lundi 22 janvier 2018

Peter Ackroyd: " Golem"



Editions Archipoche
336 pages



4 ème de couverture



Londres, 1880. Huit ans avant que Jack l’E ventreur sé visse à Whitechapel, la peur avait un autre nom…
Alors que les corps de deux prostituées ont été dé couverts dans le quartier voisin de Limehouse, la rumeur se ré pand qu’un Golem, figure mythique de la tradition hébraïque, erre dans les rues de la ville en quê te de nouvelles victimes.
Ce qui n’empêche pas une troupe de thé a tre de continuer à se produire dans les cabarets. Parmi les comé diens, Elizabeth et Dan Leno, adepte du travestissement.
Lors d’un spectacle, John Cree, bourgeois é rudit et é crivain insatisfait, tombe sous le charme d’Elizabeth, qu’il épouse. Quelque temps plus tard, on retrouve le corps sans vie de John. Son journal intime révè le qu’il serait le mystérieux Golem. Mais sa femme semble, elle aussi, dissimuler bien des secrets…

Ce roman a été adapté à l’écran par le ré alisateur Juan Carlos Medina, avec Olivia Cooke et Bill Nighy. Un film qui a reç u le Prix du jury du festival du film policier de Beaune en mars 2017.



Mon avis


Avec "Golem, le tueur de Londres", Peter Ackroyd donne l'occasion de faire un voyage dans le passé. Quelques années avant les horreurs commises par Jack l’Éventreur, l'auteur rapporte les crimes qui seraient perpétrés par un monstre, figure mythique de la tradition hébraïque, le Golem. J'ai ainsi appris quel était ce personnage dans l'histoire de cette religion.

Tout d'abord, j'ai été plongée dans l'univers de Peter Ackroyd dès les premières pages. Pour ce faire, l'auteur a su me faire ressentir les odeurs et les images du XIXème siècle dans un Londres glauque et plein de pauvreté. Les odeurs agréables et très repoussantes entourent l'action et les personnages.

" Il y régnait une odeur de moisi et de vieilles pierres ; un autre relent, cependant, étrange et furtif, s'en dégageait, que l'un de ses résidents décrivit avec à-propos comme une odeur de"panards de macchabée". C'est là qu'un matin à l'aube fut découvert le corps de Jane Quig, en trois tas distincts autour du vieil escalier : la tête sur la plus haute marche, plus bas le torse façonné en une parodie de forme humaine, tandis que certains de ses organes ornaient un piquet planté dans la vase."

Les descriptions des atrocités endurées par les victimes sont souvent décrites de façon méticuleuse. Ce point peut plaire aux lecteurs mais parfois, j'avoue avoir ressenti un malaise frisant le dégoût. J'aime les thrillers et les récits horrifiques mais j'ai été un peu bloquée par certaines pages de ce roman.
La narration est très originale, avec plusieurs points de vue. Cela permet de suivre les idées et les actes des personnages. Pourtant pour ma part, cette démarche m'a empêchée de m'attacher aux personnages et à l'intrigue.
Par contre, les références aux écrivains de cette époque m'ont beaucoup intéressée. J'ai repensé avec plaisir à Conan Doyle ou Stevenson. J'ai pu donc entrer aussi de cette manière dans l'histoire de ce Golem. Le brouillard évoqué rappelle bien la littérature anglaise du XIXème siècle.

Egalement, j'ai découvert de vrais personnages du music-hall de cette époque. Le livre m'a donné envie de rechercher si ces protagonistes étaient réels. L'auteur est très habile quand il fait participer ces hommes et ces femmes qui ont connu la gloire. Certains en effet étaient aussi célèbres que nos stars d'aujourd'hui comme Dan Leno. J'ai croisé dans ce livre des intellectuels et des penseurs comme Karl Marx qui joue un rôle dans l'intrigue. Bien sûr ça fait beaucoup de monde qui grouille autour du Golem. J'ai donc eu l'impression de réalité mais en même temps j'ai parfois été perdue dans le fil de l'histoire.

"Golem, le tueur de Londres" n'est pas dépourvu d'humour. Heureusement car l’atmosphère glauque et pesante n'en aurait été que trop irrespirable voire plombante. En effet la légèreté se mêle à l'horreur du sujet quand le tueur est considéré comme une créature spirituelle et légendaire.

" 20 septembre 1880. Ils l'ont donc trouvée près de l'église, une vraie petite épouse de Christ éparpillée sur les pierres dans une attitude d'humble vénération. Elle était renée. Je l'avais baptisée avec son propre sang, j'étais devenu son Sauveur."

Peter Ackroyd est un maître dans le mélange des genres. Ainsi chacun peut choisir et suivre la voie qu'il préfère. Quant à moi, j'ai surtout apprécié la description d'une société faite d'inégalité et la peinture du milieu du music-hall. J'ai moins aimé le côté enquête policière car j'ai trouvé assez rapidement le coupable qui se cache derrière le Golem. Ce roman n'est pas un coup de cœur mais m'a fait passé quand même quelques bons moments et m'a appris beaucoup sur les rues de Londres de la deuxième partie du XIXème siècle. Je n'ai pas vu le film tiré du roman: j'aimerai savoir comment le réalisateur Juan Carlos Medina a su faire ressortir l'atmosphère de l'oeuvre littéraire...



Bande annonce du film





L'auteur


Né en 1949 à Londres, Peter Ackroyd est un romancier, essayiste, critique et documentariste britannique. Lauréat de la Royal Society of Literature en 1984, il est l'auteur de plusieurs livres à succès, pour la plupart traduits en français, dont Le Testament d'Oscar Wilde (10/18, 1991), Londres, la biographie (Stock, 2003) ainsi qu'une biographie de Shakespeare (Points Seuil, 2008).


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