mardi 13 novembre 2018

Gipsy Paladini: " Vices- épisode 1, Trois petits singes"




Editions Reisnan
299 pages


4 ème de couverture



« J’ai alors vu la bouteille de White Spirit sur le sol et les allumettes éparpillées. Puis ma fille sur le sofa, la bouche grande ouverte, l’intérieur entièrement brûlé. (…) Elle avait laissé un mot : j’ai froid à l’intérieur »

La ville. Ses quartiers mal famés, ses odeurs étrangères, ses peuples déracinés… Pas facile de s’en accommoder quand on a grandi dans un village paisible et que l’on s’est construite à travers les films de justiciers. Voilà 6 mois que Marie a intégré la BJV, une brigade spécialisée dans la prise en charge des jeunes victimes, et elle a bien du mal à se faire accepter. La pendaison de Lucie, une lycéenne apparemment sans problème, lui donne l’opportunité de prouver qu’elle mérite sa place au sein de l’équipe. C’est sans compter la malveillance de certains collègues bien décidés à se débarrasser d’elle. Marie sera-t-elle suffisamment armée pour affronter la cruelle réalité alors qu’un lourd secret la handicape ?


Mon avis



" Trois petits singes" parle d'un sujet d'actualité celui du harcèlement scolaire. Une lycéenne est retrouvée pendue dans sa chambre.
C'est une élève qui selon les témoignages des parents est sans histoire.

" La jeune fille pend du lit mezzanine, dans la longueur de la structure en bois. Sa dépouille lourde et inanimée lui donne l'allure grotesque d'un pantin désarticulé. "

Dans cet épisode tout va très vite; le lecteur est tout de suite dans le vif du sujet. J'ai fait connaissance de l'équipe de BJV, Brigade des Jeunes Victimes.

Cette brigade se compose de Marie, Marcus, Amir, Bia, Sophie et Zolan. Tous ces personnages sont à la fois attachants mais aussi intrigants. Ils font face à des affaires d'une extrême violence et sauvagerie. Marie est le personnage que je préfère dans ce groupe. Elle a dû mal à se faire intégrer au sein de cette équipe mais trouve du réconfort auprès de Zolan. Les souffrances de certains d'entre eux se font sentir et j'ai pris plaisir à les suivre.

" Surprise, la jeune femme s'enlise dans le regard épris de Zolan. Quand il se détourne, embarrassé, elle le ramène à elle. Dans ses yeux, elle a l'impression d'exister en entier, elle, rien qu'elle, comme si tout le reste avait été effacé. "

Gipsy Paladini a une écriture noire, directe parfois même provocante. Il n'existe pas de langue de bois, l'auteure fait preuve de beaucoup d'imagination. Elle envoie du lourd en développant une thématique actuelle. Il existe par moment une pointe d'humanité laissant fondre la noirceur au fil des pages. 

lundi 12 novembre 2018

Amélie De Lima: " À Fleur de bruine"



Auto-édition
272 pages


4 ème de couverture



Quand le passé revient pour se venger, quand les vieux secrets ressurgissent, la mort ne peut être que la seule échappatoire?Lille, septembre 2016.Six ans après la terrible affaire de la Deûle, des corps de jeunes hommes sont retrouvés la bouche scarifiée, pieds et mains liés, immergés dans un canal. Qui sont-ils et pourquoi les a-t-on tués ? C'est ce que Véronique De Smet et Bettina Rosco tenteront de découvrir, dans une enquête complexe dont elles ne sortiront pas indemnes?


Mon avis



Dans " À Fleur de bruine", je retrouve l'inspecteur Véronique De Smet. Cette fois-ci il est question d'un redoutable tueur sévissant dans les Hauts de France plus précisément à Lille. Elle va devoir travailler avec Bettina Rosco, inspectrice en chef à la PJF de Tournai.
Un cadavre a été retrouvé dans la canal de l' Esplanade. Bettina vient sur cette affaire car il semblerait qu'il y ait d'étranges similitudes avec des cadavres repêchés en Belgique.

Des marques de scarifications sont sur les victimes et le sourire de l'ange serait la signature de l'assassin.

"- Jeune homme, même tranche d'âge. Pieds et mains liés par une cordelette de lin, visage scarifié au niveau des lèvres et joues, ce que vous connaissez comme le sourire de l'ange..."

Même si la collaboration entre ces deux inspectrices est tendue, elles doivent à tout prix coincer le tueur.

