lundi 8 mai 2017

Gilles Vidal: " De sac et de corde"

Editions Les presses littéraires
298 pages


4 ème de couverture



Morlame, traversée par la Meure, est une ville de province qui, sous des aspects tranquilles, nourrit en son sein de sombres crapules. Est-ce parce qu'elle est la ville de naissance d'Aristide Ridore, poète mythique vénéré dans le monde entier, mais qui fut un sacré brigand et assassin ? Toujours est-il qu'y dominent des êtres malfaisants, comme Barreteau, le parrain local et ses hommes de main, Guérin, une brute qui trempe dans le trafic de drogue, Gomez, un loser prêt à tuer pour une poignée d'euros, Chaudrin, un dentiste charcutier, Franck et Gaby, deux minables petites frappes, Hesnard, un flic ripou, et d'autres encore. 
Dans une construction chorale de la veine de Short cuts de Robert Altman, les destinées de tout ce beau monde nuisible vont s'entrechoquer à la manière de billes folles de flipper, engendrant chaos, cadavres, vengeances et autres exactions.



Mon avis 



Gilles Vidal dans "De sac et de corde" a réussi un roman distrayant bourré de scènes fortes et macabres. Cela commence par un chapitre dans lequel un homme se fait malmené sans savoir pourquoi. À partir de là, une galerie de personnages va s'entrecroiser voire s'entretuer.

Certains portent la mort, d'autres sont emportés par elle. L’intérêt pour nous lecteurs, c'est de ne pas savoir qui va succomber, et de deviner qui a un rapport avec qui... 
En refermant "De sac et de corde", j'ai eu envie de recommencer depuis le début car j'ai été submergée par les personnages et exaltée par la densité de l'intrigue. Il faudra d'ailleurs que je le relise très vite. J'ai déjà eu ce sentiment quand j'ai regardé le film "Pulp Fiction", c'est dire...

Le style est impeccable. Il met en valeur les descriptions. Gilles Vidal est un maître quand il s’agit de dépeindre des zones en décrépitude. La minutie dans les détails qui tuent est littéralement jubilatoire !


« Son lieu de rendez-vous se trouvait un peu plus loin, au bout d’un chemin pierreux à peine carrossable : un corps de ferme de deux étages en piteux état et en deuil d’animaux de basse-cour où seules deux machines agricoles rouillées tendaient leurs mandibules pathétiques vers le ciel bleu anthracite, comme des monstres de roman fantasy paralysés en plein holocauste. »

Les crimes et la mort sont représentés dans des passages savoureux. L’auteur est efficace et n’est jamais lourd dans son écriture. Parfois je me suis surprise à trouver que tel individu méritait bien la sale mort que l’auteur lui infligeait.

« L’artère coronaire était bouchée pour de bon, il n’y avait rien à faire sans secours immédiat. Alors il s’effondra à la manière d’une poupée de chiffon sur l’épaisse branche, sa vie s’enfuyant comme de l’eau sale dans la bonde d’un lavabo. »

C’est donc avec impatience que j’attends encore une fois le prochain roman de Gilles Vidal. J’en deviens accro tant il sait mêler des thèmes récurrents tout en renouvelant sa palette d’aventures troublantes. A lire de toute urgence, c'est addictif et totalement réussi!


L'auteur




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