dimanche 28 mai 2017

Cecilia Samartin: " Nora ou le paradis perdu"

Editions Archipoche
480 pages


4 ème de couverture



Cuba, 1956. Nora et Alicia, deux cousines très proches et complices, vivent une enfance heureuse et insouciante.
Mais la révolution éclate, et Fidel Castro accède au pouvoir. Un climat de peur, nourri par la répression, s’installe peu à peu. Nora émigre alors aux États-Unis, laissant Alicia derrière elle, qui s’apprête à vivre des heures sombres à La Havane.
Tandis que Nora, bien nostalgique de son pays natal, s’accommode peu à peu de cet environnement nouveau, Alicia subit les coups durs, dans un Cuba où la situation se détériore. Grâce aux lettres qu’elles continuent d’échanger, Nora comprend que la vie d’Alicia est devenu un enfer. Elle décide alors de retourner à la Havane pour lui venir en aide.
Mais ce qu’elle va découvrir à Cuba est bien loin de tout ce qu’elle pouvait imaginer…


Mon avis



"Nora ou le paradis perdu" de Cecilia Samartin porte bien son titre. Tout au long de ce roman, j'ai été submergée d'émotions et surtout d'un parfum de nostalgie. 

"Mais n'oublie jamais, Nora, n'oublie jamais le Cuba que nous avons connu et dis-le à Lucinda et à tes enfants avant même qu'ils aient l'âge de comprendre, pour que Cuba fasse partie d'eux comme il fait partie de nous."

L’histoire commence à Cuba en 1956. On suit le lien entre Nora et Alicia, deux cousines. Ce lien est mis à rude épreuve avec l’arrivée de Castro. Elles tentent pourtant de rester en relation alors que l’une est partie se réfugier aux Etats-Unis et l’autre est restée dans leur beau pays natal. Les événements historiques bousculent la vie de ces deux cousines. Mais c’est surtout Nora qui raconte…

Les relations épistolaires ponctuelles sont un bon moyen de suivre la vie des deux jeunes filles séparées. De plus ce procédé permet de gagner beaucoup de temps dans la narration. Il faut savoir que ce livre est un pavé de 471 pages. Une fois plongée dedans, je me suis noyée avec plaisir dans la beauté d’un pays agressé et abimé par la folie d’un homme.

" Je n’avais plus besoin de lire les mots : je les savais pas cœur. Au lieu de cela ; j’étudiais l’écriture d’Alicia et je sentais la douleur dans chaque courbe de la ligne, dans chaque avancée ténue de la plume. Bien que séparées par des milliers de kilomètres, nous étions de nouveau réunies et notre connivence était plus forte que jamais. "

Je suis vite tombée sous le charme de Nora et Alicia. Les voir devenir des femmes est très prenant. La plume traduite par Colette Joyeux n’est jamais simpliste. Certes, il y a du romantisme dans ce roman mais Cecilia Samartin ne se laisse pas aller à peindre ses personnages à l’eau de rose. La violence, la peur et la mort sont très présents sans indulgence.

samedi 27 mai 2017

Roz Nay: " Notre petit secret"


Editions Hugo & Cie
270 pages

4 ème de couverture



Angela est interrogée par la police : la femme de son ex petit ami a disparu, et l’inspecteur Novak est persuadé qu’elle en sait davantage qu’elle ne veut bien le dire. Alors, encouragée par Novak, Angela va raconter son histoire. Une histoire qui commence dix ans plus tôt, au lycée de Cove, dans le Vermont, par sa rencontre avec HP, en qui elle reconnaît son âme soeur. Mais le récit d’Angela va révéler un sombre écheveau de trahisons et de pulsions destructrices, au coeur d’un troublant triangle amoureux.


Mon avis


" Notre petit secret" a reçu le prix Douglas Kennedy du meilleur thriller étranger.
Après plusieurs déménagements, les parents d' Angela Petit Jean décident enfin de s'installer dans l' Est des États-Unis, dans le Vermont.
Angela rentre ainsi au lycée de Cove, difficile de s'intégrer dans un nouvel établissement quand on est nouvelle mais peu à peu elle fait la connaissance de HP, un homme séduisant et sportif. L'amour plane au dessus de la tête de Petit Jean.

Dans " Notre petit secret", l'auteure raconte avant tout l' histoire d' Angela dix ans avant et après au moment où elle se retrouve dans une salle d' interrogatoire avec l'inspecteur Novak à l'âge de 26 ans.
Roz Nay aime balader le lecteur, le mettant sans cesse en doute sur ce qu'il va  se passer.
L'inspecteur Novak est persuadé qu' Angela est loin d'être innocente dans la disparition de Saskia, la femme de son ex petit ami. Mais Angela essaie de dissuader l'inspecteur en racontant sa vie depuis qu'elle habite dans le Vermont.