Amélie De Lima après avoir sorti déjà deux livres, s'affirme de plus en plus dans son écriture. " À Fleur de bruine" est un thriller psychologique qui commence très fort; l'ambiance est pesante et noire. Même si l'enquête piétine pour nos deux inspectrices, l'histoire tient en haleine le lecteur. Le passé de chacune resurgit. C'est un plaisir de suivre ces deux femmes dans cette enquête assez difficile à résoudre.

lundi 5 novembre 2018

Iac: " Et le tonnerre grondait"



Edition LBS
192 pages


4 ème de couverture



1890.

Joshua, ancien éclaireur de l’armée, a pour mission de ramener un adolescent à sa seule parente vivante, la Première Dame des États Unis. Le jeune homme, autrefois enlevé par les Sioux, est maintenant connu sous le nom de Main Qui Frappe.

Pendant ce temps, Mattie débarque de France pour éduquer de jeunes Indiens arrachés à leurs parents. Mais révoltée par la violence des méthodes, elle s’enfuit avec deux petites filles, les sœurs de Main Qui Frappe...

Maîtrise du sujet, écriture cinématographique, Iac nous livre un roman passionnant, soucieux du détail historique. Du très grand western !


Mon avis



Iac use d'une écriture directe dans un livre d'aventures qui nous plonge dans l'univers du grand ouest américain. "Et le tonnerre grondait" a tout d'un bon western. Les indiens et leur histoire y tiennent une place prépondérantes. Dès les premiers chapitres, j'ai eu l'impression de revivre les dialogues d'un bon vieux John Ford. Ils sont ciselés et rapides comme des flèches, l'auteur ne rate pas ses cibles!


" -Mais enfin mon général, vous plaisantez! Bon, c'est le neveu de la Présidente, mais il faut lui dire à la Présidente que son petit-neveu qu'elle doit avoir en photo, cul nu sur un coussin, il porte des nattes aujourd'hui et il a le visage couvert de peinture de guerre, il doit pas parler un mot de notre langue, et il doit avoir des scalps à la ceinture et..."


Joshua a eu l'habitude de côtoyer les indiens alors qu'il était éclaireur de l'armée. Il va rencontrer des personnes de tout bord en tentant de rendre un jeune homme à sa tante. Les haines et les coups de bravoures se mêlent dans ce roman. L'histoire du peuple indien s'insère très bien dans l'intrigue; ce qui insuffle une émotion inattendue au fil de la lecture.

Les protagonistes ont pris vie sous mes yeux car IAC est doué pour les faire apparaître dans des décors réalistes. "America! America!" ces mots sortant du texte face à la description d'un New York du XIXème siècle sont magiques et efficaces. Je suis entrée dans le vif du sujet comme dans une scène de western. Imaginez une rue devant un saloon et vous pouvez alors commencer l'aventure avec les principaux acteurs du film... enfin du roman.

samedi 3 novembre 2018

Juliette Dierckens: " Où que tu sois"



Editions Ravet-Anceau
144 pages


4 ème de couverture



Lucie Ducairne est hantée par ses souvenirs. Dans ses rêves, elle revoit inlassablement sa coéquipière Alicia tomber du haut d’un immeuble arrageois alors qu’elles pourchassaient toutes deux le Faucheur, un tueur en série d’une cruauté inégalée. Le meurtrier s’attaquait à de jolies femmes aux yeux clairs, les obligeant à se maquiller avant de les torturer et de les égorger. Un temps tranquille, le voilà qui assassine à nouveau. Lucie reprend l’affaire avec l’aide du lieutenant Luc Martin. Obnubilée par sa vengeance, elle laisse peu à peu son collègue pénétrer son monde de douleur. Et comprend bientôt que c’est avec elle que le Faucheur veut jouer.


Mon avis



" Où que tu sois" est un petit polar de 140 pages et c'est sans conteste pour moi un bijou noir. Ce qui m'a étonnée c'est l'oeuvre d'une auteure âgée d'à peine 20 ans.
C'est son premier livre et Juliette Dierckens connaît déjà tous les codes d'un bon polar. L'action se situe à Arras, l'héroïne Lucie Ducairne enquête sur une affaire qu'elle connaît déjà.
Oui, ce roman est un cold case, cinq ans auparavant, sa coéquipière Alicia et elle étaient sur la piste d'un tueur en série, prénommé " Le Faucheur".

" Un monstre qui a lacéré, saigné sa chair à blanc. La lame mordant la peau et les muscles, et formant sur chaque centimètre de larges sourires ensanglantés. " 

Attristée et hantée par la perte de sa meilleure amie, Lucie doit surmonter et combattre ses propres démons.
Il faut de nouveau retrouver le meurtrier. Pour cela, elle fera équipe avec Martin...

mercredi 31 octobre 2018

Christophe Ferré: " La petite fille du phare"


Editions l'Archipel
448 pages


4 ème de couverture



Qui a kidnappé le bébé ?

