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dimanche 28 août 2016

Michel Embareck: " Jim Morrison et le diable boiteux"


Editions de l' Archipel
224 pages

4 ème de couverture




Le nom de Gene Vincent est inséparable de son hit intemporel, « Bee-bop-a-Lula ». Mais en 1968, l’époque n’est plus au rockabilly : les fans réclament de la sauvagerie. Quant à Jim Morrison, l’emblématique chanteur des Doors, il rêve d’en terminer avec la musique pour renaître à Paris dans la peau d’un poète.
Les deux artistes, âgés de 33 et 25 ans, partagent déconvenues et désespoir. Morrison voue un culte sans borne à son aîné. Les voilà pourtant tous deux prisonniers d’une célébrité trop précoce, qui les conduit à se détruire.
Défonces suicidaires, bisbilles avec la justice et soucis conjugaux seront le ciment de leur amitié, nourrie d’alcool, de drogue, d’errance et de blues. Résistera-t-elle aux excès en tous genres ? Quand la réalité rattrape la fiction, en 1971, ne reste que le souvenir de deux existences foudroyées à trois mois d’intervalle.
Los Angeles, Woodstock, Miami, Toronto, Paris… Dans ce roman où les faits réels alimentent la fiction, on croise John Lennon, Alice Cooper, Richard Nixon, Elvis Presley, Charles Manson. Le tout rythmé par les commentaires d’un vieil animateur radio qui a vécu en direct une époque bénie où le rock’n’roll était bien plus qu'une musique à danser.




Mon avis




Dans « Jim Morrison et le diable boiteux » Michel Embareck nous propose un voyage en compagnie de Jim Morrison et de Gene Vincent. La fiction et la réalité se mélangent dans des volutes de fumées et nous enflamment l’imagination. Nous croisons des personnages des années 1950 à 1970, une époque durant laquelle le rock se transforme et changent les idéaux.

Comment redescendre dignement sur terre quand on est monté si haut dans les sphères de la célébrité ?

L’auteur, sans nous donner de réponse à cette question, tourne délicieusement autour de cette problématique tout au long de son roman.

Qui mieux que Jim Morrison incarne le mythe du rock des années 1960 ?

Cette histoire est jalonnée d’anecdotes vraies ou moins vraies car il ne faut pas oublier que « Jim Morrison et le diable boiteux » n’est pas une biographie mais une fiction superbement orchestrée.

Aussi, nous ne savons pas toujours la vérité sur certains événements. Mais les protagonistes la connaissent-ils vraiment ? Dans les vapeurs de l’alcool et de la drogue les légendes du Rock'n Roll ne possèdent peut-être pas davantage les clefs des énigmes.

Grâce au sens de la formule lapidaire, Michel Embareck nous fait apprécier des êtres pas toujours recommandables. On finit ainsi par compatir et comprendre les douleurs et la déchéance de ces deux idoles. On se dit que parfois il vaut mieux mourir jeune pour survivre dans ce monde de la musique.
« Entre le passé et l’avenir, il choisit le présent. On l’aperçoit au bar Alexandre de l’hôtel George-V ou aux abords de la Samaritaine, hilare devant le spectacle tonitruant des camelots casseurs de vaisselle. »

Des personnages savoureux croisent le destin de nos deux légendes. Parfois des anonymes montrent une certaine réalité derrière le rêve américain. Ainsi ce livre présente une dimension sociale.

« Le blues, à l’en croire, n’est pas une musique. Ni une lamentation. Encore moins un spectacle. Le blues, c’est le coton. Le coton en hiver. Et le coton, c’est pas seulement se casser le dos, s’esquinter les doigts sur les graines piquantes pour en fourrer trente livres dans de pesants sacs de toile à fond goudronné. […] le bleus, c’est ton cousin lynché pour avoir regardé une fille blanche dans les yeux. »

 « Jim Morrison et le diable boiteux » est un roman inclassable et nous laisse un peu triste de voir partir Jim et Gene… On aurait aimé faire encore un bout de route avec eux, tracer le bitume dans l’orage avec mister Mojo.

Après avoir lu ce livre, une impulsion nous submerge : connectez-vous sur You Tube afin d’écouter une nouvelle fois ces géants du rock!

Succombez aux charmes de Be-Bop-a-Lula ou de LA Woman ? A vous de voir ou de vibrer!

En tout cas, ce roman de Michel Embareck est un pas vers l’extase de ces années mythiques. Un bon livre a un but : celui-ci nous mène vers des réflexions sur la célébrité et la musique. C'est plutôt réussi dans l'ensemble.




L'auteur


Journaliste au magazine Best de 1974 à 1983, Michel Embareck, né en 1952 dans le Jura, a écumé les scènes rock des années 70 et 80, collaborant aussi à Rolling Stone et Libération. Il est l’auteur de quelque vingt livres, dont, aux éditions de l’Archipel, Cloaca Maxima, Avis d’obsèques et Personne ne court plus vite qu’une balle (2015). Ont paru chez Archipoche : La mort fait mal (2013, prix Marcel Grancher) et Le Rosaire de la douleur (2015).


2 commentaires:

  1. Ton article donne vraiment très envie de lire ce roman. Ton enthousiasme est palpable et tu le partage vraiment bien. Fan des Doors, je pense qu'il va rejoindre ma bibliothèque ^^

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    1. Attention c'est une fiction mais l'auteur a su sacrément bien romance et fort bien documente.
      Merci

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