" - Bon, parce ce vous ne devriez rien écarter. Vous ne savez pas de quoi les gens sont capables. "

La chose surprenante dans ce thriller est la construction de l'intrigue. Au début le lecteur ne sait pas pourquoi Angela est arrêtée mais c'est au fur et mesure de l'histoire que tout se dévoile. Quand on parle de thriller on pense au meurtre, à l'hémoglobine dans " Notre petit secret" il n'en est rien; Roz Nay joue aisément avec ses personnages les mettant sans cesse en désaccord. C'est un véritable jeu du chat et de la souris. Angela tente d'échapper inoxerablement aux questions de l'inspecteur Novak.

" J'ai lu quelque part que dans le jeu du chat et de la souris, la seule façon de gagner pour la souris est de se jeter volontairement dans la gueule du chat. J'y pense souvent. La futilité nous regarde droit dans les yeux. Nous devrions simplement cesser de courir. "

mercredi 24 mai 2017

Frank Klarczyk: " Mort point final"

Editions Lucien Souny
192 pages

4 ème de couverture



Dans un commissariat de la banlieue parisienne, Paul Catard est interrogé par le capitaine Vigeois. On vient de retrouver l’homme bâillonné et menotté dans la chambre de sa petite amie. La situation prêterait à sourire si la petite amie n’était pas Mélanie Vasseur, lieutenant de police travaillant dans l’équipe de Vigeois. La surprise est d’autant plus grande lorsque Catard dévoile que Mélanie a survécu à une innommable tragédie qui s’est déroulée dans un lycée de province, quelques années auparavant. Souffrant de violents traumatismes psychologiques, elle a pourtant réussi à intégrer la police et, encore mieux, à cacher son passé. Vigeois et ses hommes se questionnent encore sur la véracité de ces révélations quand ils sont appelés en renfort au parc de la Légion d’honneur de Saint-Denis, où un attentat se prépare. Le temps est compté, et la police n’a plus le droit à l’erreur ! L’angoisse, le drame, le suspense saisissent le lecteur là où il ne les attendait pas.


Mon avis


Une journée qui pourrait se dérouler normalement pour les élèves de seconde C, mais le professeur de français, Mr Bernard en a décidé autrement. En verrouillant la salle G3, il commet l'irréparable et prend en otage les élèves.
Mr Bernard donne ordre de continuer le cours en obligeant les lycéens à écrire une dictée extrait de l'oeuvre de " la Divine Comédie" du grand Dante Alighieri. Les élèves n'ont pas le droit à l'erreur; une faute est un avertissement et une deuxième erreur sera une sanction définitive! Comment ne pas obéir devant un tel dilemme? Leur vie ne tient qu'à un seul fil et le professeur le fait savoir en racontant la scène du livre de " Marche ou crève" de Stephen King. Ce n'est qu'une partie du livre que je vous décris, la suite est encore plus angoissante. Un homme retrouvé menotté, Mr Catard raconte non pas son histoire mais celle de Mélanie Vasseur, une fille traumatisée par son professeur de français...

" La majeure partie des lycéens se mirent à écrire, d'autres firent mine de rédiger, se demandant encore si tout cela était réel. Peut être que le canular allait soudainement prendre fin et que Cindy et Bertrand allaient se relever en riant de la blague qu'ils venaient de faire à leurs camarades. "

lundi 22 mai 2017

Marc Welinski: " Le syndrome de Croyde 2"


Editions Daphnis et Chloé
384 pages


4 ème de couverture



Dans la petite bourgade de Chamonville, Albane, une petite fille de 9 ans, est décédée à la suite d’une chute dans l’escalier de l’école. Tout le village est en émoi. Si pour la gendarmerie l’accident ne fait aucun doute, le directeur de l’école est persuadé que la petite a été poussée. Puis d’autres décès "accidentels" surviennent. Les soupçons de la population se portent alors vers le camp de migrants qui s’est installé dans la forêt voisine. Mais ne s’agirait il pas d’une nouvelle manifestation du syndrome de Croyde, cette pathologie inexpliquée capable de transformer les individus les plus normaux en criminels à sang froid ?


Mon avis



Marc Welinski dans "Le syndrome de Croyde 2" raconte l'histoire d'une petite bourgade à qui il arrive des malheurs ; une petite fille, Albane, meurt à la suite d'une chute dans l'escalier de l'école. Ainsi des personnages vont affronter l’horreur. Mais l'affaire n'est pas si simple. La psychologie va s’immiscer dans la maille des doutes et de la suspicion.