Le temps d'une soirée dans un pub tout proche de leur villa située sur la côte de granit rose de Ploumanac'h, Morgane et Elouan ont laissé la garde de leur fille de 10 jours, Gaela, à son frère adolescent, Arthur.
Mais au retour, un berceau vide les attend.
Aucune trace d'effraction, pas de demande de rançon. À la douleur de la disparition, s'ajoute la violence du soupçon de la gendarmerie. Morgane est une mère déjà éprouvée par la perte d'un enfant, Elouan, un père souvent absent…
Les pistes se multiplient mais l'enquête n'avance pas.
Pourtant, près d'un mois plus tard, le miracle : Gaela est rendue à ses parents. Le soulagement l'emporte sur l'incompréhension.
Sauf pour Arthur, convaincu que ce bébé n'est pas sa sœur…


Mon avis



Quand j'ai vu la bande annonce de ce roman, je me suis dit ça va être génial tout ce que j'aime! En plus la couverture est magnifique...
Mais ma joie ne fut que de courte durée. Certes les chapitres sont très courts, se lisent ainsi très vite mais ce qui m'a profondément ennuyée ce sont les personnages, je ne les ai pas du tout appréciés; il manquait à tous de la sensibilité, des émotions vives voire touchantes. Comment Morgane , la mère, peut-elle laisser la garde d'un bébé de 10 jours à son frère juste pour rejoindre son mari dans un bar?

Quant aux dialogues, ils manquent d'intérêt et de crédibilité. L'auteur ne cesse de développer des rebondissements au fil des pages afin de faire planer le doute sur chacun des protagonistes mais à vouloir trop en rajouter, j'ai finalement décroché, l'intrigue devenait parfois invraisemblable.
Malgré ces points négatifs, j'ai tout de même apprécié le cadre dans lequel se situe l'action. Ploumanac'h, la côte de granit rose. Les paysages sont merveilleusement dépeints. D'ailleurs, la description de la côte bretonne prend parfois le dessus sur l'intrigue.

" À Ploumanac’h, même les cœurs sont en granit, forts et durs, habitués aux embruns, aux averses, aux vagues, aux coups de tabac. Pas tous les cœurs. Certains cœurs sont comme des hortensias, graciles et doux, fins et fragiles."

" La petite fille du phare" est un roman duquel j'attendais beaucoup de suspense malheureusement ce fut une lecture en demi teinte. L'intrigue n'est pas crédible et les personnages ne m’ont guère touchée. Je ne remets en cause l'écriture de l'auteur mais à en vouloir trop en faire, j'ai finalement décroché et l'histoire s'est essoufflée au fil des pages.


Bande annonce



L'auteur


Christophe Ferré est romancier et auteur dramatique. Il a obtenu le Prix de la nouvelle de l'Académie française en 2010. Il est l'auteur de La Chambre d'amour (Arléa, 1995), La Septième nuit (Seuil, 2000) ou encore Paradis Turquoise (Flammarion, 2005). Son premier suspense, La Révélation de Chartres(Salvador, 2015) s'est vendu à plus de 20 000 exemplaires, toutes éditions confondues.


dimanche 21 octobre 2018

Johanna Almos: " La norme et nous "




Editions LBSSélection
204 pages


4 ème de couverture




La norme et nous conte l'errance de trois jeunes personnes. Tommy, enfant de l'assistance publique, vit dans la rue depuis ses quatorze ans. Stéphane vient de perdre son logement et dort dans sa voiture. Clémence, adolescente perturbée, recherche désespérément l'amour de sa mère. Dans les bas-fonds de Pigalle, de squats punks en bars miteux, ces trois exclus du début des années 2000 vont sympathiser, mêler leurs destins violents et parfois tragiques.

Un premier roman qui résonne et raisonne comme un coup de cœur. Un récit fort et réaliste, aux personnages attachants, qui refuse la carte du misérabilisme. Une auteure est née.

Préface de Emmanuel Delporte

Mon avis



Johanna Almos fait apparaitre dès les premières pages des personnages sympathiques, très vite totalement attachants. Ils sont tous différents les uns des autres mais j'ai ressenti qu'ils allaient avoir des liens forts. Une thématique de ce roman est, je crois, la façon dont ses liens vont se tisser.

