lundi 14 novembre 2016

Dominique Maisons: " On se souvient du nom des assassins"



Editions de la Martinière
528 pages



4 ème de couverture



Changement de décor pour Dominique Maisons, qui délaisse le registre ultra-contemporain de son dernier thriller pour un polar d'atmosphère qui se déroule à Paris, en 1909… Max Rochefort est l'auteur du feuilleton le plus populaire du quotidien Le Matin. Dandy immodeste, personnage excessif, il n'est pas sans rappeler Alexandre Dumas ou autre auteur gargantuesque. Flanqué d'une gouvernante possessive et d'un jeune assistant, Giovanni Riva, rêvant de devenir grand journaliste, Max Rochefort règne sur un atelier d'écriture compose de trois personnes. Giovanni tombe vite sous le charme et la coupe de cet ogre littéraire. Mais la réalité rattrape les meilleurs scénarios inventés par Max. Lors d'une soirée donnée à l'hôtel du lac d'Enghien, un cardinal est retrouvé mort, atrocement mutilé. La sûreté est dépêchée sur les lieux, et Max et Giovanni, s'érigeant en défenseurs de la veuve, de l'orphelin et d'une jeune soubrette accusée de ce terrible meurtre, sont plongés dans une enquête qui les conduira des bas-fonds de la capitale à ses lieux les plus brillants. Des catacombes à l'asile d'aliénés de Sainte-Anne, de l'Opéra Garnier aux théâtres de boulevard, des voyages en montgolfière aux rugissements d'une Bugatti biplace 90 chevaux, Max et Giovanni croisent sur leur chemin de bien illustres personnages : l'éditeur Arthème Fayard, l'écrivain Gaston Leroux, le pionnier de l'aviation Louis Paulhan, l'aliéniste Alfred Binet… et constituer autour d'eux une ligue de gentlemen extraordinaires. Ceci sans oublier le talent et le goût de Dominique Maisons pour les scénarios les plus sombres, les plus sanglants et les plus pervers…



Mon avis



Il y a des romans qui nous livrent des phrases à déguster comme un bonbon caramélisé au bonheur. Dominique Maisons avec "On se souvient du nom des assassins" en fait partie.

Un feuilleton rocambolesque, un roman historique, un thriller noir... Peu importe dans ce cas, l'essentiel est le plaisir que nous ressentons à la lecture. Cette chronique pourrait être aussi épaisse que le livre lui-même tant chaque page délivre de belles surprises.

Le style, par exemple, est tout à fait en adéquation avec l'époque traitée. Il est soutenu comme on peut l'attendre de la part d'un narrateur du début du XXème siècle. Et en plus, ce n'est pas ennuyeux et élégamment écrit.

L'action, aussi, est très présente. On passe allègrement de scènes d'actions "rocambolesques" à des descriptions de la vie quotidienne de la Belle Epoque. Justement cette période, Dominique Maisons, sait la dépeindre. Il en décrit les magnificences, comme l'Opéra. Mais il n'omet pas d'en souligner les injustices. 

« Au-dessus de nous, dans ce lugubre domaine, vivait un contingent sans cesse renouvelé de femmes déchues fourni par Paris qui devait à sa qualité de capitale cosmopolite le triste privilège d’être un grand collecteur de misères de toute sorte. »

Dans " On se souvient du nom des assassins", il en ressort donc un charme envoûtant. On savoure les contrastes entre le vieux Paris et celui qui commence à naître au début du XXème siècle. Au fil des pages on tombe sur des mots que l'on n'utilise plus guère et qui nous montrent que le temps passe bien vite. D'ailleurs Dominique Maisons semble se demander si les progrès ont vraiment amélioré la vie de l’humanité. 