J'ai apprécié la succession des narrateurs qui donne une vision plus globale de l'histoire. Ainsi cela semble très original. Pourtant, cela m'a désorientée.

Je déplore la place trop importante à mon goût, donnée aux dialogues, certes bien menés, mais ne permettant pas une profondeur littéraire.

L’intrigue concernant un mystérieux syndrome est assez prenante, elle a cependant tendance à mollir dans la deuxième partie du roman. Je me suis demandé où l'auteur voulait en venir. Ainsi, je me suis prise au jeu et j'avais envie d'en savoir plus sur les différents crimes et la véritable personnalité de chaque protagoniste.
Hélas, la fin ne m'a pas apportée suffisamment de réponses. Mais suis-je peut-être trop exigeante!

jeudi 18 mai 2017

Carolina De Robertis: " Les Dieux du tango"


Editions Cherche Midi
504 pages



4 ème de couverture



« Aussi évocateur et ensorcelant que le tango lui-même. » (Library Journal)


Février 1913. Leda a dix-sept ans. Elle quitte son petit village italien pour rejoindre en Argentine son cousin Dante, qu’elle vient d’épouser. Dans ses maigres bagages, le précieux violon de son père.

Mais à son arrivée, Dante est mort. Buenos Aires n’est pas un lieu pour une jeune femme seule, de surcroît veuve et sans ressources : elle doit rentrer en Italie. Pourtant, quelque chose la retient… Leda brûle d’envie de découvrir ce nouveau monde et la musique qui fait bouillonner les quartiers chauds de la ville, le tango, l’envoûte. Passionnée par ce violon interdit aux femmes, Leda décide de prendre son destin en main. Un soir, vêtue du costume de son mari, elle part, invisible, à travers la ville.
Elle s’immerge dans le monde de la nuit, le monde du tango. Elle s’engage tout entière dans un voyage qui la mènera au bout de sa condition de femme, de son art, de la passion sous toutes ses formes, de son histoire meurtrie. Un voyage au bout d’elle-même.

Carolina De Robertis signe avec ce roman un texte d’une grande sensualité, une ode à la liberté, à la passion, à la vie. Pour accompagner la destinée de ces personnages sublimes et poignants, le tango, omniprésent, résonne à chaque page. Plus qu’un roman, ce texte est aussi un témoignage captivant sur la Buenos Aires du début du XXe siècle, et un document rare sur la naissance du tango.



Mon avis



"Les dieux du tango" de Carolina De Robertis est une pure merveille. De la littérature blanche de grande qualité. L’histoire commence en 1913 avec l'arrivée de Leda en Argentine à Buenos Aires. Elle croit y retrouver son mari mais celui-ci est mort. À partir de là elle va tenter de survivre.
Ainsi parallèlement à l'histoire du tango, l'auteur nous conte la vie d'une femme exceptionnelle : Leda!

L’intrigue virevolte à la façon d'un violon. Les 543 pages glissent comme des danseurs sur un parquet d'une salle de bal enivrante. Il y a du rythme dans ce roman. Les certitudes y volent en éclat. J’en suis encore bouleversée, renversée par l’écho du violon de Leda.

Beaucoup de sujets sont abordés sans lasser le lecteur. L’auteure est une bonne narratrice et la traduction de l'anglais (Etats-Unis) par Eva Monteilhet a su me séduire.

J'ai été émue par l'histoire de ces immigrants dont fait partie Leda. J'ai compris les affres du déracinement. Ce livre est un hymne à la tolérance alors que les problèmes migratoires sont au cœur de l’actualité.

"Combien de secrets entraient clandestinement, ce jour-là, dans le Nouveau Monde ? Elle regarda vers le dock, sous l'auvent de bois d'où lui parvenaient les rumeurs d'une foule réunie.[...] L'auvent ne portait aucun signe distinctif mais il lui semblait qu'on aurait dû y mettre une pancarte "Dernier espoir". C'était bien cela pour un si grand nombre d'entre eux. On le voyait sur leurs visages marqués par la faim. Pour quelle autre raison seraient-ils venus ?

J’ai eu l'impression de saisir les couleurs et de sentir les odeurs de l'Italie et de Buenos Aires. Carolina De Robertis est une virtuose de la sensualité.

Elle nous donne une définition du désespoir et de la résilience. Leda, son personnage principal, est à la fois forte et apeurée car elle cache un secret ! 

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