décès d'une personne, le met devant la réalité de ses actes. D'ailleurs l'enquête va plus loin, des personnes prétendent que c'est Jack l'éventreur en personne.

Comme dans tous les écrits de l'auteur, Stéphane Bourgoin a une passion pour l'étude des serial killers. Tout est documenté avec finesse et quelques photos agrémentent l'histoire du redoutable meurtrier.

" Tous les criminologues qui m’ont examiné semblent être unanimes à ce sujet. Pourtant, il y a dix ans, j’ai été examiné sous toutes les coutures par quatre médecins comme étant mentalement et physiquement normal et en bonne santé. Aujourd’hui, j’ai tous les attributs d’un dégénéré – d’un imbécile moral. Est-il possible que mes crimes, au lieu d’être le résultat de ces conditions anormales, soient en fait la cause de ma dégénérescence ? "

" Docteur Holmes" est un documentaire d'une très bonne facture chronologique ce qui m'a particulièrement plue. Les éditions French Pulp ont eu une brillante idée de mettre à l'honneur des auteurs traitant de grands serial killers.






dimanche 15 septembre 2019

Julien Dufresne-Lamy: " Jolis jolis monstres"

Editions Belfond
416 pages



4 ème de couverture



"Je m'appelle James et je suis exquise..."
Découvrez le grand roman des drag-queens.
Certains disent qu’on est des monstres, des fous à électrocuter.
Nous sommes des centaures, des licornes, des chimères à tête de femme.
Les plus jolis monstres du monde.

Au début des années sida, James est l’une des plus belles drag-queens de New York. La légende des bals, la reine des cabarets, l’amie fidèle... Certains disent qu’on est des monstres, des fous à électrocuter.
Nous sommes des centaures, des licornes, des chimères à tête de femme.
Les plus jolis monstres du monde.

Au début des années sida, James est l’une des plus belles drag-queens de New York. La légende des bals, la reine des cabarets, l’amie fidèle des club kids et des stars underground. Quand trente ans plus tard il devient le mentor de Victor, un jeune père de famille à l’humour corrosif, James comprend que le monde et les mentalités ont changé.

Sur trois décennies, Jolis jolis monstres aborde avec finesse et fantaisie la culture drag, le voguing et la scène ballroom dans un grand théâtre du genre et de l’identité. Au cœur d’une Amérique toujours plus fermée et idéologique, ce roman tendre mais bruyant est une ode à la beauté, à la fête et à la différence. Une prise de parole essentielle.


Mon avis



" Jolis jolis monstres" est l'histoire de deux personnes que tout oppose; celle de James et de Victor. James Gilmore est drag-queen; son nom de scène est Lady Prudence. Victor est un hétérosexuel qui a rencontré James dans une boite de nuit de New-York.

" Certains prétendent toujours qu'on est des monstres. D'autres pensent que l'on est les belles choses de ce monde. "

Tous les deux vont raconter leur propre histoire. Etre drag-queen, c'est en quelque sorte faire son show la plupart du temps dans des cabarets ou des clubs. Ces personnes caricaturent et prennent possession des corps de stars en utilisant des artifices. Les paillettes, les perruques, strass et maquillages sont au rendez-vous. James/ Lady Prudence aperçoit des célébrités telles que David Bowie et Madonna.

Julien Dufresne-Lamy développe l'univers des drag-queens au travers de ces deux personnages si bien cernés. D'ailleurs, James deviendra maman Prudence pour Victor qui ne connait absolument rien du monde de drag-queen.

mercredi 11 septembre 2019

Christophe Royer: " Lésions intimes"



Editions Taurnada
414 pages

4 ème de couverture



Nathalie Lesage, capitaine au caractère bien trempé, travaille au sein de la brigade de répression du proxénétisme. Une des branches de l'organisation « Gorgona », spécialisée dans un certain genre de soirées parisiennes, va l’amener à côtoyer un milieu où règnent la perversion et les pratiques extrêmes.
Victime d’un banal accident, son enquête va prendre une tournure inattendue. Dans le même temps, le décès de son frère va l’obliger à renouer avec son passé.
Tout va alors se mélanger et entraîner Nathalie vers l’inimaginable…


Mon avis



« Lésions intimes » de Christophe Royer est un roman à double tranchant. D'une part parce que les chairs sont tranchées dans le vif et d'autre part parce que le récit est sur deux plans. On suit une enquête et les problèmes personnels de Nathalie Lesage, capitaine à la répression du proxénétisme. Pourtant, je me suis rarement perdue dans les méandres de l’histoire. Et cela grâce à la clarté du style acéré et direct. Il est question ici d'une sorte d'organisation du nom de Gorgona semblant tirer les ficelles d'un univers glauque et perfide. Et on suit les pas de Nathalie bien déterminée à trouver les coupables.