« Nous descendîmes au travers de l’île de la Cité jusqu’au boulevard Saint-Germain. La circulation nous fit perdre beaucoup de temps, les fiacres, tramways, charrettes, voitures, autobus et camion de livraison se battaient pour accéder aux ponts dans un invraisemblable chaos. Un camion Félix Potin manqua de nous renverser devant la fontaine Saint-Michel. »

vendredi 11 novembre 2016

Alexandra Coin: " Entraves"

Editions Aconitum
240 pages
Date de sortie le 14 novembre 2016

4 ème de couverture




Enfant, Ilario fut chahuté par ses camarades de classe et aura souffert de la rudesse de son père.
Adulte, il reproduira ce même schéma de domination poussant sa femme, Emma, jusqu'à l'internement en psychiatrie.
Alternant flash-backs et scènes d'hôpital, « Entraves » décrypte un cheminement lourd de conséquences, pointant du doigt faiblesse et machiavélisme.
Un roman sombre, criant de vérité et diaboliquement rythmé.


Mon avis




Après " La voie du Talion", Alexandra Coin écrit " Entraves" mais cette fois-ci en solo.

Illario est un pervers dominant et narcissique. Ainsi la vie de sa femme, Emma, est brisée par ce mari si manipulateur.

L'histoire débute dans un hôpital psychiatrique; Emma se réveille tant bien que mal et se demande comment elle est arrivée dans ce lieu sentant l'alcool, le javel et voyant quelques blouses blanches autour d'elle...


Dès le début de " Entraves", l'ambiance est décrite; à la fois dérangeante et malsaine, je me suis dit ça va être encore une histoire diabolique à souhait!

L'auteure, Alexandra Coin, envoie du lourd en expliquant le thème prédominant du livre qu'est la perversion narcissique. Elle s'est très bien documentée sur le sujet.
Tout est décrit avec finesse et avec beaucoup de passion. J'ai senti que l'auteure a pris du plaisir à écrire " Entraves".

N'oublions pas que la préface à été écrite par Dominique Barbier, psychanalyste.

Les chapitres alternent entre le passé et le présent: j'ai suivi à la fois Emma à l'hôpital psychiatrique et sa vie auparavant auprès de son mari Illario.
Emma voyait son mari, Illario, comme un homme charmant au tout début de leur relation  mais après tout se gâte, son mari la rabaisse, la martyrise et utilise parfois un être cher de la victime comme l'enfant.

" Il faudra bien que Louise ouvre un jour les yeux sur ce monde pourri. Alors, pourquoi continues- tu à mentir à ta fille? "

Ces flash-backs permettent ainsi de mieux comprendre comment la perversion conduit l'individu en le dénaturant totalement.

" J'ai perdu ma vie, mon âme et mon humanité. " 

lundi 7 novembre 2016

Leïla Slimani: " Chanson douce"


Editions Gallimard
240 pages


4 ème de couverture




Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame. 
À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.


Mon avis 



Dès le début de " Chanson douce", l'auteure, Leïla Slimani, plonge le lecteur dans l'horreur le plus absolue.
" Le bébé est mort, il a suffi de quelques secondes. Le médecin a assuré qu'il n'avait pas souffert. "

Cette phrase résonne en moi tel un marteau dans ma tête. Comment vais-je poursuivre ma lecture si le début est déjà à la limite de l'insoutenable?
Je me suis dit également ce n'est pas possible de mettre en scène la mort d'enfants.


Mais après un moment de répit, le temps de digérer ce début, je me suis remise dans la lecture de ce roman. Allez savoir pourquoi! Peut-être parce que l'écriture est sublime et que ma soif d'en savoir un peu plus sur cette histoire est plus forte.


Je m' y attèle et dans les chapitres suivants, Leïla Slimani nous révèle ce qui a poussé Louise à un tel acte.