" Tout à coup, elle comprend. La veste rapiécée, le treillis raide de crasse. Les ongles noirs. Elle comprend et elle s'en fout. A quinze ans, on ne fait pas cas de ce genre de choses. "

L'auteure raconte par le biais de ses protagonistes, la fracture sociale à sa manière. Elle ne parle pas d'un phénomène nouveau car la misère n'est malheureusement pas un scoop. Pourtant, elle le fait très bien. Elle aime ses "héros" de la rue et cela donne une chaleur à la lecture. Elle utilise des formules dures qui soufflent le chaud et le froid dans une atmosphère à la fois engageante et dérangeante.
Chacun, dans sa précarité, s'accroche à ce qu'il peut. J'ai croisé beaucoup de misère dans ce roman. Le clash entre le froid de la rue et la chaleur des sentiments est bien dépeint. J'y ai vu une des grandes qualités du livre.

" Il quitte le bureau, dépité et regagne son rayon. Parmi les disques, il se sent mieux que parmi les gens. La musique, elle, ne triche pas. Depuis l'enfance, il voue une sorte de culte qui lui permet de tenir le choc. Il croit aux riffs de guitares comme d'autres croient en Dieu. "

Le sujet des sans-abris a déjà été traité, évidemment. Delphine de Vigan l'a très bien souligné dans " No et moi". Les deux titres me semblent d'ailleurs assez proches. Johanna Almos avec maestria rajoute sa pierre à l'édifice de l'exclusion. 

L'auteure appuie sur les peurs de chacun. Elle montre les douleurs et les failles que peut rencontrer tout un chacun. Elle déroule le mécanisme qui mène à la pauvreté. Elle triture les blessures de l'âme humaine noyée dans les apparences trompeuses de la société de consommation.

Guillaume Sire: " Réelle"



Les Editions Observatoire
320 pages


4 ème de couverture



Enviée, choisie, désirée : Johanna veut être aimée. La jeune fille ne croit plus aux contes de fée, et pourtant… Pourtant elle en est persuadée : le destin dans son cas n’a pas dit son dernier mot.

Les années 1990 passent, ses parents s’occupent d’elle quand ils ne regardent pas la télé, son frère la houspille, elle danse dans un sous-sol sur les tubes à la mode, après le lycée elle enchaîne les petits boulots, et pourtant…

Un jour enfin, on lui propose de participer à un nouveau genre d’émission. C’est le début d’une étrange aventure et d’une histoire d’amour intense et fragile. Naissent d’autres rêves, plus précis, et d’autres désillusions, plus définitives.

L’histoire de Johanna est la preuve romanesque qu’il n’y a rien de plus singulier dans ce monde qu’une fille comme les autres.


Mon avis



Guillaume Sire, avec un style personnel, exprime ce qu'il pense d'une certaine télévision. Il use d'un vocabulaire riche et poétique. Il attribue à cet objet une place très particulière. La télévision est à la fois un cadre autour duquel on se réunit ou un accessoire qui filtre le monde. C'est aussi un témoin du quotidien. Cette "chose" fait partie de la vie, fait partie des meubles. Il répète volontairement le mot "télévision" afin de le marteler, montrant ainsi que sa présence peut être obsessionnelle.

" Quand elle arriva chez elle, ce soir-là, Sylvie et Didier s'étaient endormis devant la télévision. Ça leur arrivait de plus en plus souvent. Sur la table basse : un paquet de chips, des bâtonnets de glace ; à la télévision une émission sur Kennedy. Johanna remarque que la main de Didier était posée sur la cuisse de Sylvie. Elle n'éteignit pas la télévision de peur de les déranger. "

L'auteur raconte l'histoire d'une jeune fille qui, en voulant devenir célèbre, va passer de l'autre côté du miroir et de l'écran. Sa famille est aussi décrite. Au début, je les trouvais tous sans grand intérêt. Mais très vite, j'ai remarqué que chaque membre de la famille avait son charme. Et cela même dans la petitesse de leur vie banale. Guillaume Sire n'est jamais méchant ni moqueur envers la famille de Johanna. Leurs défauts sont finalement moins lourds qu'il n'y paraît. La passion du père pour Johnny Hallyday ou les réparties de la mamie sont des moments de tendresse ou de franche rigolade. Mais je le reprécise, le tout n'est jamais dégradant.

" Johanna proposa à Jennifer de l'accompagner au cinéma voir Titanic. Le film avait coûté plusieurs centaines de millions de dollars. Mamie prétendait qu'avec ça on aurait pu nourrir l'humanité pendant trente siècles à condition de savoir cuisiner. "

Des pages savoureuses sur la condition de "beauf" exprime bien le mépris et l'importance de l'argent et des apparences dans notre société. Les prénoms sont aussi passés au crible de l'écrivain. Il nous fait bien comprendre ce que le prénom peut transmettre comme message. A l'image de la pièce et du film Le prénom, des passages évoquent aussi avec humour ce que peut révéler le simple fait de prénommer quelqu'un.

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