Mais attention il faut quand même s'accrocher pour résister aux descriptions de scènes effroyables et aux individus désaxés.

" Voulant comprendre pourquoi son corps ne répondait pas à ses injonctions, il tourna la tête pour examiner son bras gauche, plaqué contre une planche de bois. Son poignet était emprisonné par plusieurs tours de fil de pêche transparent lui meurtrissant les chairs. Il fit l’effort de relever légèrement son bras pour le soulager de son étreinte. "

En effet, le milieu concerné est propice à ce genre de discours. L'auteur montre qu'il existe différents stades dans la façon d'infliger la douleur à des personnes qui sont parfois volontaires. Mais quand des êtres sont soumis à tant de perversités, violentés dans leur innocence, que faire ? Pourquoi certains sont attirés par le mal et pour l'infliger ?

Nathalie, malgré une vie personnelle difficile va tenter de percer les mystères de Gorgona et d'en amputer les influences insidieuses.

Cette jeune femme est pour moi une bouffée d’air parmi l'atmosphère lourde de l'enquête. Heureusement que Christophe Royer a insufflé à ces « Lésions intimes » une force de vie. On peut ainsi croire que les bonnes volontés sont plus fortes pour lutter contre des créatures sans limites dans la noirceur.

samedi 7 septembre 2019

Mathieu Tazo: " Au nom des pères"




Editions Auto-Edition
352 pages


4 ème de couverture



Novembre 1942. Marseille.

— Mademoiselle Rose, vous seule pouvez me dire comment est mort mon fils. Vous y étiez, vous, sur cette place de malheur. Vous pourriez reconnaître les visages.

Rose est déterminée, jeune, tenace, ingénue et jolie. Elle cherche son amant. Et ne reconnaît pas les visages. Elle est témoin d’un crime : un résistant français et un officier allemand se sont battus au couteau. Qui a voulu tuer qui ? Personne ne le sait et Rose a retrouvé son amant mort.

Face à l’enquête menée à charge par une police sous influence et alors que le bruit des bottes allemandes retentit dans Marseille, Rose va dérouler le fil des événements qui ont conduit à cette bagarre mortelle pour remonter l’histoire des enfants et de leurs pères et révéler un épisode longtemps resté tabou de la Première Guerre mondiale.


Mon avis
 


Dans « Au nom des pères », Mathieu Tazo livre une histoire qui nous fait entrer dans la grande Histoire ! Rose, l’héroïne, se trouve confrontée aux horreurs de la seconde guerre mondiale et porte un regard sur un passé encore plus ancien.

Ainsi, « Au nom des pères » fait un peu figure de jeu de piste dans lequel on découvre les éléments qui s'emboîtent comme des poupées gigognes. J'ai apprécié les descriptions d'un monde en guerre mettant les civils autant en danger que les militaires. La grande Histoire est décrite de façon originale. En effet, l'auteur a su dépoussiérer le genre grâce à un récit haletant du début à la fin.

Le style est clair, sans surcharge. La plume de Tazo touche avec légèreté les personnages sans en dire trop afin de ménager le suspens. J'ai été assez charmée par les paysages du sud de la France entre Marseille et Toulon même si l'époque n'était pas tendre avec ses protagonistes.

Justement, Rose est au centre du roman parmi une galerie de personnages secondaires bien brossés. Cette jeune femme est très attachante et courageuse. Elle évolue dans le monde de la guerre avec ses fragilités qui la rendent proche du lecteur. D'ailleurs , j'ai eu souvent l'impression d'être parmi les événements, à côtés de Rose et de ses interlocuteurs. L'ambiance est tout en émotion, j'ai été prise en étau et chamboulée dans le flot des liens familiaux et de la chronologie !

Dans « Au nom des pères », les douleurs et les peurs sont quelque peu adoucies par la générosité de Rose que je n'oublierai pas de si tôt.

" Reprends-toi, Rose Petitjean, tu es une combattante. Elle tremble pourtant sans comprendre cette crainte soudaine. "

Si vous êtes fans de romans historiques, « Au nom des pères » vous plaira particulièrement. Mais l'intrigue reste intéressante à suivre. Ne serait-ce que pour comprendre que l'homme oublie vite son histoire ! Le devoir de mémoire est bien illustré par Mathieu Tazo. Il nous fait bien saisir que le mal peut revenir si l'on n'est pas prudent. Attention une période noire peut en cacher une autre !


L'auteur

 



Mathieu Tazo est un écrivain français, né en 1977 à Toulon. Il a vécu en Provence, à Paris, à Londres et vit maintenant à New York.
En 2014, il a publié son premier roman "La dynamique des fluides", aux éditions Daphnis et Chloé, primé au Prix Tangente des Lycéens 2017.

Son deuxième roman, "Un caillou dans la chaussure", est paru en 2015 (éditions Daphnis et Chloé).
Publié en 2019, "Au nom des pères" est son troisième roman.

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