Myriam, mère de deux enfants, Mila et Adam, décide de reprendre une activité professionnelle après avoir eu le temps de s'occuper quotidiennement de ses progénitures. Paul, son mari et elle-même vont ainsi embaucher Louise qui de suite fait beaucoup d'effet à Myriam.

dimanche 6 novembre 2016

Jérôme Legras: " La conjuration de Göttingen "






Editions l' Archipel
506 pages


4 ème de couverture




Juin 1954. Le corps de William Wien, bibliothécaire adjoint de l’université de Princeton, est retrouvé sans vie. Assassiné. Avant de mourir, l’homme a trouvé la force d’inscrire sur une stèle la lettre grecque epsilon. De son propre sang…

L’inspecteur Michael Rumford découvre peu à peu que ce meurtre n’a rien d’ordinaire. Toutes les pistes semblent en effet converger vers le prestigieux Institut des études avancées et son célèbre directeur, Robert Oppenheimer, père de la bombe nucléaire, pris en étau entre d’anciens criminels nazis et un groupe de savants au passé trouble…

Mais pourquoi Edgar Hoover, le patron du FBI, s’intéresse-t-il de si près au célèbre physicien Albert Einstein ? Cherche-t-il à dissimuler la véritable histoire de la course à l’atome ? Autant de questions que Rumford n’aurait jamais cru devoir se poser un jour.

Mêlant suspense, faits historiques et enjeux scientifiques, ce premier roman plonge le lecteur au cœur de la guerre froide et du maccarthysme. Au fil de la lecture, une question lancinante : et si tout était vrai ?


Mon avis



Jérôme Legras nous offre avec " La conjuration de Göttingen" un roman multiple. Se superposent et s'imbriquent l'Histoire du XXème siècle, une enquête policière classique et des découvertes scientifiques "élémentaires".

La couverture, malheureusement ne donne pas vraiment une idée de ce qu'on va découvrir dans ce roman. En effet, même complexe, l'intrigue reste plus abordable que voudrait le faire comprendre le fouillis de cette couverture.
L’auteur sait rendre la science abordable. Son discours est facile à comprendre tout en tranchant sur la complication des thèmes relatés.

Jérôme Legras prend son temps pour installer ses personnages (surtout Rumford et Barlowe, les deux enquêteurs) ainsi que l’atmosphère de Princeton, il parvient ainsi élégamment à nous faire apprécier ses protagonistes.

« Quand son père était mort, Rumford s’était laissé submerger par les souvenirs d’enfance, les moments perdus, les occasions manquées, la conscience de ne plus avoir une génération en surplomb de lui-même, ultime rempart à la mort. Tout était remonté à la surface et l’avait pris à la gorge, par bouffées impossibles à maîtriser. »

mercredi 2 novembre 2016

Hugo Boris: " Police"



Editions Grasset
198 pages



4 ème de couverture




Ils sont gardiens de la paix. Des flics en tenue, ceux que l’on croise tous les jours et dont on ne parle jamais, hommes et femmes invisibles sous l’uniforme. 

Un soir d’été caniculaire, Virginie, Érik et Aristide font équipe pour une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Mais Virginie, en pleine tempête personnelle, comprend que ce retour au pays est synonyme de mort. Au côté de leur passager tétanisé, toutes les certitudes explosent. Jusqu’à la confrontation finale, sur les pistes de Roissy-Charles-de-Gaulle, où ces quatre vies s’apprêtent à basculer. 

En quelques heures d’un huis clos tendu à l’extrême se déploie le suspense des plus grandes tragédies. Comment être soi, chaque jour, à chaque instant, dans le monde tel qu’il va ?



Mon avis


Décidément cette rentrée littéraire est fracassante cette année! " Police" est un roman à ne pas louper.

Si vous attendez à ce que ce soit un policier ou un thriller, hé bien vous aurez tout faux!
Mettez de côté l'horreur et la noirceur car dans cette histoire, l'auteur, Hugo Boris touche les cordes de la sensibilité et de l'humanité.

" Police" est un huis clos où les protagonistes vont se retrouver dans une situation extrême, roulant à quatre dans une camionnette. Ainsi l'auteur brosse le portrait de chacun; Virginie est gardien de la paix, enceinte de son coéquipier Aristide, elle désire ne pas garder l'enfant et avorte le lendemain. Elle sent que la journée sera plus que longue  et très dure d'autant plus que la vie privée n'est pas au top.

" Elle se sent fatiguée soudain, usée par l'uniforme, usée par la détestation ordinaire des gens."

Gardant toujours la tête haute, Virginie va devoir escorter un homme de nationalité Tadjike à l'aéroport avec l'aide d' Erik et d' Aristide.

Mais ce retour au pays est signe d’arrêt de mort pour le migrant.
Dans " Police", il n'est pas question de faire la force et de donner des ordres même si ces deux mots sont les codes d'honneur de la Police.

" Le mot force les incommode? Le mot ordre, peut-être? Il est tellement facile de se dérober. Chacun veut la loi pour les autres et la liberté pour soi, pas vrai? L'ensemble compte plus que l'individu."

mardi 1 novembre 2016

Nicolas Beuglet: " Le cri"


XO Editions
496 pages


4 ème de couverture




Hôpital psychiatrique de Gaustad, Oslo. À l’aube d’une nuit glaciale, le corps d’un patient est retrouvé étranglé dans sa cellule, la bouche ouverte dans un hurlement muet. Dépêchée sur place, la troublante inspectrice Sarah Geringën le sent aussitôt : cette affaire ne ressemble à aucune autre…
Et les énigmes se succèdent : pourquoi la victime a-t-elle une cicatrice formant le nombre 488 sur le front ? Que signifient ces dessins indéchiffrables sur le mur de sa cellule ? Pourquoi le personnel de l’hôpital semble si peu à l’aise avec l’identité de cet homme interné à Gaustad depuis plus de trente ans ?
Pour Sarah, c’est le début d’une enquête terrifiante qui la mène de Londres à l’île de l’Ascension, des mines du Minnesota aux hauteurs du vieux Nice.
Soumise à un compte à rebours implacable, Sarah va lier son destin à celui d’un journaliste d’investigation français, Christopher, et découvrir, en exhumant des dossiers de la CIA, une vérité vertigineuse sur l’une des questions qui hante chacun d’entre nous : la vie après la mort…
Et la réponse, enfouie dans des laboratoires ultrasecrets, pourrait bien affoler plus encore que la question !

Inspiré par des découvertes et des événements réels, Le Cri renvoie à nos peurs les plus intérieures. Un thriller sur la folie des hommes et le danger d’une science dévoyée, transformée en arme fatale.


Mon avis 



Voici un thriller comme je les aime!

" Le cri" est un roman que je n'oublierai pas, il vaut vraiment le coup de le lire!

C'est vrai qu'avec la rentrée littéraire, on ne cesse de mettre en avant les nouveautés et " le cri" fait partie de l'engouement des lecteurs et des lectrices.
Je me méfie toujours des retours positifs et élogieux des nouveautés mais pour ce thriller j'ai été non seulement attirée par la  couverture le résumé.

L'histoire se déroule dans un hôpital psychiatrique de Gaustad. Un patient nommé 488 est retrouvé étranglé dans sa cellule. les circonstances de sa mort sont étranges...
L'enquête est confiée à l' inspectrice Sarah Gerinden.

Quelle est la véritable identité de la victime? 
Que veulent dire les chiffres 488 sur le front de ce dernier?

Autant de questions subsistent à la lecture. Ainsi divers énigmes vont se succéder et pour notre inspectrice ce n'est pas de tout repos!

Cette enquête est fascinante et m'a littéralement transportée.
A la fois enrichissante et terrifiante, l'histoire  me chamboule, m'emmène très loin et me procure des sensations glaciales.

Nicolas Beuglet maîtrise parfaitement les thèmes  prédominants dans " Le cri".

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